Rapport sur le dépôt égéen et géométrique de l'Artémision à Délos - article ; n°1 ; vol.71, pg 148-254

Tréheux Jacques, Hubert Hubertgalletdesanterre

Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1947 - Volume 71 - Numéro 1 - Pages 148-254
107 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_CORRESPONDANCE_HELLENIQUE
• Publié le: 01 janvier 1947
• Nombre de lectures: 28
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 9 Mo

Extrait

Hubert Gallet de Santerre
Jacques Tréheux
Rapport sur le dépôt égéen et géométrique de l'Artémision à
Délos
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 71-72, 1947. pp. 148-254.
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Gallet de Santerre Hubert, Tréheux Jacques. Rapport sur le dépôt égéen et géométrique de l'Artémision à Délos. In: Bulletin de
correspondance hellénique. Volume 71-72, 1947. pp. 148-254.
doi : 10.3406/bch.1947.2537
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1947_num_71_1_2537RAPPORT SUR LE DÉPÔT ÉGËEN ET GÉOMÉTRIQUE
DE L'ARTÉMISION À DÉLOS <'>
(PI. XIX-XLVI)
I. — CIRCONSTANCES DE LA DÉCOUVERTE (2)
Trois édifices se sont succédé sur un même emplacement dans le hiéron
d'Artémis à Délos (pi. XIX) (3) :
1° Un temple préarchaïque Ac que R. Vallois rapporte aux temps
mycéniens ;
2° Le temple hellénistique d'Artémis D, construit sous Démarès, en 179
avant J.-C. ;
3° Un édifice E, dont la destination et la date sont contestées.
Le temple D enveloppe les murs latéraux de l'édifice E, mais le mur
oriental de Ε se trouve à l'intérieur du vestibule de D, à l'Est des fondations
de sa cella et à l'Ouest de celles de sa prostasis. La bande de terrain que ne
recouvrent pas les fondations hellénistiques est donc divisée par Ε en deux
étroits couloirs, longs de 8 m. 85 (couloir Ouest) et de 7 m. 60 (couloir
Est). Le couloir Ouest a 0 m. 80 de large, le couloir Est 0 m. 90. La fouille
générale du hiéron d'Artémis les avait l'un et l'autre réservés ainsi que les
(1) Ce rapport, qui est surtout un catalogue descriptif des trouvailles, n'exclut pas la possibilité
d'études ultérieures sur les objets les plus intéressants et de publications plus détaillées. — Les
dessins sont l'œuvre de MM. Y. Fomine et C. Feraeci ; les photographies de M. Emil Séraf.
(2) Cf. Ch. Picard, CHAI, 1946, p. 565-7 ; Journal des Savants, 1946, p. 52 et p. 55, n. 2 ;
II. Gallet de Santerre, Archaeological Newsletter, 1947, n» 6, p. 42-43 ; AJA, LI, 1947, p. 273-274
(Archaeological news).
(3) Pour la topographie et l'histoire de VArlémision délien, on se reportera essentiellement
aux études suivantes : F. Courby, BCH, XLV, 1921, p. 207-233 ; R. Vallois, Nouv. arch. miss,
scient., XXII, 1921, p. 201 sqq. ; Ch. Picard et J. Replat. BCH, XLVII, 1923, p. 527 ; XLV1II,
1924, p. 247 sqq. ; R. Vallois, Topographie détienne, I, ibid.. p. 411 sqq. ; L'architecture... à Délos,
p. 8 sqq. [Arlémision préarchaïque), p. 47 sqq., p. 118 et 126 (Artémision archaïque), p. 133 sqq.
(Artémision hellénistique). Nous avons repris les désignations de F. Courby, adoptées par les
autres auteurs. DÉPÔT ÉGÉEN ET GÉOMÉTRIQUE DE l'aRTÉMISION A DÉLOS 149
recherches conduites par la suite sur l'emplacement des temples eux-mêmes.
En 1928, R. Vallois pratiqua, au Nord du couloir oriental, vers l'angle
Nord-Est de l'édifice E, au point marqué I sur le plan, un sondage limité,
sur une longueur d'environ 0 m. 70, qui rendit au jour « de nombreux débris
d'un intérêt exceptionnel» (1) : fragments d'or, d'ivoire, de bronze, etc.
Un deuxième sondage (II) devant l'extrémité Sud du mur de £, ne donna
aucun résultat (2).
En 1946, fut inscrite au programme des travaux déliens de l'École l'étude
des vestiges intéressant l'histoire archaïque de l'île sainte. Le 10 octobre,
nous prîmes deux ouvriers pour vérifier si le dépôt repéré par R. Vallois
ne se prolongeait pas au-delà de l'étroite zone explorée. Dès les premiers
coups de pioche, donnés immédiatement au Sud du sondage I de
R. Vallois, apparurent, sous un mince blocage de moellons de gneiss, des
fragments d'or, d'ivoire et de bronze, des ossements d'animaux, des
