Note sur les coupoles de la grande mosquée Al-Zaytuna de Tunis - article ; n°1 ; vol.2, pg 95-109
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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1966 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 95-109
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 110
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lucien Golvin
Note sur les coupoles de la grande mosquée Al-Zaytuna de
Tunis
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°2, 1966. pp. 95-109.
Citer ce document / Cite this document :
Golvin Lucien. Note sur les coupoles de la grande mosquée Al-Zaytuna de Tunis. In: Revue de l'Occident musulman et de la
Méditerranée, N°2, 1966. pp. 95-109.
doi : 10.3406/remmm.1966.931
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1966_num_2_1_931NOTE SUR LES COUPOLES
DE LA GRANDE MOSQUÉE AL-ZAYTUNA DE TUNIS
La trop longue interdiction faite aux non-musulmans de pénétrer
dans la mosquée al-Zaytûna de Tunis a eu pour conséquence bien
des erreurs d'interprétation, les archéologues européens ne pouvant
connaître le sanctuaire que par des manœuvres d'approche bien aléa
toires ou par l'intermédiaire d'informateurs assez mal préparés, en
général, au rôle qu'on exigeait d'eux1. L'étude du monument reste
ainsi à faire en dépit de quelques essais assez peu satisfaisants2.
A défaut de ce travail auquel nous ne sommes d'ailleurs pas
préparé, nous voudrions nous pencher ici sur le problème des cou
poles qui ornent la nef médiane, l'une précédant le mih'râb, la
seconde se trouvant à l'intersection de la nef médiane et de la
galerie qui longe la façade Nord-Ouest du sanctuaire. Bien que, vues
de loin, ces deux constructions paraissent assez semblables, elles
diffèrent suffisamment pour que nous leur réservions une étude
séparée. Nous commencerons par la coupole du mih'râb.
1. C'est ainsi qu'Henri Saladin dut avoir recours à une description et à
quelques croquis d'un < informateur », dessins apparemment très fantaisistes
puisque l'excellent architecte auquel on doit tant de travaux sur l'art musulman»
en avait déduit que les nefs étaient parallèles au mur de la qibla I ... (cf. Nouv
elles archives des missions, 1892, pp. 384-385 et Manuel d'Art Musulman, Paris,
Picard, 1907, I, pp. 215 et ss. et fig. 137 et 138. G. Marçais a effectué quelques
croquis de l'édifice du haut des terrasses des souks voisins et sans doute
également d'après quelques photographies. Cf. Manuel d'Art Musulman, Paris,
Picard, 1926, I, p. 35, fig. 17 et l'Architecture Musulmane d'Occident, Paris, Arts
et Métiers Graphiques, p. 72, fig. 37. De son côté, Creswell a dû faire appel à la
collaboration de deux € informateurs » qui l'ont surtout aidé efficacement dans
la recherche de l'histoire du monument mais le plan approximatif, publié après
beaucoup d'hésitations fort compréhensibles, est assez éloigné de la réalité,
comme le supposait d'ailleurs l'auteur...
2. Je cite pour mémoire la médiocre monographie de A. FikrI, La mosquée
az-Zagtouna à Tunis, Recherches archéologiques, Proceedings, vol. II, 1952,
Le Caire, al-Maaref, 1953, pp. 27 à 67 (13 illustrations) qui a eu au moins le
mérite de donner un plan (le moins mauvais que nous possédions actuellement)
et quelques photographies d'assez bonne qualité. 96 LUCIEN GOLVIN
On sait qu'une inscription se déroulant sur les quatre faces du ■
carré de base de cette coupole mentionne le nom du calife régnant :
al-Must'aîn bi-llâh et la date 250 = 864. Il n'est sans doute pas
inutile également de signaler que la même inscription cite le nom de
l'intendant qui fut chargé des travaux, un certain Nuçayr, affranchi
(mawlâ) du calife et celui de l'architecte Fath' 8.
Cette date classe cette coupole au quatrième rang par ordre
chronologique après celle du rïbât' de Sousse : 206 = 850, celle de
Kairouan : 221 = 836, et celle de la grande mosquée de Sousse :
236 = 850 (si, du moins l'on ne s'en tient qu'aux seuls monuments
qui nous sont parvenus), mais elle subit vers les années 1637-1638
une restauration (était-ce la première ?) dont il nous appartient de
mesurer l'importance4.
