Mémoire sur la mort d Etienne Marcel (1358). - article ; n°1 ; vol.1, pg 79-98
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Mémoire sur la mort d'Etienne Marcel (1358). - article ; n°1 ; vol.1, pg 79-98

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1840 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 79-98
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1840
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Léon Lacabane
Mémoire sur la mort d'Etienne Marcel (1358).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1840, tome 1. pp. 79-98.
Citer ce document / Cite this document :
Lacabane Léon. Mémoire sur la mort d'Etienne Marcel (1358). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1840, tome 1. pp. 79-98.
doi : 10.3406/bec.1840.444241
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1840_num_1_1_444241MÉMOIRE
SUR LA
MORT DÉTIENNE MARCEL,
1558.
Le dimanche 25 mars 1358, Charles, Dauphin, duc de Normandie
et régent du royaume, poussé à bout par L'audace toujours croissante
des bourgeois de Paris, sort de cette ville bien résolu à n'y rentrer
qu'après avoir obtenu une éclatante réparation. Trois mois après, il
vient l'assiéger à la tête d'une armée nombreuse. Le prévôt des
marchands, Etienne Marcel , chef de la faction populaire , cherche
à faire lever le siège ; mais c'est en vain qu'il attaque les avant-
postes de l'armée du Dauphin; réduit bientôt à l'alternative
d'implorer la clémence de ce prince ou de livrer Paris au roi de
Navarre , il se décide pour ce dernier parti. D'abord, il introduit
dans la ville un nombre considérable d'Anglais sous prétexte de
mieux en assurer la défense. Ce premier acte de trahison ne lui
réussit pas : car une rixe s'étant élevée, le 21 juillet, entre quelques
bourgeois et les mercenaires étrangers, trente-quatre de ces der
niers sont tués et un plus grand nombre jeté dans les prisons du
Louvre. Le lendemain, les Parisiens exaspérés forcent le prévôt
et le roi de Navarre à marcher à leur tête contre un autre parti
d'Anglais, qui occupaient Saint-Denys et Saint-Cloud, et commett
aient toutes sortes de brigandages; mais soit terreur panique,
soit plutôt trahison des chefs, la déroute se met bientôt parmi ces 80
bourgeois mal disciplinés , dont plus de six cents tombent sous
le fer de l'ennemi. Le roi de Navarre n'osant pas retourner à Paris,
se retire à Saint-Denys; quant à Marcel, au lieu des applaudisse
ments auxquels il était accoutumé, il n'entend, à sa rentrée dans
la ville, que des plaintes et des murmures, « et furent, disent les
« chroniques de Saint-Denys, quant ils rentrèrent à Paris, forment
«huiés et blasmés de ce qu'ils avoient ainsi laissié meclre à mort
« les bonnes genz de Paris sanz les secourir. Et dès lors commen-
« cièrent ceulx de Paris forment à murmurer et faisoient forment
« garder les quarante-septprisonniers anglois qui estoient au Louvre
« par le commun de Paris, et volentiers les eust le commun de
«Paris mis à mort; mais le prévost des marchans et les autres
« gouverneurs de Paris ne le povoient souffrir. »
Le vendredi 27 juillet, Marcel augmente encore cette exaspé
ration en délivrant de force les Anglais détenus dans les prisons
du Louvre, et en les renvoyant au roi de Navarre. Ce coup d'auto
rité ne laisse plus aucun doute aux bourgeois bien intentionnés
sur ses coupables projets, et c'est évidemment ici qu'il faut placer
la première pensée du soulèvement dont l'exécution eut lieu
quatre jours après. Les premiers symptômes en sont clairement
indiqués par les réflexions dont les chroniques de Saint-Denys a
ccompagnent la délivrance des prisonniers anglais : « Si en estoit
« le peuple de Paris forment esmeu eu cuer contre le dit prévost
« des marchans et contre les autres gouverneurs ; mais il n'y avoit
« homme qui osast commencier la riote. »
Marcel sentant le danger de sa position, et réduit à abandonner
une autorité qu'il ne peut plus défendre, promet au roi de Navarre
de lui livrer Paris. Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, les
Anglais et les Navarrais doivent trouver la porte de la Bastille
Saint- Antoine ouverte, entrer dans la ville, et faire main basse
sur tous les partisans du Régent dont les maisons seront désignées
par une marque particulière ; mais quelques bourgeois ont pénétré
les desseins du prévôt; ils épient ses démarches; et Marcel attaqué
au moment où il arrive à la porte Saint- Antoine pour introduire
l'ennemi, est massacré avec plusieurs de ses complices.
