Rapport d une mission ethnologique en pays Mnong Gar (Pays montagnards du sud-indochinois) - article ; n°1 ; vol.46, pg 303-313
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Rapport d'une mission ethnologique en pays Mnong Gar (Pays montagnards du sud-indochinois) - article ; n°1 ; vol.46, pg 303-313

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1952 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 303-313
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Condominas
XII. Rapport d'une mission ethnologique en pays Mnong Gar
(Pays montagnards du sud-indochinois)
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 46 N°1, 1952. pp. 303-313.
Citer ce document / Cite this document :
Condominas Georges. XII. Rapport d'une mission ethnologique en pays Mnong Gar (Pays montagnards du sud-indochinois). In:
Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 46 N°1, 1952. pp. 303-313.
doi : 10.3406/befeo.1952.5169
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1952_num_46_1_5169RAPPORT
D'UNE MISSION ETHNOLOGIQUE
EN PAYS MNONG GAR
(PAYS MONTAGNARDS DU SUD-INDOCHINOIS)
par
Georges CONDOMINAS
Chargé de Recherches de l'Office de la Recherche Scientifique Outre-Mer
Membre Correspondant de 1'É.cole Française d'Extrême-Orient
Envoyé pour ma deuxième année de stage, celle de terrain, à l'Ecole Française
d'Extrême-Orient, je débarquai à Saigon le 17 novembre 19^7. Je profitai de
mon séjour forcé à Saigon (du 1 7 novembre 1 9Д 7 au 1 1 mars 1 9Д8), pour complét
er ma documentation bibliographique relative aux populations proto-indo
chinoises et étudier leur situation politique et administrative, dans le cadre de l'e
nsemble indochinois; j'effectuai aussi quelques démarches en vue d'obtenir une aide
matérielle pour ma mission. En dehors des membres de l'Ecole W, je ne reçus
d'accueil favorable qu'auprès de M. le Directeur du Service de l'Information qui
m'accorda du matériel photographique. M. P. Lévy, alors Directeur de l'École
Française d'Extrême-Orient, me fit nommer membre correspondant de l'institution
et pensa m' installer chez le R. P. Dournes près de Djiring; mais après avoir pris
contact avec ce missionnaire poursuivant lui-même un travail ethnographique (2),
cette solution s'avéra peu pratique et le Directeur de ГЕ. F. E.-O. préféra me lais
ser le soin de choisir moi-même mon terrain d'étude.
Après une première tournée effectuée du i 1 au 3 о mars à Djiring, Ban-Mê-
Thuot et au Poste du Lac, je décidai d'installer ma famille dans ce dernier endroit
au bungalow dit te du Résident» mis aimablement à ma disposition par M. Rigal,
Délégué du Haut-Commissaire pour les Pays Montagnards du Sud, auprès duquel
je devais toujours trouver la plus grande compréhension et une aide efficace ; c'est
ainsi que grâce au Centre de Documentation ethnographique que le Délégué avait
fondé, le Docteur Jouin put me procurer un appareil photographique.
Je m'installai avec ma famille au Poste du Lac, le ier mai 19^8, après une halte
d'une semaine à Djiring.
<*> MM. P. Lévy, alors Directeur de ГЕ. F. E.-O., L. Malleret, alors Conservateur du Musée Blan
chard de la Brosse, et P. Dupont qui le remplaça à la tète du Musée de Saigon, lorsqu'il prit son congé
en France.
(*) Cf. Dam Во, Le» population» montagnarde» du Sud-Indochinois, numéro spécial de France-Atie
(n* 4g-5o, printemps ig5o). ,
304 G. CONDOM1NAS
Ayant décidé d'effectuer mon enquête en me passant d'interprète, j'avais dans ma
précédente tournée commencé à me constituer des vocabulaires pratiques rhadé
et mnong-lam. Le rhadé parce que langue véhiculaire de la région, le mnong-rlam
parce que très voisin du mnong-gar. Je poursuivis ce travail avec l'aide du second
secrétaire du Poste, un Mnong Rlam(1).
Afin de mettre à l'épreuve de la pratique mes connaissances récemment acquises
et me préparer au «terrain», je visitai quelques villages proches du Poste. C'est
ainsi que je pus assister à un échange de sacrifices du buffle au village de Uon Drung
où le Secrétaire, qui ce jour-là m'accompagnait, me servit de principal informateur,
particulièrement compétent du reste puisque So> (c'est son nom) est originaire de
ce village, où vit encore sa mère. Poursuivant mon enquête sur ce rite très import
ant, je pus en faire mon sujet de diplôme couronnant l'année de stage sur le ter
rain.
