LIVRE BLANC Tempête KLAUS

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LIVRE BLANC TEMPÊTE KLAUS 23-24 JANVIER 2009 Les membres du Conseil Diocésain de Pastorale (CDP) ont travaillé sur la Tempête Klaus qui a sévi sur le sud-ouest de la France dans la nuit du 23 au 24 janvier 2009. Cette plaquette, demandée par Monseigneur Philippe Breton, évêque du diocèse d'Aire et Dax, est le résultat de leurs remarques. Ce travail a été réalisé d’après les documents remis par le Père Jules LAHARGOU ; Sœur Béatrice LEKUMBERRY ; Mmes BARSACQ, BERTHOUX, BRISSONNEAU, DE OLIVEIRA, ROHFRITSCH, TROUVÉ et MM. CONDOU, COSTABADIE, PERSILLON, ROUSSY, VANDOIT. - Qu’il s’agisse du travail préparatoire qui leur était demandé pour la réunion du CDP du 21 mars 2009 et qui comportait les questions suivantes : ● Comment avez-vous vécu cet événement ? ● Quels sont les situations ou les solidarités qui vous ont marqués ? ● Que nous dit le Seigneur à travers cet événement ? ● Comment cela a-t-il alimenté, renforcé notre foi ? - Qu’il s’agisse de réflexions entendues au cours de la rencontre du CDP du 21 mars 2009 ou en paroisse. - Qu’il s’agisse du compte rendu de certains Conseils Pastoraux Paroissiaux. 1PLAN A) QUELLES SONT LES SITUATIONS, LES SOLIDARITÉS QUI VOUS ONT MARQUÉS ? 1) LA SOLIDARITÉ 2) LA PAROLE 3) L’HOMME EST CAPABLE DU PIRE 4) L’AMBIANCE B) UNE RELECTURE SOUS LE REGARD DE DIEU 1) LE TEMPS 2) LA PRIÈRE / LA MESSE 3) L’HUMILITÉ 4) LA PAUVRETÉ 5) L’HOMME EST CAPABLE DU MEILLEUR 6) ET MA FOI ? C) QUELQUES ...

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Extrait

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LIVRE

BLANC

TEMPÊTE KLAUS

23-24 JANVIER 2009

Les membres du Conseil Diocésain de Pastorale (CDP) ont travaillé sur la Tempête Klaus

qui a sévi sur le sud-ouest de la France dans la nuit du 23 au 24 janvier 2009. Cette

plaquette, demandée par Monseigneur Philippe Breton, évêque du diocèse d'Aire et Dax,

est le résultat de leurs remarques.

Ce travail a été réalisé d’après les documents remis par le Père Jules LAHARGOU ; Soeur Béatrice LEKUMBERRY ; Mmes BARSACQ,

BERTHOUX, BRISSONNEAU, DE OLIVEIRA, ROHFRITSCH, TROUVÉ et MM. CONDOU, COSTABADIE, PERSILLON, ROUSSY, VANDOIT.

- Qu’il s’agisse du

travail préparatoire

qui leur était demandé pour la réunion du CDP du 21 mars 2009 et qui comportait les

questions suivantes :

●

Comment avez-vous vécu cet événement ?

●

Quels sont les situations ou les solidarités qui vous ont marqués ?

●

Que nous dit le Seigneur à travers cet événement ?

●

Comment cela a-t-il alimenté, renforcé notre foi ?

- Qu’il s’agisse de

réflexions entendues

au cours de la rencontre du CDP du 21 mars 2009 ou en paroisse.

- Qu’il s’agisse du

compte rendu

de certains Conseils Pastoraux Paroissiaux.

2

PLAN

A) QUELLES SONT LES SITUATIONS, LES SOLIDARITÉS QUI VOUS ONT MARQUÉS ?

1) LA SOLIDARITÉ

2) LA PAROLE

3) L’HOMME EST CAPABLE DU PIRE

4) L’AMBIANCE

B) UNE RELECTURE SOUS LE REGARD DE DIEU

1) LE TEMPS

2) LA PRIÈRE / LA MESSE

3) L’HUMILITÉ

4) LA PAUVRETÉ

5) L’HOMME EST CAPABLE DU MEILLEUR

6) ET MA FOI ?

C) QUELQUES POINTS D’ATTENTION

D) ET L’ÉGLISE ?

***********************************************************

A) QUELLES SONT LES SITUATIONS, LES SOLIDARITÉS QUI VOUS ONT MARQUÉS ?

1) LA SOLIDARITÉ

On la retrouve à tous les niveaux.

● La famille, les amis, les voisins

Jamais la demande de nouvelles n’a été si forte ni si immédiate après une tempête, malgré les pannes de

communications. Les mairies ont reçu énormément de demande de nouvelles.

On s’est prêté un téléphone, une douche, une chambre, un groupe électrogène, des repas chauds, la possibilité de faire

des lessives. On a distribué de l’eau ou du pain. On s’est accueilli parfois pendant plusieurs jours. Certains

gros bras

sont

allés chercher ces fameux congélateurs.

On s’est aidé pour remettre tuiles ou bâches de protection.

● Les jeunes

Même si, avant la tempête, les jeunes n’avaient pas de relations avec leurs voisins, ils n’ont pas hésité à faire le tour de

leur quartier pour demander des nouvelles, proposer leurs services, prêter un téléphone…

Certains n’ont pas hésité à jouer de la tronçonneuse pour déblayer les chemins d’accès aux routes.

● Les municipalités

- Qu’ils s’agissent des élus ou du personnel, chacun a mis de côté ses propres soucis pour être sur le terrain très tôt. La

réactivité a été excellente. La coordination entre villes voisines aussi.

- Le déblayage des rues a commencé dès le samedi matin.

- Des visites ont été rendues aux personnes âgées ; dans certaines villes, en se fiant aux listes données à la suite de la

canicule. Ces visites avaient pour but de s’enquérir des besoins de ces personnes mais aussi de les rassurer et de les

informer.

- Des contacts ont été épris auprès des maisons de retraite, des associations caritatives, pour s’enquérir de leurs besoins

et proposer des repas chauds.

● Les équipes de secours

Venues de toute la France, travaillant 35 heures…en deux jours…logeant parfois dans des conditions spartiates (sans

électricité)…

La solidarité s’est faite aussi à leur endroit : les repas chauds n’ont pas manqué, de même que les personnes pour les

servir.

● Les retraités d’ERDF

Eux aussi sont venus mettre leur compétence au service de tous et donner un coup de main.

● Les radios locales

Elles ont permis de sortir nombre de personnes de leur isolement et de coordonner de nombreux services : prêts de

groupes électrogènes d’un village à l’autre…

Leur personnel a compris très vite l’ampleur de la catastrophe et le rôle qu’ils pouvaient jouer. Là encore, personne n’a

compté ses heures de travail.

● Monde religieux et monde civil

-"

Je ne m’attendais pas à recevoir la lumière de l’Église

"…diront certains sur un ton humoristique ! Les cierges durent en

effet bien plus longtemps que de simples bougies. Certaines paroisses les ont donnés d’emblée (parfois s’en attendre le

feu vert du prêtre), d’autres ont attendu qu’on le leur demande, mais il n’a pas été question de les faire payer. Certains

paroissiens sont même allés à Lourdes en camionnette pour refaire le plein de cierges pour continuer à en donner !

3

- Le Secours Catholique a tout de suite été un interlocuteur privilégié des municipalités, attestant ainsi d’un travail en

partenariat et au long cours avec elles.

- L’équipe Communication d’une paroisse a contacté les élus pour proposer aux administrés qui en feraient la demande

de les aider à remplir leurs déclarations aux assurances.

- Certains ont prêté une salle pour l’établissement d’une cellule municipale de crise. D’autres ont recueilli…des

congélateurs en perdition ou ont aidé à évacuer des volailles mortes.

● Des restaurateurs

ont tout de suite donnés les repas qui allaient se périmer faute d’électricité aux associations ou

pour les équipes de secours.

● Les employés

les plus proches d’une maison de retraite ont spontanément remplacé ceux qui étaient plus éloignés de

leur lieu de travail ou empêchés de venir.

