Position et disposition des convives dans la société de cour au 17e siècle. Éléments pour une réflexion sur le pouvoir politique dans l espace de la table - article ; n°3 ; vol.48, pg 376-386
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Position et disposition des convives dans la société de cour au 17e siècle. Éléments pour une réflexion sur le pouvoir politique dans l'espace de la table - article ; n°3 ; vol.48, pg 376-386

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Revue française de science politique - Année 1998 - Volume 48 - Numéro 3 - Pages 376-386
Les tables de cour au 17e siècle ont fait l'objet de nombreuses études. L'intérêt de les étudier à nouveau, c'est qu'elles permettent à travers le fonctionnement de l'espace de la table de reposer un ensemble de questions essentielles à l'intelligibilité de certaines composantes anthro­pologiques du pouvoir politique. À côté de la dimension symbolique du pouvoir, nous voudrions prendre en compte une dimension perceptible dans la position et la disposition des convives imposées par l'étiquette du cérémonial, dimension également décelable dans le vocabulaire de la table. Les travaux de Maurice Halbwachs présentent dans cette perspective un grand intérêt : invitant à retrouver le rôle de la composante matérielle des fonctionnements institutionnels, ils conduisent à une réflexion sur la coïncidence entre la place dans l'espace concret, matériel, physique, et la place dans l'ordre social et politique, dans l'espace institutionnel.
Position and seating of guests in i7th century court society. points to consider about political power in table space
Seventeenth century court table arrangements have been studied often and well. Studying them again is nevertheless interesting because, through the functioning of table space, it is possible to raise questions essential for the intelligibility of certain anthropological elements of political power. In addition to the symbolic dimension of power, we would like to take into account a dimension perceptible in the position and seating of guests imposed by ceremonial etiquette, a dimension found equally in the vocabulary of the table. Maurice Halbwachs' work is of great interest in that perspective : it highlights the role of the material components of institutional functioning, and leads to a reflection about the congruence of place in the concrete, material, physical space and position in the social and political order, in the institutional space.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Claudine Haroche
Position et disposition des convives dans la société de cour au
17e siècle. Éléments pour une réflexion sur le pouvoir politique
dans l'espace de la table
In: Revue française de science politique, 48e année, n°3-4, 1998. pp. 376-386.
Résumé
Les tables de cour au 17e siècle ont fait l'objet de nombreuses études. L'intérêt de les étudier à nouveau, c'est qu'elles
permettent à travers le fonctionnement de l'espace de la table de reposer un ensemble de questions essentielles à l'intelligibilité
de certaines composantes anthro-pologiques du pouvoir politique. À côté de la dimension symbolique du pouvoir, nous voudrions
prendre en compte une dimension perceptible dans la position et la disposition des convives imposées par l'étiquette du
cérémonial, dimension également décelable dans le vocabulaire de la table. Les travaux de Maurice Halbwachs présentent dans
cette perspective un grand intérêt : invitant à retrouver le rôle de la composante matérielle des fonctionnements institutionnels, ils
conduisent à une réflexion sur la coïncidence entre la place dans l'espace concret, matériel, physique, et la place dans l'ordre
social et politique, dans l'espace institutionnel.
Abstract
Position and seating of guests in i7th century court society. points to consider about political power in table space
Seventeenth century court table arrangements have been studied often and well. Studying them again is nevertheless interesting
because, through the functioning of table space, it is possible to raise questions essential for the intelligibility of certain
anthropological elements of political power. In addition to the symbolic dimension of power, we would like to take into account a
dimension perceptible in the position and seating of guests imposed by ceremonial etiquette, a dimension found equally in the
vocabulary of the table. Maurice Halbwachs' work is of great interest in that perspective : it highlights the role of the material
components of institutional functioning, and leads to a reflection about the congruence of place in the concrete, material, physical
space and position in the social and political order, in the institutional space.
Citer ce document / Cite this document :
Haroche Claudine. Position et disposition des convives dans la société de cour au 17e siècle. Éléments pour une réflexion sur
le pouvoir politique dans l'espace de la table. In: Revue française de science politique, 48e année, n°3-4, 1998. pp. 376-386.
doi : 10.3406/rfsp.1998.395282
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1998_num_48_3_395282POSITION ET DISPOSITION DES CONVIVES
DANS LA SOCIÉTÉ DE COUR
AU 17e SIÈCLE
Éléments pour une réflexion sur le pouvoir politique
dans l'espace de la table*
CLAUDINE HAROCHE
Dans La société de cour, Norbert Elias relevait que « la réglement
ation [du cérémonial] ne visait pas seulement à la représentation
extérieure, à la conquête d'un meilleur statut et d'une plus grande
puissance, à une ségrégation par rapport au commun des mortels, elle mar
quait mentalement les distances qui séparaient sur le plan interne les
membres de la société les uns des autres » l. S 'interrogeant sur le fonc
tionnement et la signification profonde du cérémonial de cour, N. Elias
apercevait « un type d'organisation » dans lequel chaque geste, chaque pos
ture désignait symboliquement la place, le statut et le pouvoir de chacun.
