Notice historique et biographique sur Jacques Brunier, chancelier d Humbert II , dauphin de Viennois. - article ; n°1 ; vol.1, pg 263-287
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Notice historique et biographique sur Jacques Brunier, chancelier d'Humbert II , dauphin de Viennois. - article ; n°1 ; vol.1, pg 263-287

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1840 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 263-287
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1840
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jules De Pétigny
Notice historique et biographique sur Jacques Brunier,
chancelier d'Humbert II , dauphin de Viennois.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1840, tome 1. pp. 263-287.
Citer ce document / Cite this document :
De Pétigny Jules. Notice historique et biographique sur Jacques Brunier, chancelier d'Humbert II , dauphin de Viennois. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1840, tome 1. pp. 263-287.
doi : 10.3406/bec.1840.444249
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1840_num_1_1_444249NOTICE
HISTORIQUE ET BIOGRAPHIQUE
SUR
JACQUES BRUNIER,
CHANCELIER d'hUMBERT II, DAUPHIN DE VIENNOIS.
Un homme dont l'existence a été mêlée à plusieurs des grands
événements de son siècle, l'un des principaux négociateurs d'un
traité auquel la France doit une de ses plus belles provinces, n'a
pas môme obtenu l'honneur d'une mention spéciale dans ces vastes
colonnes de la Biographie universelle, où tant de noms obscurs ont
trouvé place. Je veux essayer de réparer cet oubli en donnant
quelques détails puisés à des sources authentiques sur la vie de
Jacques Brunier, chancelier d'Humbert II, dernier souverain i
ndépendant du Viennois et du Dauphine, et sur les faits historiques
auxquels il a pris part.
Au quatorzième siècle, deux frères, du nom de Brunier ou
Brunyer (Brunerii) , occupaient un rang distingué à la cour d'Humb
ert II. L'aîné s'appelait Guillaume, c'était un homme de guerre,
un brave chevalier, qui périt en 1346 avec Henri son fils, à la fu
neste bataille de Crécy, en combattant dans les rangs d'une troupe
d'élite, que le Dauphine avait envoyée au secours de la France1.
Le second, nommé Jacques, se livra à l'étude, et devint docteur ès-
lois. Le quatorzième siècle a été la première époque du déclin de
la féodalité; déjà le droit tendait à se substituer à la force, et l'i
nfluence des juristes commençait à l'emporter sur celle des hommes
1 Liste des chevaliers dauphinois lues à la bataille du Crécy. M?, de la biblio
thèque de Grenoble. 264
d'armes. Alors on vit des descendants de noble race étudier la j
urisprudence, et occuper les postes élevés de la magistrature en
prenant le litre de chevalier és-lois, comme souvenir de leur origine
guerrière.
L'existence politique de Jacques Brunier commence à l'avéne-
ment d'Humbert II, et son histoire se confond avec celle de ce
prince, dont il fut le compagnon le plus fidèle, et le serviteur le
plus dévoué. Humbert, fils du dauphin Jean et de Beatrix de Hong
rie, avait succédé, en juillet 1333, àGuigues, son frère aîné, tué
au siège du château de la Perrière, en Savoie. Mais il rie prit
possession de ses Etats qu'à la fin de cette année, car au moment
de la mort de son frère, il résidait à Naples auprès du roi Robert,
son oncle maternel, et il y avait épousé, l'année précédente, Marie
de Baux, petite-fille de ce roi par sa mère4.
A l'époque de son avènement, le Dauphine était livré aux plus
grands désordres. La guerre avec le comte de Savoie dévastait les
frontières, et dans l'intérieur du pays les querelles de deux puis
santes familles, les Alleman et les Aynard, partageaient la noblesse
en deux partis acharnés, qui se combattaient à outrance. Au milieu
de cette anarchie, la justice devenait impossible à rendre; les juges,
oppresseurs des faibles, se trouvaient désarmés devant les grands
coupables; les droits du souverain étaient méconnus, et les taxes
ne se levaient pas ou n'entraient point dans les coffres du Dauphin.
