Nécrologie. - article ; n°2 ; vol.150, pg 439-451
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1992 - Volume 150 - Numéro 2 - Pages 439-451
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nécrologie.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1992, tome 150, livraison 2. pp. 439-451.
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Nécrologie. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1992, tome 150, livraison 2. pp. 439-451.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1992_num_150_2_450668* CHRONIQUE
NECROLOGIE
MARIE-THERESE D'ALVERNY
(1903-1991)
Marie-Thérèse d'Alverny s'est éteinte, à Paris, le 26 avril 1991. Elle laisse
derrière elle le souvenir d'une personnalité fortement originale, la présence d'une
œuvre considérable, le prestige d'une exceptionnelle notoriété internationale. Sans
doute ne serait-elle pas choquée de voir commencer son éloge par une référence
bibliographique à ses chères Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age;
dans le volume correspondant à la 66e année (1991), André Vernet a en effet publié,
sur elle, une belle notice détaillée, fine et sensible à laquelle il faut d'autant plus
se reporter que, dans la même livraison, se trouve, aux p. 279-289, une liste
chronologique des travaux de M. -T. d'Alverny : tout n'y est pas, mais la sélection
a été faite, peu avant son décès, par l'intéressée elle-même.
Elle était née à Boën-sur-Lignon (Loire) le 25 janvier 1903. Son père était
ingénieur des Eaux-et-Forêts : sans doute est-ce de lui qu'elle tenait son amour
de la nature végétale et son aisance sur les sentiers escarpés. Elle était déjà
licenciée es lettres lorsqu'elle entra à l'Ecole des chartes; elle en sortit, en 1928,
seconde de sa promotion, mais avec le prix Auguste-Molinier pour sa thèse intitulée
« Les écrits théoriques concernant la pauvreté évangélique depuis Pierre-Jean
Olieu jusqu'à la bulle 'Cum inter nonnullos' (12 novembre 1323) ». Vient, en
1943, la thèse pour le diplôme de la IVe Section de l'Ecole pratique des hautes
études : « Les pérégrinations de l'âme dans l'autre monde d'après un anonyme
de la fin du XIIe siècle ».
Depuis 1957, M. -T. d'Alverny était, à Poitiers, au Centre d'études supérieures
de civilisation médiévale, chargée d'un enseignement portant sur les manuscrits et
la pensée latine du Moyen Age; les nombreux médiévistes étrangers qu'elle a ainsi
formés lui sont restés indéfectiblement fidèles. Mais, pour conserver ses cours, elle
dut, en 1963, obtenir un doctorat en histoire : de là une nouvelle thèse, Alain de
Lille, textes inédits, publiée chez Vrin, en 1965.
La renommée de M. -T. d'Alverny était évidemment très liée au Cabinet des manus-
* Du 1er novembre 1991 au 31 octobre 1992. 440 CHRONIQUE
crits de la Bibliothèque nationale dont elle devint conservateur- adjoint, en 1947,
et où elle était la providence des utilisateurs du fonds latin. C'est elle qui a dirigé
et, en grande partie, rédigé les tomes III et IV du Catalogue général des manuscrits
latins de la Bibliothèque nationale, continuant ensuite de collaborer au tome V.
Dans le Catalogue des manuscrits en écriture latine portant des indications de date
dirigé par C. Samaran et R. Marichal, c'est encore elle qui assuma la responsabilité
des tomes II, III et IV- 1 consacrés aux fonds de la Bibliothèque nationale.
Dans ces conditions. M .-T. d'Alverny pouvait nourrir la légitime ambition de deve
nir conservateur en chef du département des manuscrits de la Bibliothèque natio
nale. Il en fut décidé autrement et sans doute en éprouva-t-elle, sur le moment,
de l'amertume ; paradoxalement, ce fut pourtant, pour elle, une grande chance.
Sur les conseils de Jeanne VieDiard et de quelques autres, elle posa, en 1962, sa
candidature au C.N.R.S. où elle fut accueillie à bras ouverts en qualité de maître,
puis de directeur de recherche. Voyageant désormais beaucoup à l'étranger pour
y donner des conférences et y examiner des manuscrits, elle plaça davantage encore
son activité scientifique à la pointe de la recherche vivante en train de se faire.