Intérieurement, quatre trompes en coquilles enjambent les angles
du carré de base déterminé par trois grands arcs et par un quatrième
aveugle, dans lequel s'ouvre le mih'râb. Trois rosaces5 surmontées
d'un arc outrepassé relient les trompent entre elles sauf sur le côté
Sud (celui du mur de la qibla) où s'ouvre sur l'extérieur un disque
lobé servant de claustrum. Au-dessus des trompes, et des rosaces
saillent des arcs reposant sur des colonnettes surmontées de chapi
teaux; ces arcs sont disposés suivant un plan octogonal que des
pendentifs transforment en cercle à la partie supérieure. Ce cercle
forme une corniche sur laquelle prend appui un tambour cylindrique
composé alternativement de niches et de fenêtres séparées par des
colonnettes à chapiteaux qui supportent des petits arcs appareillés.
3. Cette inscription a été donnée dans divers ouvrages, en particulier dans
le Répertoire chronologique d'épigraphie arabe, t. II, p.. 75, n° 505; dans le
Corpus des Inscriptions arabes de Tunisie de Slimane Mostefa Zbiss, pub. de la
Direction des Antiquités et Arts, Notes et Documents, vol. XIII, t. I, pp. 27 et
28, G. Marçais, l'Architecture..., p. 7, note 5. Seule la lecture de Zbiss, donne la
fonction de Fath' bannâ = architecte, pourtant assez lisible sur l'inscription,
mais en caractères plus petits que le reste. Nous ne reviendrons pas sur les
interprétations déjà données par G. Marçais au sujet du nom du calife, alors
qu'on aurait pu s'attendre à trouver là le nom d'un émir aghlabide (v. G. Març
ais. l'Architecture, pp. 7 et 8). On s'arrêtera par contre sur ce Fath', architecte.
Un tel nom sans patronyme indique généralement ou un esclave ou un affranchi,
en tout état de cause, un homme d'origine non musulmane. On notera cependant
que, précédemment, dans la même inscription, Nuçayr était suivi de son état
social mawlâ alors qu'ici il n'en est rien; faut-il en déduire que Fath' était un
homme libre, indépendant, peut-être même un chrétien soumis au statut de
dhimmi ?
4. Cf. Fikrî, la mosquée Zaytoûna..., p. 28. Les coupoles ont subi une autre
restauration en 1939.
5. On rapprochera ces rosaces de celles qui existent au ribâf de Sousse
(cf. Lézine, le ribat de Sousse..., pi. XXII, c. lbs coupoles d'al-zaytuna 97
On compte vingt ouvertures soit dix fenêtres et dix niches. Un
décor profus assez décadent qui s'inspire de traditions hispano-
mauresques mêlées à des volutes italianisantes est manifestement
assez récent. On croit pouvoir le dater du règne de Hammoûda le
Mouradide6 soit aux alentours de 1637. Disons tout de suite qu'il
offre peu d'intérêt, sauf en ce qui concerne les petits chapiteaux très
proches parents de ceux de Kairouan, donc sensiblement contempor
ains à notre avis. Nous en avons relevé quelques-uns (pi. 2) qui ne
dépareraient pas ceux déjà dessinés par G. Marçais T. Les petits arcs
sont à leur tour surmontés d'une corniche de laquelle saillent vingt
corbelets comparables eux aussi à ceux de Kairouan (pi. 2, fig. 6 et 8).
Ces consoles supportent les arêtes abattues des concavités des godrons
qui composent la coupole et qui se rejoignent au sommet sur un
disque. Ces godrons ont été malencontreusement barbouillés de
peinture noire disposée en bandes parallèles horizontales qui donnent
l'illusion de lits de pierres alternativement blanches et noires, le
malheur a voulu que le peintre ait décalé ce décor sur les arêtes ce
qui, vu du sol et sur les clichés même pris d'assez près, donne l'illu
sion d'une solution de continuité dans la maçonnerie. Cette im
pression d'optique a eu pour conséquence d'abuser quelques archéo
logues qui ont cru voir là de véritables nervures indépendantes des
godrons et sans doute construites au préalable9.
Pour être monté récemment sur la terrasse de la mosquée et avoir
pu examiner par une des fenêtres du tambour ces arêtes de très près,
je peux affirmer qu'elles ne constituent absolument pas des nervures
et qu'elles ne diffèrent pas de celles de la coupole précédant le
mih'râb de Kairouan.
Notons encore, avant de quitter l'intérieur de cette coupole que
6. G. Marçais, l'architecture..., p. 467. On peut penser que certains &#

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