Note sur le ms. français 13568 de la Bibliothèque nationale, Histoire de saint Louis, par le sire de Joinville - article ; n°1 ; vol.70, pg 303-312
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1909 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 303-312
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1909
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Henri Moranvillé
Note sur le ms. français 13568 de la Bibliothèque nationale,
Histoire de saint Louis, par le sire de Joinville
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1909, tome 70. pp. 303-312.
Citer ce document / Cite this document :
Moranvillé Henri. Note sur le ms. français 13568 de la Bibliothèque nationale, Histoire de saint Louis, par le sire de Joinville. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1909, tome 70. pp. 303-312.
doi : 10.3406/bec.1909.448363
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1909_num_70_1_448363TIL
NOTE
SUR LE MS. FRANÇAIS Ш68
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
HISTOIRE DE SAINT LOUIS
PAR LE SIRE DE JOINVILLE.
Depuis longtemps, j'avais été surpris de voir adopter les
motifs que M. de Wailly avait eus d'employer sa méthode pour
l'établissement du texte de l'œuvre historique due au sire de
Joinville. Je les résume brièvement : partant de ce fait que
Joinville avait dicté son récit à un secrétaire, M. de Wailly
avait admis comme hors de discussion que ce secrétaire avait dû
être un clerc de sa chancellerie, et en second lieu que ce clerc
était originaire de Joinville. Dans ces conditions, il affirmait
que ce clerc, parlant la langue du pays, en ayant les habi
tudes d'orthographe, il était raisonnable de fixer d'abord la
grammaire et l'orthographe de la région, et secondement d'appli
quer cette grammaire et cette orthographe à la correction du
texte fourni par les manuscrits. De là son travail sur les chartes
de Joinville et son édition de Joinville.
Le texte des manuscrits lui paraissait mauvais, et non pas à
lui seulement, puisqu'en rendant compte de l'édition de M. de
Wailly, M. Gaston Paris affirmait que « la critique s'est unani
mement prononcée sur la valeur de son travail, qui fera époque
dans la science1 », et ajoutait qu' « on peut différer d'avis avec
le savant éditeur sur tel ou tel point de détail, mais sa méthode
1. Romania, t. III (1874), p. 402. 304 NOTE SDR LE MS. FRANÇArS Í3568
est en somme parfaitement scientifique, sûre et prudente. Je lui
reprocherais peut-être de n'aller pas encore assez loin »'.
Et reprenant l'opinion de M. Paulin Paris, il mettait « hors
de toute contestation »2 que, comme le ms. fr. 5722 de la Biblio
thèque nationale contenant la vie et les miracles de saint Louis3,
« œuvre du même scribe », le ms. le plus ancien de Joinville
(Bibl. nat., ms. fr. 13568) 4 présentait « tous les caractères des
manuscrits exécutés sous le règne de Charles V »5. Il concluait
qu'en l'absence du manuscrit original offert par Joinville à Louis X
Hutin, et puisque ce ms. était perdu6, le ms. fr. 13568, loin
d'offrir « le texte original ou même une copie contemporaine...,
n'a pu être écrit qu'à une époque assez postérieure, quand la
langue du sénéchal, encore inintelligible à un lecteur instruit et
attentif, avait besoin d'un rajeunissement constant... »7. Pour
savoir à quelle date M. Gaston Paris fixe l'exécution du ms.
fr. 13568, il faut se reporter un peu plus loin8 ; là, il n'hésite pas à
proposer un ms. intermédiaire (qu'il suppose exécuté vers 1340)
entre l'exemplaire de Louis X et le ms. fr. 13568 auquel il assigne
pour date : « vers 1370 ».
M. Gaston Paris et M. de Wailly se rencontraient donc pour
écarter le texte du ms. fr. 13568, jugé trop récent en raison de
ses caractères paléographiques, par conséquent fournissant une
langue rajeunie, avec laquelle un critique averti devait prendre
toutes les libertés compatibles avec la grammaire et l'orthographe
en usage dans les chartes contemporaines expédiées par la chanc
ellerie de Joinville.
Je ne me serais pas permis, contre l'avis d'autorités aussi
hautes, de signaler qu'elles n'avaient pas essayé de démontrer
que le secrétaire du sire de Joinville, écrivant sous sa dictée, fût
né dans le pays, et qu'à supposer qu'il y fût né, il n'y avait pas
de raison de lui attribuer le parler et l'orthographe du pays ; qu'on
1. Romania, t. III (1874), p. 403.
2. Histoire littéraire de la France, t. XXXII, 1898, p. 375.
3. C'est l'ouvrage de Guillaume de Saint-Pathus.
4. MM. de "Wailly et G. Paris le nomment ms. de Bruxelles, en raison de sa
provenance.