Tournées de prospection en pays mnong-gar.
Le là mai, estimant qu'il serait superflu de prolonger plus longtemps ce stade
préparatoire, je partis à pied pour le pays mnong-gar, avec pour seuls compagnons
de voyage deux porteurs renouvelés à chaque village. Je tenais avant tout à me pas
ser d'interprète, dès le début, de façon à posséder la langue le plus rapidement poss
ible. A cette fin, j'eus recours aux souvenirs d'anciens tirailleurs ou d'anciens élèves
de l'École de Pénétration en pays mnong-gar et aussi à l'instituteur bih de cette
école, plus tard à des élèves du groupe scolaire de Ban-Mê-Thuot alors en vacances.
Je notais ce que les gens me disaient, en leur demandant de répéter lentement, ce
qu'ils firent toujours avec beaucoup de complaisance, puis je relisais ce que j'avais
écrit, au grand amusement de l'assistance, afin de susciter des corrections. J'essayais
ensuite de me faire traduire, quand cela était possible, les mots sur lesquels je butais :
mais surtout j'évitais de converser en «pidgin» franco-montagnard. Une grande
source de vocabulaire furent les chansons, épopées, «dits de justice», prières...,
qui étaient cités dans la conversation ou dans l'exécution d'un rite, ou encore que
je réclamais aux moments de répit que j'étais bien obligé d'accorder à mes informat
eurs. Mais c'est surtout l'enquête technologique qui me fournit dès le début le
meilleur vocabulaire : je notais le nom des objets et de leurs parties composantes, et,
quand je pouvais y assister, la description ед mnong des phases de leur fabrication ;
de même la description par un des assistants des rites au fur et à mesure qu'ils
se déroulaient sous mes yeux, me procura un vocabulaire religieux de base.
J'eus la chance de recevoir un accueil vraiment favorable, dès le début. Etait-ce
dû à ce que les Européens vus jusqu'alors étaient toujours accompagnés d'une suite,
ne serait-ce que de quelques boys, et ne communiquaient avec eux qu'en radhé ou
en koho, et encore presque toujours par l'intermédiaire d'un interprète originaire
de ces tribus, donc plus ou moins hautain envers ces «gens de la forêt» (2) ? C'est
ainsi que le premier village visité me retint pour me faire assister aux semailles ; plus
О Je voudrais également souligner ici l'amabilité et la compréhension des deux chefs successifs
du Poste du Lac (dont Sar Luk relève administrativement), MM. Barrachette et Ribo avec lesquels
j'eus de fréquents et utiles échanges'de vues et qui, à maintes reprises, m'offrirent l'hospitalité et
me firent profiter de leurs moyens de transports. Je voudrais aussi remercier ici pour leur hospit
alité ou leur aide les Résidents de Ban-Mê-Thuot et de Pleiku et les Chefs du Cabinet de la Délé
gation qui se succédèrent à ces différents postes, ainsi que les Docteurs Jouin et Choumarra,
MM. Deniau, Chef du District de Cheo-Reo, Loussert, Chef du District de Dran ; d'autres encore. . .
(*) C'est le sens de Phii Brêe, terme par lequel les Koho désignent les Mnong Gar. RAPPORT D'UNE MISSION ETHNOLOGIQUE EN PAYS MNONG GAR 305
loin, on m'appela pour voir un sacrifice de maladie où l'on immolait un buffle. Les
nouvelles se répandent très vite en brousse : il me fallut suivre les habitants de vil
lages qui tenaient absolument à ma visite.
Entre chaque tournée, je dépouillais des notes prises en vue notamment du per
fectionnement linguistique, les considérant surtout comme les bases de mes enquêtes
futures.
Séjour à Ban-Mê-Thuot.
Mon épouse, qui devait étudier le rôle de la femme et l'éducation des enfants chez
les Mnong Rlam, arrivée très fatiguée au Lac, tomba malade avant d'avoir pu com
mencer son travail : un typhus exanthématique exigea son évacuation à Ban-Mê-
Thuot, puis son rapatriement en France avec son bébé. J'accompagnai ma femme et
mon fils à l'hôpital de Ban-Mê-Thuot ; et lorsqu'elle entra en convalescence, je
suivis les cours de rhadé faits par un instituteur autochtone, M. Y. Bih, et assistai
en entier au nga' yaang 'set, la plus importante cérémonie rhadée, comparable sur
bien des points aux Fêtes de Mérite des Nagas

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents