Malaga
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Malaga, le cirque et le théâtreThéophile GautierRevue des Deux Mondes4ème, tome 31, 1842Malaga, le cirque et le théâtreUne nouvelle bien faite pour mettre en rumeur toute une ville espagnole s’étaitrépandue tout à coup dans Grenade, à la grande joie des aficionados. Le cirqueneuf de Malaga était enfin terminé, après avoir coûté cinq millions de réaux àl’entrepreneur. Pour l’inaugurer solennellement par des exploits dignes des bellesépoques de l’art, le grand Montés de Chiclana avait été engagé avec son quadrille,et devait tenir la place trois jours consécutifs ; Montés, la première épéed’Espagne, le brillant successeur de Romero et de PepeIllo. Nous avions déjàassisté à plusieurs courses de taureaux, mais nous n’avions pas eu le bonheur devoir Montés, que ses opinions politiques empêchaient de paraître dans la place deMadrid ; et quitter l’Espagne sans avoir vu Montés, c’est quelque chose d’aussisauvage et d’aussi barbare que de s’en aller de Paris sans avoir entendu MlleRachel. Bien que par le tracé de notre itinéraire nous dussions nous rendre àCordoue, nous ne pûmes résister à cette tentation, et nous résolûmes de pousserune pointe sur Malaga, malgré la difficulté de la route et le peu de temps qui nousrestait pour la faire.Il n’y a pas de diligence de Grenade à Malaga ; les seuls moyens de transport sontles galeras [1] ou les mules : nous choisîmes les mules comme plus sûres et pluspromptes, car nous devions prendre les chemins de traverse dans les Alpujaras,afin d’arriver le matin même de la course.Nos amis de Grenade nous indiquèrent un cosario (conducteur de convois) nomméLanza, gaillard de belle mine, fort honnête homme et très intime avec les bandits.Cela semblerait en France une médiocre recommandation, mais il n’en est pas demême au-delà des monts. Les muletiers et les conducteurs de galeras connaissentles voleurs, passent des marchés avec eux, et moyennant une redevance de tantpar tête de voyageur ou par convoi, selon les conditions, ils obtiennent le passagelibre, et ne sont pas arrêtés. Ces arrangemens sont tenus de part et d’autre avecune scrupuleuse probité, si un tel mot n’est pas trop dépaysé dans de pareillestransactions. Quand le chef de la troupe qui tient le chemin se retire à indulto [2], oupour un motif quelconque cède à un autre son fonds et sa clientelle, il a soin deprésenter officiellement à son successeur les cosarios qui lui paient la contributionnoire, afin qu’ils ne soient pas molestés par mégarde ; de cette façon, lesvoyageurs sont sûrs de n’être pas dépouillés, et les voleurs évitent les risques d’uneattaque et d’une lutte souvent périlleuse. Tout le monde y trouve son compte.Une nuit, entre Alhama et Velez, notre cosario s’était assoupi sur le cou de sa mule,en queue de la file, quand tout à coup des cris aigus le réveillent ; il voit briller destrabucos sur le bord de la route. Plus de doute, le convoi était attaqué. Surpris audernier point, il se jette à bas de sa monture, relève de la main les gueules destromblons, et se nomme. — Ah ! pardon, señor Lanza, disent les brigands, toutconfus de leur méprise, nous ne vous avions pas reconnu ; nous sommes des genshonnêtes, incapables d’une pareille indélicatesse, nous avons trop d’honneur pourvous prendre seulement un cigarre.Si l’on n’est pas avec un homme connu sur la route, il faut traîner après soi desescortes nombreuses armées jusqu’aux dents qui coûtent fort cher et offrent moinsde certitude, car habituellement les escopeteros sont des voleurs à la retraite.Il est d’usage en Andalousie, lorsqu’on voyage à cheval, et que l’on va aux courses,de revêtir le costume national. Aussi, notre petite caravane était-elle assezpittoresque, et faisait-elle fort bonne figure en sortant de Grenade. Saisissant avecjoie cette occasion de me travestir en dehors du carnaval, et de quitter pourquelque temps l’affreuse défroque française, j’avais revêtu mon habit de majo :chapeau pointu, veste brodée, gilet de velours à boutons de filigrane, ceinture desoie rouge, culotte de tricot, guêtres ouvertes au mollet. Mon compagnon de routeportait son costume de velours vert et de cuir de Cordoue. D’autres avaient lamontera, la veste et la culotte noires ornées d’agrémens de soie de même couleur,avec la cravate et la ceinture jaunes. Lanza se faisait remarquer par le luxe de sesboutons d’argent faits de piécettes à colonnes soudées à un crochet, et les
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