Compte rendu

Public

Sujets

• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: julien23
• Nombre de lectures: 356
• Langue: Français

Extrait

COMMENT ECRIRE L ' HISTOIRE DU COMMUNISME ? Journée d'étude organisée par Marie-Claire LAVABRE, CNRS-MFO; Bogumil JEWSIEWICKI, Université Laval et P. Joutard, EHESS, Paris Mercredi 17 Mai 2006

COMPTE-RENDU

Séminaire d'Histoire et Sociologie de la mémoire du Centre d'Etudes Européennes de Sciences Po et de l'EHESS, sous la responsabilité de Marie-Claire Lavabre, et Philippe Joutard

La discussion s'est organisée autour de cinq communications

• ProfesseurLeszek Kolakowsky, « Le rôle de l'idéologie dans la construction et la chute du régime soviétique »

• JulianjeFurst, St John's College, Oxford, «Après la ‘Révolution des Archives': l'historiographie de l'Union Soviétique après 1991 »

• NicolasWerth, IHTP, « Repenser la Grande Terreur de 1937-1938 à la lumière de la ‘Révolution des Archives' »

• PhilippeButon, Université de Reims, « Ecrire l'histoire du communisme : des controverses politiques aux débats intellectuels »

• KevinMorgan, Université de Manchester, «Micro-his toireou étude de cas? Réflexions sur l'étude d'un Parti communiste de taille réduite »

David Goldey (Lincoln College), Sudhir Hazareesingh et Bogumil Jewsiewicki (Balliol College) ont animé la discussion et l'ont nourrie de leurs commentaires.

Les communications proposées et les débats qui les ont suivies ont fait apparaître plusieurs axes récurrents

• Quellesconséquences l'ouverture des archives soviétiques a eu sur l'écriture de l'histoire du communisme ?

Cette question de départ trouve deux réponses distinctes. Avec le recul, il apparaît tout d'abord que, d'un point de vue quantitatif, ces «découvertes »sont plus limitées que l'attente impatiente des historiens pouvait le laisser penser en 1991. Même si, comme le souligne Nicolas Werth, le renouvellement des perspectives fut considérable eu égard à certaines grands sujets comme celui de la Grande Terreur.

Par contre, dans une perspective davantage qualitative, l'accès aux archives a permis le développement de recherches à des niveaux de réalité qui avaient jusqu'ici été peu étudiés. Julianje Furst a notamment mis l'accent sur le développement actuel des travaux sur les conditions de vie et l'histoire culturelle. La multiplication des échelles et leur croisement sont aujourd'hui possibles.

D'un point de vue épistémologique, l'exemple de l'histoire du communisme doit ainsi conduire à réfléchir sur la place des archives parmi les sources disponibles pour les chercheurs. Les années 70 ont en effet été marquées par le développement des sources orales au motif que les archives, le plus souvent produites par les administrations et autres instances officielles, passeraient systématiquement sous silence la vie des humbles, des marginaux et autres dominés. Pourtant, « la révolution des archives » a permis de faire entendre la voix du peuple et des anonymes alors qu'elle n'a pas, du moins à ce jour, permis de réellement comprendre comment les décisions politiques et centrales étaient prises, comme le regrette d'ailleurs Julianje Furst.

Développé par Nicolas Werth, l'exemple de l'écriture de l'histoire de la Grande Terreur est à cet égard révélateur. Longtemps cet événement fut pensé comme une purge de l'élite et des cadres dirigeants du parti. Les archives et leur croisement ont pourtant montré que, à côté de cette opération nationale et publique, une opération de nettoyage social et ethnique de grande envergure fut secrètement menée. L'accès aux archives centrales et locales a donc permis de retracer le destin de nombrede ces individus marginalisés considérés comme socialement et/ou ethniquement « nuisibles » par le pouvoir.