Livre de Rudolf Steiner Traduit de l’allemand par Germaine Claretie. Les sujets qui ont été traités dans ce livre se ramènent à deux questions primordiales concernant la vie de l'âme humaine. La première est celle-ci : Est-il possible de se former de l'être humain une conception qui permette de fonder sur lui, comme sur un point d'appui inébranlable, les données diverses de l'expérience et de la science ? En effet, ces données nous donnent l'impression de ne point pouvoir se fonder sur elles-mêmes ; le doute et le jugement critique les relèguent dans le domaine de l'incertitude. Quant à la seconde question, nous la formulerons ainsi : L'homme, en sa qualité d'être volontaire, a-t-il le droit de s'attribuer la liberté, ou bien cette liberté n'est-elle qu'une pure illusion, due à ce que l'homme ignore les liens par lesquels la nécessité enchaîne sa volonté comme elle enchaîne tous les phénomènes naturels ? Cette dernière question n'a pas été posée à la suite d'opérations logiques artificielles. Dans certaines conditions de la vie intérieure, elle se présente tout naturellement à l'esprit humain ; et l'on a le sentiment qu'il manquerait quelque chose au développement complet de l'âme s'il ne lui arrivait point une fois, au cours de sa vie, d'envisager avec le plus grand sérieux le dilemme que nous venons de poser : liberté ou détermination de la volonté humaine. Il sera montré dans cet ouvrage que les expériences intérieures qui sont liées, pour l'être humain, à la seconde de ces questions, diffèrent selon la réponse qu'il a pu donner à la première.
RUDOLF STEINER
LA PHILOSOPHIE
DE LA LIBERTÉ
Principes
d’une conception moderne du monde
(RÉSULTATS DE L’EXPÉRIENCE INTÉRIEURE CONDUITE
SELON LES MÉTHODES DE LA SCIENCE NATURELLE)
TRADUIT DE L’ALLEMAND
PAR
GERMAINE CLARETIE
ÉDITIONS ALICE SAUERWEIN
Dépositaire général
LES PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE
49, boulevard Saint -Michel, 49
PARIS 1923
Version PDF du 01/10/2010 Cette création est mise à disposition selon
La licence creative commons 2.0
Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification
htt p ://creativecommons.org/licenses/b y - n c - nd/2.0/fr /
Vous êtes libre de reproduire, distribuer et
communiquer cette création au public selon le
contrat creative commons 2.0.
Paternité — Vous devez citer le nom de l’auteur
original de la manière indiquée par l’auteur de
l’œuvre ou le titulaire des droits qui vous
confère cette autorisation (mais pas d’une
manière qui suggérerait qu’ils vous soutiennent
ou approuvent votre utilisation de l’œuvre).
Pas d’Utilisation Commerciale — Vous n’avez pas
le droit d’utiliser cette création à des fins
commerciales.
Pas de Modification — Vous n’avez pas le droit de
modifier, de transformer ou d’adapter cette
création.
2TABLE DES MATIÈRES
__________
Note de l’éditeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Préface de la nouvelle édition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
La science de la liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
I. L’action humaine consciente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
II. Le besoin organique de la connaissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
III. La pensée instrument de la conception du monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
IV. Le monde comme perception . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
V. La connaissance du monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
VI. L’individualité humaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
VII. Y a - t - il des limites à la connaissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
La réalité de la liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
VIII. Les facteurs de la vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
IX. L’idée de la liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
X. La philosophie de la liberté et le monisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
XI. La finalité dans l’univers et dans l’homme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
XII. L’imagination morale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
XIII. La valeur de la vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
XIV. L’individualité et l’espèce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Dernier problèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
Les conséquences du monisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
Premier supplément . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Second supplément 113
Tables des matières édition 1923 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Ouvrage de Rudolf Steiner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3NOTE DE L’ÉDITEUR
La publication au format PDF, de ce livre, passé dans le domaine public (selon la législati on
française en vigueur), permet de porter à la connaissance des intéressés, ce qui fut comme éditi on,
ce qui fut comme traduction, au commencement de l’anthroposophie en France.
Livre témoin de la manifestation de l’œuvre écrite de Rudolf Steiner traduite en français et
publiée aux Éditions Alice Sauerwein au cours de l’année 1923.
L’éditeur de cette publication au format PDF s’est engagé à respecter le livre original et
1c’est une garantie qu’il destine au lecteur .
Enfin l’éditeur attire l’attention du lecteur sur le fait qu’il y a eu depuis 1923 d’autre s
publications en langue française du livre Philosophie de la Liberté de Rudolf Steine, ret que la
publication de 1923 est à considérer comme une étape, et non comme la version de référence.
Septembre 2010.
1 Vous pouvez signaler des différences par rapport à l’original ou des fautes de frappes, en écrivant à pisur5@orange.fr
4PRÉFACE DE LA NOUVELLE ÉDITION
(1918)
Les sujets qui ont été traités dans ce livre se ramènent à deux questions primordi ales
concernant la vie de l’âme humaine.
