La Fin dernière en théodicée - article ; n°83 ; vol.21, pg 304-325
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1914 - Volume 21 - Numéro 83 - Pages 304-325
22 pages

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Publié le 01 janvier 1914
Nombre de lectures 122
Langue Français
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Extrait

P. M. Richard
La Fin dernière en théodicée
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 21° année, N°83, 1914. pp. 304-325.
Citer ce document / Cite this document :
Richard P. M. La Fin dernière en théodicée. In: Revue néo-scolastique de philosophie. 21° année, N°83, 1914. pp. 304-325.
doi : 10.3406/phlou.1914.2218
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1914_num_21_83_2218XVI.
LA FIN DERNIÈKE
EN THÉODICÉE.
suscite divergences. La question parmi Certes, de les la philosophes fin tous dernière s'accordent scolastiques en théodicée sur ce de et principe en profondes morale, fon
damental, que la fin dernière de Dieu Créateur, la fin der
nière de la créature humaine est lui-même, sa gloire
et notre béatitude. Mais comment peut-il y avoir et y a-t-il
une fin dernière pour Dieu ? Comment ne peut-elle être que
celle-là ? Comment la créature tend-elle, doit-elle tendre à
sa fin dernière ? Est-ce pour l'homme une obligation morale
absolue, et l'obligation principe de toutes les autres ? Est-ce
de Dieu, fin dernière absolue que toute moralité descend
et découle sur les actes humains ? Autant de problèmes
diversement résolus.
Dieu crée tout pour sa gloire : serait-ce donc que Dieu
est mû par quelque motif, quelque raison à créer, raison
sinon de nécessité, au moins de convenance, rendant...
« raisonnables » , ses décisions libres ; et l'explication der
nière du mystère des rapports du fini et de l'infini devrait-
elle se trouver dans un pareil anthropomorphisme ?
Dieu crée tout pour sa gloire : serait-ce encore que Dieu
ne pouvant tirer autre chose de sa création, doit vouloir en
tirer au moins cela, et faudrait-il chercher à l'objection La Fin dernière en Thêodicée 305
de « l'égoïsme » de Dieu l'explication, j'allais dire l'excuse,
de la nécessité ?
Ou plutôt ne faut-il pas s'élever à des pensées plus hautes,
plus dignes de Dieu, l'Infini, l'Actualité et l'Activité pure,
qui n'entre jamais en relation avec les êtres limités pour
leur emprunter quoi que ce soit, de quelque manière que ce
soit, mais uniquement pour leur donner et se donner en
diverses mesures ; c'est-à-dire, finalement, pour se faire
connaître et aimer de créatures intelligentes ; se faire glo
rifier et réaliser ainsi la plus grande perfection et le plus
grand bonheur de ces créatures ?
Et de même, si nous laissons le point de vue de Dieu
(thêodicée), pour prendre celui de l'homme en chemin vers
sa fin dernière (morale), nous voyons éclater des dissent
iments non moins nombreux sur la question des fondements
de la moralité *). Raison humaine, nature humaine, liberté,
ordre naturel des essences, Sagesse divine, Loi éternelle,
Volonté divine, Nature divine, Fin dernière ; voilà les
divers principes donnés comme base de l'ordre moral. Et,
«fait plus déconcertant encore», ajoute le P. Claverie,
toutes les opinions invoquent l'autorité de saint Thomas,
et, semble-t-il, avec raison 2).
Evidemment il doit s'agir là de simples formalités diverses,
concourant à un même résultat complexe : l'acte humain
moral. Seulement ce sont formalités auxquelles on ne
s'entend pas pour distribuer les mots et — car il n'y a
pas ici qu'une question de mots, bien que celle-ci ait son
importance — les diverses relations d'un acte moral avec
ses multiples principes. Cependant il n'y a pas à désespérer
de trouver la formule qui arrivera à intégrer tous ces él
éments en synthèse parfaite. Le travail cité de la Revue
thomiste n'est que la préface d'une étude dans ce sens.
*) Voir les remarques du R. P. A. F. Claverie, O. P., dans la Revue
thomiste, A propos du problème moral, 1913, p. 210.
») Ibid. P. M. Richard 306
Ayant esquissé ailleurs déjà, mais imparfaitement l), une
synthèse conciliatrice qui, autour de la notion centrale de
fin dernière, nous semble le mieux tout mettre au point en
cette question de morale, comme en celle de théodicée,
nous voudrions la développer et la perfectionner, en la
bornant ici à la question de théodicée.
II nous faut d'abord rappeler quelques définitions 2). La
fin est le terme où tend, mieux où se dirige l'agent. Au
point de vue de la subordination des objets, il y a des fins
immédiates, intermédiaires, dernières. La fin comme telle,
il est vrai, est un terme, quelque chose de dernier ; cepen
dant, ce qui est fin dans un ordre peut devenir moyen dans
un autre ordre ; et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on arrive
au bien définitivement voulu, non pour un autre, mais pour
lui-même. C'est alors une fin dernière : le bien auquel on
tend pour lui-même définitivement et pour lequel tout autre
bien n'est que moyen.
A un autre point de vue, celui du genre des objets de
tendance, il faut distinguer la finis qui et la finis cui. Finis
qui est le bien lui-même qu'on aime. Quand c'est un bien
qu'on veut posséder (amour de concupiscence), et dans ce
cas seulement, il se présente à la volonté sous une double
formalité : celle-ci en effet peut tendre soit au bien lui-même,
finis qui, objectivus, cujus gratia, soit à sa possession, finis
quo, subjectivus, formalis. On n'a pas à faire cette distinction
pour le bien qu'on tend non pas à posséder, mais à pro
duire. La finis cui est la personne à qui l'on veut tel ou
tel bien (amour de bienveillance, d'amitié). Remarquons
1913, l) Fin t. V, dernière, col. 2477-2490. Dictionnaire de théologie catholique. Paris,
*) Voir Card. Mercier, Ontologie, 5e edit, pp. 460-487; R. P.
E. Hugon, Cursus philos, thom., t. VI, Metaphysica ontologica. Paris,
1907, pp. 179-184. Fin dernière en Théodicée 307 La
encore qu'on peut vouloir du bien à quelqu'un, soit parce que
cela lui est utile, soit simplement parce qu'il en est digne.
A un troisième point de vue, celui du genre de tendance
vers la fin, il faut d'abord opposer — ceci est capital pour
notre sujet — la tendance de désir qui cherche l'acquisition
d'un bien, source de perfection bonum perfectivum possi-
dendum ; et la tendance de simple intention ou volition qui
produit le bien et verse de sa surabondance bonum produ-
cendum, communicandum, sans rien chercher pour soi. Or,
notons-le avec soin, dans le premier cas seulement, la fin
est une cause finale, mouvant réellement l'agent par son
attraction ; elle est appelée pour cela motif ou mobile,
suivant qu'on considère sa force attractive ou son impres
sion dans l'agent attiré. Mais dans le second cas, la fin
proprement n'est pas cause finale, car elle n'influe pas
réellement, puisqu'elle n'est absolument rien en dehors
de la volition et de l'action présupposées de l'agent. La
détermination de cette volition et de cette action doit
s'expliquer autrement que par un réel influx finaliste ;
nous chercherons plus loin cette explication et la nature
d'une volition dont le bien est purement terme, sans en être
cause.
Enfin, dans la tendance elle-même de l'agent, on découvre
un complexus de trois éléments : l'agent, son opération,
son œuvre, tous trois dirigés en définitive vers une même
fin, mais diversement. L'opération d'abord, — nous parlons
d'opération transitive, car l'opération immanente comme
telle ne produit rien et est simplement perfection de
l'agent 1), — l'opération tend immédiatement à l'effet à
produire : celui-ci constitue dès lors la finis operaiionis.
L'effet à son tour peut être voulu pour qu'il serve à quelque
chose, à un but et non simplement pour qu'il soit. Mais il
convient de distinguer ici un double but : un but immédiat
I* ») p., Voir q. XIV, S. Thomas, a. 3 ; De an., C. G., q, VI, 1. 1, a. c. 4. 100 ; Joan, a S. Thoma, Phil, nat, P. M. Richard 308
qui sort de la nature même de l'effet produit, — un aéroplane,
p. ex., est fait pour voler dans les airs (finis operis) ; et le
but quelconque, immédiat ou éloigné auquel l'agent tend de
par lui, par tel ou tel moyen : p. ex., faire des aéroplanes
pour se préparer à la guerre ou pour s'enrichir (finis ope-
rantis). Notons que c'est à cette dernière fin seule que
s'appliquent formellement les subdivisions

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