Raymond Bernard Flamenc, dit « Sac de Lois », conseiller des ducs d Anjou, rois de Sicile, et Juge mage de Provence (deuxième moitié du XIVe siècle), (suite et fin) - article ; n°1 ; vol.100, pg 93-111
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Raymond Bernard Flamenc, dit « Sac de Lois », conseiller des ducs d'Anjou, rois de Sicile, et Juge mage de Provence (deuxième moitié du XIVe siècle), (suite et fin) - article ; n°1 ; vol.100, pg 93-111

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1939 - Volume 100 - Numéro 1 - Pages 93-111
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Coville
Raymond Bernard Flamenc, dit « Sac de Lois », conseiller des
ducs d'Anjou, rois de Sicile, et Juge mage de Provence
(deuxième moitié du XIVe siècle), (suite et fin)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1939, tome 100. pp. 93-111.
Citer ce document / Cite this document :
Coville A. Raymond Bernard Flamenc, dit « Sac de Lois », conseiller des ducs d'Anjou, rois de Sicile, et Juge mage de
Provence (deuxième moitié du XIVe siècle), (suite et fin). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1939, tome 100. pp. 93-111.
doi : 10.3406/bec.1939.449188
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1939_num_100_1_449188RAYMOND BERNARD FLAMENG
DIT « SAC DE LOIS »
CONSEILLER DES DUCS D'ANJOU, ROIS DE SICILE,
ET JUGE MAGE DE PROVENCE
(deuxième moitié du xive siècle)
(Suite et fin1.)
V
L'Église romaine et par suite la Chrétienté étaient alors
déchirées par le Schisme. Conseiller du pape comme du duc
d'Anjou, il était inévitable que Raymond Bernard y fût mêlé.
Cependant, de même qu'il évita d'aller négocier à Gênes et
qu'il laissa le duc d'Anjou partir pour l'Italie sans intervenir
activement désormais dans les affaires de Naples, il ne pa
raît s'être occupé du Schisme que par occasion. Pour le pape,
d'ailleurs, comme pour Louis d'Anjou, il est un conseiller
assez mystérieux, plutôt effacé en apparence, une sorte d'émi-
nence grise. Il serait vain, tout d'abord, de chercher son ac
tion et sa plume dans les documents épistolaires écrits au
nom de Louis Ier d'Anjou et réunis dans le ms. XXX 174 de
la Bibliothèque Barberini à Rome2 : ces lettres ont un ton
protocolaire qui ne paraît pas avoir été dans les préoccupat
ions dominantes de Raymond Bernard. Le silence des textes
ne suffît pas, au reste, pour croire que le pape ait toujours
tenu son conseiller à l'écart de la grande politique ecclésias-
1. Voir Bibl. de VÉcole des chartes, t. XÇIX, p. 313.
2. Sur ces lettres et le manuscrit Barberini, voir N. Valois, La France et le
Grand Schisme, I, 146. D'assez longs extraits sont donnés p. 150, 151, 152, 153,
155, 157, 181, 182. RAYMOND BERNARD FLAMENC 94
tique. Ainsi on trouve qu'en janvier 1390, lors du second pas
sage de Charles VI à Avignon, le pape le délègue auprès du
roi pour traiter des affaires de l'Église 1. Mais ce n'est guère
que dans deux circonstances que nous voyons clairement
Raymond Bernard occupé de missions politiques pour le
Schisme.
La première le conduisit jusqu'à Prague. Les efforts faits
par la politique française pour détacher le ,roi des Romains,:
Wenceslas, d'Urbain VI et l'attirer dans l'obédience de Cl
ément VII avaient été mutiles. Après une ambassade envoyée
à Paris en mars 1381 pour plaider auprès de la cour de France
la cause du pape de Rome2, Wenceslas s'était montré as
sez indifférent au Schisme. Les envoyés du pape d'Avignon
ne pouvaient parvenir jusqu'à lui. Comme il n'y avait pas
rupture entre le roi des Romains et le roi de France, c'est
par l'intermédiaire de celui-ci que Clément VII chercha à
agir. Au printemps 1383, une grande ambassade fut organi
sée par le gouvernement de Charles VI pour aller à Prague
avec les instructions de Clément VII3, Elle était composée
de partisans dévoués du pape d'Avignon, notamment de
Pierre de Thury, évêque de Màillezais4, d'Ange de Spolète/
général des Frères Mineurs, et de Raymond Bernard ; ce der
nier était accompagné de Nicolas Buschman, clerc du diocèse
de Liège ; ce fut le pape qui paya les frais de leur mission 5.
