Notice sur la vie et les travaux de M. Élie Berger - article ; n°1 ; vol.88, pg 5-19
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1927 - Volume 88 - Numéro 1 - Pages 5-19
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1927
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Cagnat
Notice sur la vie et les travaux de M. Élie Berger
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1927, tome 88. pp. 5-19.
Citer ce document / Cite this document :
Cagnat René. Notice sur la vie et les travaux de M. Élie Berger. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1927, tome 88. pp. 5-19.
doi : 10.3406/bec.1927.452411
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1927_num_88_1_452411'
NOTIGE
SUR LA VIE ET LES TRAVAUX
DE
M. ÉLIE BERGER
PAR
M. RENÉ CAGNAT
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
Messieurs,
A une vingtaine de kilomètres de Belfort, vers le sud, à
une dizaine à l'est de Montbéliard, sur les pentes extrêmes
du Jura, existe un joli village nommé Beaucourt. Assis sur
trois collines juxtaposées, qu'il relie entre elles, admirable
ment situé, mais d'accès difficile et défendu par là même
contre les influences dangereuses de l'extérieur, Beaucourt
baigne dans l'air vivifiant des hauteurs et des bois. Des mai
sons les plus haut placées du bourg on découvre un large et
harmonieux panorama : à gauche le Jura, à droite la ligne
bleuâtre des Vosges, à ses pieds la large et sombre tache de
la forêt d'Étupes et le village industriel de Morvillars, dans la
vallée de l'Allaine ; derrière les hauteurs qui ferment l'hori
zon, on devine la plaine d'Alsace, à laquelle, avant 1870, était
rattaché tout ce beau pays de ballons et de forêts, d'étangs
et de prairies, à laquelle il n'a jamais cessé d'appartenir par
le cœur.
C'est dans ce milieu, merveilleusement fait pour fortifier
les corps et tremper les âmes, que naquit, le 12 août 1850, et
1. C'est à l'obligeance de M. René Cagnat que nous devons de pouvoir repro
duire cette notice lue dans la séance publique annuelle du 19 novembre 1926. NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX 6
que passa ses premières années le confrère dont je me propose
de vous entretenir aujourd'hui, Élie Berger. Il appartenait
à une vieille famille protestante, originaire de Suisse, mais
fixée dans la région depuis l'année 1660. Ainsi que vous l'a
déjà exposé notre confrère Monceaux quand il vous a parlé de
son frère, Philippe Berger, dans notre séance du 30 mai 1914.
Son grand-père, membre du Directoire de Montbéliard, en
voyé en mission à Paris, s'était fait inscrire au Club des Jaco
bins et avait gardé de cette équipée le surnom de Berger-
Convention, surnom qu'il justifiait, d'autre part, en prêchant
la tête coiffée d'un bonnet phrygien, attendu qu'il valait
mieux, pensait-il, adopter cet insigne et continuer tranquill
ement à évangéliser ses ouailles. Son père, Eugène Berger,
pasteur également, était attaché à la paroisse de Beaucourt ;
homme austère, d'une honnêteté rigide et d'un dévouement
absolu à son devoir ; il en donna une preuve éclatante lors de
l'épidémie de choléra en 1854, aidé dans son œuvre de charité
chrétienne par sa femme, une Strasbourgeoise, petite-fille
de l'imprimeur Levrault ; elle aussi avait de son rôle, comme
femme et comme mère, un idéal très élevé.
Ce que fut l'éducation que de tels parents donnèrent à
leurs enfants, il est aisé de le concevoir. C'était une belle et
nombreuse famille. Beaucoup d'entre vous ont connu l'aîné
des fils, Samuel, que nous aurions depuis longtemps appelé
parmi nous si la mort ne l'avait pas enlevé en pleine vigueur
d'âme et de talent ; Élie, le plus jeune, était son protégé ; ils
formaient un couple tendrement uni. Un second couple se
composait de notre ancien confrère Philippe et de Paul, de
puis membre de l'Académie de médecine, chirurgien célèbre,
qui a confié au fils d'Élie l'honneur d'illustrer à son tour la
chirurgie et le nom de Berger ; enfin, l'avant- dernier, Théod
ore, devait fournir dans la banque une brillante carrière.
