Espace urbain et sépultures épiscopales à Auxerre - article ; n°168 ; vol.62, pg 205-222
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1976 - Volume 62 - Numéro 168 - Pages 205-222
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Charles Picard
Espace urbain et sépultures épiscopales à Auxerre
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 62. N°168, 1976. pp. 205-222.
Citer ce document / Cite this document :
Picard Jean-Charles. Espace urbain et sépultures épiscopales à Auxerre. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 62.
N°168, 1976. pp. 205-222.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1976_num_62_168_1574ESPACE URBAIN ET SÉPULTURES ÉPISCOPALES
À AUXERRE
L'histoire du christianisme à Auxerre à la fin de l'Antiquité et au
début du Moyen âge est éclairée par une série de documents relativ
ement importante, qui rend l'étude de cette cité particulièrement atta
chante 1. J'ai été amené à m'y intéresser, après bien d'autres plus
qualifiés que moi 2, par la préparation d'une notice destinée à l'enquête
sur la Topographie chrétienne des cités de la Gaule, des origines à la
fin du VIIe siècle, entreprise sous la direction de MM. N. Duval et
Ch. Pietri 3. Aussi bien n'ai-je pas la prétention de renouveler le sujet,
et encore moins de révéler de nouveaux documents. Je voudrais simple
ment étudier à Auxerre un type de problème auquel je me consacre
1. Sources. Vita s. Germant, écrite vers 475-480 par le prêtre Constantius de
Lyon [BHL 3454 ; éd. et trad. R. Borius, Sources chrétiennes, 112). Vita s. Ama~
torts, écrite par Etienne l'Africain à la demande de l'évêque d'Auxerre Aunarius
(561-605) (BHL 356, L. Duru, Bibliothèque historique de l'Yonne, Auxerre-Paris,
1850-1864, 1, p. 136-158). Le Martyrologue hiéronymien : le texte que nous lisons
est en effet une recension faite à Auxerre sous l'épiscopat d'Aunarius, ainsi que l'a
montré Mgr L. Duchesne (éd. H. Delehaye, AA. SS. Nov., Il, 2). h'Institutio
de rogationibus et vigiliis est un calendrier de l'organisation des litanies et vigiles
dans les églises du diocèse établi par Aunarius (transmis par les Gesta episcoporum,
19, L. Duru, l.c, 1, p. 328-329). Revelatio Corcodomi diaconi, ou Conversio Mamer-
tini pagani, texte anonyme qu'on date du début du viie siècle {BHL 3455, L. Duru,
l.c, 1, p. 57-66). Passio sancti Peregrini, autre texte anonyme du début du vne siècle
(BHL 6623, L. Duru, l.c, 1, p. 123-126). Gesta episcoporum Autissiodorensium,
rédigés sous l'épiscopat de Wala (872-879) par les deux chanoines Rainogala et
Alagus, vers 873-876/7 (L. Duru, l.c, 1, p. 309-357 ; P. Janin, « Gesta pontificum
Autissiodorensium, Édition critique avec une introduction et des notes », dans École
nationale des chartes, position des thèses soutenues par les élèves de la promotion de
1969, Paris, 1969, p. 69-74 ; cette thèse est malheureusement inédite). Miracula
sancti Germani (BHL 3462, L. Duru, l.c, 2, p. 114-183) rédigés vers la même
époque par Héric d'Auxerre, moine de Saint-Germain.
2. J. Lebeuf, Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et
de son ancien diocèse continués jusqu'à nos jours par Chatte et M. Quantin, Auxerre-
Paris, 1848-1855, 4. vol., L. Duru, l.c L. Duchesne, « A propos du Martyrologe
hiéronymien », dans Anal. Bolland. 17, 1898, p. 421-447. Id., Fastes épiscopaux de
l'ancienne Gaule, t. II2, Paris, 1910, p. 430-452. Saint-Germain d'Auxerre et son
temps, Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, Auxerre, 1950. R. Louis,
L'Église d'Auxerre et ses êvêques avant saint Germain. Essai sur les plus anciens
textes hagiographiques auxerrois, Auxerre, 1951, et dans le recueil précédent : c'est
lui que je cite, id., Autessiodurum christianum, les églises d'Auxerre des origines
au XIe siècle, Paris, 1952. H. Atsma, Klôster in Gallien, Mannheim, 1971 ^dactylo
graphié.