A Prague, le 21 août, Raymond Bernard prononça le seul dis
cours qui nous soit resté de l'ambassade6. Ce discours a une
certaine allure : « César, dit-il, puisqu'il est nécessaire de
1. N. Valois, op. cit., II, 153.
2. N. op. cit., II, 274.
3. N. Valois, op. cit., II, 280.
4. Pierre de Thury (Thurey, Saône-et-Loire) a joué un très grand rôle à la cour
pontificale sous Clément VII et fut chargé de missions importantes en Espagne,
en Italie, en Allemagne, comme légat à Avignon ; il avait été créé cardinal le
12 juillet 1385 ; il mourut le 9 décembre 1410. Cf. Baluze-Mollat, II, 862 ; —
N. Valois, op. cit., passim (voir tables, II et IV) et, en particulier, IV, 162.
5. N. Valois, ibid., II, 281, n. 2.
6. Denifle, Chartul. Univ. Paris., III, 668, cite trois manuscrits de ce discours :
Bibl. de Rouen, О 20, fol. 228 ; Bibl. nat., lat. 1472, fol. 132 ; Arch. Vat., arm. 54,
n° 14, fol. 87. Il a été publié dans le Thés, novus anecd., II, с 1120, et par Weiz-
sacker, Deutsche Reichtagsakteh, I, 398. Cf. N.' Valois, op. cit., II, 282, ù. 2. On
peut ajouter un quatrième manuscrit fort soigné à la Bibliothèque nationale,
latin 1469, fol. clxxxix. « SAC DE LOIS » 95 DIT
faire connaître avec force la question à laquelle le prince est
prié de répondre, je dois exposer l'origine et la suite du pré
sent schisme sur lequel certains esprits chagrins épilogu ent
en vain. » Et aussitôt l'orateur fait le récit sommaire de l'élec
tion pontificale, ou plutôt de la violence qui fut faite aux
cardinaux. C'est une grande infortune pour la religion ; Satan
a répandu la semence de zizanie dans le champ du Seigneur.
Raymond Bernard rappelle les conditions nécessaires pour
une élection régulière. Avant la fermeture du conclave, les
officiâtes Romani, avec des paroles polies, mais non sans faire
savoir l'excitation du peuple romain, insistèrent pour l'élec
tion d'un pape romain ou italien, à quoi les cardinaux firent
une réponse juridique. La situation s'aggrava rapidement :
on introduit dans la ville des paysans, gentem rusticam que
inciviliter agit; on expulse les nobles romains suspects de
tiédeur ; la place Saint-Pierre est noire de monde ; ce ne sont
que cris, que portes brisées, qu'attaques des murs, cumulan-
tur terrores. Toute la nuit est troublée par des sons de trompe
et de cloches ; le tumulte redouble au matin. On croit au
massacre des cardinaux. Enfin, sans discussion, timoré mortis
imminentis, les cardinaux, qui s'imaginent tout-à-fait à la
discrétion d'un peuple furibond, élisent l'archevêque de Bari.
C'est le récit fait tant de fois par les Clémentins. Une telle
élection est contraire au droit des gens, au droit canonique,
au droit impérial.
C'est ce que Raymond Bernard, naturellement, s'efforce
désormais de démontrer avec de nombreuses citations des
Décrétales, en invoquant aussi l'autorité du droit romain, de
Paul, du noble Ulpien, du législateur Gaïus. L'élection de
Barthélémy Prignano est donc nulle. Au contraire, celle de
Clément VII à Fondi est parfaite, divinitus elegerunt. Cl
ément VII, d'ailleurs, n'est pas Français ; de la maison de
Savoie, il est sujet de l'Empire. Et Raymond Bernard rap
pelle l'élection irrégulière de plusieurs antipapes et, d'autre
part, le rôle tutélaire pour l'Église romaine qu'a joué alors
le roi de France. Tous les vrais cardinaux ont abandonné
Bari ; tous les anticardinaux d'Urbain VI ont été achetés,
Alençon, l'ancien archevêque de Rouen, l'archevêque de
Ravenne, I'évêque de Verceil ; en chacun d'eux, inaudita RAYMOND BERNARD FLAMENC 96
reperietis in monstrum; et cependant l'antipape les déclare
au-dessus des rois. L'ambassadeur termine en adressant un
bref et pathétique appel à César : Justinien ne s'est-il pas
levé contre les Vandales? On retrouve dans ce discours le
vrai Raymond Bernard, sa précision, sa sobriété, ses préoccu
pations juridiques, son recours aux textes, sa froide rhéto
rique. Il ramasse volontiers sa pensée dans des formules
brèves et expressives ou dans d'heureux choix de mots : il
va s'exprimer en pleine lumière, in conspectusolis. Les paroles
apaisantes, Manda verborum congeries, sont impuissantes ; on
ne peut raisonner la foule : çiri irrationabiles ratione non con
tenu. La terreur s'ajoute à la terreur, ut timor adderetur timori.
S'il n'y a pas liberté, il n'y a plus élection : Cessât electio, dum
facultas adimitur eligendi. Clément VII est de. l&

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