Dès qu'Humbert fut arrivé dans ses Etats, il s'occupa de remé
dier à tant de maux. Youlant d'abord assurer la paix au dehors et
au dedans, il traita avec le comte de Savoie 2, soumit par les armes
quelques seigneurs rebelles 3, et força les deux grandes familles
féodales qui fomentaient la guerre civile à terminer leurs différends
par les voies légales. Il comprit ensuite que le rétablissement de
l'ordre ne pouvait être consolidé que par une bonne adminislralion
de la justice, et l'un de ses premiers actes fut une ordonnance par
1 L'illustre famille provençale des sires de Baux était alliée aux rois de France.
Une branche de celle famille possédait le comlé d'Avellino dans le royaume de
Naples, une autre la principauté d'Orange. Le roi Robert avait assigné à Humb
ert, en fnveur de son mariage, une rente de mille onces d'or à prendre sur le
royaume de Sicile. Acte du 26 juillet i332. Arch. F. car., 277, i5.
2 Traité du 7 mai 1ЗЗ4.
3 En 1ЗЗ4, il présida lui-même le conseil où fut condamné François de Bar-
donnenchequi avait excilé une révolte dans le Briançonnais. Mémoires pour l'his
toire clu Dauphine. Preuves, act. 3o. 265
laquelle il réprima l'abus qui s'était introduit de pactiser pour les
crimes avec les juges, et de se soustraire aux peines par une taxe
proportionnée aux délits *.
Néanmoins ces sages mesures n'eurent pas d'abord toute leur
efficacité faute d'une autorité centrale à laquelle on pût recourir
pour en réclamer l'exécution ; il y pourvut, en créant à Saint-Mar-
cellin un conseil supérieur ou conseil delphinal, qui recevait les
appels de toutes les juridictions de la province, sans aucune except
ion 2. Enfin, comme des désordres aussi invétérés exigeaient une
surveillance rigoureuse et continuelle, il institua une commission
de quatre membres chargés de réprimer tous les abus, et de
remettre en vigueur les droits du souverain 3.
Jacques Brunier fit partie de cette commission, qui fut investie
des pouvoirs les plus étendus. Les commissaires devaient recher
cher les malversations commises par les receveurs des deniers
publics, les administrateurs du domaine et les officiers de justice,
recouvrer les biens usurpés, et rétablir les taxes tombées en désué
tude; ils pouvaient destituer les châtelains, les juges, les officiers
de tout genre, et les remplacer par d'autres ; leur inspection s'éten
dait même sur les places fortes pour vérifier si elles étaient bien
pourvues de munitions, si les garnisons y étaient au complet, si la
garde s'y faisait exactement; enfin ils devaient dresser un inven
taire des biens et revenus du prince, et un recensement général
des habitants.
Le travail de cette commission dura près de deux ans, et servit
de base aux ordonnances par lesquelles Humbert réforma en 1340
son gouvernement et sa maison 4. Le conseil supérieur du Dauphine
fut compris dans cette réorganisation, et transféré à Grenoble avec
des attributions nouvelles. 11 devint à la fois une cour de cassation
et un conseil d'état. Outre qu'il recevait les appels de toutes les
juridictions du pays, c'était de lui qu'émanaient tous les actes de
l'administration supérieure pour la justice , la guerre et les finances ;
il jugeait en dernier ressort les plaintes portées contre les magist
rats et tous les autres fonctionnaires ; en un mot, on pourrait dire
1 Mëm pour Vhist. du Daupfi., pag 1 53.
Ordonn. du 22 février 1ЗЗ7.
3du 7 novembre 1 338 . Eleclio quorumdam commissarioruin ad re-
fonnandum plurimos abusus et inc/rtfsîlioncs faciendas super jttrihus delphinalibin*
4 Mém. pour VliisL. du Dauph. pr., aci. î&g et i5o,
1. 18 266
qu'Humberl se déchargea entièrement sur ce conseil du gouver
nement de ses états, en lui interdisant seulement d'aliéner aucune
partie du domaine sans autorisation spéciale V
Une ordonnance du 6 avril 1340 fixa le nombre des conseillers
à six, et appela Jacques Brunier à siéger dans ce tribunal suprême,
dont la création était en partie son ouvrage. Dès lors on voit son
nom associé à tous les actes du gouvernement d'Humbert ; il figure
notamment dans un édit très-important sur le fait des monnaies,
en date 14 juillet 1340.
Tandis qù'Humbert s'appliquait ainsi à rétablir l'ordre dans ses
états par de bonnes lois et de sages institutions, de fâcheux démêlés
avec la puissance ecclésiastique vinrent troubler sa tranquillité, et
furent la première cause des malheurs qui affligèrent le reste de
sa vie.
Vienne était ia vilie la plus considérable du Dauphine; mai

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