La première est cell-eci : Es-til possible de se former de l’être humain une conception qui
permette de fonder sur lui, comme sur un point d’appui inébranlable, les données divers es de
l’expérience et de la science ? En effet, ces données nous donnent l’impression de ne point pouvoi r
se fonder sur elle-ms êmes ; le doute et le jugement critique les relèguent dans le domai ne de
l’incertitude. Quant à la seconde question, nous la formulerons ainsi : L’homme, en sa qualité d’être
volontaire, -at-il le droit de s’attribuer la liberté, ou bien cette liberté n’e-setlle qu’une pure illusion,
due à ce que l’homme ignore les liens par lesquels la nécessité enchaîne sa volonté comme e lle
enchaîne tous les phénomènes naturels ? Cette dernière question n’a pas été posée à la sui te
d’opérations logiques artificielles. Dans certaines conditions de la vie intérieure, elle se prése nte
tout naturellement à l’esprit humain ; et l’on a le sentiment qu’il manquerait quelque chose a u
développement complet de l’âme s’il ne lui arrivait point une fois, au cours de sa vie, d’envi sager
avec le plus grand sérieux le dilemme que nous venons de pos : elriberté ou détermination de la
volonté humaine.
Il sera montré dans cet ouvrage que les expériences intérieures qui sont liées, pour l’être
humain, à la seconde de ces questions, diffèrent selon la réponse qu’il a pu donner à la pre mière.
Nous tenterons de prouver qu’il existe une conception de la nature humaine selon laquelle on pe ut
fonder sur cette nature, avec sûreté, tout le reste de nos connaissanc ;es et nous tenterons ensui te
d’indiquer que cette conception -là permet de justifier entièrement l’idée de la liberté du voul oir
humain, à condition seulement que l’on trouve l’accès du domaine de l’âme où cette libre vol onté
peut réellement s’épanouir.
La conception dont nous parlons, qui permet de répondre aux deux questions posées , se
transforme dans l’âme qui l’acquiert en véritable force vivante. Elle ne fournit pas une réponse
théorique que l’intelligence puisse simplement admettre, et la mémoire conserver. Une répons e de
cette sorte ne serait, du point de vue de ce livre, qu’une apparence de réponse. Aussi n’a-t-on point
émis ici des conclusions achevées et définitive ;s mais on a montré le chemin expérimental d’un
domaine intérieur où l’activité de l’âme humaine peut, à chaque fois qu’il en est besoin, trouve r
elle-même la solution renouvelée et revivifiée de ces problèmes. En effet, il suffit que nous a yons
eu l’accès du domaine intérieur où ces deux questions se posent, pour que la véritable connai ssance
de ce domaine nous procure tous les éléments nécessaires à leur solution, et nous permette ens uite
d’explorer l’ampleur et la profondeur des mystères de la vie, dans la mesure où notre désir et notre
destinée nous invitent à le faire.
5Il semble donc que l’on a défini, en cet ouvrage, une connaissance qui, par sa nature propre,
et par l’étroite parenté la reliant à toute la vie de l’âme humaine, porte en-m eêlmlee sa légitimation
et sa valeur.
C’est ainsi que je concevais le contenu de ce livre alors que je l’écrivis, il y a vi-cngtinq ans .
Et je ne puis aujourd’hui que répéter, en ce qui le concerne, les mêmes phrases. Au temps où je
l’écrivis, je me fis une règle de ne rien dire qui neen fûtrappo rt étroi tavec les deux questions
fondamentales dont il traite. S’il est quelqu’un pour s’étonner de ce qu’on ne trouve encore, en ce
livre, aucune allusion au domaine d’expérience spirituelle dont j’ai parlé dans mes ouvrages
suivants, je le prierai de considérer que je ne voulais pas encore, en ce -ltàe,m psdécrire les résulta ts
de l’expérience spirituelle, mais seulement établir les fondements sur lesquels cette expérience peut
s’édifier. Cette « Philosophie de la Liberté » ne renferme aucun résultat spécial ni de l’expérie nce
spirituelle, ni de l’expérience naturelle ; mais ce qu’elle renferme est, à mon avis, la prem ière
condition de la certitude que l’on tient à établir en ces deux ordres de science. Les exposés de ce
livre peuvent parfaitement être admis par ceux qui, pour des raisons dont ils sont les seuls juge s, ne
veulent rien accepter du résultat de mes investigations spirituelles. Mais pour ceux qui se sentent
attirés, au contraire, par ces investigations spirituelles, la tentative faite en cet ouvrage pourra
également paraître d’une grande importance ; on a essayé d’y démontrer qu’un examen libre et
sincère, s’appliquant uniquement aux deux questions que nous avons signalées ici comme étant la
base de toute connaissance, fournit la certitude que la vie de l’homme plonge dans un véritable
monde spirituel. Ce livre tente de légitimer la connaissance du domaine spiritueavl ant que l’on ait
l’accès de ce domaine. Et cette légitimation a été faite de telle