Quelques réflexions sur l art rupestre d Europe - article ; n°11 ; vol.57, pg 692-712
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Description

Bulletin de la Société préhistorique française - Année 1960 - Volume 57 - Numéro 11 - Pages 692-712
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Emmanuel Anati
Quelques réflexions sur l'art rupestre d'Europe
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1960, tome 57, N. 11-12. pp. 692-712.
Citer ce document / Cite this document :
Anati Emmanuel. Quelques réflexions sur l'art rupestre d'Europe. In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1960, tome
57, N. 11-12. pp. 692-712.
doi : 10.3406/bspf.1960.3498
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1960_num_57_11_3498ÉTUDES ET TRAVAUX
Quelques réflexions sur l'arf rupesfre
d'Europe
PAR
Emmanuel ANATI
Malgré plusieurs milliers de références bibliographiques existant
aujourd'hui sur l'art rupestre d'Europe, ce sujet n'a jamais été traité dans
l'ensemble, à l'exception du dernier livre de Herbert Kiihn « The Rock
Pictures of Europe » qui voudrait résumer la connaissance actuelle
de cet art depuis l'art franco-cantabrique du paléolithique supérieur
jusqu'à l'art schématique des Ages des Métaux (1).
C'est pourquoi j'ai pensé prendre cet ouvrage comme point de repère
en faisant ces quelques réflexions. Kiihn, dans de nombreux cas, repré
sente des opinions pas toujours sûres, mais qui sont celles de certains
courants bien répandus et d'une école qui se base presque uniquement
sur la typologie technique des œuvres d'art. Par contre, mon opinion est
qu'il est bien difficile de classer dans un cadre chronologique ou ethno
logique une peinture ou gravure préhistorique isolée. Les groupes d'art
rupestre — et je parle ici surtout des groupes post-glaciaires — doivent
être analysés dans leur ensemble, et surtout les données ethnologiques
qui en résultent, telles que les espèces d'animaux peints ou gravés,
l'économie qu'elles nous montrent : chasse, élevage, agriculture, pêche,
etc., ou le genre de culte qu'elles nous révèlent, tels que culte du soleil,
culte des animaux, de certains objets, magie de la chasse, etc.,
qui, avec le style et la technique, nous permettent d'arriver à comprendre
l'ensemble et à le comparer à d'autres groupes montrant un mode de
vie et une conception artistique semblables.
Kiihn groupe l'art rupestre en trois ensembles qu'il considère comme
formant chacun un groupe homogène : 1) l'art paléolithique; 2) l'art
méso-néolithique; 3) l'art de l'époque des métaux.
Il voit dans le premier groupe un art « sensoriel », un art qui
« reproduit exactement ce que l'œil a vu », et dans le troisième groupe
un art « imoginatif •», composé de symboles et de signes conventionnels.
Le deuxième groupe serait une phase de transition entre les deux
(p. 217).
Cette subdivision ne paraît pas tenir compte du fait que chaque
groupe d'art rupestre a un début et une fin. Les expressions artistiques
d'un peuple, comme celles d'un artiste, aujourd'hui, comme il y a
vingt mille ans, montrent toujours un développement. On a souvent
considéré l'art rupestre du Sud Scandinave, et l'art levantin d'Espagne,
comme étant des ensembles qui se seraient prolongés pendant une
période donnée, et qui n'auraient pas subi d'évolution de leur début à
leur fin.
(*) Séance d'avril 1960. Cet article a été écrit en préparant le matériel pour
une étude sur l'art rupestre d'Europe, actuellement en cours, avec l'aide de la
Bollingen Foundation de New York.
(1) H. KiiHx. — The Rock Pictures of Europe, Essential Books, inc., Fair
Town, N. Y. 1956. SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 693
Toute œuvre d'art montre la personnalité de son auteur, et celle-ci
rassemble en soi, entre autres, un état psychologique, le conditionnement
à une organisation sociale, et un niveau technologique. Donc, s'il y a
eu un changement de ces facteurs pendant la durée d'une période
artistique, il y a eu aussi forcément des variations dans l'art. Les étapes
de l'art pariétal franco-cantabrique sont connues leurs grandes
lignes, grâce surtout aux travaux de l'Abbé Breuil et de Obermaier, et
tout étudiant de préhistoire sait bien que la phase archaïque de ce
cycle (dans laquelle apparaît ce que l'Abbé Breuil appelle « arabesques
macaroniques ») a bien peu de ce « sensoriel » qui est attribué par
Kuhn à l'ensemble de l'art paléolithique. En outre, il ne faut pas oublier
que dans presque toutes les phases de cet art, nous rencontrons une
quantité de signes conventionnels, tectiformes, serpentiformes, spirales,
signes dits en «boomerang» etc. (2).
