Puits à silex et trous à marne - article ; n°4 ; vol.10, pg 229-242
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Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1913 - Volume 10 - Numéro 4 - Pages 229-242
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1913
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Salomon
Puits à silex et trous à marne
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1913, tome 10, N. 4. pp. 229-242.
Citer ce document / Cite this document :
Salomon A. Puits à silex et trous à marne. In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1913, tome 10, N. 4. pp. 229-242.
doi : 10.3406/bspf.1913.6875
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1913_num_10_4_6875PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 229 SOCIÉTÉ
Puits à silex, et trous à marne.
PAR
A. SALOMON (Hermies, Pas-de-Calais),
Conducteur des Ponts et Chaussées
au service des Etudes et Travaux du Canal du Nord.
Les Néolithiques, contemporains des dolmens, creusaient des
Puits et des galeries souterraines, pour se procurer le silex de la
craie, qui se taille plus facilement, à l'état frais, que les cailloux rou
lés qu'on rencontre à la base des limons.
A Spiennes (Hainaut), « après avoir ouvert des excavations dans
les bancs de craie qui affleurent, écrit M. J. Déchelette (1), ils ont foré
là des puits verticaux, à travers des assises quaternaires et tertiaires,
jusqu'à une profondeur dépassant 12 mètres. Parvenus aux couches
crayeuses, ils y ont pratiqué des galeries, irrégulières, dont la hau
teur varie entre 0m50 et 2 mètres, sur une largeur de 1 mètre à 2m50.
Les puits présentent une section circulaire, mesurant de 0m60 à 0ra80
de diamètre. On en a rencontré plus de vingt-cinq, en pratiquant
le percement d'une tranchée. Chacun de ces puits avait été rempli
avec le déblai des excavations ultérieures et l'on procédé de
même pour les galeries. Le remblai contenait des ustensiles ébréchés,
des éclats de silex, des débris d'ossements et de poterie, enfin des
pics en silex et en corne de cerf. Aux alentours, sur environ vingt-
cinq hectares, des fragments de silex ouvrés étaient disséminés en
quantité considérable à la surface du sol. »
D'autres puits d'extraction ont été étudiés à Havennes (Province
de Liège) ; aux Grimes's Graves et à Cissbury, en Angleterre ; près
de Syracuse, en Sicile; à Mur-de-Barrey (Aveyron) ; Flavancourt,
Nointel et Velennes (Oise); Froncourt (Somme); dans quelques
stations voisines du Petit Morin (Marne); de la Petite Garenne, près
d'Angoulême; et ils ont donné des outils caractéristiques précisant
l'âge des excavations [(1) et (2)].
On peut remarquer, çà et là, dans les grandes tranchées du Canal
du Nord, comprises dans les départements du Nord, du Pas-de-
Calais, de la Somme et de l'Oise, une quantité d'excavations, appa
rentées aux précédentes, creusées au cours des temps historiques,
non pas pour l'extraction du silex, mais pour se procurer de la
marne (3).
(1) Joseph Déchelette. —Manuel d'Archéologie préhistorique, celtique et gallo-
romaine Tome I, p. 255.
(2) Dr T. Bauuon. — Des puits à silex de Champignolles (commune de Flavan-
court) et des outils destinés à l'extraction à l'époque néolithique .
(3) La craie blanche sénonienne est proprement une marne. Elle donne lieu à la
production d'une argile très foncée et presque noire.
SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE . 15 230 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Tout d'abord, aucune excavation ne se rencontre sur les
coteaux exposés au Sud et à lOuest, où les alluvions n'ont pu se
développer. La craie, qui affleure sur ces pentes, délitée, éclatée,
morcelée, fissurée en tous sens, par les agents atmosphériques (1),
se défonce cependant à la pioche, comme un déblai terreux, sur une
profondeur de plusieurs mètres. Son peu de cohésion provoque,
dans les tranchées, des éboulements qui entraînent de graves acci
dents. A 3 ou 4 mètres de la surface, la roche a conservé sa stratif
ication. Elle forme des bancs parallèles, dont l'épaisseur croît avec
la profondeur, limités par des lits de carrière non adhérents et
divisés en gros blocs par des fissures verticales. Tant que les
assises possèdent une faible épaisseur, le déblai s'opère au pic, à
une ou deux pointes, ou avec la pince du carrier, qui agit comme
levier. Les assises puissantes se débitent à la pointerolle, forte tige
de fer ou d'acier qu'on enfonce à grands coups de masse dans les
parois de la roche. Il est très facile d'ouvrir une carrière à ciel
ouvert dans la craie superficielle qui peut être utilisée pour le шаг-
nage, la fabrication de la chaux et qui renferme aidant de silex que
les assises stratifiées sous-jacentes. C'est-à-dire que, dans aucun
cas, on ne saurait justifier une exploitation souterraine sur les
coteaux dénudés de limons.
