Recherches sur quelques inscriptions mônes - article ; n°1 ; vol.64, pg 83-114
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1977 - Volume 64 - Numéro 1 - Pages 83-114
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Emmanuel Guillon
IV. Recherches sur quelques inscriptions mônes
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 64, 1977. pp. 83-114.
Citer ce document / Cite this document :
Guillon Emmanuel. IV. Recherches sur quelques inscriptions mônes. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome
64, 1977. pp. 83-114.
doi : 10.3406/befeo.1977.4888
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1977_num_64_1_4888RECHERCHES
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS MÔNES*
PAR
E. GUILLON
II. TABLETTES TROUVÉES DANS L'ÉTAT SHAN1
En 1971 deux plaques votives en terre cuite, moulées, ont été
découvertes à Momeik, à une trentaine de kilomètres au Nord-Est de
Mogok, Nord-Est de la Birmanie.
Ce fut à l'occasion d'une réparation à la pagode « Shwezali »2 de
Momeik que les bonzes du monastère voisin découvrirent les deux
inscriptions, au dos de plaques représentant le Bouddha. Un estampage,
d'assez mauvaise facture, fut alors réalisé par la sous-direction de
Mandalay du Bureau Archéologique de Birmanie. Les originaux sont
cependant retournés à Momeik, selon le désir de ceux qui les avaient
découvert. Malheureusement la taille n'a pas été notée à cette occasion,
et les Bouddhas des rectos n'ont pas été photographiés3.
Deux faits nous ont semblé dignes d'attention à propos de ces
tablettes : le lieu de la découverte, et aussi que, pour la première fois,
on ait trouvé une tablette inscrite en mon signée Aniruddha.
Momeik : Momeik est établi sur le seul espace plat un peu conséquent
de la région (c'est pourquoi on y a construit un petit aérodrome qui
* Cf. B.E.F.E.O., tome LXI, 1974, p. 339-348. Les abréviations utilisées sont celles
de ce précédent article. Les deux photos qui devaient illustrer l'analyse ayant alors été omises
nous les présentons ici sous les fig. 1 et 2.
(1) Sous ce titre — et sous le suivant — nous reprenons, en la complétant quelque peu,
notre communication faite au XXIXe Congrès International des Orientalistes (Paris,
16-22 juillet 1973).
(2) с д. f«3 Rhwejali du nom de la rivière voisine (littéralement : « bord-de-panneau-de-
bambou-tressé d'or »).
(3) Rappelons que les représentations du Bouddha au recto de ce type de plaques, en
Birmanie, représentent : soit trois Bouddhas, accompagnés des Lokanâtha et Maitreya en
Palitâsana ; soit dix Bouddhas ; soit vingt-neuf, également de Lokanâtha et
Maitreya ; soit enfin cinquante Bouddhas — tous symétriques et tous en Bhûmisparsa
mudra ; cf. O.B.E.P. I, p. 17 ; et U Mya : Votive tablets of Burma, vol. I, fig. 6, 8, 10 et 11. 84 E. GUILLON
dessert la région minière). Il est remarquable que c'est à cet endroit
que l'on ait découvert ces nouvelles inscriptions : elles semblent attester
que dès la deuxième moitié du xie siècle le fief de Mogok et de ses mines,
qui jouxte d'ailleurs, à l'Ouest, des gisements de jade, ait eu quelque
rapport crucial avec la Cour de Pagán.
En effet on pensait jusque-là que Momeik1 avait été fondé en 1238
dans la chefferie Shan de Hsemvi (au Nord de l'actuel Lashio2), qui
payait tribut aux royaumes du Yunnan. La découverte de ces plaques
nous oblige à faire remonter l'occupation de ce lieu beaucoup plus tôt :
une ville, ou tout au moins un village, avec pagodes et monastères,
y était établi dès la fin du xie siècle. Ce qui serait à rapprocher
d'une découverte que fit E. C. S. Georges en 19153 qui trouva, dans la
même région de la rivière Shwezali des tablettes votives « portant des
inscriptions en sanskrit et bengali (?) du vne et du ixe siècle A.D. » (?).
Malheureusement ces tablettes ont été probablement perdues, car il
n'en est fait mention nulle part ailleurs, et les catalogues de l'Archeo-
logical Survey de Rangoon n'en font pas état.
