Primatie des Gaules et réforme grégorienne. - article ; n°2 ; vol.149, pg 421-434
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1991 - Volume 149 - Numéro 2 - Pages 421-434
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Villard
Primatie des Gaules et réforme grégorienne.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1991, tome 149, livraison 2. pp. 421-434.
Citer ce document / Cite this document :
Villard François. Primatie des Gaules et réforme grégorienne. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1991, tome 149, livraison
2. pp. 421-434.
doi : 10.3406/bec.1991.450622
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1991_num_149_2_450622PRIMATIE DES GAULES ET RÉFORME GRÉGORIENNE
par
François VILLARD
L'abbé Rony, historien de l'église de Lyon, affirmait que l'archevêque Gébuin
était « le premier qui ait reçu du souverain pontife la dignité primatiale ». Il ajoutait
qu'il s'agissait là d'un titre honorifique ne comportant aucune juridiction 1. Cette
assertion se fondait sur une bulle de Grégoire VII, en date du 19 avril 1079 2.
Augustin Fliehe, qui écrivait à la même époque, s'efforça d'aller plus loin en
recherchant les motivations du pape. Pour lui, Grégoire VII voulait renforcer la
centralisation romaine en affaiblissant le pouvoir du primat : « Une planche de
salut s'offrit à Grégoire VII; s'il avait été d'usage de conférer la primatie aux
archevêques de Sens, aucune bulle ne l'attachait spécialement à ce siège métropol
itain, aucun texte ne s'opposait à ce qu'elle fût transférée à un autre dignitaire plus
malléable et moins inféodé au roi de France, d'où le choix de Lyon » 3.
La question semble autrement plus complexe et les arguments avancés sont in
également fondés. A. Fliehe n'a pas vu l'incohérence de la politique attribuée à
1. Abbé Rony, Saint Jubin archevêque de Lyon et la primatie lyonnaise, dans Revue d'his
toire de l'Église de France, t. 15, 1929, p. 409-430.
2. Philippus Jaffé, Regesta pontificum Romanorum ab condita ecclesia ad annum post
Christum natum MCXCVIII, 2e éd., Leipzig, 1885-1888 [désormais cité J.-L.J, 5125 =
registre de Grégoire VII [désormais cité reg.], VI, 34, éd. Erich Caspar, Das Register
Gregors VII, 2 t. en 1 vol., Weimar, 1920-1923 (M. G. H. Epistolae selectae), p. 447-449.
La date du 19 avril est donnée par Jaffé, reprise par l'abbé Rony (ci-dessus, n. 1) et par
Augustin Fliehe (ci-dessous, n. 3). Elle figure dans la formule d'expédition par Pierre, biblio
thécaire de l'Église romaine, qui indique que l'acte a été donné le 13 des calendes de mai.
Le texte a été transcrit dans un codex de Saint-Aubin d'Angers et dans le ms lat. 152 de
la Bibliothèque nationale ; ces deux sources sont indiquées à la fois par Dom Brial (Recueil
des historiens des Gaules et de la France [désormais cité R. H. F.], t. XIV, Paris, 1806,
p. 634, n° CXI, note a) et par E. Caspar. Ce dernier toutefois donne la date du 20 avril
(12 des calendes de mai) d'après le registre de Grégoire VII, dans lequel le texte est amputé
de la formule d'expédition : c'est soit une erreur de copie, soit la preuve que l'enregistr
ement a eu lieu le lendemain de l'expédition.
3. Augustin Fliehe, La primatie des Gaules depuis l'époque carolingienne jusqu'à la fin
de la querelle des investitures, dans Revue historique, t. 173, 1934, p. 329-342; du même,
La réforme grégorienne, 3 vol., Louvain, 1924-1937, spécialement t. II, p. 227.
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 149, 1991. FRANÇOIS VILLARD 422
Grégoire VII, créant un primat dont il aurait voulu abaisser le pouvoir 4, et son
principal argument reposait sur la prétendue situation stratégique de Lyon en terre
d'Empire, qui aurait garanti l'indépendance du primat vis-à-vis du roi : c'était
oublier que les quatre diocèses suffragants de la métropole étaient dans le royaume
de France, et que l'archevêque eut plusieurs démêlés avec Philippe Ier au sujet de
l'investiture des évêchés de Mâcon en 1073 et de Chalon en 1080. Du reste, les
auteurs ont été partagés sur la date d'institution des primaties et c'est à tort que,
depuis Marca, l'on avance une bulle de Jean VIII, qui aurait conféré le 2 janvier
876 la dignité primatiale au métropolitain de Sens, alors qu'il y est question, dans
un sens bien différent, de vicariatus 5; pour certains, comme Imbart de la Tour, la
papauté songeait depuis longtemps à se créer en Gaule des représentants perman
ents et chercha, précisément au XIe siècle, à établir le système primatial 6. Devant
la rareté des témoignages invoqués et les divergences des différentes thèses en pré
sence, l'on est moins surpris du laconisme de la notice consacrée à l'institution pri
matiale dans le Dictionnaire de droit canonique 7.
