Quelques traditions relatives aux pétroglyphes de Nouvelle-Calédonie - article ; n°2 ; vol.85, pg 221-234
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1987 - Volume 85 - Numéro 2 - Pages 221-234
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 90
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Monnin
Quelques traditions relatives aux pétroglyphes de Nouvelle-
Calédonie
In: Journal de la Société des océanistes. 85, 1987-2. pp. 221-234.
Citer ce document / Cite this document :
Monnin Jean. Quelques traditions relatives aux pétroglyphes de Nouvelle-Calédonie. In: Journal de la Société des océanistes.
85, 1987-2. pp. 221-234.
doi : 10.3406/jso.1987.2581
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1987_num_85_2_2581MISCELLANÉES
Quelques traditions relatives
aux pétroglyphes de Nouvelle-Calédonie
par
Jean MONNIN*
s'étale dans le temps car, dans des situations En 1980, dans les numéros 66-67 de mars-juin
comparables d'exposition à l'érosion, certains de cette revue, nous avons publié, avec Daniel
sont très apparents et d'autres à peine visFrimigacci, un premier inventaire des pétrogly
ibles ; il y a des exemples de cette situation en phes de Nouvelle-Calédonie (Grande-Terre et
Iles). Nous avions alors montré qu'une grande bord de mer, dans des zones soumises aux
embruns, mais aussi sur les pierres situées partie des dessins pouvait se regrouper en une
dans des cours d'eau, ou même exposées seutrentaine de catégories, dont certaines large
lement à la pluie ; cependant, cela ne permet ment dominantes. Par ailleurs, la répartition
pas de déduire des vitesses d'usure et de géographique de ces motifs permettait de pro
dater les signes. Quoi qu'il en soit, certains poser les observations suivantes, non infirmées
dessins ont été tracés à une époque suffisamdepuis :
ment récente pour qu'il en soit fait mention 1) Certains signes dits « régionaux » ne se
dans des traditions. rencontrent assez fréquemment que dans une
zone restreinte :
— Cercle unique : De des Pins et Mare
(fig. 1 : 1) ;
— Ellipse, ouverte ou fermée, plus ou moins
allongée et dont un segment du grand axe est
aussi gravé (fig. 1 : 2 et 3) : nord de la Grande-
Terre et Iles du Nord.
2) Quelques catégories de signes sont mieux
représentées que les autres sur l'ensemble du
territoire ; c'est le cas :
— De la croix simple (catégorie n° 3 ; fig. 1 :
4) et dans une moindre mesure, des autres fo
rmes de croix (par exemple 5 et 6 de la fig. 1) ;
— Des cupules (catégorie n° 7), qui se pré
sentent souvent sous forme d'alignements ;
— Des spirales n° 1 ; fig. 1 : 7).
Nos recherches ont, depuis, permis de comp
léter la répartition des sites à pétroglypnes
(fig. 2) et, en doublant le nombre de signes
répertoriés, de vérifier la validité statistique de
nos premières observations (fig. 3) ; les techni
ques de tracé des pétroglyphes ont été étu
diées, entre autres grâce à l'expérimentation
(fig. 4).
Figure 1 : Signes régionaux : 1 à 3 ; signes n semble que l'exécution des pétroglyphes
représentés sur l'ensemble du territoire :
n° 4 à 7.
* Doctorant à l'Université Paris I. SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES 222
Figure 2 : Répartition des sites à pétrogly
phes (indiqués par des points) ; les lettres de
grande taille représentent des régions
regroupant un grand nombre de zones, elles-
mêmes indiquées par des abréviations (peti
tes lettres, voir figure 3). N (Nord); W
(Ouest) ; E (Est) ; S (Sud) ; K (Kunie = Ile des
Pins) ; (Loyauté).
des récits collectés depuis, et la description ou Les Pétroglyphes dans les traditions la reproduction de plusieurs des gravures qui
y sont associées. Dans la publication précédente nous avions Les traditions que nous rapportons ici ont été présenté : regroupées par thèmes permettant de se repé— une tradition à Léon (Mare) relative à la rer plus facilement ; plusieurs de ces thèmes
gravure en bord de mer de deux dessins de auraient pu être illustrés par les mêmes poisson, dont un déjà signalé par Dubois MJ. exemples.
(1975) ; Les informations émanent d'habitants mélanés
— le comptage, d'après la tradition, des femiens originaires des endroits où se trouvent les mes du chef Kanake, à Tabé (Tchamba, site E. pétroglyphes ; le plus souvent l'informateur est PE. 009) ; le dessin correspondant est formé de un « vieux » (c'est-à-dire en général un homme
rangées de cupules ; âgé, chef de lignage ou de clan) ; même si — un rocher décoré d'une croix et d'une l'autorité coutumière est théoriquement passée rangée de cupules dans la rivière Néaoua au fils ou au petit-fils, le « vieux » est toujours (Houaïlou, site E.HU.007) et rattaché directe la référence. ment à un récit évoquant les liens des gens de
la région avec ceux vivant plus au sud
(Kouaoua et Canala) ; Les interprétations restreintes — les ressemblances entre des signes trou
vés dans différents sites (deux Ouvéa, un à Deux types d'interprétations immédiates nous Belep, un à Hienghène), endroits entre lesquels sont fournis sur le terrain par nos informateurs.
il existe par ailleurs des liens traditionnels ; 1) Le premier concerne l'explication de l'or— un passage de Notes d'ethnologie néo igine des dessins :
calédonienne (Leenhardt, 1930) où l'auteur
donne deux interprétations, recueillies par lui « Ce sont les "wiônè" qui ont fait cela, ont dit
directement, sur les cupules : les vieux, du temps où les hommes ne savaient
« marque de serment (kibo), liant deux partis », pas encore ce qu'ils faisaient ; ce sont quand
« traces restant après un concours de souffle ». même les ancêtres, les vieux des ténèbres, des
vieux estimés. » (Explication recueillie à Kouaoua). Ces traditions, et quelques autres, furent
— « Ces cailloux-là (avec gravures) : c'est là pour nous (Daniel Frimigacci et Jean Monnin)
que les vieux faisaient l'école, c'est leur école des indices sérieux permettant de penser que avant » (« Pumara Bwarère ; Aounu, Kouaoua). les pétroglyphes n'étaient probablement pas — « Nos ancêtres les plus lointains, les « gnto- étrangers à la culture mélanésienne, contraire mîhgnîn », ils ne parlent pas. Ils sont nés dans les ment à ce qu'avaient affirmé dans le passé plu pierres et dans les bois... ; c'est eux qui ont fait sieurs auteurs ; elles ne suffisaient pas à le les dessins, les signes peints ; lés pétrophyphes
démontrer mais encourageaient à en poursui c'est les hommes (c'est-à-dire nos ancêtres, mais
vre la recension. qui sont venus après les "gnîhmîhgnîh"). » (Emile
Kavivioro, Bâ, Houaïlou). Dans les paragraphes suivants nous donnons MISCELLANÉES 223
—«Un vieux disait que c'était la même per les qui retombent. » (Tchamba ; motif 8, fig. 1.)
sonne qui avait gravé tous ceux de la rivière à Un motif est reconnu à Montfaoué (Poya),
Tarai. » (Ni, Bourail). comme la buse, totem d'un clan (motif 9, fig. 1.)
— « La vieille (la sorcière Shokaw), c'est elle qui Le motif 10 de la fig. 1 est une carapace de écrit les signes peints de Shabadan (Mare, site tortue (Koua, près de Kouaoua). L.MA.001). Si elle en fait un, c'est sûr que les
"«îles des Pins" vont venir.» (Voir la tradition
«la spirale est la liane qui s'enroule sur elle- citée dans Dubois (1975).) même, à terre, totem des familles Ayawa (et Kavi-
vioro) : si on saute par-dessus, on se perd dans Ce dernier cas est particulier : la tradition la forêt ; quand on trouve quelque chose comme parle de signes peints, qui existent bien à Sha çà, il faut en faire le tour. » (Bâ, Houaflou). badan, sur l'arrière d'un rocher par rapport à
la mer (fig. 3 et 4). Mais par ailleurs il y a au Il y a beaucoup d'autres interprétations du
pied de ce même rocher des signes gravés même genre. La plupart sont faites dans une
sur la dalle du rivage (pétroglyphes donc), conversation courante, sans rattachement explidont ne parlent pas explicitement les vieux, cite à un récit, mais en référence à tout un
mais qui sont évidemment en relation avec la environnement traditionnel (le lézard, le requin, même tradition puisque plusieurs de ces signes la liane, le taro...). Ces données ne sont pas sont de ceux que l'on trouve justement à l'Ile à négliger car elles livrent des éléments de des Pins. On sait aussi que les débarquements compréhension, dans une culture

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