D'autre part, il faut rappeler aussi qu'aux âges des métaux, les expres
sions artistiques sont très variées. En Scandinavie (3) comme en Russie
(région du lac Onega et de la Mer Blanche) (4), en Ecosse (5), comme
dans les Alpes Italiennes (6), nous rencontrons de nombreux exemples
d'art qu'on peut définir comme « réaliste » et qui ne correspond aux
définitions ni du « sensoriel » ni de l'« imaginatif » de Kuhn. Ces œuvres
« réalistes » sont contemporaines d'autres groupes d'art rupestre de
caractère schématique ou abstrait, pour qui, en voulant appliquer le
terme de Kuhn, on est forcé de se poser une question sans réponse :
lequel d'entre eux est plus « imaginatif »?
En étudiant chaque groupe artistique séparément, nous nous aper
cevons qu'il est bien difficile d'arriver à des généralisations au sujet de
l'évolution. L'art levantin, et nous le discuterons en détail, suit une
évolution qui, dans ses lignes générales, peut être définie comme « de
l'organicité à l'abstraction » (7) .
D'une façon générale, ,. nous pouvons suivre une évolution assez
semblable dans l'art rupestre d'Afrique du Sud. Les six séries de
peintures relevées par l'Abbé Breuil à Philip Cave montrent à leur début
des animaux naturalistes de grandes dimensions, de facture très soignée.
Les séries suivantes montrent une diminution des dimensions et un
développement graduel vers la schématisation (8). Je ne connais pas
personnellement ce groupe d'art rupestre, mais la plupart des préhis
toriens qui s'en sont occupés paraissent d'accord pour y voir une ligne
générale d'évolution qui commence à un réalisme simple, arrive à l'orga
nicité pour se développer vers l'abstraction (9).
(2) A. Leroi-Gourhan. — La fonction des signes dans les sanctuaires
paléolithiques, Bull. Soc. préhist. fr., LV, 1958, 5-6; Le symbolisme des
grands signes dans l'art pariétal paléolithique, id. 7-8.
(3) Voir surtout : C. A. Althin. — Studien zuř den bronzezeitlichen
Felszeichnungen von Skane, Lund, 1945; J. Bing, Der Kultwagen von Trund-
holm und die Nordischen Felsenzeichnungen, Ipek, Leipzig, 1926, pp. 236-254;
Eva ag Per Feet, Sydvestnordske Hellristninger, Stavanger, 1941.
(4) V. I. Ravdonikas. — Naskaliye Isobrajeniya Onegskogo Ožera i Bialoyo
Moriya, Moscou, 1948.
(5) V. G. Childe. — Rock Engravings in Scotland, Antiquity, vol. XV,
pp. 290-1.
(6) E. Anati. — La civilisation du Val Camonica, Arthaud, Paris 1960.
(7) J'emploie ici, en ordre inversé, les termes qui font le titre du fort
intéressant ouvrage du Pr A. C. Blanc : « Dall'astrazione ail organicita »
(Rome, 1958). Malgré les quelques points de vue que je ne partage pas avec
le Baron Blanc, son ouvrage a inspiré plusieurs de ces réflexions.
(8) H? Breuil. — Philip Cave, London, 1957, p. 6.
(9) Voir notamment H. Halub dans Zlizko, Felsgravierungen der siida-
frikanischen Buschmànnuer, Leipzig, 1925; H. Balfour dans l'introduction
de H. Tongue, Bushman paintings, p. 5; T. Bent, The ruined cities of
Mashonaland (nouvelle édition), Londres, 1896. , . 694 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
Le cycle du Proche-Orient, de son côté, nous montre une évolution
qui suit au début la route « de la généralisation au détail » et qui se
développe par la suite vers l'abstraction (10). Dans le Sahara, la situation
est encore différente. Chaque phase de l'art saharien est un cycle à part,
où une évolution personnelle peut être suivie. Dans son ensemble, elle
n'est qu'une séquence d'expressions artistiques différentes qui illustrent
non seulement des différences de mode de vie et de niveau techno
logique, mais,

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