3. Plaquette dactylographiée publiée par les Universités de Paris-X et Paris-
XII. 206 J.-C. PICARD
par ailleurs dans le cadre de l'Italie : celui des rapports entre la sépul
ture des évêques et la topographie de la cité. En effet, pratiquement
tous les d'Auxerre jusqu'en 623 sont inhumés dans deux nécro
poles, l'une au nord de l'enceinte restreinte du Bas-Empire — là où
s'est élevée depuis la célèbre abbaye Saint-Germain — l'autre au sud-
ouest, sur le Montartre. L'une s'organise autour de Germain, sixième
évêque de la ville, l'autre autour d'Amator (Amatre), son prédécess
eur. Pourquoi cette polarisation et pourquoi cette dualité ?
De notre point de vue, tout commence avec Germain, évêque d'Au
xerre de 418 à 448 4. Il refuse en effet d'être enterré dans le cimetière
qui était celui de la ville d'Auxerre depuis le Haut-Empire semble-t-il,
le Montartre : là reposaient — nous y reviendrons — ses prédécesseurs.
Sur sa sépulture, nous n'avons malheureusement de détails que par
les sources du ixe siècle, et d'abord par Héric d'Auxerre dans les Mira-
cula sancti Germani : « le lieu de sa sépulture était alors un tout petit
oratoire, dans un domaine qui lui appartenait, et dédié en l'honneur
du martyr Maurice » 6. Le site choisi est isolé. Il s'agit d'une petite
colline, proche de l'Yonne, au nord de la ville du Bas-Empire, non
loin des murailles, mais d'un côté où elles ne comportaient pas ancie
nnement de porte 6. De plus, un étang, appelé plus tard « étang de Saint-
Vigile », s'étendait entre la colline et la ville 7. La route de Sens est
à bonne distance à l'ouest. A lire Héric, on imagine la sépulture de
Germain comme un de ces mausolées que les membres de l'aristocra
tie romaine — et Germain en fait partie ! — se faisaient élever, just
ement sur leurs terres 8. D'autre part les aristocrates chrétiens, et en
particulier les évêques, souhaitent reposer ad sanctos. Quand il n'existe
pas de sépulture martyriale proche, on dépose des reliques dans leur
mausolée qui devient une chapelle funéraire. Dans ce dernier cas, qui
est le nôtre, le mausolée n'a pas besoin de s'élever dans un cimetière.
Le comportement de Germain n'a donc rien d'original. Parmi les nomb
reuses comparaisons auxquelles nous pourrions nous livrer, nous
nous contenterons de rappeler le cas d'Eutrope d'Orange (avant 463-
après 475). Son successeur Verus l'inhume dans la basilique Saint- Julien,
4. L. Duchesne, Fastes, 2, p. 438-439. Vita Germani, introduction de R. Borius.
5. Locus sepulcri huius turn quidem perexiguum erat oratorium, in suo ipsius praedio,
martyris Mauritii meritis dedicatum ; Miracula, 37 ; L. Duru, Le, 2, p. 132-133.
6. R. Louis, Autessiodurum..., p. 12.
7. O. McGowan-Liébard, « Développement d'Auxerre du Bas-Empire à la Révol
ution », dans Actes du 95e cong. nat. des soc. sav., Reims 1970, section d'archéol. et
d'hist. de l'art, Paris, 1974, p. 155.
8. On connaît les mausolées impériaux de Rome, celui d'Hélène à Tor Pignat-
tara, ou celui de Constantia sur la Nomentane (Sainte-Constance). On peut aussi
penser au monument de Centcelles en Espagne : Th. Hauschild, « Untersuchungen
im Monument von Centcelles (Tarragona) », dans Actas del VIII cong. int. de arqueo.
crist., Barcelona, 1969, Vatican, 1972, p. 332-338. ESPACE URBAIN À AUXERRE 207
construite par l'évêque défunt, et qui devient par la suite Saint-Eu-
trope. Saint-Julien, comme Saint-Maurice, est au sommet d'une col
line — il est vrai autrement escarpée ! — à l'écart des zones habi
tuelles de sépulture 9.
Nous ignorons tout de l'architecture du mausolée de Germain qui
fut assez rapidement remplacé par une vaste église. Comment Héric
savait-il qu'il s'agissait d'un petit édifice ? Le même Héric nous livre le
nom du patron primitif de la chapelle, saint Maurice, à qui les Gesta
joignent les autres martyrs d'Agaune 10. Certes, cette dédicace a été
rapidement rejetée dans l'ombre par le développement du culte de
saint Germain, mais on s'explique que le souvenir en ait persisté. Le
corps de mort à Ravenne le 31 juillet, arrive à Auxerre le
22 septembre, jour de la Saint-Maurice, par une coïncidence sans doute
voulue, et les deux saints, tous les ans, devaient être associés par la
liturgie. A l'époque même d' Héric, nous voyons les moines de l'abbaye
Saint-Germain soucieux

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