Quelques monographies de poètes bretons d expression française - article ; n°3 ; vol.78, pg 549-560
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Annales de Bretagne - Année 1971 - Volume 78 - Numéro 3 - Pages 549-560
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Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

Jacques Vier
Quelques monographies de poètes bretons d'expression
française
In: Annales de Bretagne. Tome 78, numéro 3, 1971. pp. 549-560.
Citer ce document / Cite this document :
Vier Jacques. Quelques monographies de poètes bretons d'expression française. In: Annales de Bretagne. Tome 78, numéro 3,
1971. pp. 549-560.
doi : 10.3406/abpo.1971.2569
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1971_num_78_3_2569Jacques VIER
Quelques monographies de poètes
bretons d'expression française*
JEAN MESCHINOT — 1422-1491 *
Clément Marot a pour toujours signalé sa naissance
liretonne :
Nantes la Brete en Meschinot se baigne.
11 est gentilhomme au service du duc de Bretagne ; à
soixante-huit ans, il veille en qualité de maître d'hôtel sur
la table de la jeune duchesse, aussi fidèle mais moins
rogue et mieux disant que don Guritan auprès de la reine
d'Espagne (1). Il est vrai que l'âge de la princesse (onze ans)
ne l'expose point encore aux escalades de Ruy Blas. C'est
l'auteur universellement admiré de son temps, universell
ement méconnu aujourd'hui des Lunettes des Princes (2).
Ce traité rimé d'optique morale chante les vertus cardinales,
celles que l'on trouve chez les cardinaux comme disait
l'autre, mais aussi chez beaucoup de chrétiens, et même
chez certains qui ne le sont pas, plus rarement chez les
souverains : Prudence, Justice, Force, Tempérance, môme
et surtout si le souverain est devenu collectif, et s'il s'ap
pelle, comme le diable, légion. Toujours fidèle à sa vocation
de pédagogue royal, Jean Meschinot met en ballades une dis
sertation sur le Mauvais prince, dont Georges Chastellain
fournit les envois. Il crayonne l'un des premiers, dans le
* Extraits de l'Anthologie des Poètes bretons d'expression française,
tome * D'autres I, à paraître le font aux mourir P.U.B. en 1509.
(1) Cf. le Ruy Blas de Victor Hugo.
(2) II est juste de dire que le comte Olivier de Gourcufï a réédité ce
chef-d'œuvre en 1890. 550 POÈTES BRETONS D'EXPRESSION FRANÇAISE
sillage de Charles d'Orléans et de Marie de France, la
complainte de solitude qu'il appelle joliment le Banni de
Liesse, et que, de Joachim du Bellay à Guillaume Apolli
naire, en passant par Gérard de Nerval, reprendront tant
d'illustres mal aimés. C'est le moins contourné des rhétori-
queurs, en tout cas, le plus apte, quand il veut à la simp
licité.
ANNE DE ROHAN, PRINCESSE DE LEON — 1584-1646
Elle appartenait à une famille de héros. Elle sut porter
l'un des plus grands noms de France dans les circonstances
les plus dangereuses. Toute la dynastie était calviniste et
les plus beaux talents ne cessèrent de favoriser ce haut
lignage. De sa mère, Catherine de Parthenay, les catholi
ques eux-mêmes disaient qu'elle avait été la merveille de
.son siècle. Elle pratiquait le théâtre en vers et elle renou
vela au moins littérairement le geste de Judith en faisant
périr Holopherme dans une tragédie qui fut représentée à
La Rochelle en 1575. Son frère, le duc Henri de Rohan
s'était signalé au siège d'Amiens, sous les yeux de Henri IV
qui l'affectionnait. Chef du parti huguenot, il ne soutint pas
moins de trois guerres contre Louis XIII. Excellent général^
après la reddition de La Rochelle, il mit successivement
son épée au service de Venise et de la Suisse. Anne avait
plusieurs sœurs, la duchesse de Nevers qu'elle pleura en
fort belles stances, et cette pudique Catherine, qui ne souff
rit pas que le Vert-Galant lui parlât d'amour. Elle avait
enduré stoïquement les privations d'un siège mémorable.
Sa sœur et elle ayant refusé d'être comprises dans la capitu
lation furent enfermées au château de Niort et traitées sans
douceur comme prisonnières de guerre. Elle frappe le vers
d'une main qui a su tenir l'épée et, Muse de rempart, elle
attend de pied ferme l'assaut de la mort. Les cordes de son
luth sont peut-être trop tendues ; Calvin a passé par là. En POÈTES BRETONS D'EXPRESSION FRANÇAISE 5f>I
tout cas, elle vécut assez longtemps pour pouvoir se recon
naître dans les Romaines et dans les Espagnoles de
Corneille.
FRANÇOIS AUFFRAY . . . .-1652
11 fut chanoine de Saint-Brieuc et attendit longtemps,
jusqu'à Olivier de Gourcuff, sa réhabilitation littéraire^
On s'obstinait à ne voir en lui que l'auteur de la Zoanthro-
phie, espèce de tragi-comédie allégorique, hérissée d'abstrac
tions aux noms grecs, exploit de magister à jamais ignorant
des lois élémentaires du théâtre. Infiniment mieux inspiré
quand il lit Dante ou Agrippa d'Aubigné, il hasarde une
Elégie de l'Enfer où le prédicateur, familier de l'apologéti
que terrifiante, se double d'un poète, cette fois authentique,
qui sait, à son tour, faire grincer les fourches, flamber les
fournaises, et siffler les fouets. S'il souligne, avec plus de
dureté que Villon, les pitoyables illusions de la condition,
humaine, il sait adoucir sa grosse voix pour conseiller la
vertu aux jeunes filles. Ce solide directeur de conscience
découvre en somme dans la rime un solide accumulateur
d'énergie doctrinale.
RENE LE PAYS — SIEUR DU PLESSIS-VILLENEUVE
NE A FOUGERES EN 1634, MORT A PARIS LE 30 AVRIL 1690
II vaut mieux ne pas trop chercher la Bretagne dans
ce poète archi-précieux, qui ne se fâchait guère lorsqu'on
l'appelait « Singe de Voiture » et qui n'en voulait point à
Boileau pour avoir été traité par lui de « bouffon plai
sant (1) ». Sa carrière de financier le maintint longtemps
(1) Satire III. POÈTES BRETONS D'EXPRESSION FRANÇAISE 7)52
dans le Dauphiné et en Provence, où il dirigeait les gabelles.
Il perdit sa fortune en plusieurs étapes ; mille écus de reve
nus annuels par la suppression, en 1664, d'un quartier de
rentes constituées sur l'Hôtel de Ville, plus de deux cent
mille livres en 1687, pour s'être associé avec un traitant
qui fit banqueroute. Il dut vendre tout son bien et venir à
Paris où, sordidement logé et mourant de faim, il n'obtint
qu'en 1689 l'arrêt libérateur. Il mourut un an plus tard.
Triste fin pour ce don Juan, qui s'était taillé une réputation
enviable avec ses Amitiés, amours et amourettes (2), recueil
de lettres et de poésies galantes, maintes fois réédité. Les
belles ne lui avaient point été cruelles puisqu'il ressassait
leurs louanges en strophes piquantes, fort expertes à ménag
er des « chutes » dont la Muse comme l'amante mettait
beaucoup de coquetterie à se relever. La gloire, beaucoup
plus que ses créances, lui fut payée comptant de son vivant.
D'où la rancune de la postérité.
CATHERINE DESCARTES — 1637-1706
Elle était la nièce du philosophe, fdle de son frère Pierre
Descartes, conseiller du Roi en son parlement de Bretagne.
Elle eut beau naître au manoir de Kerleau, tout près de la
tour d'Elven, ce voisinage, qui ne passait pas encore pour
romantique, n'infléchit pas ses rêveries. Elle demeura fille
et toute dévouée au souvenir du grand homme de la famille.
Ses alexandrins didactiques ont de la forcent même de la
virilité. Lui manqua-t-il de savoir sacrifier aux Grâces ?
Avec une pareille ascendance quoi d'étonnant? On sut pour
tant par cœur son impromptu de la fauvette. Elle était liée
d'amitié avec Mlle de Scudéry et avec Mlle de la Vigne, qui
lui décernait un brevet d'immortalité. Il est vrai qu'elle lui
(2) 1664. POÈTES BRETONS D'EXPRESSION FRANÇAISE 553
avait dédié un solide exposé du cartésianisme et de son
avenir. Elle avait une remarquable justesse d'esprit. Elle
sut noblement s'indigner du caprice de la reine Christine,
qui, en obligeant son invité à lui exposer sa philosophie
tous les matins, à partir de 4 heures, et en plein hiver Scan
dinave, le mit au tombeau avant même de l'avoir compris,
et prophétiser pour les tourbillons une survivance qu'elle
s'imaginait éternelle. Mme de Sévigné l'affectionna à travers
sa fille qui, dans son culte pour l'auteur du Discours de la
Méthode, méritait bien d'être sa nièce, à son tour, au moins
à la mode de Bretagne.
C

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