Notes d épigraphie chrétienne - article ; n°1 ; vol.102, pg 545-555
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1978 - Volume 102 - Numéro 1 - Pages 545-555
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Denis Feissel
Notes d'épigraphie chrétienne
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 102, livraison 1, 1978. pp. 545-555.
Citer ce document / Cite this document :
Feissel Denis. Notes d'épigraphie chrétienne. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 102, livraison 1, 1978. pp. 545-
555.
doi : 10.3406/bch.1978.2012
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1978_num_102_1_2012NOTES D'ÉPIGRAPHIE CHRÉTIENNE ( III*)
IX. Sur des épitaphes de Tyr
Avec l'élégant volume qui inaugure la publication des Inscriptions de Tyr1,
Jean-Paul Rey-Coquais vient d'enrichir d'une importante contribution l'épigraphie
du Bas-Empire. Ces 226 inscriptions, presque toutes nouvelles2, nous restituent
dans son ensemble et sa cohérence l'image d'une grande nécropole grecque chrétienne3.
On sait combien rares sont les cas où l'on dispose de séries aussi abondantes et
homogènes. Aussi bien faudrait-il, pour rendre justice à l'intérêt de l'ouvrage, s'atta
cher à ce tableau d'ensemble dont l'éditeur a brossé une ébauche suggestive encore
que provisoire4. Les notes suivantes, plus bornées dans leur propos, ne visent qu'à
l'explication de difficultés de détail. Il n'est pourtant pas indifférent, dans la
perspective même d'une appréciation d'ensemble, de soumettre à un nouvel examen
quelques-unes des questions qu'une première publication laisse inévitablement
ouvertes. En regard de son objet, cette contribution critique est doublement limitée.
Le choix restreint des inscriptions traitées5 laisse de côté, faute de solution, l'inte
rprétation des plus énigmatiques6. Il est d'autre part à peine besoin de souligner
le peu que représentent ces quelques remarques au prix de l'étendue du recueil et
de la diversité des enseignements dont nous sommes redevables à son auteur.
(*) Ces deux notes font suite, sous les nos IX et X, aux séries déjà parues dans le BCH, 100 (1976), p. 269-
281 (n°a I à IV) et 101 (1977), p. 209-228 (n°s V à VIII).
(1) Inscriptions grecques et latines découvertes dans les fouilles de Tyr (1963-1974), I : Inscriptions de la
nécropole (Bulletin du Musée de Beyrouth, XXIX, 1977).
(2) J.-P. Rey-Coquais en avait présenté provisoirement quelques-unes dans le volume de M. H. Chéhab,
Sarcophages à reliefs de Tyr (Bull. Mus. Beyrouth, XXI, 1968) ; cf. Bull. ép. 1970, 625. Elles sont reprises aux
n°s53, 57, 118 A et B.
(3) Seuls les nos 1 à 6 appartiennent au Haut-Empire. Les épigrammes nos 149 et 150, commentées plus
bas, ne sont sans doute pas non plus chrétiennes.
(4) P. vin : « Bien qu'une première publication ne puisse prétendre résoudre toutes les difficultés ni
même soulever tous les problèmes, nous avons fait suivre le recueil des inscriptions d'un bref commentaire
d'ensemble. » Ce sont les Remarques générales des p. 123-168.
(5) Nos 29 B, 75 et 76, 149 A et B, 150. Sur les n°s 147, 171 et 187, cf. infra, p. 553-555.
(6) On recommande notamment à la perspicacité des critiques les mots nouveaux κροταος (η° 33 C),
κροταεινος (n° 35), σαυγμα (n° 34 ; la comparaison avec σαλγαμάριος, à quoi j'ai d'abord songé, n'est guère
probante), ainsi que le déchiffrement des nos 27 (ne pourrait-on lire ΤΙς Θεούς, pour ΕΙς Θεός?), 56 et des
monogrammes repris p. 125.
35 DENIS FEISSEL [BCH 102 546
Les inscriptions nos 29 A et Β occupent les deux versants d'un couvercle de
sarcophage. La première énumère les quatre destinataires de ce tombeau de famille.
La seconde, plus originale et plus difficile, a pour but d'en assurer la protection.
On en a proposé la lecture et la traduction suivantes :
Θεός αθάνατος έκδικήσηι ει μη μόνος Θεός και (μ)ήτις
τών λεκτικαρίων δια τα γενόμενα μυστήρια και εϊ(δ)η τά εϊκοσει
δι' ' ώ δε έπιχηρήση άνΰξαί. λίψανα των ονομάτων τών ύμας
κλαπέντων τών βντων ώδε τόπον έμουτοΰ Ζήνωνος
δ τι ουδείς οίδεν ποιήσειν
Dieu immortel vengera ses mystères et saura les vingt reliques des personnes aux
noms cachés qui sont ici, ce que personne ne sait faire, si ce n'est Dieu seul, et non pas
un quelconque des porteurs de civières, à cause de ce qui s'est passé par votre faute.