Trois filles complétaient la maisonnée, joie et ornement de
ce foyer béni. Tout ce monde vivait heureux à Beaucourt,
toujours en plein air, bras et cou nus, même en hiver, igno
rant toute contrainte, hors celle du devoir.
Eugène Berger demeura dans sa cure jusqu'en 1855. A
cette date, il fut appelé à Paris pour diriger la paroisse de la
Rédemption. La famille vint demeurer rue de Vaugirard,
dans un vieil hôtel, aujourd'hui bien transformé, où l'éditeur DE M. EUE BERGER
Belin était installé. Le Luxembourg s'étendait devant les
fenêtres ; mais ses verdures trop parisiennes remplaçaient
mal pour ces garçons dépaysés les horizons perdus.
Après avoir travaillé quelque temps à la maison, sous la
conduite d'un précepteur, M. Boileau, dont le nom était
resté célèbre pour son habileté pédagogique et sa sévér
ité, Élie entra comme ses aînés au lycée Saint-Louis et,
comme eux aussi, y fit d'excellentes études. Il venait de les
terminer en 1870 quand éclata la guerre. Vous savez que sa
vue a toujours été très défectueuse : il avait à peu près perdu
l'usage d'un œil. Cette infirmité lui interdisait de figurer
parmi les combattants ; mais il n'entendait pas profiter de
son incapacité pour rester inactif. Tandis que son frère Phi
lippe servait comme infirmier volontaire à Strasbourg et
ensuite dans l'armée de Chanzy, lui se fit attacher à une am
bulance franco-suisse installée à Paris, à la Charité ; il ne mé
nageait pas son dévoûment, prêt à accepter toutes les be
sognes et ne quittant le chevet des malades que pour aller
sur les champs de bataille ramasser les blessés. Quand la
guerre civile succéda à la guerre étrangère, il n'abandonna
pas le poste de charité qu'il avait choisi. Sa famille a retrouvé
dans ses papiers un laissez-passer que la Commune lui avait
délivré pour qu'il pût exercer dans les rues de la capitale et
aux environs son ministère de bienfaisance. Il l'avait gardé
précieusement, en souvenir de ces temps malheureux.
Le calme rétabli, il fallut se décider pour une carrière.
Docile à des conseils autorisés, il choisit celle d'archiviste ;
il se présenta donc à l'École des chartes, où il fut reçu la
même année que notre confrère M. Bémont et que Julien
Havet. Il en sortit le second en 1876 et fut aussitôt envoyé à
Rome, comme membre de l'École française d'archéologie,
alors à ses débuts. Le choix était heureux : on en eut tout de
suite la preuve.
Presque tous ceux de nos confrères dont j'ai eu l'occasion
de vous parler, depuis dix ans que vous m'avez fait le grand
honneur de me confier ce soin, ont marqué le début de leur
carrière scientifique par quelque découverte ou quelque pu
blication notable, qui a appelé sur eux l'attention du monde
savant et préparé leur avenir. Pour Vogué ce sont ses
voyages en Orient et ses travaux sur les églises de la Terre NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX ö
Sainte ; pour Paul Meyer, ses découvertes dans les bibli
othèques d'Angleterre ; pour Marcel Dieulafoy, ses missions
en Perse ; pour Heuzey, ses explorations de Macédoine ; pour
Clermont-Ganneau, la trouvaille de la stèle de Mésa. Il en a
été de même pour Élie Berger ; son séjour à Rome a fait sa
fortune scientifique.
Dès longtemps, les historiens du moyen âge déploraient
que les archives secrètes du Vatican restassent impitoyable
ment fermées aux savants ; à chaque instant, ils étaient arrê
tés par l'impossibilité où ils se trouvaient de consulter la
correspondance des papes, qu'ils savaient exister à peu près
au complet dans ce dépôt inviolable. Y puiser des informa
tions inédites avait été l'ambition de beaucoup d'érudits
depuis trois siècles.
Le 21 décembre 1866, Delisle avait proposé à la Commission
des travaux littéraires de notre Académie et fait voter par
l'Académie elle-même un vœu à ce sujet : on devait appeler
l'attention du gouvernement pontifical sur la nécessité scien
tifique q

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