Il existe pourtant des textes explicites, en particulier ceux qui avaient été recueill
is par Baluze, puis publiés par Dom Brial 8. D'autres encore se rencontrent çà et
là : leur relecture me semble s'imposer pour éclairer la question d'un jour nou
veau. Un texte décisif, inséré dans le cartulaire manceau de Marmoutier, a ainsi
été jusqu'à présent négligé : le 26 février 1076, un conflit, qui opposait les
abbayes de Marmoutier et de la Couture du Mans au sujet de la possession de
l'église de Sablé, fut soumis au jugement de l'archevêque de Tours 9. Dans sa sen
tence, ce dernier déclara que, si quelqu'un voulait attaquer celle-ci, il était prêt à la
confirmer devant l'archevêque de Lyon, « notre primat » (ante archiepiscopum Lug-
dunensem primatem nostrum), et si besoin devant le pape. Or, à cette date, le pri
mat n'était pas encore Gébuin, bénéficiaire de la bulle de 1079, mais son prédé
cesseur Humbert, prélat contesté qui dut abandonner son siège !
4. Le thème de la décadence du pouvoir primatial après 1079 a été repris par divers
auteurs à la suite d'A. Fliehe : voir ainsi Jean Gaudemet, dans Histoire des institutions fran
çaises au Moyen Age, sous la direction de Ferdinand Lot et Robert Fawtier, t. III, Paris,
1957, p. 161, et ci-dessous, n. 7.
5. Pierre de Marca, De concordia sacerdotii et imperii, t. I, Paris, 1641, chap. V, p. 613.
6.Imbart de la Tour, Les élections épiscopales dans l'Eglise de France du IX' au
XII' siècle, Paris, 1890, p. 504.
7. F. Claeys Bouuaert, Primat, dans Dictionnaire de droit canonique, sous la direction
de Raoul Naz, t. VII (Paris, 1965), col. 214. Voir aussi la synthèse plus récente de Jean
Gaudemet, Le gouvernement de l'Eglise à l'époque classique, t. II, Le gouvernement local,
Paris, 1979 (Histoire du droit et des institutions de l'Eglise en Occident, VIII-2), p. 33-37,
qui suit, p. 34, l'hypothèse d'A. Fliehe sur la primatie lyonnaise.
8. R. H. F., t. XIV, p. 667-674.
9. Cartulaire manceau de Marmoutier, éd. Ernest Laurain, 2 vol., Laval, 1911-1945,
t. II, p. 69-76. MÉLANGES 423
Gébuin et la primatie lyonnaise. — Le siège de Lyon était vacant lorsque le légat
Hugues de Die réunit un concile à Autun, le 10 septembre 1077. Gébuin, archi
diacre de Langres, y fut élu pour succéder à Humbert. Nous avons deux récits des
faits. Le premier est dû à Hugues de Flavigny, qui écrit qu'aussitôt élu, Gébuin fut
conduit à Lyon par l'évêque de Langres, Hugues Renard, et installé dans l'all
égresse générale 10. Le second récit, fait par de Die, est moins lyrique mais
plus précis. Hugues avait envoyé au pape un messager pour lui rendre compte des
travaux du concile ; ce dernier ayant à son retour négligé de venir le voir, Hugues
se décida à expédier à Grégoire VII une autre lettre, par laquelle il le pressait
d'envoyer le pallium nécessaire pour confirmer l'ordination de Gébuin; celle-ci
était contestée par « les aboiements des hérétiques, trop heureux de tirer gloire de
l'indignation du roi, opposé au choix de l'archevêque de Lyon ». Gébuin se serait
déjà rendu ad limina, si son église, affaiblie par la privation d'un pasteur, avait pu
supporter plus longtemps son absence. Il insistait donc pour que le pallium fût
rapidement apporté par l'évêque de Valence, afin que le nouvel élu pût être reçu
dans son église avant la Saint- Jean-Baptiste et lutter contre l'arrogance des
provinciaux n. Le t

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