Notulae Vaticanae. Sur le De Clementia de Sénèque (2e article) - article ; n°1 ; vol.70, pg 129-148

François Préchac

Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1958 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 129-148
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_D-ARCHEOLOGIE_ET_D-HISTOIRE
• Publié le: 01 janvier 1958
• Nombre de lectures: 21
• Langue: Français
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Extrait

François Préchac
Notulae Vaticanae. Sur le De Clementia de Sénèque (2e article)
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 70, 1958. pp. 129-148.
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Préchac François. Notulae Vaticanae. Sur le De Clementia de Sénèque (2e article). In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T.
70, 1958. pp. 129-148.
doi : 10.3406/mefr.1958.7428
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1958_num_70_1_7428NOTULAE VATIGANAE
SUR LE DE CLEMENT/A DE SÉNÈQUE
(Deuxième article1)
PAR
M. François Préchac
Ancien membre de l'École
Des deux exposés qui me semblent former la troisième partie
du traité, le premier paraît bien correspondre à l'intitulé du som-*
maire : perdutilo ad clementiam. Le deuxième, inséparable du pre
mier, à priori est à sa place également. Et de ce fait il nous fournit
la preuve par son contenu.
Plusieurs de ses chapitres, en effet, offrent d'irrécusables indices
de postériorité par rapport à la deuxième partie. En outre, les plus
importants des thèmes qu'il développe sont préfigurés dans l'i
ntroduction du traité et dans la deuxième partie. Enfin ces thèmes
essentiels sont annoncés d'un mot à la fin du sommaire comme le
vrai sujet du deuxième exposé de la troisième partie.
Indices de postériorité, préfiguration, annonce valent d'être exa
minés à nouveau.
Les indices le furent dans mes articles de 1932, p. 109-111, 113
n. 1, et de 1933, p. 350-361, et déjà dans mon éd. XXVI-LXXXI.
Ayant lu ces dernières pages, Albertini, p. 72, écrivit : « Logique-·
ment c'est après les exposés généraux sur la clémence » (définitions
et distinctions scolastiques) « qu'aurait dû venir l'application de
1 Voir Mélanges d'archéologie et d'histoire de V École française de Rome,
t. LXIX, 1957, p. 49 (p. 71, 1. 18 sqq., les mots quo detraete et la paren
thèse qui suit sont à biffer) .
Mélanges d'Arch. et d'Hitt. 1958. 9 w
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ces idées à la fonction royale. » Et il ajoutait (p. 262 sqq.) que
Sénèque, avant d'écrire le De Clementia, s'était tracé un plan, dont
on aperçoit des vestiges ailleurs même que dans le sommaire.
Sénèque n'était-il pas alors précepteur de rhétorique au palais1?
Le compte-rendu des discours qu'alors il « composa » pour Néron
(Tac, 13, 3 et 4), ceux de son élève en 62 (Tac, 14, 53 sq.) et plus
tard en Grèce 2, le sien en 62 8 décèlent un plan, ou tout au moins
l'esquisse d'un plan encore visible à l'historien...
Passons en revue les indices de postériorité visés ci-dessus, dont
quelques-uns se rencontreront, comme on peut s'y attendre, en l'un
et l'autre exposé.
Sénèque peut-il faire compliment à Néron d'une « clémence
authentique 4 » s'il n'a auparavant défini la « manière d'être natur
elle de cette vertu », natura habitusque (sommaire 1, 3, 1 ; défini
tions 2, 3, 1) ; lui dire qu'on ne donne la vie, qu'on ne fait grâce
qu'à un inférieur 5, s'il ne lui a appris la formule scolastique 2, 3, 1
Clementia = lenitas superîoris adversus inferiorem in constituendis
poenis ; louer chez le bon prince le penchant aux mesures de dou
ceur 6, s'il n'a d'abord posé la définition : 2, 3, 1 Clementia = incli-
natio animi ad lenitatem in poena exigenda ; la maîtrise de soi et
l'esprit de mesure dans les répressions7, s'il n'a d'abord posé la
1 Tacite, 13, 2 et 14 ; cf. Suétone, 52 ; 7 (les discours de Néron, en
grec et en latin, sous Claude).
2 Voir 1er art., Mélanges, p. 72, n. 4.
3 Tacite, 14, 55 sq.
* 1, 11, 2 : Haec est clementia uera quam tu praestas...
8 1, 5, 6 : Vita nunquam nisi inferiori datur. Cf. 1, 5, 5 : iniurias