● Les établissements scolaires

Des internats ont été ouverts pour permettre de loger des jeunes qui n’avaient pu rejoindre leur domicile. Le personnel

s’est impliqué en mettant de côté ses soucis.

Des quêtes ont été faites pour aider des collègues dont le conjoint avait perdu son outil de travail.

● Paris et Province

La direction diocésaine de l’Enseignement catholique de Paris a fait une collecte et a envoyé 3500€ pour aider à la

réparation d’une toiture.

● Les assurances

Elles aussi ont tenu compte des problèmes révélés par la tempête de 1999 : elles ont allongé le délai dans lequel il faut

normalement les prévenir d’un sinistre.

2) LA PAROLE

Î

II y a ceux qui parlent

●

Dans les familles, entre amis, nombreux ont été les coups de téléphone pour prendre ou donner des nouvelles.

●

Plusieurs d’entre nous ont remarqué que la parole avait été libérée. Parfois elle est revenue de façon spontanée,

parfois, il a fallu

gratter

un peu pour que les mots sortent.

●

La parole a permis d’extérioriser le stress et de créer des liens nouveaux.

●

Tout le monde a souligné le rôle des radios locales.

●

Au cours d’une récollection organisée par l’ACE (Action Catholique de l'Enfance) les enfants ont pu exprimer leur vécu

de la tempête, au KT également.

Î

Il y a ceux qui se taisent

●

Le regard d’un homme de 90 ans sur sa parcelle de pins âgés de 60 ans : la détresse, le désarroi, pas besoin de

paroles pour dire les choses. Une grande pudeur.

●

En bon landais, on ne parle pas.

●

Au cours d’une retraite, deux moines pleurent.

3) L’HOMME EST CAPABLE DU PIRE

●

Nombreux sont ceux qui n’avaient

pas anticipé

les événements malgré les annonces météo et n’avaient pas même

une bougie ; d’autres attendaient tout des municipalités et n’ont

pas été solidaires

de leurs voisins.

● Des bagarres

aux sorties des grandes surfaces qui n’avaient pas rationalisé leur distribution de piles, bougies, pain…

Des abus de confiance

, certains sans qualifications, se présentant comme charpentier ou autre. Des artisans, des

commerçants qui augmentent leurs prix.

● De nombreux vols

ont été à déplorer : de groupes électrogènes (alors même qu’ils étaient en fonctionnement !) ; de

matériel pris directement dans les camions des équipes de secours (obligeant ainsi certains à dormir dans les

camions)…

● Des réactions irrationnelles

: certains faisant abattre tous les arbres de leur jardins, y compris ceux qui ne

présentaient aucun danger, par peur. D’autres sont allé "

visiter

" les endroits les plus touchés.

●

La fatigue et les conditions de vie spartiate ont attisé

les tensions

au moment de la remise en service de l’électricité,

qui ne s’est pas faite partout au même moment.

La jalousie

a été au rendez-vous.

L’égoïsme

a prévalu chez certains.

4) L’AMBIANCE

●

C’est maintenant que les difficultés vont se révéler.

●

Certains s’aperçoivent qu’ils sont peu ou pas assurés. Et l’on sait que parfois le provisoire dure longtemps.

●

L’attachement aux pins est sentimental, mais aussi financier, tant pour les forestiers que pour certaines communes. Le

manque à gagner va rejaillir sur les investissements. Les forestiers vont-ils replanter pour la 2

e

génération à suivre

(50ans) ? Les gens vont-ils prendre leurs vacances dans des campings sans arbres ?

●

Quel est le retentissement sur les PME qui ont du ralentir ou stopper leurs activités ?

●

On sent un désarroi net. Le traumatisme est profond et survient dans un contexte de crise économique. Les

licenciements prévus dans la région (SONY à Pontonx) aggravent cette sensation de flottement.

●

Certains disent qu’on est à l’aube d’un profond changement de vie. Quelle sera cette nouvelle façon de vivre ?

4

B) UNE RELECTURE AVEC DIEU

1) LE TEMPS

Nous en avons eu davantage ! Que ce soit pour prier, et c’est une grâce, ou pour rencontrer les autres, et c’est une autre

grâce.

