Jean Macer, François Xavier et Guillaume Postel ou un épisode de l histoire comparée des religions au XVIe siècle - article ; n°1 ; vol.170, pg 47-69
24 pages
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Jean Macer, François Xavier et Guillaume Postel ou un épisode de l'histoire comparée des religions au XVIe siècle - article ; n°1 ; vol.170, pg 47-69

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1966 - Volume 170 - Numéro 1 - Pages 47-69
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Secret
Jean Macer, François Xavier et Guillaume Postel ou un épisode
de l'histoire comparée des religions au XVIe siècle
In: Revue de l'histoire des religions, tome 170 n°1, 1966. pp. 47-69.
Citer ce document / Cite this document :
Secret François. Jean Macer, François Xavier et Guillaume Postel ou un épisode de l'histoire comparée des religions au XVIe
siècle. In: Revue de l'histoire des religions, tome 170 n°1, 1966. pp. 47-69.
doi : 10.3406/rhr.1966.8380
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1966_num_170_1_8380Jean Macer, François Xavier
et Guillaume Postel
ou un épisode de l'histoire comparée
des religions au XVIe siècle
G. Atkinson, dans Les nouveaux horizons de la Renaissance
française, a fait un sort à l'un des auteurs géographiques,
dont il avait dressé la bibliographie1, en le présentant comme
un « philosophe » do 1Г>Г>Г)2. Jean Macer, qui publia, à Paris,
à cette date, Les trois livres de l'histoire des Indes, accomplie
de plusieurs choses mémorables, autant fidèlement <\ue sommair
ement composez en latin, et depuis nayuères faicis en francoys3,
est ainsi présenté :
« II convient d'accorder une place à part aux Trois livres
de V histoire des Indes, car ils peuvent nous montrer qu'il n'y
avait pas seulement, au xvie siècle en France*, des partisans
catholiques, des partisans protestants et des esprits lucides.
Il y avait en outre des esprits moqueurs, gais, des gens bien
portants qui riaient. Et quelques-uns riaient même au sujet
des choses « sacrées ». Macer est de ces derniers : une sorte
d'auteur rare à son époque et unique parmi les auteurs
« géographiques »... Il faut considérer Macer ici, puisque sa
gaieté s'exprime aux dépens de la religion chrétienne. Nous
citerons assez longuement ce « philosophe du xvine » qui eut
1 '.> La lilléralure géographique française de la Renaissance, Paris, 1927 ; Supplé
ment, 193У.
2) Les nouveaux horizons de la Renaissance française, Paris, 1935, p. 237-240.
3) Un exemplaire, retrouvé par Atkinson à l'Arsenal (8 II. 17.546). Atkinson
a présenté J. Macer comme pouvant être Jean Le Bon dit Hetropolitain (d'Autre-
villej. La présence, en tête de la version française des Trois livres, d'un poème à
la louange des deux sœurs Belrien, auxquelles Macer dédia son traité, ne permet
pas cette attribution, dont les auteurs qui ont étudié Le. Bon ne parlent pas.
Mais on retrouve des vers de Jean Le Bon en tète du De prosperis Gallorum
successibus libellus, Paris, 1555, et une référence au même dans le Panegyricus ,
Paris, 1555, fol. 15. 4H REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
le malheur de naître deux siècles avant le public, incrédule
« qui l'aurait prisé...
Le Pontife japonais. « En lui est le gouvernement des
choses spirituelles et séculières. Car il a la jurisdiction tant
sur les clercs que sur les lais. Toutefois, jamais il ne fait la
guerre, ni la justice criminelle, mais il s'en remet complète
ment à un seigneur temporel, son délégué, qu'ils nomment
Colchio ou Colxo... C'est une chose merveilleuse que Dieu, par
la nature, leur enseigne ce que nous savons par la grâce et
la nature ensemble. Et encore ne voulons-nous pas le faire,
en laissant les guerres et les supplices aux séculiers. J'entends
les supplices corporels. Certainement, il ne peut advenir aux
hommes une plus grande ruine que de ne pas demeurer,
chacun dans sa vocation, sans confondre et mêler ce qui
appartient aux séculiers avec le droit de la jurisdiction ecclé
siastique... (103-9-10).
« Les prêtres et les moines japonais ont beaucoup de
jeûnes et ne mangent jamais de chair, ni d'autres animaux
de peur que la chair ne leur rebelle. En cela, ils ressemblent
aux Pythagoriques, qui ne mangeoient nul animal, et ne
mangeoient qu'une fois par jour. Ceux-là estoient fort diffé
rents de certaines gens qui se lamentent aujourd'huy de ce
que nous sommes invités à l'abstinence de la chair, en usant
du poisson. Ces religieux du Japon, qui sont de si grande
sobriété, se lèvent tous à minuit, comme faisoit David et les
prophètes, et ayant prié une demi-heure se retournent à
dormir (14).
« Ils connoissent et adorent un Dieu, lequel ils nomment
en leur langue Déniche : ils le peignent ayant trois têtes sur
un seul corps. Des trois têtes ils ne savent donner aucune
raison. Ceux qui vivent là jugent que c'est l'image de la
Trinité et de l'Unité. Les Japonais se délectent à donner
plusieurs têtes à leurs idoles ; car ils pensent que celui qui
plus en a, d'autant plus est-il homme de bien et de vertu (1Г>).
« Peu à peu, ils ont converti la vérité de Jésus en une
fable de je sais quel Dieu barbare qu'ils appellent Schiaca JEAN MACER, FRANÇOIS XAVIER ET GUILLAUME POSTEL Л\)
(Macer explique la croyance des Japonais que Schiaca est né
d'une Vierge, par les voyages de saint Thomas) (16).
« Par ces choses, il est notoire à chacun que la religion des
Japonais n'est guère dissemblable à la nôtre. Sous le nom de
Schiaca, ils semblent adorer le Christ, lequel il est credible
avoir hanté ce pais-là. Mais parce qu'ils ne l'ont pas du
tout entendu, il se fait qu'en quelques choses ils ne sont pas
d'accord avec nous (18).
« Ils estiment, comme nous, que les oraisons, jeûnes,
aumônes, pérégrinations servent pour la remission des péchés,
tant des vivants que des trépassés... Et ils le font plusieurs
fois par an, et ils dînent comme nous. Mais il y a une diffé
rence entre leur jeûne et le nôtre, car celui qu'ils pratiquent
est estroit et sévère, le nôtre est large et suave. Car nos col
lations valent bien un souper passable (25).
« II y a une montagne, où il y a environ cinq mille rel
igieux, qui ont un grand nombre de serviteurs, dans de
grandes et belles maisons bien accommodées... où ils ont une
abondance de vêtements, de victuailles et de toutes choses
nécessaires à l'homme. Ceux-ci sont tellement amateurs de
chasteté qu'ils ne laissent approcher les femmes de plus de
mille pas... Et en ce qu'ils sont riches et opulents, ils sont
différents d'autres moines, qui font trois vœux de chasteté,
de pauvreté et d'obéissance (25).
« L'abominable péché, maudit de Dieu, de simonie... est
défendu par les constitutions des grands Pontifes et par les
Empereurs Romains... Plût à Dieu qu'elles fussent observées
aujourd'hui : par aventure que les scismes et les seditions
seraient moindres qu'ils ne le sont (26-27).
« Job le plus clair prophète... le seul Job, en ceci vraye-
ment une pierre orientale et précieuse, a écrit, ou fait écrire
dans sa doctrine : « Je sais, et ne le crois pas seulement, que
« mon Rédempteur est vivant, et que je ressusciterai, et que
« je verrai de ces yeux-ci, et non d'autres, mon Rédempteur
« au dernier jour » (49-50. Inutile de dire que l'idée n'est
pas de Job). 50 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
« Quelqu'un pourrait dire que la perversité et infidélité
des habitants des Indes les retient et incite ou invite à la
familiarité des mauvais esprits. Mais je suis assuré qu'il y a,
entre les Chrétiens, plus de "eus qui désirent invoquer les
esprits, s'ils le pouvoient qu'aux Indes orientales (69). »
Pour conclure, nous citerons un passage qui rappelle étra
ngement par la fausse logique préméditée, une méthode litté
raire devenue célèbre à l'époque de Voltaire. Chez un auteur
aussi fin que Macer, l'obscurcissement délibéré eut un but
facile à deviner... Un passage obscur chez Macer, qui s'exprime
en général avec lucidité et avec force, est frappant. L'intention
comique des phrases suivantes n'a même pas besoin de
commentaires :
« Une vérité est d'autant mieux prouvée, que le témoin
en est moins affecté, aussi les témoins des Gentils, quant aux
choses de la divine autorité, sont plus à considérer que les
nôtres. Car nous sommes obligés de croire, et eux n'y sont
pas tenus, et néanmoins l'affirment. Donc cela ne peut être
faux, que les voisins de l'Asie orientale affirment conformé
men

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