coquillages marins (3). La fouille (10-19 octobre) fut alors conduite avec
l'extrême prudence qu'imposaient la fragilité (ivoires) ou la petitesse des
objets (bijoux et débris). La pioche fut abandonnée pour le couteau que
nous avons généralement manié nous-mêmes. Les plaques d'ivoire, trop
friables pour être nettoyées sans l'aide d'un technicien, furent détachées
avec la terre qui les entourait (pi. XX, 1 et 2 ; pi. XXI, 1), une feuille de
papier collée sur leur face postérieure maintenant en place les parties
brisées (pi. XXI, 2). Un double tamisage des terres permit de recueillir de
nombreux fragments.
Avant de poursuivre la recherche en direction du Sud, nous avons fait
nettoyer le premier sondage de R. Vallois et poussé l'exploration jusqu'à
l'extrémité septentrionale du couloir. Dans toute cette région, la stratigra
phie est particulièrement nette (pi. XXII) : on rencontre d'abord un blocage
de petits moellons de gneiss, épais d'environ 0 m. 25 ; puis une couche de
terre jaunâtre, humide et dure, contenant les débris précieux (épaisseur :
0 m. 30 environ) ; puis une couche presque blanche (stuc décomposé ?)
d'épaisseur variable (0 m. 30 + au niveau de notre coupe, pi. XXII) ; enfin,
apparaît une terre rouge, plus compacte encore, faite de granit désagrégé :
c'est le sol vierge. Dans la partie Nord du couloir oriental, une dalle de
(1) R. Vallois, L'architecture... à Délos, p. 10 sqq. Cf. BCH, LU, 1928, Chronique des fouilles,
p. 498.
(2) Ibid., p. 14.
(3) Nous remercions M. N. M. Condoléon, Éphore des Cyclades, qui a suivi la fouille dès les
premiers instants et à l'amitié duquel nous devons plusieurs suggestions précieuses. 150 H. GALLET DE SANTERRE ET J. TREHEUX
gneiss, découverte par R. Vallois (pi. XXIII, 1) et un sol stuqué qui la
prolonge au Nord (pi. XXIII, 2) marquent la limite inférieure du dépôt
précieux. Leur rôle sera précisé plus tard (1).
Reprise ensuite en direction du Sud, la fouille a rencontré, à environ
4 mètres de l'extrémité Nord du sondage, le mur méridional de l'édifice
primitif Ac qui traverse ici le couloir en oblique (fîg. 1). Au-dessus de ce
mur se trouvaient encore d'assez nombreux objets (tessons, débris de
bronze et d'or, clous de fer, etc.), moins abondants cependant que dans la
zone précédente. Rassem-
l 1*^^^Β^^^^^^ΒΕΕ&ΕΕι&ΕΕεΕΕΕΕΕΕΕΒΕ ^s ^ un mveau élevé,
τ 1 ^^^^^^^^^^^^BË^H^^^^^^H tout près du sol, ils prou
vent que le temple primit
if Ac est plus ancien que
la constitution du dépôt.
Au Sud de Ac, les trou
vailles se firent plus clai
rsemées, puis cessèrent
complètement. Une der
nière plaquette de bronze,
couverte de caractères hel
léniques, était enfouie à
(cf. pi. XXII), tout contre
la fondation hellénistique :
isolé à 1 m. 70 de l'extr
émité Sud du couloir, Fig. 1. — Tronçon du mur méridional de Ac
compris dans le couloir oriental (vue prise du S.-O.) l'objet n'appartient plus
au dépôt (2). Au delà, la
partie méridionale du sondage ne renfermait plus que des tessons de pote
rie grossière dont certains au moins paraissent très anciens.
La zone d'extension des objets précieux se laisse donc assez précisément
circonscrire : entassé en profondeur sur une trentaine de centimètres, le
dépôt est limité au Nord (3) et à l'Est par les fondations du temple D;
(1) Infra, p. 248.
(2) N° 88, p. 235.
(3) L'hypothèse que le dépôt pût se prolonger vers le Nord, au delà de la fondation hellénis
tique, n'était pas en elle-même vraisemblable. Nous l'avons ruinée, par acquit de conscience, en
faisant ouvrir une tranchée contre la fondation Nord de D, dans le prolongement du sondage
d'octobre. Le rocher apparaît à 30 centimètres au-dessous du niveau actuel ; les tessons recueillis
n'étaient pas caractéristiques. EGEEN ET GEOMETRIQUE DE L ARTEMISION A DELOS 151 DEPOT
vers le Sud, il s'arrête à environ 5 m. 50 de l'angle Nord-Est de l'édifice E.
Vers l'Ouest, il n'est pas interrompu par le mur oriental, très peu fondé, de
cette construction : plusieurs objets ont été découverts entre les pierres de
ce mur et sous elles.
Ainsi apparaissait, à la fin des sondages d'octobre (fig. 2), la nécessité