Pour décrire un commentaire traditionnel sur une œuvre littéraire sanskrite - article ; n°2 ; vol.87, pg 765-785
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 2000 - Volume 87 - Numéro 2 - Pages 765-785
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

François Grimal
Pour décrire un commentaire traditionnel sur une œuvre
littéraire sanskrite
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 87 N°2, 2000. pp. 765-785.
Abstract
François Grimal
Towards a description of a traditional commentary on a Sanskrit literary work
How to analyse, as a whole, a traditional commentary on a Sanskrit literary work? A first global approach is supplied by a
definition, again traditional, of this type of text. This article seeks to explain and apply this definition, taking as an example the
commentary of Harihara (twelfth century) on the Mālatīmādhava of Bhavabhūti, an eighth-century play.
Résumé
François Grimal
Pour décrire un commentaire traditionnel sur une œuvre littéraire sanskrite
On sait l'importance du genre du commentaire dans tous les domaines de la culture d'expression sanskrite, y compris dans celui
de la littérature proprement dite. Malgré cela, la manière des commentateurs, en particulier en ce qui concerne ce dernier champ,
n'a guère été étudiée. Le présent article aborde cette étude à partir d'une première question, celle de savoir quelle grille
d'analyse appliquer à ce genre de texte. Or, la tradition indienne elle-même en fournit une, sous la forme de l'énumeration, en un
vers, de cinq éléments dont seraient constituées ces gloses. Ces cinq aspects d'un commentaire sont ici examinés à la lumière
d'extraits de l'explication que Harihara, vers la fin du XIIe siècle, a donnée du Mālatīmādhava, pièce de théâtre composée par le
poète Bhavabhuti quelque quatre siècles plus tôt.
Citer ce document / Cite this document :
Grimal François. Pour décrire un commentaire traditionnel sur une œuvre littéraire sanskrite. In: Bulletin de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Tome 87 N°2, 2000. pp. 765-785.
doi : 10.3406/befeo.2000.3500
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_2000_num_87_2_3500Pour décrire un commentaire traditionnel
sur une œuvre littéraire sanskrite
François Grimal
Un colloque récent vient de rappeler l'importance du genre du commentaire '. Or, l'on
sait que l'Inde, autant sinon plus, en tout cas plus longtemps que l'Occident antique et
médiéval, a produit dans tous les domaines du savoir des textes appartenant à ce genre 2.
Elle continue même d'en produire quand il s'agit de littérature sanskrite et, notamment, de
littérature proprement dite. Aujourd'hui encore, la plupart des éditions indiennes de textes
littéraires sanskrits font, autant que possible, suivre ceux-ci d'un commentaire dans la
même langue. Ces gloses, à lemmes et séparées de « l'édition », ne sont pas fondament
alement différentes, pour la forme et le contenu, des commentaires les plus anciens qui
nous sont parvenus - que l'on situe vers le Xe siècle de notre ère - et qui sont comparables
aux commentaires aux textes classiques grecs que sont les hypomnèmata hellénistiques et
aux descendants médiévaux de ces derniers3.
Malgré cela, malgré aussi l'utilité qu'on doit leur reconnaître encore4, les commentaires
littéraires sanskrits n'ont, jusqu'à présent, guère été décrits pour eux-mêmes5. Cet article a
1. Le commentaire entre tradition et innovation, actes du colloque international de l'Institut des
traditions textuelles (Paris et Villejuif, 22-25 septembre 1999) publiés sous la direction de Marie-Odile
Goulet-Cazé avec la collaboration éditoriale de Tiziano Dorandi, Richard Goulet, Henri Hugonnard-
Roche, Alain Le Boulluec, Ezio Ornato, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, 2000.
2. Voir, dans les actes de ce colloque, pour le domaine indien : Michel Hulin, « Le commentaire
dans la littérature philosophique de l'Inde ancienne », p. 425-434. M. Hulin fait remarquer justement,
p. 426, note 2, que « le genre Commentaire concerne en fait la totalité des littératures présentant, au sens
large, un caractère didactique », mais, un peu plus loin, ajoute que la « seule exception [est] la littérature
au sens des "belles lettres" (poésie lyrique et dramatique, conte, "roman", etc.) » Mais les œuvres
littéraires, pour beaucoup d'entre elles, et en particulier pour celles que nous pouvons appeler les
« classiques », ont, elles aussi, fait l'objet d'explications qui rentrent bien dans le genre du commentaire.