A qui faut-il attribuer cette réaction qui sauva Paris , et peut-
être la France entière ? A qui le Dauphin fut-il redevable d'un
service aussi signalé? Est-ce aux deux bourgeois , Jean et Simon
Maillart, comme le dit Froissart, dont le récit a été suivi par
nos historiens durant plus de trois cents ans? Est-ce plutôt aux
deux chevaliers Pépin des Essars et Jean de Gharny, comme M. Da- '
.
81
cier Га soutenu? '. Telle est la question que je me propose d'exami
ner. Le mémoire de M. Dacier a obtenu un tel succès, l'erreur qu'il
a accréditée, a été, depuis, si souvent reproduite, que je n'hésite
pas à en entreprendre la réfutation, quel que soit mon respect pour
l'imposante autorité de l'académicien célèbre avec lequel je vais
me trouver en désaccord.
Ce mémoire peut se résumer ainsi : La gloire de la révolution
du 31 juillet 1358 est due , non à Jean Maillart, mais aux deux
chevaliers Pépin des Essars et J^ean de Charny. La preuve de ce
fait résulte des considérations suivantes
1° Villani et le second continuateur de Nangis, ne nommant
aucun de ceux qui prirent part à la, mort de Marcel , ce silence de
deux historiens contemporains doit être considéré comme défavo
rable à l'héroïsme de Maillart.
2° Les Chroniques de Saint-Denys, tout en faisant mention de
Maillart, sont loin de lui attribuer la mort du prévôt. Elles établis
sent, au contraire , que dans sa tentative d'insurrection contre Marc
s' étant arrêté vers les halles, il ne dut pas être présent à cette el ,
mort.
3° Froissart est le seul de nos anciens historiens qui ait fait
honneur à Maillart de la révolution dirigée contre le prévôt des
marchands ; mais cet écrivain, mal informé lorsqu'il arrêta la pre
mière rédaction de sa chronique , se corrigea plus tard lui-même.
Le nouveau récit de la mort de Marcel est renfermé dans trois ma
nuscrits dont l'un porte la date de 4407, et qui paraissent contenir
un texte plus complet et plus authentique que celui des diverses
éditions publiées jusqu'alors. D'après cette nouvelle leçon, les deux
chevaliers Pépin des Essars et Jean de Charny, seraient les seuls au
teurs du mouvement populaire dont le prévôt des marchands fut la
victime. D'ailleurs , ajoute M. Dacier, ce qu'on lit dans la leçon man
uscrite de Froissart, concernant Pépin dés Essars et la part qu'il
prit aux événements qui amenèrent la mort de Marcel, est confirmé
par une pièce du Trésor des Charles , datée du mois de février 1368
(vieux style).
4° Des lettres du mois de juillet 1358, datées de quelques jours
seulement avant la mort du prévôt, prouvent que Maillart est loin
d'avoir toujours été un sujet fidèle. Par ces lettres , Charles, régent
du royaume, donne à Jean de Chaslillon, comte de Porcien , cinq
1 Mémoire lu le 28 avril 1778, en séance publique, devant l'Académie des In
scriptions: Recueil des mémoires de l'Académie des Incriptions et Belles-Lettres,
tome 4З , p. 563.
I. 6 82
cents livres de revenu en rente ou en terre , à prendre sur tous les
biens qu'avait possédés Jean Maillart dans le comté de Dampmartin
et ailleurs, et qui avaient été confisqués surleditMaillart. « Pour ce
« que, dit le Régent, il a esté et est rebelle, ennemi et adversaire de
« la couronne de France, de monseigneur et de nous, et se arme en
« la compaignie du prévost des marchans, eschevins et bourgois
« de la ville de Paris, rebelles et adversaires de ladite couronne , de
« nostre dit seigneur et de nous , en commettant crime de lèze
« majesté royale, etc. d. »
5° Enfin , dans le grand nombre de pièces du Trésor des Chart
es relatives à cette époque, il n'en est pas une seule qui renferme
un mot à la louange de Maillart, tandis que plusieurs de ces mêmes
pièces contiennent les éloges des citoyens qui s'étaient distingués
par leur zèle et leur fidélit

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