2) LA PRIÈRE / LA MESSE

●

Certains ont beaucoup prié pendant que la tempête soufflait, en famille parfois.

●

Tous ces évènements ont été portés dans la prière, personnelle ou communautaire : au cours de la journée de la vie

consacrée, dans les prières universelles de nos célébrations… La tempête a été le thème d’un Dimanche Autrement. Les

souffrances ont été offertes au Seigneur dans l’eucharistie.

●

À certains endroits, la célébration du dimanche a été désertée par des paroissiens qui devaient faire face à

d’importants soucis matériels : "

Ils ne sont pas nombreux à s’être tournés vers le Seigneur !

"

●

Certains paroissiens très engagés dans la vie de la paroisse ont préféré célébrer le Seigneur en rejoignant leurs frères

sur le terrain.

3) L’HUMILITÉ

Le Seigneur nous demande de rester humbles devant cette nature qu’il nous a prêtée.

4) LA PAUVRETÉ

●

On a fait une cure de désintoxication : on est esclave du monde matériel et technique.

●

Le progrès, c’est beau, mais cette tempête nous a permis de revenir en arrière, comme au temps de nos parents.

●

Cette catastrophe a permis de prendre conscience de nos dépendances : le tout électrique nous rend vulnérables (qui

aurait pensé être bloqué dans le noir plusieurs jours, à cause des volets électriques), l’eau qui sort chaude au robinet est

bien souvent gaspillée, la télévision nous endort ; alors, quel plaisir de refaire des jeux de société en famille ou de se

replonger dans la lecture.

●

On a redécouvert la simplicité, les difficultés de la vie de tous les jours.

●

Des religieuses ont profité de ce temps de calme forcé pour faire une relecture de leur voeux de pauvreté. Ce manque

n’a pas été vécu par tous de la même façon.

●

Il faut faire passer l’être avant l‘avoir.

5) L’HOMME EST CAPABLE DU MEILLEUR

●

On s’est renforcés, on s’est serré les coudes.

●

On a été solidaire avec

tous

.

●

Les collaborations ont dépassé les étiquettes qui parfois nous enferment (catho/pas catho). Certains ont travaillé

ensemble alors qu'ils s’ignoraient auparavant.

●

On a écouté davantage son coeur.

●

Tous ont la volonté de garder et maintenir le support forestier. Nombreux sont déjà dans l’après : quelles essences

replanter ? Des semis ou des plantations ?

●

Jeunes et moins jeunes ont pu expérimenter les joies d’une vie communautaire effaçant parfois rancoeurs et différents.

On a réagi sur l’essentiel. Malgré tout, on avance, ça tourne.

6) ET MA FOI ?

Cette solidarité m’a réconciliée avec l’homme ; ça m’a boosté.

L’élan de solidarité a renforcé ma foi.

Rien n’est arrêté d’avance, nous avons un rôle à jouer.

C) QUELQUES POINTS D’ATTENTION

●

Nous devons redoubler de vigilance ; certaines difficultés vont se révéler maintenant. Le Secours Catholique n’a encore

été que très peu sollicité financièrement.

●

Au cours de la crise, le Secours Catholique a été tout de suite contacté par les municipalités, mais souvent il est perçu

comme étant à côté de l’Église : comment réussir à impliquer nos communautés ?

●

Au cours des réunions de nos CPP, a-t-on pris le temps de rendre compte de ce qui a été vécu ?

D) ET L’ÉGLISE ?

●

L’Église pourrait-elle envoyer une équipe missionnaire porteuse de la tendresse et de l’amour de Dieu, là où les dégâts

ont été très importants ?

●

Nous avons été actifs, les uns et les autres, dans nos quartiers, mais avons-nous eu une réponse d’Église ? Dans la

paroisse de Capbreton, une réflexion a été engagée au niveau du CPP ; celui-ci ne devrait-il pas servir d’équipe de crise

et d’interface avec les autorités civiles en cas de nouvelle catastrophe ?

Pour le CDP :

Christine Trouvé