Mojopahit et la couleur : le cas des carreaux de revêtement mural - article ; n°1 ; vol.66, pg 47-61
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Mojopahit et la couleur : le cas des carreaux de revêtement mural - article ; n°1 ; vol.66, pg 47-61

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Archipel - Année 2003 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 47-61
Marie-France Dupoizat
An analysis of the ceramics and earthen wares found on the site of Mojopahit reveals a highly developed taste for ornamental beauty. A large amount of the material was imported from China, Vietnam, Thailand and the Middle-East, and particular attention was given to colour. Among the decorative ceramics are tiles of various forms, primarily adorned with floral patterns, which were produced in the north of present-day Vietnam between the second half of the XVth and the early XVIth centuries. The origin of such tiles is to be found in the Persian tradition : it is after having seen tiles from the Middle-East that people in Mojopahit ordered similar ones from Vietnam.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 5
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-France Dupoizat
Mojopahit et la couleur : le cas des carreaux de revêtement
mural
In: Archipel. Volume 66, 2003. pp. 47-61.
Abstract
Marie-France Dupoizat
An analysis of the ceramics and earthen wares found on the site of Mojopahit reveals a highly developed taste for ornamental
beauty. A large amount of the material was imported from China, Vietnam, Thailand and the Middle-East, and particular attention
was given to colour. Among the decorative ceramics are tiles of various forms, primarily adorned with floral patterns, which were
produced in the north of present-day Vietnam between the second half of the XVth and the early XVIth centuries. The origin of
such tiles is to be found in the Persian tradition : it is after having seen tiles from the Middle-East that people in Mojopahit ordered
similar ones from Vietnam.
Citer ce document / Cite this document :
Dupoizat Marie-France. Mojopahit et la couleur : le cas des carreaux de revêtement mural. In: Archipel. Volume 66, 2003. pp.
47-61.
doi : 10.3406/arch.2003.3783
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_2003_num_66_1_3783Marie-France Dupoizat
Mojopahit et la couleur :
le cas des carreaux de revêtement mural
Le royaume de Mojopahit fut fondé à la fin du XIIIe siècle par Raden
Wijaya qui y régna de 1292 à 1309, après avoir détruit la capitale de la
dynastie javanaise de Singasari. Sa puissance dans la région dura environ
deux siècles. C'est près de la ville actuelle de Mojokerto que Raden Wijaya
installa son pouvoir central. L'influence culturelle et politique du royaume
culmina sous le règne d'Hayam Wuruk (1350-1389), l'un des successeurs de
Raden Wijaya. Mais, cent ans plus tard, vers la fin du XVe siècle, le dévelop
pement des villes portuaires, au long du Pasisir, la présence de marchands
venus d'autres régions et l'islamisation qui en résulta, signèrent la fin de la
puissance du royaume et Demak prit rapidement la relève en affirmant son
influence religieuse et politique.
Entre la fin du XIIIe et le tournant du XVIe siècle, la prospérité de
Mojopahit réside dans l'essor de l'agriculture et de l'activité commerciale et
son rayonnement s'étend largement sur l'ensemble de l'archipel. Les gens de
tous horizons qui se rendent dans la capitale y sont bien accueillis et nom
breux sont les pays qui entretiennent des contacts réguliers avec JavaC1).
L'évocation du cadre de vie de la cour, la splendeur des cérémonies rel
igieuses ou des célébrations royales attestent de la richesse de ce royaume et
de son goût pour le faste. Les descriptions du complexe du palais royal dans
le Nagarakertagama s'attachent à souligner les couleurs du décor et l'orne-
1. Pigeaud, 1962, III, C. 83 st. 4.
Archipel 66, Paris, 2003, pp. 47-61 48 Marie-France Dupoizat
mentation des édifices, dont témoignent encore de nos jours les nombreux
vestiges architecturaux et l'iconographie, auxquels s'ajoute la diversité du
mobilier céramique exhumé.
Parmi les céramiques de l'époque de Mojopahit, il est une production
particulière qui contribue, mieux que tout autre, à combiner formes, couleurs
et motifs divers, dans l'aménagement du décor : il s'agit de carreaux de revê
tement mural.
Un goût prononcé pour les décors et la couleur
Les céramiques, locales aussi bien que d'importation,retrouvées à
Trowulan, sur le site de l'ancienne capitale de Mojopahit, et à présent
conservées dans les réserves du musée local ainsi qu'au musée de Jakarta
montrent le goût des Javanais d'alors pour l'effet décoratif, tant dans l'évent
ail des formes que dans la profusion des couleurs.
