Réseaux sémantiques : la nature logique et linguistique des relateurs - article ; n°87 ; vol.22, pg 55-78
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Description

Langages - Année 1987 - Volume 22 - Numéro 87 - Pages 55-78
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Pierre Desclés
Réseaux sémantiques : la nature logique et linguistique des
relateurs
In: Langages, 22e année, n°87, 1987. pp. 55-78.
Citer ce document / Cite this document :
Desclés Jean-Pierre. Réseaux sémantiques : la nature logique et linguistique des relateurs. In: Langages, 22e année, n°87,
1987. pp. 55-78.
doi : 10.3406/lgge.1987.1963
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1987_num_22_87_1963Jean-Pierre DESCLÉS
Université de Paris-Sorbonne
et CAMS, C.N.R.S.-E.H.E.S.S.
RÉSEAUX SÉMANTIQUES :
LA NATURE LOGIQUE ET LINGUISTIQUE DES RELATEURS
Les réseaux sémantiques constituent une classe de structures de données représent
ables facilement dans un ordinateur. Ils sont utilisés pour cette raison en Intelligence
Artificielle comme des modes de représentation de connaissances.
Ce sont des psychologues (Collins et Quillan, 1969, 1970) qui ont proposé une
structure hiérarchique pour l'étude de la mémorisation. Aux nœuds sont situées des
représentations conceptuelles reliées entre elles par des relateurs. Les temps de
réponse aux phrases « un X est un Y », étaient effectivement hiérarchiquement
ordonnés comme le prévoyait le modèle, puisque la méthode d'étude de la structura
tion de la mémoire passait entièrement par le langage. Plusieurs objections ont été
adressées à ce modèle et aujourd'hui, il est abandonné. Cependant,
« pour résumer les recherches sur les modèles psychologiques de type hiérarchique,
on peut dire que la relation locale entre représentation super-ordonnée et représent
ation infra-ordonnée (ou générale par opposition à spécifique) a une indéniable
réalité psychologique. Mais les distorsions sont trop grandes pour que l'on puisse
parler de structures arborescentes » (Le Ny, 1986 : 20).
Aux modèles hiérarchiques arborescents ont succédé des modèles en réseaux situés
dans des espaces multidimensionnels. Il faut cependant bien voir que les modèles
psychologiques des réseaux, représentés spatialement, n'ont rien à voir avec une quel
conque localisation spatiale des représentations dans le cerveau.
D'autres modèles psychologiques « à traits » ont été aussi proposés ; ils reprennent
l'idée qu'une représentation est « composée » d'un ensemble de traits sémantiques.
Un trait est un équivalent de « propriété » (ou de « représentation mentale de pro
priété » ). Les modèles « à traits » ne vont pas sans rappeler les analyses « en sèmes »
(B. Pottier, 1974 : 62-64) et les analyses componentielles de la linguistique (voir
J. Lyons, 1970 : 362-367 et F. Rastier, 1985).
En Intelligence Artificielle, la notion de réseau a été reprise pour la représentation
des connaissances et son stockage en mémoire. Il existe plusieurs formes de réseaux
(par exemple les réseaux sémantiques partitionnés de Hendrix, 1978 ; les à
propagation de marqueurs de Fahlman, 1979, introduits en 1974-75 ; sur ce point voir
N. Findler, 1979, et aussi D. Kayser, 1986). Certains modèles de réseaux peuvent
même constituer des modèles de machines « hautement parallèles », les nœuds étant
des automates communiquant avec les voisins auxquels ils sont reliés dans le réseau.
Donnons tout de suite un exemple de réseau sémantique, emprunté à H. Gallaire,
1985 (voir la figure 1). VERTEBRE
MAMMELLES
| EST-UN
'POSS
MAMMIFÈRE
GRIFFES ESPÈCE-EN-DANGER
t EST-UN
POSS EST-UN PANTHÈRE
| EST-UN
BAGHEERA
- figure 1 -
Avec ce réseau, on représente un certain nombre de connaissances exprimées par
les énoncés suivants : Bagheera est une panthère ; les panthères sont des mammifèr
es ; les mammifères sont des vertébrés ; les mammifères possèdent des mammelles ;
les panthères ont des griffes ; la panthère est une espèce en danger.