On connaît actuellement cette région, dite « la région minière », sous
le nom de Mogok. C'est là qu'on trouvait encore naguère les plus beaux
rubis, spinelles, saphirs, etc., de Birmanie. Et en dehors de Ceylan — où
l'on n'a pas trouvé de rubis « sang de pigeon » — c'est l'un des rares endroits
au monde où l'on extrait du sol ce type de pierre précieuse4. On s'explique
dès lors aisément que depuis près de 900 ans le pouvoir birman,
chaque fois qu'il fut assez fort pour dominer la plaine, régissait dire
ctement toutes les mines, les disputant ainsi aux suzerains chinois, puis
aux puissances européennes. On peut aussi rappeler que les négociations
entre la France (sous Jules Ferry en 1884) et la cour de Mandalay
menacèrent d'échouer devant les prétentions des négociateurs français
à vouloir exploiter ce domaine royal privilégié — ce que les rois Mindon
comme Thibaw refusèrent ; et que les anglais montèrent à grand frais
une « Ruby Mine Company », dès leur installation en pays shan, qui
échoua entièrement5.
(1) Devenu, sous l'occupation anglaise, le centre du «Ruby Mine State», tel qu'on
l'appelle encore en mon actuel.
(2) Cf. G. E. Harvey, op. cit., p. 101 et sq. En 1465 la princesse de Momeik, Nang-han-
Lung, tenta d'ériger sa chefferie en royaume indépendant, payant tribut à la Chine isolément,
et chercha même à s'allier avec l'empereur d'Annam.
(3) E. С S. Georges «Ruby Mines district gazetteer», Rangoon, 1915, vol. A, p. 37.
(4) Ces variétés de coryndon, oxydes d'aluminium dont la dureté (9) vient juste après
le diamant (10), ont toujours été très recherchées et coûteuses.
(5) Une histoire des trajets et voyages des rubis de Birmanie et une ethnographie des
pierres précieuses dans ces montagnes restent encore à faire. On vient de le voir, c'est bien avant
la prise de Momeik en 1556 par le roi birman Bayinnaung, que se faisaient les échanges — et de
fort loin sans doute. Pour l'ethnographie, à la matière fort riche, les pratiques rituelles et
religieuses, les divisions sociales locales (les mineurs sont divisés, selon leur mode de bénéfice
en « mangeurs de trous (de mine) » et en « mangeurs de karma »), les interdits (portant sur la
présence des éléphants, des chevaux), etc., tout cela forme un ensemble peu connu et, à notre
connaissance, non encore étudié. Il s'est curieusement perpétué en partie au Cambodge, par
des Shan, dans les mines de saphir de la région de Battambang (cf. à cet égard le « District RECHERCHES SUR QUELQUES INSCRIPTIONS MÔNES 85
II se pourrait donc que l'intérêt principal de la découverte que nous
exposons ici soit dans ce fait : Mogok-Momeik et les mines avaient,
pour le pouvoir royal birman de Pagán, une certaine importance.
En effet on a souvent parlé des 16 villages qui furent à l'origine de la
fédération de Pagán1. Mais ce royaume, pour être fort, devait s'assurer
surtout de trois domaines essentiels : Popa ; Kyauksè-Minbu ; Mogok.
Popa : le centre sacré n'était pas tant la cité fortifiée de Pagán
elle-même, mais cette montagne, séjour des esprits nationaux, où le roi
allait, à la pleine lune de décembre, sacrifier buffles, porcs et poulets
aux deux esprits gardiens du royaume, qui se trouvaient aussi présents
à la porte Tharaba de la cité2. Des légendes et les chroniques
semblent évoquer quelque divinité chtonienne — lointain souvenir
peut-être de tremblement de terre ou d'éruption volcanique. Outre ce
mont sacré, qui s'élevait déjà au centre du Tattadesa, le pays sec et
infertile qui l'entoure, Pagán s'était assuré de deux régions agricoles
riches : la plaine irriguée de Kyauksè, grenier à riz, à légumes et à
fruits, et, plus au Sud, la région irriguée de Minbu. Cette irrigation3,
antérieure à la venue des Birmans, avait peut-être été établie dès
le « néolithique ». Et si la chute de Pagán, comme E. Huber l'a
montré en 19094, moins qu'une spectaculaire défaite militaire, devrait
minier de Phailin et l'exploitation de ses gisements de saphirs » — Revue Indochinoise 1920,
tome XXXIII, 2, pp. 27 à 55. Selon une enquête sur place que nous avons faite en décembre
1971 à Mogok, on dit encore que « du temps des rois », et l'on sait que cette expression en

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