Et celui qui entreprendra d'ouvrir le lieu (de sépulture) qui est à moi-même Zenon ...
L'obscurité de ce texte ne tient pas moins à la maladresse de la rédaction qu'à
notre ignorance des circonstances qui l'ont inspirée. Il est cependant permis, sinon
de deviner ce que le texte ne dit pas, du moins de tenter à nouveau d'élucider ce
qu'il veut dire.
Aux lignes 1 et 2, l'éditeur interprète et traduit « έκδικήσει et ε'ίδει comme des
futurs actifs ». On ne contestera pas, pour l'essentiel, la lecture de la pierre. Observons
seulement que, d'après la photographie de la planche IV, la première ligne paraît
mutilée à la fin et qu'il faudrait y ajouter cinq lettres environ pour atteindre la
longueur des lignes suivantes. Je préférerais donc couper εκδίκηση, sans iota parasite,
et peut-être restituer ensuite l'article τ[α - -]. La correction ε'ί(δ)η adoptée à la ligne 2
s'impose sans difficulté, le lapicide ayant confondu A et Δ7. Il ne s'agit pourtant pas
de futurs. Certes la forme εκδίκηση est ambiguë et l'on sait que dans la koinè tardive
l'iotacisme a pu faire souvent confondre indicatif futur et subjonctif aoriste, lorsque
les deux formes étaient sigmatiques8. Mais εΐ(δ)η ne peut être qu'un subjonctif.
Si l'on comprend « savoir », il faut lire εί(δ)η. Je crois cependant préférable, pour la
suite de l'interprétation, de lire ε'ί(δ)η pour ϊδη. On pourrait alors traduire : « Que
Dieu immortel venge (ses?) mystères et qu'il voie ... ».
Je ne puis me ranger à l'interprétation avancée des deux lignes suivantes, où
l'on veut reconnaître « une variante de la formule fréquente dans les inscriptions
chrétiennes : ού 6 Θεός το δνομα οΐδεν ». Cette conjecture a pu être suggérée par les
lignes 5 et 6 qui sont, elles, fort claires : « ce que nul ne sait faire sinon Dieu seul ».
Encore faut-il expliquer quel est ce, privilège divin.
Il est clair que l'objet en cause n'est pas ονόματα, mais λείψανα, les restes, les
dépouilles mortelles9. Cet objet matériel rend sans doute la lecture ϊδη préférable
(7) Comparer la confusion de la ligne 6 entre M et (0.
(8) A la ligne 8, commentée plus bas, έπιχηρήση est en apparence également ambigu. Ce flottement
s'étend à la syntaxe de l'infinitif : cf. ligne 5 ποιήσειν pour ποιήσοα.
(9) Plutôt que « les reliques » ; aussi bien l'emploi du mot grec n'est-il pas limité aux corps des saints.
Le terme manque à l'index mais se retrouve au n° 108 où l'éditeur a bien traduit : « nos corps ». Remarquer
aussi dans ce dernier texte l'adjuration par « le Seigneur des mystères ». notes d'épigraphie chrétienne 547 1978]
à είδη, « voir » à « savoir ». L'éditeur n'a pas expliqué comment των ονομάτων των
κλαπέντων pouvait signifier : « des personnes aux noms cachés ». Si l'on se reporte
à l'index (s. ν. κλέπτω), on sera renvoyé à notre inscription sous la forme οι κλαπέντες.
A-t-on cru pouvoir comprendre : « les restes de ceux qui sont privés de nom »?
L'incohérence de la construction ne permet pas de s'y arrêter. Il paraît plus naturel
de croire, malgré l'embarras de l'expression, que les deux participes de la ligne 4
s'accordent avec ονομάτων, que l'on doit alors renoncer à traduire par « les noms ».
Il suffit pour cela de rendre au mot, comme très souvent dans la langue byzantine,
le sens de « personne »10. Il n'y a pas ici de « noms cachés », mais des personnes
que l'on a volées.
On ne peut guère aller plus loin sans se livrer à quelques conjectures. Je croirais
volontiers cependant que les pilleurs de tombes ne se sont pas contentés d'en emporter
le mobilier, mais que les corps mêmes ont disparu. « Ce que nul ne sait faire sinon
Dieu seul » serait justement de reconnaître les ossements dispersés, d'où l'invocation
que j'interprète : « Qu'il voie les vingt dépouilles des personnes volées ». La foi dans
la résurrection des corps pourrait ne pas être étrangère à cette préoccupation. On n'a
plus, da

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