Un réseau sémantique de ce genre se présente comme un graphe orienté (des som
mets — ou des nœuds — reliés par des flèches), sans circuits, en général connexe, et
doublement étiqueté : les sommets sont étiquetés par des concepts, les flèches par des
relateurs entre concepts. Le réseau peut correspondre, nous l'avons déjà signalé, à un
modèle de la mémoire sémantique « à long terme » d'un locuteur ; pour comprendre
certains énoncés ou pour procéder à certaines inferences, le fait appel à ses
connaissances enregistrées dans sa mémoire. L'information qui est portée par un som
met du réseau est définie (i) par le concept lui-même ; (îi) par les autres concepts aux
quels il est lié et enfin (iii) par la nature sémantique des relateurs. Les relateurs sont
censés avoir une portée universelle, c'est-à-dire qu'ils devraient être indépendants par
par rapport aux domaines représentés par les réseaux et aussi par rapport aux expres
sions linguistiques. Les relateurs EST-UN (en anglais : IS-A, rendu parfois par SORTE-
DE) et POSS (« possède ») du réseau donné en exemple sont des relateurs typiques. Ils
se voudraient être des primitives sémantiques « à portée universelle » et indépendant
es des moyens d'expressions linguistiques.
On peut retenir quatre caractéristiques importantes des réseaux :
(i) la représentation de connaissances « de sens commun » plus simple et plus
« naturelle » qu'avec le calcul des prédicats ;
(ii) la transitivité de certaines relations, ce qui autorise l'héritage des propriétés
d'un concept par ceux qu'il subsume, d'où l'économie de mémoire pour la représenta
tion de nombreuses relations ;
(iii) la facilité dans la recherche d'informations nécessaires à certains raisonne
ments et inferences ;
(iv) la définition d'une « proximité sémantique » entre concepts, ce qui évite dans
certaines recherches de balayer un trop grand nombre d'informations non pertinentes.
Les trois dernières caractéristiques sont fondées essentiellement sur des critères
d'économie d'un traitement informatique (non négligeables pour toutes les applica
tions mais aussi pour les modélisations plus théoriques qu'ils suscitent).
56 Les réseaux sémantiques évoquent la très vénérable théorie de la signification et de
la prédication d'Aristote ; non pas la théorie ultra-simplifiée qui a été diffusée par les
manuels de logique destinés aux étudiants en philosophie, à la fin du XIXe siècle, mais
la signification aristotélicienne reconceptualisée en la soumettant aux lois de l'exégèse
par des philosophes comme Pierre Aubenque {Le problème de l'être chez Aristote).
Nous sommes redevables à I. Kannelos de nous avoir signalé cet ouvrage, et de nous
avoir communiqué ses notes personnelles : « extension et intension dans la catégorie
de Yousia : quelques remarques méthodologiques », septembre 1983). Le nom de
Leibniz est souvent cité en intelligence Artificielle mais beaucoup plus rarement la
Logique de Port-Royal où pourtant la « compréhension » (opposée à l'« étendue »)
d'un concept est explicitement mise en œuvre dans l'analyse des raisonnements (voir
par exemple le travail de J.-C. Pariente). On est frappé de voir que certains problèmes
fondamentaux pour la connaissance se reposent à chaque époque. Par exemple, le
célèbre « arbre de Porphyre » de l'Antiquité (voir la figure 2) n'est pas sans rappeler
les réseaux hiérarchiques contemporains.
SUBSTANCES
I CORPS
L- ÊTRE-VIVANT
I ANIMAL
L- HOMME
ARISTOTE PLATON \ ALCIBIADE ...
— figure 2 : un extrait de l'arbre de Porphyre. —
Dans cet article, nous désirons étudier plus particulièrement la pertinence théori
que des réseaux sémantiques « à traits » ou « à propriétés » (assez analogues aux
réseaux de Fahlman sous toutefois nous occuper ici de la propagation de marqueurs)
en les rapprochant des modèles « à traits » de la psychologie cognitive, des analyses
sémiques de la linguistique et des analyses logiques que l'on voit apparaître de façon
récur

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