Négocier et survivre : la stratégie de Rhône-Poulenc pendant la seconde guerre mondiale - article ; n°3 ; vol.11, pg 479-491
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Négocier et survivre : la stratégie de Rhône-Poulenc pendant la seconde guerre mondiale - article ; n°3 ; vol.11, pg 479-491

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Histoire, économie et société - Année 1992 - Volume 11 - Numéro 3 - Pages 479-491
Abstract Despite sequestration and forfeiture of the company's assets overseas, the leaders of Rhône-Poulenc managed at the same time to safeguard their firm's independence, and to sustain innovation and production at the highest levels feasible. Not only was the German chemical sector unable to secure a share of its equity ; the firm also showed itself able to prepare for the post-war era, by developing ersatz products, and making good the ground it had lost in the field of Nylon and penicillin production.
Résumé En dépit des séquestres et confiscations de leurs biens à l'étranger, les dirigeants de Rhône-Poulenc sont parvenus à la fois à protéger l'indépendance de leur entreprise et à maintenir l'innovation et la production au meilleur niveau possible. Non seulement, la chimie allemande n'a pu prendre de participation dans son capital, mais encore la société a su préparer les lendemains de guerre en développant des produits de substitution et en comblant son retard dans le domaine de la fabrication du Nylon et de la pénicilline.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Cayez
Négocier et survivre : la stratégie de Rhône-Poulenc pendant la
seconde guerre mondiale
In: Histoire, économie et société. 1992, 11e année, n°3. pp. 479-491.
Résumé En dépit des séquestres et confiscations de leurs biens à l'étranger, les dirigeants de Rhône-Poulenc sont parvenus à la
fois à protéger l'indépendance de leur entreprise et à maintenir l'innovation et la production au meilleur niveau possible. Non
seulement, la chimie allemande n'a pu prendre de participation dans son capital, mais encore la société a su préparer les
lendemains de guerre en développant des produits de substitution et en comblant son retard dans le domaine de la fabrication du
Nylon et de la pénicilline.
Abstract Despite sequestration and forfeiture of the company's assets overseas, the leaders of Rhône-Poulenc managed at the
same time to safeguard their firm's independence, and to sustain innovation and production at the highest levels feasible. Not
only was the German chemical sector unable to secure a share of its equity ; the firm also showed itself able to prepare for the
post-war era, by developing ersatz products, and making good the ground it had lost in the field of Nylon and penicillin
production.
Citer ce document / Cite this document :
Cayez Pierre. Négocier et survivre : la stratégie de Rhône-Poulenc pendant la seconde guerre mondiale. In: Histoire, économie
et société. 1992, 11e année, n°3. pp. 479-491.
doi : 10.3406/hes.1992.1646
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1992_num_11_3_1646NEGOCIER ET SURVIVRE :
LA STRATÉGIE DE RHONE-POULENC PENDANT LA
SECONDE GUERRE MONDIALE
par Pierre CAYEZ
Résumé
En dépit des séquestres et confiscations de leurs biens à l'étranger, les dirigeants de Rhône-
Poulenc sont parvenus à la fois à protéger l'indépendance de leur entreprise et à maintenir l'innovation
et la production au meilleur niveau possible. Non seulement, la chimie allemande n'a pu prendre de
participation dans son capital, mais encore la société a su préparer les lendemains de guerre en
développant des produits de substitution et en comblant son retard dans le domaine de la fabrication du
Nylon et de la pénicilline.
Abstract
Despite sequestration and forfeiture of the company's assets overseas, the leaders of Rhône-
Poulenc managed at the same time to safeguard their firm's independence, and to sustain innovation
and production at the highest levels feasible. Not only was the German chemical sector unable to
secure a share of its equity ; the firm also showed itself able to prepare for the post-war era, by
developing ersatz products, and making good the ground it had lost in the field of Nylon and penicillin
production.
Si la préoccupation et la réalité stratégiques s'expriment aujourd'hui clairement
dans la majorité des entreprises, la situation était sensiblement différente dans une pé
riode que l'on peut considérer comme lointaine au regard du développement en France
de la science du management. La stratégie passée des firmes s'induit à la fois d'écrits,
souvent trop rares, et de la pratique. Elle est donc explicite et implicite.
Quelqu'aient pu être les opinions et les dispositions des dirigeants économiques,
leur situation fut toujours difficile pendant la guerre puisqu'il fallait tenir compte à la
fois des exigences des occupants, des difficultés d'approvisionnement, de la législa
tion vichyssoise et de la nécessité absolue de protéger l'existence de l'entreprise et leur
propre pouvoir.
