Inscriptions juives et judaïsantes de l Afrique romaine - article ; n°1 ; vol.17, pg 165-207
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Description

Antiquités africaines - Année 1981 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 165-207
43 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 156
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Yann Le Bohec
Inscriptions juives et judaïsantes de l'Afrique romaine
In: Antiquités africaines, 17,1981. pp. 165-207.
Citer ce document / Cite this document :
Le Bohec Yann. Inscriptions juives et judaïsantes de l'Afrique romaine. In: Antiquités africaines, 17,1981. pp. 165-207.
doi : 10.3406/antaf.1981.1077
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/antaf_0066-4871_1981_num_17_1_1077Antiquités africaines
1. 17, 1981, p. 165-207
INSCRIPTIONS JUIVES ET JUDAÌSANTES
DE L'AFRIQUE ROMAINE1
par
Yann LE BOHEC
Quelques trop rares études viennent rappeler parfois qu'il y a eu des Juifs dans l'Afrique romaine 2.
Ceux-ci pourtant devraient intéresser au moins trois catégories de chercheurs : les premiers sont
les spécialistes de l'Afrique ancienne qui ne sauraient méconnaître une communauté étrangère cohérente
et active ; viennent ensuite les érudits intéressés par le judaïsme, qui auraient tort de négliger ce secteur
de la Diaspora dont les apports au Talmud sont incontestés 3 ; citons enfin les savants qui se consacrent
à l'étude du christianisme, car celui-ci n'est pas sans rapports étroits avec le judaïsme, bien que ces rap
ports se soient le plus souvent traduits par des actes d'hostilité 4.
A l'intention de tous, il a paru utile de regrouper l'ensemble des inscriptions connues, avec la biblio
graphie qui s'y rapportait, de façon à mettre à jour, en guise de conclusion, la carte tracée jadis par Paul
1 C'est un agréable devoir de remercier ici M. G. Nahon chargé de conférences à l'I.N.L.C.O., auteur d'une étude
sur le judaïsme en Algérie, parue dans les Nouveaux Cahiers (n° 29, été 1972), qui a bien voulu nous conseiller pour les termes
hébreux, ainsi que Monsieur le Professeur M. Le Glay qui a relu très attentivement le présent travail.
2 Lassère (J.-M.), Vbique populus, 1977, p. 413-426, a donné à ce propos la dernière étude scientifique.
3 Cahen (Α.), Les Juifs dans Γ Afrique septentrionale. R.S.A.C, t. 11, 1867, p. 320 ; Neubauer (Α.), La géographie
du Talmud, 1868, en particulier p. 400-413. Ce livre est toujours utile, mais peut être rajeuni pour certains aspects grâce à
Strack (H.L.) et Billerbeck (P.), Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrasch, Geographisches Register,
VI, 1961 ; voir aussi, sur un point précis, Strauss (H.), Jüdische Quellen frühchrist lischer Kunst, Z.N.T.W., t. 64, 1973, p. 323-
324. On consultera aisément le Talmud dans des traductions : pour celui de Babylone, Rodkinson (M.), 9 vol., 1918 et Epstein
(I.), 7 vol., 1953, texte hébraïque et traduction par le Rabbinat français en cours (libr. Colbo) ; pour le Talmud de Jérusalem,
Schwab (M.), 6 vol., 1960.
4 Lukyn Williams (Α.), Adversus Judaeos, 1935 et Simon (M.), Verus Israel. Etude sur les relations entre Chrétiens et
Juifs dans l'Empire romain (135-425), 2e édit., 1964, sont les deux ouvrages fondamentaux sur la question ; depuis ces deux
classiques de l'histoire du judaïsme, il suffit, pour se mettre à jour, de recourir à Horbury (W.), J.Th.S., t. 23, 1972, p. 455,
Frend (W.H.C.), R.S.L.R., t. 4, 1968, p. 3 et Hirschberg (H.Z.), A History of the Jews in North Africa, 2e edit., I, 1974,
p. 72 et suiv., ainsi que Aziza (C), Tertullien et le judaïsme, 1977, V-327, (voir infra η. 5, p. 168). 166 Y. LE BOHEC
Monceaux 1. Bien que notre Afrique soit limitée aux pays de langue latine qui s'étendent du golfe des
Syrtes aux colonnes d'Hercule, c'est là une tâche ardue : le premier obstacle était de rassembler une
documentation abondante et extrêmement dispersée, qu'il fallait parfois chercher dans des revues d'accès
difficile. En effet, les grandes publications sont là-dessus très incomplètes : le recueil du Père J.B. Frey 2
ne donne comme textes africains que les inscriptions d'Egypte et de Cyrénaïque ; un article de P. Monceaux 3
est ajuste titre célèbre, mais, il faut bien l'admettre, ancien ; en outre, beaucoup de découvertes ont échappé
aux grandes revues 4, car leur aspect trop souvent modeste n'a pas attiré l'attention.
Une autre difficulté était de reconnaître comme telles les inscriptions juives ou judaïsantes, car bien
souvent elles sont en tous points semblables aux textes païens ou chrétiens. C'est ainsi qu'il a fallu une
étude subtile pour établir le caractère judaïsant d'une famille africaine 5. Pour trancher, nous disposons
heureusement de critères divers, mais assurés, et qui sont d'autant plus solides que souvent ils se recoupent :
on retrouvera ainsi une même inscription dans plusieurs des rubriques qui vont être présentées ci-dessous.
Ces critères, pour la commodité de l'exposé, il est possible de les classer en trois grandes catégories, épigra-
phiques, onomastiques et archéologiques.
Les critères épigraphiques sont les moins sujets à caution, en dépit de leur diversité, et ils sont au
nombre de trois. La mention, sur une épitaphe, de l'ethnique Iudaeus, — a indique sans hésitation possible
un Juif ou une Juive, ce qui est le cas de huit textes de ce recueil (nos 33, 69 à 71 et 73 à 76). On ne peut
non plus garder aucune incertitude quand la pierre porte des caractères hébraïques, — accompagnés
le plus souvent, il est vrai, de lettres latines ou grecques — , et l'on trouve ici six inscriptions (nos 7, 18,
22 à 24 et 80). Enfin, un certain nombre de personnages se font gloire de charges ou fonctions religieuses
qui ne se rencontrent que dans la religion de Yahvé ; ils sont sept en tout, et l'on distingue parmi eux
un archon (n° 65), un archisynagogus (n° 14), deux « pères de la synagogue» (nos 74 et 79), deux semi
synagogae (n° 15) ainsi qu'un rabbin (n° 80). Il va de soi que tous ces gens ne sauraient être que des Juifs.
Il est plus délicat de se prononcer à partir de l'onomastique. En effet, on le constatera dans l'Index,
les Juifs africains portaient souvent les mêmes noms que les païens ou les chrétiens ; un tel argument,
isolé, ne paraît donc guère devoir être décisif. Il convient toutefois de faire trois exceptions. D'abord
à cause du souvenir attaché à l'apôtre félon, un Judas ne saurait être chrétien 6, et en outre, il n'y a pas
1 Monceaux (P.), Les colonies juives dans Γ Afrique romaine, Rev. Et. Juives, 1904, p. 1-28 = Cah. Tun., t. 18, 1970,
p. 5-30. Cet art. a directement inspiré les pages consacrées au judaïsme africain dans les grandes synthèses d'histoire juive :
Juster (J.), Les Juifs dans l'Empire romain, 1914, p. 207 sqq. ; Schürer (E.), Geschichte des jüdischen Volkes im Zeitalter
Jesu Christi, III, 4, 1909, p. 53 sqq. ; il en est de même pour Thieling (W.), Der Hellenismus im Kleinafrika, 1911, 1964 (2e
edit.) ; cet ouvrage, essentiel, doit être remis à jour à l'aide des notices annuelles du Bull. Epigr. de la R.E.G. On verra aussi
avec profit l'utile étude de Reinach (Th.), s.v. Iudaei, dans Daremberg et Saglio, Dictionnaire..., III, 1, 1900, p. 624 sqq.
et l'œuvre de Baron (S.W.), A social and religious History of the Jews, 2e edit., 1952.
2 Frey (J.-B.), Corpus Inscriptionum Judaicarum, 2 vol., 1936 et 1952.
3 Monceaux (P.), Enquête sur l'épigraphie chrétienne d'Afrique, R.A., 1904, p. 354-373.
4 L'A.E., par exemple, n'a pas reproduit les dernières découvertes carthaginoises.
5 Monceaux (P.), Païens judaïsants, essai d'interprétation d'une inscription africaine, R.A., 1902, p. 208-226 ;
Cumont (F.), R.A., 1916, η. 4, p. 9, pense qu'il s'agit en réalité de notables ayant subi une influence stoïcienne, mais ne rend
pas compte avec cette méthode de toutes les expressions mises en valeur par P. Monceaux ; cf C.R.A.I., 1912, p. 151 sqq.
6 On repoussera l'objection que ce nom puisse être celui de saint Jude : Jude se traduit normalement en grec par 'Ιούδα
et en latin par luda (on trouve exceptionnellement 'Ιούδας en grec : Jean, XIV, 22, et ludas en latin : voir, e.g., C.I.L., XI,
256, qu'il faut lire ainsi sans doute : ...Bartolomeus, luda, Szelotes Simon Cananeus, etc.). Mais, pour éviter toute confusion
avec l'apôtre félon, il est appelé Thaddée dans les inscriptions (e.g., C.I.L., XI, 261 et 291) ainsi qu'au canon de la messe ;
on remarque même que les sacramentaires romains ne le citent jamais : (card.) Schuster, Liber sacramentorum, IX, 1933,
p. 77 (nous remercions M. l'abbé Ch. Molette pour cette dernière précision). C'est ainsi que l'on peut avec vraisemblance
penser avoir un Juif converti dans une épitaphe trouvée à Rome et qui nous fait con

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