Les céramiques importées
Parmi les céramiques importées, on trouve des pièces chinoises mono
chromes blanches, verdâtres ou bleutées qingbai, des céladons mais aussi
des porcelaines dites « bleu-et-blanc » (qinghua ciqï), dont la fabrication
commença au XIVe siècle et qui, nous disent les sources chinoises d'alors,
étaient fort appréciées à Java(2). À côté de ces dernières, apparaissent les
premières séries vietnamiennes décorées en noir de fer et en bleu sous cou
verte. On trouve également des céramiques thaïes, légèrement postérieures, à
savoir celles de Sukhothai à motif en noir sur un engobe blanchâtre, suivies
de peu des céladons de Si Satchanalai. Au cours du XVe siècle, le nombre
des céladons s'intensifie, tout comme celui des céramiques vietnamiennes,
tandis que les modèles se caractérisent par leur très grande diversification et
leur qualité. Enfin, on remarque à côté de cette céramique de tradition chi
noise, mais en moindre nombre, des poteries glaçurées islamiques, entre
autres turquoises ou bleues. Les céramiques venues de l'étranger compren
nent aussi un éventail surprenant de fragments de statuettes et d'objets de
décoration. Cet engouement pour un décor en relief aux compositions
variées et colorées ne s'explique pas seulement par la riche clientèle de la
cour. On est en effet à une période durant laquelle les objets sont valorisés au
point que leur beauté compte autant que leur utilité. Cette profusion de décor
engendre un monde baroque qui préfigure la rocaille des futurs jardins
javanais (3).
Les prospections de surface et des fouilles réalisées par les services
archéologiques indonésiens, sur les sites du Pendopo Agung et de
2. Lombard, 1990, II, p. 41, citant le Yingyai shenglan.
3. Cf. 1969, p. 135.
Archipel 66, Paris, 2003 Mojopahït et la couleur
Illustration non autorisée à la diffusion
Élément de décor en terre cuite retrouvé à Trowulan
Illustration non autorisée à la diffusion
Illustration non autorisée à la diffusion Elément de décor en terre cuite glaçurée
Musée de Trowulan
Illustration non autorisée à la diffusion
Statuette en terre cuite retrouvée à Trowulan
Hauteur : 7 cm
Fragment de céramique islamique
Musée de Trowulan
Archipel 66, Paris, 2003 50 Marie-France Dupoizat
Sentonorejo, ont montré que les plats et les bols caractérisent une vaisselle à
la fois utilitaire et de prestige (4). Toutefois, s'y ajoute toute une variété de
pièces - boîtes, brûle-parfum, statuettes et éléments de décor, verseuses ou
kendi modelés en forme de personnages ou d'animaux - qui procèdent d'une
volonté délibérée d' ornementation (5). Les représentations d'éléphants figurés
en plein mouvement, la trompe relevée, sont fréquentes (6). À l'évidence, ces
pièces de décoration réalisées par les potiers thaïs et vietnamiens au XVe
siècle satisfaisaient une demande particulière correspondant à une volonté
manifeste de cette époque de décorer le cadre de vie(7). La diversité des cou
leurs et des formes de la céramique importée à Mojopahit s'harmonise avec
l'abondante poterie locale, glaçurée ou non. Cette profusion d'objets pour
une composition du décor en relief et en couleur révèle à la fois l'intensité
des échanges commerciaux et une activité artisanale propre à Mojopahit.
La céramique locale
La poterie locale, abondante, contribue également à colorier le décor
environnant, même si c'est à partir de la couleur naturelle d'une terre cuite
locale de teinte rouge brique. Avec cette terre sont façonnés toutes sortes
d'objets usuels, tels que grandes jarres, kendi, tirelires, lampes à huile, mais
aussi une grande variété de figurines (8). Certains chercheurs ont émis l'idée
que ces dernières étaient d'inspiration étrangère, voire fabriquées par des
potiers immigrés à Mojopahit, tant cette production est singulière (9). Plus
étonnante encore est la présence de poteries glaçurées avec des décors
contournés de type rocaille. Il s'agit d'une céramique ornementale, sur
laquelle sont modelés des motifs végétaux ou animaliers en fort relief, et qui
4. Selon Ridho, 1963, p. 65, la répartition de ces céramiques selon la provenance est la
suivante : Chine 70%, Viêt Nam 17%, Siam 12%.
5. À noter, à titre de comparaison, qu'à Banten Girang, la résidence principale des princes de
Banten avant le XVIe s., le mobilier exhumé

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents