Réforme orthographique et graphémologie - article ; n°1 ; vol.20, pg 45-51
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Description

Langue française - Année 1973 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 45-51
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 43
Langue Français

Extrait

André Porquet
Réforme orthographique et graphémologie
In: Langue française. N°20, 1973. pp. 45-51.
Citer ce document / Cite this document :
Porquet André. Réforme orthographique et graphémologie. In: Langue française. N°20, 1973. pp. 45-51.
doi : 10.3406/lfr.1973.5653
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1973_num_20_1_5653André Porquet, C.N.R.S., Paris.
RÉFORME ORTHOGRAPHIQUE ET GRAPHÉMOLOGIE
A la Table ronde internationale qui se tint auC.N.R.S. les 12-13 janvier
1973, Nina Catach a usé d'une formule éloquente pour éclairer la situation
française en matière de réformes orthographiques : « Nous entrons mainte
nant dans l'histoire des réformes; auparavant ce n'était que leur préhist
oire. » Peytard et Genouvrier expriment le même sentiment, au chapitre
« Système et Orthographe » de leur ouvrage Linguistique et enseignement
du français (Larousse, 1970), lorsqu'ils signalent que la plupart des tenta
tives actuelles « sont marquées de l'esprit de la linguistique structurale ».
Il est vrai que récemment encore les plus grands linguistes n'abordaient
guère la langue écrite que dans sa superstructure. Ils entendaient supprimer
les incohérences de notre transcription, remarque René Thimonnier (ch. IV
du Système graphique du français, Pion, 1967), « relativement à des critères
dont l'importance variait avec chacun d'eux : critère phonétique, critère
étymologique, principes de distinction et de rapprochement, usage; encore,
pour les besoins de la cause, souvent usait-il tantôt d'un critère tantôt d'un
autre ».
Il appartenait au structuralisme de la fin de notre siècle d'entreprendre,
avant toute démarche, la recherche objective d'un système graphique,
et ainsi de promouvoir la graphémologie comme nouveau secteur de la
linguistique scientifique.
L'affirmation de cette méthodologie commune est assurément le résultat
capital de la Table ronde internationale de janvier. Mais il apparaissait
que toutes les tentatives récentes n'étaient jusqu'ici que fragmentaires
et que l'aboutissement définitif de cette recherche était encore lointain.
Il fallait donc, dans le même temps, être prêts à toute réforme que les
circonstances rendraient possible : il fallait définir des principes généraux
de réforme en plein accord avec cette méthodologie. Et l'adoption — presque
sans réserves — de tous ces principes que nous publierons plus loin x repré
sente sans nul doute un fait important dans l'histoire des réformes.
***
II est exact, comme le souligne René Thimonnier (cité plus haut),
que, pour simplifier notre transcription, les réformateurs du passé invoquaient
les critères variés en raison desquels elle s'était historiquement établie :
1. Cf. aussi, dans ce même numéro, Table ronde sur la structure de l'orthographe
française, compte rendu.
45 Brunot proposait fame par conformité avec la prononciation; Ferdinand
Charles Beaulieux soutenait aussi cette graphie pour revenir au « bel
françois du xne siècle »; Dauzat s'y refusait par étymologisme (femina)
et par souci de l'analogie (féminin, femelle, etc.); la Commission Beslais
de 1965 ne jugeait pas « concevable » de modifier la physionomie de ce
mot parce qu'il appartenait « au vocabulaire fondamental de l'humanité »,
tandis qu'elle admettait les graphies plus phonétiques prudament, solanel,
etc.; et quand Dauzat voulait rectifier poids (pensum), la Commission
Beslais désirait le maintenir, « en dépit de l'erreur généalogique », au nom
de la distinction homonymique.
Assurément, on décèle quand même dans la plupart des projets une
orientation générale; mais souvent des principes qui sont déclarés fondamen
taux par les auteurs se trouvent ensuite contredits, et annihilés dans
leurs effets, par des réserves qui prennent une extension plus grande qu'il
n'apparaît au premier abord; par exemple, Bruneau et Pernot, en 1948,
ont raison de considérer le dédoublement des géminées comme une mesure
importante de simplification; mais, par la suite, ils ajoutent qu'« il y a
flottement dans la prononciation », qu'« on prononce addition en arithmé
tique et adition au restaurant » et qu'en conséquence « la liberté sera laissée
à chacun d'écrire ou non les consonnes redoublées suivant qu'il les fait ou
ne les fait pas sentir ». Ce serait en premier lieu introduire une tolérance
orthographique bien discutable et qui conduirait un scripteur à écrire le
même mot tantôt d'une façon tantôt d'une autre. Ensuite, en l'absence de
règle et par conformisme social, il y aurait de fortes chances qu'on conserver
ait simplement les graphies anciennes : c'est-à-dire que cette mesure de
dédoublement serait pratiquement une mesure pour rien.
Ce dernier exemple me paraît démonstratif de la confusion que l'on
trouve dans les projets même récents, parce que leurs auteurs n'avaient
pas imaginé une analyse structurale de la transcription. S'ils avaient procédé
à cette analyse, ils auraient pu comparer entre eux les critères afférents à
un certain ordre de difficultés, ils auraient alors compris la nécessité d'une
option pour ce qui leur apparaissait linguistiquement fondamental.
Pour prendre l'exemple des géminées, il est d'abord deux cas où leur
valeur sémantique interdit le dédoublement :
— celles des futurs courrai, mourrai, s'enquerrai, conquerrai, acquerrai,
et des conditionnels présents des mêmes verbes; à l'oral comme à l'écrit,
la consonne double distingue ces deux temps de l'imparfait; 2
— celles qui se rencontrent à la jonction d'un radical et d'un préfixe
qui demeure significatif comme dans interrègne, illisible, irrésistible,
immobile, etc.
En second lieu, il est cinq cas de géminées dont le dédoublement est
lié à des remaniements dans d'autres secteurs de la transcription, et qu'on
doit donc maintenir tant qu'on ne procède pas à ces remaniements :
— le ss intervocalique pourrait remplacer par s simple à valeur
dure si le s doux était toujours figuré par z;
— le II qui transcrit le yod ou participe à sa transcription (paille,
rouille, plie, etc.);
— le ce et le gg devant e ou i, comme dans accepter, accident, suggérer,
etc. (à moins qu'avec Ferdinand Brunot on écrive axepter, axident, sugjérer);
— le mm de la finale -emment des adverbes à moins de rectifier la
représentation du son /a/ (prudament, mais alors solanel, couane, etc., et
même peut-être fame?);
2. La consonne double distingue aussi les lre et 2e personnes du futur et du pré
sent : nous courrons /nous courons, etc.
46 — le nn ou le mm d'ennoblir, ennuyer, emmener, immangeable, etc.,
qui sont d'ailleurs de fausses géminées, puisque le premier n ou le premier m
servent à marquer la nasalisation de la voyelle précédente.
Le projet Beslais, le premier, en 1965, a entrevu cette structuration
— la nécessité de structurer commençait à s'imposer — , mais partiellement;
et au surplus, sa structuration était entachée d'erreurs : par exemple,
je pourrai, je pourrais, je verrai, je verrais, dont le rr n'avait aucune valeur
morphosémantique (Je pourrais/je pouvais, etc.), étaient confondus avec
les formes des cinq verbes cités plus haut où le rr prend cette valeur (Je
mourrais /je mourais, je courrais /je courais, etc.).
Aussi curieusement on y soutenait le maintien des géminées d'innocent,
d'immanent, etc., en considérant que le préfixe, dans ces mots, était resté
significatif (sans préciser qu'il pouvait l'être seulement pour les latinistes).
L'analyse structurale, à laquelle nous avons procédé à propos des
géminées, nous présente seulement un premier aspect dans la découverte
de notre système graphique : en effet, les sept cas que nous avons envisagés
sont uniquement relatifs à des rapports phonographiques; mais admettons
tout de suite que ces rapports sont privilégiés, car la distinction phonique
et la distinction graphique vont ici de pair pour assurer la signification
(Je courrais /je courais, une fille /une file, prudemment /prudement, etc.).
Bien sûr des améliorations possibles du f

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