Plus particulièrement spécialiste du XIIe siècle et du début du XIIIe, c'est-à-dire
de l'âge d'or des traductions arabo-latines, M. -T. d'Alverny s'était convaincue de
la nécessité d'apprendre l'arabe et, surtout, elle eut le courage de le faire. Ce fut
initialement en suivant des cours à l'Institut catholique et en étant l'élève de Louis
Massignon. Concepteur d'une méthode originale d'apprentissage de l'arabe, son
cousin, le père jésuite André d'Alverny, avait du reste, au Liban, formé toute une
génération de religieux et d'administrateurs. Des années 60 jusqu'à la fin de son
existence autonome, M. -T. d'Alverny n'a pas cessé d'entretenir et de perfectionner
sa connaissance de l'arabe, notamment en suivant les cours de son ami Gérard Trou
peau à l'Ecole des Langues orientales, puis à la IVe Section de l'Ecole pratique
des hautes études. A l'occasion du millénaire de la naissance d'Avicenne (millé
naire selon le calendrier musulman, c'est-à-dire en 1950-51), elle participa,
en Egypte, pour les manuscrits latins, à la commission qui mit en route l'édition
critique du Shifä', la monumentale « somme » philosophique d'Avicenne.
L'Avicenne latin occupe une place considérable dans l'œuvre de M .-T. d'Alverny
(voir, ci-dessous, ce qui est dit des republications actuellement préparées). Nomb
reuses sont également les études qu'elle a consacrées à des traductions arabo-
latines médiévales : Aristote, le Secretum secretorum, al-Kindï, al-Ghazâlî et même
le Coran ou les légendes relatives à Mahomet. Faute de pouvoir entrer dans les
détails, renvoyons à sa magistrale synthèse, Translations and translators, dans Renais
sance and renewal in the twelfth century sous la direction de R. L. Benson et G.
Constable (Cambridge Mass., 1982).
Notre regrettée confrère était très chartiste en ce sens qu'elle avait une sainte
horreur des dissertations prétentieuses n'apportant rien de nouveau. Ses propres
articles ont souvent été écrits pour mettre en valeur des textes ou des manuscrits
précédemment inconnus. De là une extrême variété qui échappe à l'analyse
globale et contraint de renvoyer à la bibliographie citée au début de cette notice.
On relèvera le particulier intérêt porté aux survivances antiques, aux représentat
ions symboliques, aux doctrines hétérodoxes, à la magie et à l'astrologie, cette CHRONIQUE 441
dernière étant bien reconnue comme un élément essentiel des conceptions cosmol
ogiques du Moyen Age.
Élève, admiratrice et excellente amie d'Etienne Gilson, M. -T. d'Alverny était,
depuis 1953, co-directrice des Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen
Age. De toutes ses activités, celle-là était, semble-t-il, celle qui lui tenait le plus à
cœur. Devenue pratiquement seule responsable, elle exerçait son pouvoir non sans
absolutisme, mais avec une incroyable générosité, n'épargnant ni son temps, ni sa
peine, pour souvent considérablement améliorer les articles proposés.
La renommée internationale de M. -T. d'Alverny a été officiellement consacrée
par des invitations et des distinctions si nombreuses qu'il serait presque fastidieux
de les énumérer. Ce rayonnement ne tenait pas seulement à ses publications. En
matière d'érudition médiévale, nul n'a, autant qu'elle, favorisé les contacts entre
érudits et contribué à éviter qu'un même sujet fût simultanément choisi par plu
sieurs chercheurs. Elle a mené cette action, de manière institutionnalisée, au sein
de l'Union internationale d'histoire des sciences, comme présidente de la commiss
ion improprement dite « de bibliographie », en réalité « des sources de l'histoire
des sciences ». Elle a, par ailleurs, poursuivi un effort complémentaire, en tant que
présidente de la commission « Editions de textes médiévaux », dans le cadre de
la Société internationale pour l'étude de la philosophie médiévale.
Si elle était très insistante pour obtenir des inf

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