Le sacrifice de Saint François d Assise
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Le sacrifice de Saint François d'Assise

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Description

Ce récit pris dans la vie de saint François d'Assise illustre bien ce qu'est le véritable esprit de sacrifice. Il pourra nous aider dans notre réflexion pour le mettre en application dans notre vie
personnelle. Saint François d'Assise, distrait lors de ses prières par la confection d'un panier en osier, décidé de brûler celui-ci, pourtant bien réussi, en sacrifice à Dieu. Il explique à son ami Léon l'origine de son geste, la portée de son sacrifice et la nature du travail pour l'homme, qui ne doit pas en oublier sa foi.

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Publié le 06 octobre 2011
Nombre de lectures 183
Langue Français

Extrait

LE PANIER D'OSIER
...
ou un vrai geste de sacrifice
Ce récit pris dans la vie de saint François d'Assise illustre bien ce qu'est le véritable esprit de
sacrifice. Il pourra nous aider dans notre réflexion pour le mettre en application dans notre vie
personnelle.
Une mince colonne de fumée bleuâtre s'élevait
en bordure de la forêt, non loin de l'ermitage.
Elle montait, légère, toute droite, sans être
dérangée par le moindre vent. Calme et élancée
comme les grands arbres, elle semblait faire
partie du paysage.
Et cependant, elle intriguait le frère Léon. Cette
fumée était insolite. Qui donc, en ce début de
matinée, avait pu allumer ce feu ?
Léon voulut en avoir le coeur net. Il s'avança,
écarta les branches de quelques arbustes et
aperçut, à un jet de pierre, François lui-même,
debout auprès d'un maigre feu. Que pouvait-il
bien brûler ? Il le vit se baisser, ramasser une
pomme de pin et la jeter dans les flammes.
Léon hésita un instant. Puis il s'approcha
doucement :
- Que brûles-tu là, Père ?
- Un panier, répondit simplement François.
Léon regarda de plus près. Il distingua les restes
d'un panier d'osier qui achevait de brûler.
- Ce n'est tout de même pas le panier que tu
étais en train de confectionner ces jours-ci ?
- Si, c'est précisément celui-là, répondit
François.
- Pourquoi l'as-tu brûlé ? Tu ne le trouvais pas
réussi ? demanda Léon, étonné.
- Oh ! si, très réussi. Trop réussi, même.
- Mais alors, pourquoi l'as-tu brûlé ?
- Parce que tout à l'heure, tandis que nous
récitions Tierce, il m'a distrait au point
d'accaparer toute mon attention. Il était juste
qu'en retour j'en fasse le sacrifice au Seigneur,
expliqua François.
Léon resta bouche bée. Il avait beau connaître
François, les réactions de celui-ci le
surprenaient toujours. Cette fois, le geste de
François lui paraissait d'une sévérité excessive.
- Père, je ne te comprends pas. S'il fallait brûler
tout ce qui nous distrait dans la prière, on n'en
finirait pas, murmura Léon après un instant de
silence.
François ne répondit rien.
- Tu sais, ajouta Léon, que frère Sylvestre
comptait sur ce panier. Il en avait besoin. Et il
l'attendait avec impatience.
- Oui, je sais, répondit François. Je lui en ferai
un autre sans tarder. Mais il fallait que je brûle
celui-ci. Cela était plus urgent.
Le panier avait fini de brûler. François étouffa
sous une pierre ce qui restait du feu.
Et prenant Léon par le bras, il lui dit :
- Viens, je vais te dire pourquoi j'ai agi ainsi.
Il l'emmena non loin de là, près d'une haie
d'osiers. Il se tailla un nombre suffisant de
baguettes flexibles. Puis, s'étant assis là, à
même le sol, il commença un nouveau panier.
Léon s'était assis à ses côtés, attendant les
explications de son Père.
- Je veux travailler de mes mains, déclara alors
François. Et je veux aussi que tous mes frères
travaillent. Non pour le cupide désir de gagner
de l'argent, mais pour le bon exemple et pour
fuir l'oisiveté. Rien de plus lamentable qu'une
communauté où l'on ne travaille pas.
Mais le travail n'est pas tout, frère Léon, il ne
résout pas tout. Il peut même devenir un
obstacle redoutable à la vraie liberté de
l'homme. Il le devient chaque fois que l'homme
se laisse accaparer par son oeuvre au point
d'oublier d'adorer le Dieu vivant et vrai.
Aussi il nous faut veiller jalousement à ne pas
laisser s'éteindre en nous l'esprit d'oraison. Cela
est plus important que tout.
- Je comprends, Père, dit Léon. Mais nous ne
pouvons tout de même pas, pour autant,
détruire notre ouvrage chaque fois qu'il nous
donne des distractions dans la prière.
- Bien sûr, repartit François. L'important est
d'être prêt à en faire le sacrifice au Seigneur. A
cette condition seulement, l'homme garde son
âme disponible. Sous l'ancienne loi, les hommes
sacrifiaient à Dieu les prémices de leur récolte et
de leurs troupeaux. Ils n'hésitaient pas à se
défaire de ce qu'ils avaient de plus beau.
C'est un geste d'adoration, mais aussi de
libération. L'homme maintenait ainsi son âme
ouverte. Ce qu'il sacrifiait élargissait son horizon
à l'infini. Là était le secret de sa liberté et de sa
grandeur...
...Oui, frère Léon, l'homme n'est grand que
lorsqu'il s'élève au-dessus de son oeuvre pour
ne plus voir que Dieu. Alors seulement il atteint
toute sa taille.
Mais cela est difficile, très difficile.
Brûler un panier d'osier que l'on a fait soi-même
n'est rien, vois-tu, même lorsqu'on le trouve fort
réussi.
Mais se détacher de l'oeuvre de toute une vie
est bien autre chose. Ce renoncement est au-
dessus des forces humaines ...
(Père Eloi LECLERC.
Sagesse d'un pauvre.
Editions Franciscaines 9 rue Marie-Rose 75014 Paris
)
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