5. Hist. litt. de la France, t. XXXII, 1898, p. 371.
6. On constate encore son existence dans l'inventaire des livres de 1423.
7. Hist. litt. de la France, t. XXXII, 1898, p. 376.
8. lbid., p. 402. LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE. 305 DE
jugerait à tort que les gens de la fin du xine siècle étaient enfer
més dans leur village, leur bourg, sans jamais en sortir; qu'un
secrétaire passait de maison en maison, de château en château,
au gré de ses intérêts, que par conséquent le secrétaire de Join-
ville pouvait venir de toute autre partie de la France. D'où il
suit, qu'avant de déterminer les règles grammaticales et orthogra
phiques que peut-être il suivait, il eût fallu connaître son ori
gine, sa petite patrie, le lieu où il avait étudié. J'aurais dit
encore que rien ne prouvait que ce secrétaire eût fait partie de la
chancellerie de Joinville et j'aurais demandé, au surplus, ce qu'on
entendait par ces mots : la chancellerie de Joinville. J'aurais
marqué mon étoňnement de voir employer une expression aussi
solennelle pour désigner une sorte de petit notaire : sans doute
Joinville était de bonne maison, mais il y avait bien d'autres
gentilshommes de son temps dont la naissance n'était pas pire ;
cependant, il avait toujours eu à lutter, suivant l'expression de
son biographe1, contre des difficultés pécuniaires et si saint Louis
l'a, à quelques reprises, assez généreusement traité, au total
c'était peu de chose. En sorte que je ne crois pas qu'il ait jamais
pu avoir à sa charge une organisation, un groupe de fonction
naires, si modestes qu'on les suppose, mais formant une chancell
erie même très simple. S'il n'est pas prouvé que le secrétaire de
Joinville usât du dialecte du pays de Joinville, était-il probable
que le sire de Joinville eût employé ce dialecte? Et parce qu'un
gentilhomme habitait un pays et l'aimait2, en adoptait-il les par
ticularités dialectales, alors surtout qu'il était du monde, et, mieux
encore, vivait souvent à la cour?
Tout cela je l'eusse pensé, mais je n'eusse osé le dire si,
poussant ma curiosité plus loin, je n'avais examiné les manus
crits. D'abord, il m'apparut que rien ne justifiait l'hypothèse
de M. Gaston Paris, d'après laquelle le manuscrit du xvie siècle
connu sous le nom de manuscrit de Lucques3 avait été, au moins
pour les miniatures, « modelé sur le manuscrit royal » offert à
Louis X; « les sept miniatures qu'il présente se retrouvaient4
1. H.-François Delaborde, Jean de Joinville et les seigneurs de Joinville,
p. 136.
2. Histoire de saint Louis par Jean, sire de Joinville, éd. 1868, p. 44 e.
3. Bibl. nat., ms. fr. 10148.
4. Hist. lilt, de la France, t. XXXII, 1898, p. 401. Cf. p. 377. — M. G. Paris
avait déjà dit « que L (le ms. de Lucques) est une copie où on s'est piqué de
4909 20 306 NOTE SUR LE MS. FRANÇAIS 43568
sans doute, mais bien différentes de style, dans l'un et dans
l'autre ».
Si d'abord on admet cette opinion, d'ailleurs gratuite, et si l'on
jette les yeux sur les miniatures, on change bien vite de sent
iment en voyant le frontispice à pleine page où saint Louis, assis,
en costume de 1530 environ, reçoit l'hommage de Joinville armé
de plates dorées à la mode du même temps, un genou en terre,
la main sur le cœur, le casque garni d'un panache bleu, rouge
et blanc, visière levée, offrant son livre relié en noir. Mais c'est
surtout la miniature de la page 2 qui constitue un obstacle déci
sif à l'hypothèse de M. G. Paris. Cette miniature, qui occupe le
tiers du feuillet, est importante : le peintre y a représenté Join
ville, coiffé d'un bonnet noir, vêtu d'une large et longue robe
noire, assis, écrivant sur un pupitre, dans son cabinet de travail,
dont le mur de fond est garni de trois rangs superposés de tablettes
en forme de pupitres sur lesquels reposent à plat des volumes :

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