Pour une histoire de la Maîtrise es Arts au Moyen Age : quelques jalons - article ; n°13 ; vol.6, pg 117-130
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Description

Médiévales - Année 1987 - Volume 6 - Numéro 13 - Pages 117-130
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 5
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Verger
Pour une histoire de la Maîtrise es Arts au Moyen Age :
quelques jalons
In: Médiévales, N°13, 1987. pp. 117-130.
Citer ce document / Cite this document :
Verger Jacques. Pour une histoire de la Maîtrise es Arts au Moyen Age : quelques jalons. In: Médiévales, N°13, 1987. pp. 117-
130.
doi : 10.3406/medi.1987.1086
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1987_num_6_13_1086Jacques VERGER
POUR UNE HISTOIRE^DE LA MAÎTRISE
ÈS-ARTS AU MOYEN AGE : QUELQUES JALONS
A l'intérieur des universités médiévales, les facultés des arts sont
certainement les plus mal connues. Nos incertitudes concernent aussi bien
le niveau initial des étudiants, à leur arrivée même à la faculté, que le
contenu effectif des études : dans quelle mesure les programmes officiels,
plus ou moins fondés sur les systèmes traditionnels de classification du
savoir, étaient-ils observés? Quelle était la part respective des enseigne
ments obligatoires et des enseignements facultatifs, beaucoup moins aisés
à saisir mais souvent, sans doute, nombreux et importants ? Mal connus
aussi sont le recrutement et la composition de ces facultés. La jeunesse
des étudiants et des maîtres, la durée relativement courte des études et
des régences, le moindre prestige social des grades ès-arts font que les
« artiens » et anciens artiens sont beaucoup plus difficiles à repérer dans
les sources que les étudiants et gradués des facultés de théologie, droit
ou médecine.
Il est donc assez malaisé de dire ce que représentait, au Moyen Age,
en termes à la fois de formation intellectuelle et de compétence socialement
reconnue, le titre de « maître ès-arts » qui couronnait normalement les
études d'arts à l'université.
Ni la documentation subsistante, ni la pratique sociale du temps
n'autorisent à considérer les maîtres ès-arts comme constituant un groupe
suffisamment bien délimité et homogène pour pouvoir être étudié comme
tel. Mais, étant donné le nombre assez élevé de ceux, de situation par
ailleurs fort diverse, qui ont porté ce titre aux derniers siècles du Moyen
Age, il paraît cependant utile de s'interroger sur le type de qualification
intellectuelle et/ou professionnelle qu'il était censé garantir aux yeux
mêmes des contemporains.
Une première approche de cette question peut être fournie par l'examen
des cursus d'études en arts. Même à s'en tenir, comme je le ferai dans
cet article, au cas des universités françaises, ces cursus apparaissent très
divers et cette diversité même est significative.
Prenons d'abord l'exemple de l'université de Paris, dont la faculté des
arts était, de loin, la plus importante de France et même d'Occident. 118
L'organisation des études, à en croire non seulement l'historiographie
traditionnelle mais nombre de statuts médiévaux, y aurait obéi à deux
principes essentiels :
- le primat de la dialectique - elle-même définie comme une méthode
universelle de découverte de la vérité, opératoire dans toutes les
disciplines - dans la formation des artiens.
- la valeur avant tout propédeutique assignée, dans la pure tradition
patristique, aux études d'arts libéraux par rapport à celles menées dans
les facultés supérieures et, en particulier, à la théologie.
Ce lien organique entre les arts libéraux et les autres disciplines aurait
trouvé son expression institutionnelle dans les rapports étroits existant
entre les composantes de la faculté des arts (nations, recteur) et les facultés
supérieures et qui fondaient l'unité même de l'université.
En fait, cette sorte de modèle ne fonctionnait sans doute que très
imparfaitement.