Clifford Geertz, il y a une vingtaine d'années, dans un article consacré
aux symboliques du pouvoir, remarquait le nombre croissant d'ouvrages
« sensibles à ce qui tend maintenant à être appelé, un peu vaguement, les
aspects du pouvoir ». Parmi ceux-ci, Geertz signalait l'intérêt
des travaux de Shils « promettant, d'être d'une énorme valeur pour surmont
er [F] éloignement inutile ... entre ce travail essentiellement historique et
ethnographique et [les soucis analytiques de] la sociologie moderne » 2.
Edward Shils avait ainsi souligné à la fin des années soixante, le rapport
entre positions de pouvoir et espace : « Les occupations qui jouissent de la
plus grande considération, posait-il, sont celles qui dans leur structure
interne et dans leurs fonctions sont les plus proches du centre » 3.
Nous entendons ici poursuivre un travail consacré au Protocole dans
lequel nous avions rappelé qu'il constitue un dispositif qui, par la mise en
* Ces réflexions liminaires constituent le point de départ d'une recherche sur la
place des individus dans les espaces institutionnels.
1. Norbert Elias, La société de cour, Paris, Calmann-Lévy, 1975, p. 108. Sur la
société de cour, cf. Emmanuel Le Roy Ladurie (dir.), Les Monarchies, Paris, PUF, 1986,
et « Rangs et hiérarchie dans la vie de cour », dans K.M. Baker (éd.), The political
culture of the Old Regime, tome 1, Oxford/ New York, Pergamon Press, 1987, chap. 4.
Sur la mise en scène et la théâtralité du pouvoir, on renverra aux travaux de Geor
ges Balandier, Anthropologie politique, Paris, PUF, 1967 ; Le pouvoir sur scène, Paris,
Balland, 1980 ; « Le politique des anthropologues », dans M. Grawitz, J. Leca, Traité de
science politique, Paris, PUF, tome 1, 1985 ; Louis Marin, Le portrait du Roi, Paris,
Minuit, 1981 ; P. Ansart, La gestion des passions politiques, Lausanne, L'Âge
d'homme, 1983.
2. Clifford Geertz, « Centre, rois et charisme : réflexions sur les symboliques du
pouvoir», dans Savoir local, savoir global, Paris, PUF, 1986, p. 156.
3. Edward Shils, Center and periphery, Essays in macrosociology, Chicago, The
University of Chicago Press, 1975, p. 279 (Nous traduisons).
376
Revue française de science politique, vol. 48, n° 3-4, juin-août 1998, p. 376-386.
© 1998 Presses de la Fondation nationale des sciences politiques. des convives dans la société de cour Position
scène du pouvoir politique, entend signifier la hiérarchie des fonctions poli
tiques. Nous avions montré que le protocole est un mode de répartition des
personnes et des corps dans l'espace politique. Indiquant à chacun - en
fonction des titres, des conditions, des rangs, des charges -, la place qui est
la sienne, les gestes qu'il doit accomplir, le protocole inscrit de fait un
ordre dans les corps et entre les corps. Nous avions aussi montré en étu
diant l'espace parlementaire que le rang assigné, la place occupée, la posi
tion assise ou debout, la hauteur du siège attribué, la distance qui éloigne
ou, au contraire, rapproche de l'autorité politique, étaient régis par un sys
tème détaillé de préséances l.
C'est sur les rapports entre positions de pouvoir et espace qu'à la suite
d'Elias nous livrons des éléments de réflexion sur la répartition des hommes
dans les espaces institutionnels : nous nous arrêtons, dans cette note, sur l'es
pace de la table, à partir du cérémonial de la société de cour au 17e siècle.
À côté de la dimension symbolique du pouvoir, nous voudrions prendre
en compte une perceptible, décelable, tangible, dans la position et
la disposition des convives imposées par l'étiquette du cérémonial, dimens
ion également décelable dans le vocabulaire de la table, les etymologies et
l'histoire des mots 2. Contribuant à éclairer certains aspects de lointains pro
cessus d'élaboration et de fonctionnement des institutions, les
sont ici essentielles à la compréhension du cérémonial de la table, des liens
entre la table et le politique : impliquant à la fois des attitudes et des mou
vements du corps, des places, des positions et des dispositions d'esprit, elles
permettent d'apercevoir le lien entre position sociale, espace et pouvoir poli
tique.
Ainsi en est-il des etymologies du mot assiette. À propos des humains,
« manières d'être assis » (1580, Montaigne) ; au figuré, « État de l'esprit,
façon d'être » (idem) La valeur la plus usuelle du mot vient d'un autre par
cours métaphorique ; assiette a eu la valeur de « situation convive à
table » (1393), à peu près contemporaine de celle de « plat servi au cours
d'un repas » (1378). Les deux sens peuvent être dérivés l'un de l'autre ou
bien résulter de deux spécialisations indépendantes, à savoir « fait d'être
placé, installé » pour les personnes, et « fait de disposer, de placer sur la
table

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