3. Voir, toujours dans les actes de ce colloque: Tiziano Dorandi, «Le commentaire dans la
tradition papyrologique : quelques cas controversés», p. 15-27; et Louis Holtz, «Le rôle des
commentaires d'auteurs classiques dans l'émergence d'une mise en page associant texte et commentaire
(Moyen Âge occidental) », p. 101-117.
4. Ces commentaires aident aujourd'hui encore à comprendre des œuvres littéraires par essence
difficiles, passablement éloignées de nous à bien des égards et qui sont, pour la plupart, loin d'avoir été
suffisamment étudiées. Cette aide est d'autant plus précieuse qu'elle provient de lettrés proches, par leur
culture et leur éducation, des auteurs des œuvres qu'ils expliquent. Ajoutons que ces commentaires eux-
mêmes sont loin d'avoir été complètement exploités pour les informations diverses qu'ils recèlent. Ces
textes, d'autre part, sont les témoins de la transmission d'un savoir, en particulier de la transmission de la
langue sanskrite sous une forme particulièrement achevée.
Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, 87 (2000), p. 765-785 766 François Grimal
pour objet de tenter une première analyse de ce genre de texte. Nous prendrons pour
exemple le commentaire de Harihara sur le Mâlatïmâdhava {Mâlatï et Mâdhavd), l'une
des trois pièces de théâtre que le poète Bhavabhuti produisit au début du VIIIe siècle. Cette
glose est la plus ancienne qui nous soit parvenue sur cette œuvre littéraire « classique ».
Elle a dû être composée dans la seconde moitié du XIIe siècle, dans le Nord de l'Inde, dans
la région de Mithila 6.
Cette analyse ne saurait, dans le cadre imparti, toucher tous les aspects d'un tel texte.
Elle ne saurait non plus reposer sur des exemples, même courts, pris de-ci de-là, qu'il faut
à chaque fois traduire et expliquer. Pour ces deux raisons, nous préférons, à partir de
quatre extraits seulement, mais de quelque longueur, ne traiter que des seuls procédés
d'explication et du seul point de vue de leur forme.
Quatre extraits du commentaire de Harihara sur le Mâlatïmâdhava
Une remarque sur la présentation de ces extraits et de leur traduction. Nous donnons
d'abord le texte commenté, c'est-à-dire la partie du (MM) concernée.
Dans le texte du commentaire, sont en caractères gras les mots du MM qui sont cités, et
soulignés ceux qui sont des explications par substitution de mots du MM. Dans notre
traduction du nous donnons entre parenthèses le sens des mots du MM qui
sont repris sans explication. Deux points (:) séparent le mot (ou les mots) expliqué de son
explication. Notre traduction - au moins celle du commentaire - est aussi littérale que
possible. Tout ajout de notre part est mis entre crochets droits.
En ce qui concerne le Mâlatïmâdhava, pour situer ces extraits, il suffit de savoir
qu'une nonne bouddhiste, à la demande des pères de deux jeunes gens, fait en sorte que
ceux-ci tombent amoureux l'un de l'autre et finissent par être unis malgré toutes sortes
d'obstacles. Le jeune homme s'appelle Mâdhava. Il a un confident, Makaranda. La jeune
fille s'appelle Mâlatï. Elle a une confidente, Lavangikà.
Extrait n° 1
Acte I, vers 3 1 . Màdhava raconte à Makaranda dans quelle condition il se trouve après
sa première entrevue avec Mâlatï, dans le jardin [des ?] Makaranda[s].
Texte commenté
Paricchedavyaktir bhavati na purahsthe 'pi visaye
bhavaty abhyaste 'pi smaranam atathàbhâvavirasam /
na santâpacchedo himasarasi va candramasi va
mano nisthàsunyam bhramati ca kim ару àlikhati ca //
D'un objet, fût-il devant [moi], [nulle] claire connaissance ne se
manifeste, et d'un [objet] pourtant familier, le souvenir est déplaisant,
qui n'est pas fidèle ;
5. W. H. Maurer ne consacre que douze pages (p. 5 à 16), dont sept à l'analyse des composés, à une
description de la Sugamànvayâ vrtti sur le Meghaduta de Kâlidàsa. J. A. F. Roodbergen an

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