atque offensiones — superne despicere\ 1, 5, 7 : seruare proprium est
excellentis fortunae (chez Sénèque excellere a toute sa force) ; 1, 21, 1 :
quos pares aliquando habuit infra se uidet ; ibid. : seruauit — nemo nisi
maior eo quem seruauit ; 1, 21, 4 : uictor apud uictos ; supra surtout, dans
la perductio animi, la notion de la supériorité du prince, p. 34.
β 1, 13, 4 : inclinatus ad mitiora.
7 1, 11, 1 : haec ut — uerissima animi temperantia ; 1, 14, 3 fin :
inique = nimis ; 1, 18, 1 : seruis imperare moderate (laus est) ; 1, 20, 1 : mo- '
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NOTULAE VATICANAE SUR LE « DE CLEMENTIA » DE SÉNÈQUE 131
définition : 2, 3, 1 Clementia = temperantia animi in potestate
ulciscendi et 2, 3, 2 = moderatio aliquid ex merita poena
remittens ; prôner l'exercice de la clémence, envers tous les sujets
d'empire par exemple x, le rayonnement de cette clémence en tous
lieux 2, s'il n'a posé dans une partie antérieure 3 et dans les premiers
chapitres de la troisième 4 la notion mystique du corps de l'empire
que l'esprit du prince anime et vivifie? Il y a plus : l'adoption
d'une méthode pour punir (1, 20 sqq. A duabus cousis punire... ;
cf. 1, 11, 4 ex causa ac necessitate) et la considération des degrés
divers de la répression (1, 20 sqq.) supposent, déjà énoncé, ce
principe que la rigueur (seueritas 2, 4, 1) s'allie bien avec la cl
émence (2, 4, 3 fin) et que la punition illégitime est celle qui
s'exerce sans motif ou sans mesure 6. Du même coup, il appert que
toutes les mentions réprobatrices et circonstanciées de la cruauté
dans le « premier livre » supposent qu'elle a été définie e. De même
le portrait fouillé du tyran cruel, opposé au complaisant portrait
du roi 7 dans ce « premier livre », doit venir après la définition de
derari ubi dolori debetur ultio (cf. supra, dans la perductio, 1, 5, 4 :
eum cuius irae nihil obstat — ipsum sibi manum inicere et potestate sua
in melius placidiusque uti) ; 1, 20, 2 : temperet poenam ; 1, 17, 3 : (regi) si
uim suam continet (gloria est — maxima) . Cf. la maîtrise de soi, le sens de
la mesure attribués è, Claude par flatterie dans Ad Pol. 13, 2 : (diuinae
manu») usus moderations.
1 1, 16, 1 : nemo regi tarn uilis sit, ut ilium perire non sentiat ; qualis-
cumque (esi), pars imperii est.
* Ibid. : (Clementia principle) quocumque peruenerit, mansuetiora om-
nia faciat.
3 2, 2, 1 : Tradetur isto animi tui mansuttudo — per omne imperii
corpus et cuncta in similitudinem tuam formabuntur. A capite bona
ualetudo, etc.
4 Voir 1er art., Mélanges, p. 79 sq.
5 2, 4, 2 (crudelitas), : non laesa est — nullum antecessit crimen ;
2, 4, 3 : crudelis uocabo qui puniendi causam habent, modum non habent ;
cf. 2, 4, 1 : crudelitas = atrocitas animi in exigendis poenis ; 2, 4, 2 : in
exigendis poenis intemperantia animi.
β Voir n. 5.
7 1, 12 et 13; 1, 19; 1,26, 5.
if V. ί. 132 F. PRÉCHAC
la cruauté et celle de la clémence, celle-là illustrée, comme à
l'École, par le nom d'un Phalaris (2, 4, 3). Le mot du tyran :
« Qu'ils me haïssent, etc. », suivi dans l'histoire de tant de malheure
et commenté dans ses effets par Sénèque (1, 12, 4), ne dut
venir qu'après citation préalable avec introduction : ce que l'on
trouve 2, 2, 2 : « Beaucoup de paroles mémorables, mais exécrables,
passent pour axiomes dans la société, tel le mot : « Qu'ils me
« craignent, etc. » Le thème enfin, indiqué dan3 l'exorde, de la re
ssemblance entre le prince clément et les dieux, est repris et déve
loppé dans la perductio x, comme il l'est encore dans ce qui est pour
nous le deuxième exposé de la troisième partie, par une fine appli
cation à Auguste 2, une éloquente application, hélas ! à Néron s'ini-
tiant à la vertu 3 et s'élevant dans l'esprit de son maître au rang des
dieux *.
Ces indices nous conduisent aux préfigurations. Ensemble ils va
lideront l'ordre qui me parait avoir été primitivement celui du De
Cl. Mais, comme cet ordre, en dépit de tous les indices et préfigura
tions, fut repoussé par quelques-uns au nom du sommaire, voyons
d'abord en quels termes le troisième point, plus précisément le su
jet du deuxième ex