Mort à Sabang. Histoire d une sépulture militaire française à Sumatra - article ; n°1 ; vol.54, pg 189-205
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Mort à Sabang. Histoire d'une sépulture militaire française à Sumatra - article ; n°1 ; vol.54, pg 189-205

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Description

Archipel - Année 1997 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 189-205
Jean Rocher
In the ancient cemetery of Sabang (on the island of Weh in north Sumatra) is a
modest tombstone which constitutes the only French military « graveyard » in
Indonesia.
The author examines the strange history of this tomb. The story begins when the remains of two French soldiers are placed there. They were killed during the confrontation between the German cruiser Emden and the French anti- torpedo boat Mousquet (1914).
By considering the damage inflicted on this monument, one also can see the lively destiny of this little island positioned at the intersection of larger maritimes movements. However, a mystery enshrouds this tombstone. Will the reader be able to solve it ?
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Rocher
Mort à Sabang. Histoire d'une sépulture militaire française à
Sumatra
In: Archipel. Volume 54, 1997. pp. 189-205.
Abstract
Jean Rocher
In the ancient cemetery of Sabang (on the island of Weh in north Sumatra) is a
modest tombstone which constitutes the only French military « graveyard » in
Indonesia.
The author examines the strange history of this tomb. The story begins when the remains of two French soldiers are placed
there. They were killed during the confrontation between the German cruiser Emden and the French anti- torpedo boat Mousquet
(1914).
By considering the damage inflicted on this monument, one also can see the lively destiny of this little island positioned at the
intersection of larger maritimes movements. However, a mystery enshrouds this tombstone. Will the reader be able to solve it ?
Citer ce document / Cite this document :
Rocher Jean. Mort à Sabang. Histoire d'une sépulture militaire française à Sumatra. In: Archipel. Volume 54, 1997. pp. 189-205.
doi : 10.3406/arch.1997.3423
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1997_num_54_1_3423ROCHER Jean
Mort à Sabang
Histoire d'une sépulture militaire française
à Sumatra
Tout au nord de Sumatra, l'île de Weh fut longtemps une position strat
égique des Indes néerlandaises. Les vapeurs, arrivant d'Europe après une
longue traversée, y faisaient relâche pour y charbonner et recompléter les cales
en eau et en vivres. La baie de Sabang possédait des eaux assez profondes pour
permettre l'accès de tous les bateaux en service alors. Au début du siècle, le
port de Sabang, qui disposait, de plus, d'installations performantes, était deve
nu un point de passage obligé pour le trafic extrême-oriental. Beaucoup
d'observateurs prévoyaient pour ce port un destin aussi brillant que celui que
connaît actuellement Singapour. C'est justement la création de Singapour qui
fut en partie la cause du déclin de ce port légendaire. Mais en 1914, Sabang est
en pleine expansion. Les échos de la guerre qui vient d'éclater en Europe arri
vent très assourdis. Pourtant, le 30 octobre 1914, un cargo anglais arrive au
port. Il débarque les rescapés français d'un combat naval entre le croiseur all
emand Emden et le contre-torpilleur français Mousquet. Deux marins français
sont inhumés à Sabang, morts des suites de leurs blessures. La sépulture existe
toujours. Son histoire a été révélée pour la première fois par Denys
Lombard (*). Ce texte n'a d'autre ambition que d'essayer de compléter les don
nées apportées par Denys Lombard et, si cela était possible, de rendre un hom
mage plus que mérité aux héros du contre-torpilleur Mousquet.
Le drame de la baie de Penang (28 octobre 1914)
Les protagonistes de la Grande Guerre aux antipodes
La décision allemande de déclarer la guerre au début du mois d'août 1914
eut très rapidement des répercussions en Extrême-Orient. Les principaux pro-
1. Dans le numéro 33 à.' Archipel (1987) sous le titre « Une tombe française à Sabang».
Archipel 54, Paris, 1997, pp. 189-205 190 Jean Rocher
tagonistes de ce qui allait devenir la Grande Guerre étaient en effet implantés
dans cette région du monde. Les Britanniques étaient installés en Malaisie, en
Australie, en Nouvelle-Zélande. Les Français étaient en Indochine. Les
Allemands possédaient une partie de l'actuelle Papouasie Nouvelle-Guinée et,
plus à l'ouest, divers archipels du Pacifique : les Carolines, les Mariannes, les
