Pierre Courcelle. Les Lettres grecques en Occident. De Macrobe à Cassiodore  ; n°1 ; vol.131, pg 187-197
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Revue de l'histoire des religions - Année 1946 - Volume 131 - Numéro 1 - Pages 187-197
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Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 46
Langue Français

Extrait

Henri-Charles Puech
Pierre Courcelle. Les Lettres grecques en Occident. De
Macrobe à Cassiodore
In: Revue de l'histoire des religions, tome 131 n°1-3, 1946. pp. 187-197.
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Puech Henri-Charles. Pierre Courcelle. Les Lettres grecques en Occident. De Macrobe à Cassiodore. In: Revue de l'histoire
des religions, tome 131 n°1-3, 1946. pp. 187-197.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1946_num_131_1_5487ET COMPTES RENDUS 187 ANALYSES
Pierre Courcelle, Les Lettres grecques en Occident. De Macrobe
à Cassiodore. Paris, E. de Boccard, 1943. Un vol. in-8°, xvi +
440 p.
Cette thèse de doctorat, présentée à la Faculté des Lettres de
l'Université de Paris, est certainement le plus important des travaux
de langue française qui ont été, au cours de ces dernières années,
consacrés à la littérature patristique ou, plus généralement, à l'his
toire de la culture occidentale, de la mort de Théodose à la reconquête
justinienne. Bien que cette littérature et cette histoire n'y soient
abordées que sous un angle volontairement réduit (l'étude de l'i
nfluence exercée par les auteurs de langue grecque sur les Latins qui,
au ve et au vie siècle, écrivent en Occident ou pour le public d'Occi
dent), le sujet en a une portée considérable, puisqu'il ne s'agit de
rien de moins que de dénombrer et de définir l'acquit intellectuel,
l'héritage spéculatif et scientifique sur lequel vivra notre Haut
Moyen âge, et il ne laisse pas d'être neuf : jamais, malgré certains
travaux de détail ou -d'approche et quelques trop brefs exposés, il
n'avait été traité avec autant d'ampleur et d'une façon aussi cr
itique et aussi complète ; jamais il n'avait donné lieu à des vues
d'ensemble ou, sur des points particuliers, à des découvertes aussi
originales. Notamment, une lacune depuis longtemps signalée, un
vœu souvent formulé sont ici comblés : nous avons désormais, grâce
' une première histoire du néo-platonisme latin, et à M. Courcelle,
qui, tout en les rectifiant, va bien au delà des perspectives restreintes
sous lesquelles les enquêtes faites en ce sens avaient jusqu'ici envi
sagé le problème. Ajoutons et soulignons que tous ces résultats
nouveaux ne sont pas le fruit d'hypothèses hâtives, plus ou moins
ingénieuses, hardies ou systématiques, mais qu'ils sont dus à un exa
men patiemment mûri des textes et des faits, conduit selon une
stricte méthode philologique et tenu, grâce à une information bibli
ographique à peu près sans défaut, au courant de l'état de chacune
des questions successivement soulevées. Nouveauté va ici de pair
avec solidité.
D'un ouvrage aussi riche en apports de toutes sortes, et qui
s'astreint à dresser à chaque fois l'exact bilan des lectures et des
sources d'inspiration propres à tel ou tel des auteurs évoqués, il est
impossible de donner une analyse détaillée, difficile de faire plus que
d'esquisser les grandes lignes, en relevant au passage les aperçus
les plus importants. Aussi bien la valeur d'un livre tel que celui-ci
ne peut-elle être vraiment saisie qu'à la lecture et surtout à l'usage.
Notre résumé se contentera donc de suivre le plan très clair adopté
par M. Courcelle : les trois phases qui se laissent distinguer dans-
l'évolution de la culture occidentale à l'époque considérée, distribuent
l'exposé entre trois parties, dont la première retrace « les grands
courants de l'hellénisme à la mort de Théodose », la seconde « les REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS 188
tentatives de confrontation et le déclin de l'hellénisme au ve siècle »,
la dernière « la renaissance de l'hellénisme sous les Ostrogoths ».
Vers 395, la culture grecque est encore chose vivante dans les
milieux romains. Deux témoins, Macrobe et s. Jérôme, nous rensei
gnent sur ce qu'elle représentait alor,. aux yeux soit des païens soit
des chrétiens. Le premier, porte-parole d'un cercle d'amis et de let
trés que les Saturnales mettent en scène, emprunte bien à des sources
latines, à Serenus Sammoniacus singulièrement, les connaissances
de philologie grecque dont il fait montre et qui remontent, par ces
intermédiaires, aux travaux élaborés à Alexandrie, à la fin du
Ier siècle avant notre ère, par Didyme Chalcentère ; mais il n'est pas
sans avoir lu les Tragiques grecs et il est également capable d'utiJiser
à l'occasion des compilateurs comme Plutarque et des commentat
eurs d'Aristote tels que Thémistius. Mieux encore, il adopte la
philosophie religieuse des Néo-platoniciens et, s'il connaît les Ennéades
de Plotin, puise largement aux divers écrits de Porphyre : au traité
du Soleil, dans ses Saturnales ; au De regressu animae, au De Styge,
aux commentaires sur la République et sur le Timée, au De anima, Quaestiones homericae, dans son Commentaire sur le Songe de
Scipion. Le fait est significatif, en lui-même et rapproché de l'usage
fait par Servius, l'ami de Macrobe, des mêmes livres porphyriens.
A cette dernière génération païenne qui n'ose point attaquer en face
le christianisme triomphant, le néo-platonisme fournit des arguments
en faveur de la mythologie traditionnelle et le moyen d'infuser à
celle-ci une vie nouvelle en l'interprétant et la systématisant sous
la forme, rajeunie par Porphyre, d'une théologie solaire (cf. p. 35).
A cet hellénisme païen s'oppose l'hellénisme chrétien, dont le
second de nos deux témoins se fait le champion. Sans doute s. Jérôme
possède-t-il de la langue et de la littérature grecques une connais
sance étendue. Il ne l'a cependant acquise que postérieurement à
sa venue dans le Proche Orient et en raison de sa vocation cléricale.
Aussi, comme on le constate dans ses traductions et ses commentaires,
et sauf dans ses homélies, est-il, malgré elle, demeuré fidèle à l'idéal
de culture latine dont l'avait imprégné sa formation antérieure, et
n'a-t-il, en dépit des apparences, poussé et multiplié ses lectures
que dans un sens et sur un domaine définis. Son érudition en matière
d'ouvrages profanes reste assez sommaire. Il n'a guère pratiqué
que certains auteurs récents, moralistes et philosophes, qui, comme
Plutarque, Porphyre (avec la Vie de Pythagore, le De abstinenlia,
le traité Contre les Chrétiens), Philostrate, Jamblique, ont intéressé
en lui le théoricien de l'ascétisme, l'amateur d'histoire des religions,
le controversiste ou l'avocat de la foi, tout de même que s'il a consulté
les historiens (Hérodote, Xénophon, Philon, Josèphe) ou pris intérêt
aux médecins (en fait, au seul Galien), c'est qu'ils lui étaient utiles,
les uns pour son explication des Écritures, les autres pour sa défense
de l'ascèse et de la continence. Ses informations sur la littérature .' ET COMPTES RENDUS 189 ANALYSES
patristique grecque n'ont point, elles-mêmes, l'ampleur que semb
lerait devoir leur attribuer une lecture superficielle du De viris
inlustribus. Elles ne sont, là encore, directes ou approfondies que dans
le cas d'écrivains modernes ou contemporains. Parmi les Pères
Apostoliques, il ne paraît s'être attaché qu'à Clément Romain. Il
a fréquenté, en revanche, Clément d'Alexandrie et certains auteurs
du 111e siècle : Hippolyte, Piérius, Lucien d'Antioche et, plus que
tout autre, Origène, qui, malgré l'opposition violente qu'il marquera
à sa théologie, demeurera tout au long de sa carrière son maître
exclusif en matière d'exégèse. S'il n'a pu qu'exploiter à fond les
mines de renseignements indispensables que lui ont fournies à Césarée
Г Histoire Ecclésiastique et la Chronique d'Eusèbe, ses séjours à
Antioche, à Constantinople et à Alexandrie ont été pour lui l'occa
sion de lire ou d'entendre Apollinaire de Laodicée, les Cappadociens,
Didyme l'Aveugle. Toutefois, il ne connaît la littérature hérétique
que de seconde main. Somme toute, la culture profane de s. Jérôme

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