D'une part, et bien que ce soit là un point encore mal étudié, il est
certain que, même si la dialectique occupait la plus grande place dans les
programmes et les épreuves d'examen de la faculté des arts de Paris,
d'autres enseignements y étaient donnés (1). Il y avait d'abord ceux,
généralement facultatifs et quelque peu marginaux, qui concernaient les
disciplines « rares » (arts scientifiques du quadrivium, grec et langues
orientales) et ne devaient s'adresser qu'à des groupes restreints d'étudiants,
tentés par des études désintéressées dans ces domaines ou visant une
formation très particulière (de musicien, astronome, etc.), à laquelle ne
correspondait d'ailleurs guère de statut social spécifique (2). Surtout, il ne
faut sans doute pas minimiser l'importance conservée à Paris par les
enseignements de grammaire et de rhétorique. Avant même le renouveau
que leur vaudront au XVe siècle les premières influences humanistes, ceux-ci
gardaient une place importante, que soulignent certains statuts du
XIVe siècle (3) et qui allait bien au-delà des apprentissages élémentaires
1. Dans le volume Arts libéraux et philosophie au Moyen Age, Montréal-Paris, 1969, voir
les sections « Les arts libéraux dans l'université du xmc siècle », pp. 1 57-203, et « Les arts
libéraux aux xive et XVe siècles », pp. 205-265.
2. Les spécialistes du quadrivium, faute de se voir reconnaître un statut social spécifique,
étaient généralement amenés à poursuivre leurs études dans une faculté supérieure puis à
s'engager dans une carrière ecclésiastique ou civile classique, ce qui donnait inévitablement
à leurs activités scientifiques une note d'amateurisme ou de gratuité. Citons, à titre d'exemple,
Jean Fusons, maître ès-arts de Paris et astronome mais aussi bachelier en théologie et chanoine
de Reims au début du XVe siècle (cf. E. Poulie, Un constructeur d'instruments astronomiques
au XVe siècle, Jean Fusoris, Paris, 1963).
3. L'enseignement de la grammaire fut en particulier modernisé, à l'occasion de la
réforme de 1366, par l'introduction dans les lectures obligatoires des artiens du Doctrinal
d'A. de Villedieu et de Grecismus d'E. de Béthune à la place de Donat et Priscien
(Chartularium Universitatis Parisiensis, éd. par H. Denifle et E. Châtelain, t.III, Paris, 1894,
p. 145). par I. Hajnal (4). Un maître ès-arts parisien n'était pas seulement imaginés
un dialecticien confirmé, c'était aussi un bon latiniste et cette dernière
compétence, plus encore que la précédente, pouvait sans doute être mise
en valeur pour elle-même et pas seulement comme voie d'accès à des
disciplines « supérieures » (5).
Cette hypothèse est confirmée, me semble-t-il, par le fait que,
manifestement, certains étudiants des facultés supérieures ne passaient pas
par celles des arts et surtout que beaucoup d'anciens artiens n'allaient pas
ensuite dans une faculté supérieure. Si ces constatations sont relativement
évidentes, leur signification l'est moins. Le fait, pour certains étudiants
des facultés supérieures, de n'être pas passés par celle des arts, que ce
soit en raison de leur statut (les religieux mendiants) ou du fait d'un choix
personnel, ne veut naturellement pas dire qu'ils n'avaient pas reçu d'une
autre façon (studia artium des ordres mendiants, écoles non universitaires,
préceptorat privé) une certaine formation en arts ; du moins peut-on dire
qu'ils avaient estimé pouvoir se passer des contraintes et des titres propres
à la faculté des arts, ce qu'aucun statut ne leur interdisait d'ailleurs
formellement. Quant aux artiens que l'on ne retrouve pas dans les facultés
supérieures - fort nombreux à en juger par la seule considération des
effectifs universitaires totaux (6) -, c'était sans doute, pour certains d'entre
eux, contre leur gré, la difficulté ou le coût des études supérieures les ayant
seuls empêchés de les entamer ou de les mener à bien. Mais, quoi qu'il
en soit, il existait une large proportion de maîtres ès-arts qui,
volontairement ou non, ne tiraient de leur passage à l'université d'autre
qualification que cette maîtrise ès-arts.
Une excellente étude récente, due à Mineo Tanaka, permet de préciser
ce dernier point (7). Certes, ce travail ne concerne que la na

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