Palau et les Marshall. Les trois grandes puissances mondiales possédaient égale
ment des concessions en Chine, protégées par des bases militaires : Weihaiwei
pour la Grande-Bretagne, Guangzhouwan pour la France et Qingdao pour
l'Allemagne. Les forces terrestres et navales des futurs adversaires étaient, mal
gré l'éloignement du théâtre européen, significatives en quantité et en qualité.
Le dispositif allemand comportait quelques inconvénients majeurs. Ils
étaient complètement isolés dans cette partie du monde. De plus, leurs terri
toires étaient éparpillés et dépourvus de garnisons significatives. Le Kaiser-
Wilhelms Land, partie nord-est de la Nouvelle-Guinée sur laquelle ils avaient
établi un protectorat, était mal défendu. Les Australiens s'en emparèrent sans
peine dès l'ouverture des hostilités. Le port de Qingdao, dans la baie de
Jiaozhou en Chine, n'avait guère non plus les moyens de se défendre. Le Japon
se l'accapara dès le départ des forces allemandes.
Restait l'escadre du Pacifique commandée par l'amiral Von Spee. Le port
d'attache de cette flotte était précisément Qingdao. À la veille de l'ouverture
des hostilités, une escadre de croiseurs légers britanniques, comprenant le
navire-amiral HMS Hampshire, y faisait escale. La fraternisation entre marins
allemands et anglais fut de rigueur.
Le croiseur Emden
A la fin du mois de juillet, l'amiral Von Spee patrouillait dans le Pacifique
avec deux croiseurs légers et deux croiseurs cuirassés. Dans le port chinois de
Qingdao ne restaient que quatre petites canonnières allemandes sans réelle
valeur militaire et un beau bâtiment, le croiseur Emden(2\ Alors que montaient
les périls, l'amiral Von Spee était très conscient de son isolement. Intervint
alors la déclaration de guerre. Elle ne fut pas immédiatement répercutée en
Extrême-Orient. Mais la mission qu'il reçut à ce moment était claire : affaiblir
l'effort de guerre allié en arraisonnant ou en détruisant tous les bâtiments de
guerre ou de commerce des nations alliées passant à sa portée.
UEmden, pour ne pas risquer d'être pris au piège, avait quitté le port de
Qingdao le 31 juillet. Il reçut peu de temps après ses objectifs : s'emparer de
tous les bateaux alliés qu'il rencontrerait et, au besoin, les couler. Débuta alors
une audacieuse campagne pour le bateau corsaire qui, en quelques semaines,
allait susciter une véritable légende.
Ouverture des hostilités
Le commandant de V Emden, le capitaine de frégate Von Miiller, possédait
pour cette guerre de flibuste un atout de choix : Julius Lauterbach. Officier de
marine de réserve, le commandant Lauterbach s'était engagé sur ce bateau
2. Emden est un port situé près de l'estuaire de l'Ems, dans la Frise orientale.
Archipel 54, Paris, 1997 Mort à Sabang 191
Illustration non autorisée à la diffusion
1 . Le Mousquet
Mis en service en 1903, ses chaudières pouvaient le propulser à 28 nœuds. Mais son armement
était très léger : un canon de 65 mm sur le kiosque avant, six canons de 47 mm sur le pont et
quatre torpilles de 381 mm, modèle 1887 (avec l'aimable autorisation du Service Historique de la
Marine :F° 43/2 n° 21)
2. Le port de Sabang en 1995
Les hangars qui témoignent des activités passées du port sont maintenant livrés à la rouille
Archipel 54, Paris, 1997 192 Jean Rocher
pour y effectuer une période d'entraînement de trois mois. Personnage haut en
couleurs, Lauterbach fréquentait depuis des années toutes les routes commerc
iales. Connaissant la quasi-totalité des bâtiments de commerce naviguant
dans la zone, il était pour le commandant de VEmden le meilleur des guides.
«Nous fîmes d'abord un tour rapide de la mer de Chine, et en deux jours
nous ne vîmes qu'un Japonais, or le Japon n'était pas en guerre. C'est alors
qu'un nuage de fumée à l'horizon nous fit bondir dans cette direction. (...)
C'était le SS Riasdn, portant le courrier russe »(3). Le Riasân fut ainsi le pre
mier d'une longue série de navires arraisonnés par VEmden. Après remise de
cette prise aux autorités allemandes de Qingdao, qui en ce 6 août, n'avaient
pas encore été inquiétées par les alliés, VEmden rallia les croiseurs de l'amiral
Von Spee à l'île de Pagan dans les Mariannes. Il y reçut pour instruction de
« faire la course » dans l'océan Indien.
La quatrième cheminée
Le second du bâtiment, le commandant Von Miicke, conscient de ce que les
bateaux allemands étaient repérables à leurs trois cheminées, décida d'en
fabriquer une quatrième à l'aide de bambous et de toile, le tout peint en gris ;
« avec la fumée chimique qui en sortait elle avait l'air d'une vraie »(4\ Vu d

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