Dans cette période de guerre, la chimie française occupait une place assez origi
nale puisqu'elle avait entretenu avec la chimie allemande un dialogue ancien
centré autour de trois axes majeurs. Depuis longtemps, les deux industries avaient
échangé des brevets et participé à des ententes qui avaient permis que se nouent des
relations humaines. Mais à toutes occasions, l'écrasante supériorité de la recherche, 480 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
des brevets, des productions et des équipements germaniques s'était manifesté à un
point tel que l'on est en droit de se demander si la chimie française constituait vraiment
un objectif notable pour l'I.G. Farben. En réaction, les chimistes français avaient uti
lisé les retombées de la défaite allemande de 1918 pour tenter d'améliorer leurs pro
ductions et leurs marchés grâce aux prises de guerre. Il existait donc un ancien
contentieux entre chimistes français et allemands et ceux-ci seraient tentés de le régler à
l'issue de la guerre.
La situation de Rhône-Poulenc en 1939
Sans vouloir sacrifier à la tradition du tableau préalable, il faut convenir que la s
ituation des firmes à implantation hexagonale fut différente de celle des entreprises à
fort rayonnement international.
A la veille de la guerre, la Société des usines chimiques Rhône-Poulenc (SUCRP)
était d'abord une entreprise industrielle aux immobilisations assez modestes : trois
usines chimiques implantées à Saint-Fons (Rhône), à Roussillon (Drôme) et à Vitry
près de Paris et deux établissements spécialisés dans la pharmacie à Saint-Fons
(Spécia) et Livron-sur-Drome. L'ensemble occupait 4642 personnes inégalement ré
parties (Saint-Fons : 25,31% ; Roussillon : 42,89% ; Vitry : 12,11% ; Spécia :
13,45% ; Livron : 7,24%). En fait, et selon une évolution fréquente des entreprises
françaises, la puissance de la SUCRP venait de l'important portefeuille de participa
tions qui la reliaient à un ensemble de filiales plus ou moins contrôlées.
Les filiales à 100% comportaient trois pièces majeures : les sociétés françaises de
conditionnement et de commercialisation dans le domaine pharmaceutique- Spécia et
Prolabo-et deux grandes entreprises étrangères. La société anglaise May and Baker
fabriquait surtout des produits pharmaceutiques et disposait d'un fort réseau de filiales
dans le Commonwealth. En Amérique du sud, la Rhodia Brasileira couvrait la gamme
des produits chimiques et pharmaceutiques.
Les filiales à 50% concernaient le secteur textile puisqu'elles avaient été fondées à
parité avec le СТА (Comptoir des textiles artificiels qui regroupait autour des Gillet les
principaux producteurs de viscose). La Rhodiaceta, créée en 1922, exploitait les
usines de Lyon-Vaise et de Péage-de-Roussillon pour y produire de l'acétate de cellu
lose et le filer et elle avait implanté ses propres filiales : La Rhodiaceta i tali ana (Usine
de Pallanza), la Companhia brasileira de sedas Rhodiaceta et surtout la Deutsche
Acetatkunstseiden A.G. Rhodiaceta (DAR) qui produisait dans son usine de Fribourg
et, approvisionnée en acétate par l'I.G. Farben et la société Wacker, vivait dans le
contexte durement concurrentiel de la chimie allemande et tentait de ne pas afficher sa
situation de rattachement à une entreprise française.
A ces deux ensembles bien définis, s'ajoutaient les diverses participations de la
SUCRP : en France la Société normande de produits chimiques et Chimie et Atomis-
tique, en Pologne Ludwick Spiess i Syn, en Italie l'Istituto nazionale de
chimiotherapia et enfin la Sociedad quimica Rhodia argentina. NÉGOCIER ET SURVIVRE 481
II résultait de cette double dimension, industrielle et financière, que les ressources
de l'entreprise se partageaient entre les bénéfices d'exploitation et les dividendes ver
sés par les filiales dont la part augmentait rapidement :
1935 : 16,70% 1937 : 39,80%
1936 : 28,30% 1938 : 44,90%
Un rappel rapide de quelques accords passés avec les entreprises chimiques all
emandes et des conventions signées peut préciser l'intensité des rapports avec le futur
occupant et confirmer la situation d'infériorité de la chimie française.
La SUCRP acheta un assez grand nombre de brevets allemands, le 24 novembre
1923 elle signait avec la société Bayer un accord pour exploiter certains produits
vétérinaires, elle obtenait le monopole de vente en France mais versait 70% des
bénéfices au propriétaire. L'I.G. fournit des brevets d'antipaludiques moyennant 10%
du montant des ventes, une clause identique fut imposée lorsque la société Curta
vendit la licence de la Soluseptagine.
Chacun de ces accords comprenait une clause de non-vente sur le territoire du
partenaire, le montant de la redevance ajoutait donc, au prix du brevet, celui de la non
concurrence.
Les ententes généralisaient et

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