On les découvre donc sur les flancs des vallées, plaquées de
limons décalcifiés et rubéfiés, qui regardent le Nord et l'Est, où la
terre végétale réclame le carbonate de chaux enlevé par les eaux plu
viales. Celles-ci, chargées d'acide carbonique, donnent lieu, en tom
bant sur une roche calcaire, à une formation de bicarbonate de
chaux, qui se dissout dans l'eau et disparaît. Il ne reste à la surface
du sol attaqué qu'une particule insoluble de sable et d'argile qui
rougit par la péroxydation du 1er. La craie sous-jacente aux limons
possède également une zone délitée de 3 à 4 mètres d'épaisseur. Au
contact des limons les fragments de craie, attaqués par la décalcifi
cation et durcis par l'eau, sont soudés par un liant argilo-calcaire,
sur une épaisseur e = 0,50 h, où h représente la hauteur des terres
de recouvrement, et forment une. masse compacte et homogène, un
amas d'une seule venue, sans fissures, qui présente l'aspect et la
résistance d'un béton qui commence sa prise. Le pic pénètre diffic
ilement dans le liant du massif. Au canal du Nord, où la profondeur
des tranchées le permet, on débite cette craie, qui rebute les engins
mécaniques d'extraction, parabalage en pratiquant un havage au pic
dans la roche moins consistante qui la supporte. C'est dire combien
il serait, pénible de percer cette croûte résistante, qui atteint lacile-
ment 3 à 4 mètres d'épaisseur, et à fortiori d'y creuser des galeries
et des cellules avec un outillage primitif.
(1) En 1432, 143,), li.iiet 1435, le sol a gelé sur une profondeur de 4 mètres, PRÉHlSTOÍUQtÍE FRANÇAISE 231 SOCIÉTÉ
Les difficultés du forage ne préoccupaient guère les marneurs, qui
s'ingéniaient à réduire les transports, quitte à percer de profondes
excavations à quelques dizaines de mètres de protubérances dénu
dées révélant un affleurement de la craie.
Aujourd'hui, on amende la terre avec de la chaux; on y répand des
boues de défécation provenant de la clarification du jus de betterave
par la carbonatation double ; mais les cultivateurs âgés ont tous
« marné » leurs champs et quelques-uns des vieux terrassiers du
Canal ont jadis creusé « des trous à marne ».
Ils effectuaient ce travail l'hiver, plutôt que de chômer, en se con
tentant d'un salaire minime, qui permettait aux cultivateurs d'user de
leurs services (1).
On espaçait les puits de 30 à 40 mètres pour supprimer, autant
que possible, le brouettage à la surface du sol, très pénible, dans les
champs labourés, en temps de dégel.
Après avoir traversé les limons, dont l'épaisseur atteint parfois
12 mètres, les mineurs engageaient les puits assez profondément
dans la craie, pour obtenir une voûte solide et prévenir des éboule-
ments et, suivant quelques-uns, pour éviter la craie en contact avec
les limons qui éclaterait plus difficilement à la gelée.
Les tâcherons devaient le percement du puits, qui exigeait une
journée de travail à trois hommes par « cinq pieds de profondeur »
et son remblai, après coup, sans aucune rémunération. Toutefois une
prime de « cent sous » était parfois allouée pour chacune de ces
opérations. Lorsque le patron omettait de gratifier les ouvriers,
ceux-ci ne manquaient jamais de saboter le travail, en jetant dans la
cheminée des broussailles, du foin, des mauvaises herbes, des
fagots, etc., qui facilitaient

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