Rouen et son commerce maritime depuis Rollon jusqu à la prise de la ville par Philippe-Auguste (912-1204). - article ; n°1 ; vol.8, pg 17-30
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Rouen et son commerce maritime depuis Rollon jusqu'à la prise de la ville par Philippe-Auguste (912-1204). - article ; n°1 ; vol.8, pg 17-30

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1847 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 17-30
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1847
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ernest De Fréville
Rouen et son commerce maritime depuis Rollon jusqu'à la prise
de la ville par Philippe-Auguste (912-1204).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1847, tome 8. pp. 17-30.
Citer ce document / Cite this document :
De Fréville Ernest. Rouen et son commerce maritime depuis Rollon jusqu'à la prise de la ville par Philippe-Auguste (912-1204).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1847, tome 8. pp. 17-30.
doi : 10.3406/bec.1847.452059
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1847_num_8_1_452059«p- i
ROUEN
ET SON
COMMERCE MARITIME
DEPUIS ROLLON
JUSQU'A LA PRISE DE LA VILLE PAR PHILIPPE- AUGUSTE (l.)
(912—1204).
Il reste bien peu de traces du commerce des Rouennais pen
dant celte période de près de trois siècles ; telle est la destinée
de tous les commencements, ils passent presque inaperçus. Lors
qu'au dixième siècle, en 912, Rollon débarqua devant Rouen,
sur l'île de la Roquette , la ville , ruinée , ne contenait plus que
de pauvres marchands et une foule désarmée (2). A cette vue, le
chef Scandinave, quoique chassé naguère de Ja Norwége pour un
fait de piraterie, dut comprendre bien vite que l'intérêt et la
gloire d'un duc des Normands n'étaient pas les mêmes que ceux
d'un roi de mer. Il sortait d'ailleurs d'un pays où les avantages
de la navigation et du commerce étaient appréciés depuis long
temps ; il pensa nécessairement à protéger l'un et l'autre. La
chronique de Fontenelle dit qu'il se concilia , en peu de temps ,
l'attachement des hommes de toutes les professions (3). Rollon
sut donc faire respecter sa conquête au dedans et au dehors ; mais
après sa mort, qui eut lieu de 928 à 932 (4), les dévastations
renaquirent, sous le règne du faible Guillaume Longue-Épée, et
la minorité de son fils Richard Ier, dit Sans-Peur. Les Français
s'étant alors jetés sur la Normandie, pour la reprendre, les Nor-
(1) Sous ce titre, nous donnons à nos lecteurs un fragment du travail de M. de Fré-
ville, couronné dernièrement par l'Académie royale de Rouen. (Voy. le précédent vol.
delà Biblioth., page 580.)
(2) Chéiuel, Hist, de Rouen, t. I, p. xxxvj.
(3) Ex secunda appendice ad chron. Fontanell. ap. Bouquet, t. IX, p. 3.
(4) Dissertât, sur la mort de Rollon, par M. A. Deville (Mém. de l'Acad. de Rouen,
t- XLIII, p. 309).
Il- (Deuxième série.) 2 18
mands furent obligés d'appeler les Scandinaves à leur secours.
Ceux-ci arrivèrent en foule ; le duché fut sauvé , mais le pays
fut pillé de nouveau , et le calme ne reparut guère dans notre
province que vers la fin du dixième siècle. Les relations des
Normands avec le Nord devinrent, depuis cette époque, aussi
multipliées que pacifiques ; des traités unissaient notre duc, Ri-
chard-sans-Peur, avec Swen ou Suénon , roi de Danemark et
l'un des conquérants de l'Angleterre, avec Olaf, roi de Norwége,
et Lacman, roi de Suède. Vers l'an 1002, ces rois vinrent àEouen,
et ils y furent reçus avec une magnificence toute royale. Le fils
de Richard Fr, du même nom que son père , entretint ces rap
ports ; ce fut grâce à son intervention que , en 1008 , après une
captivité de trois ans parmi les Scandinaves , qui l'avaient enle
vée, Emma, vicomtesse de Limoges, fut renvoyée libre à son
mari (l). Quatre ans après, le roi détrôné des Anglo-Saxons,
Éthelred II, et son fils, Edouard, venaient chercher asile en Nor
mandie , auprès de leur beau-frère et oncle , le duc Eichard 11.
Ainsi, on trouvait aide et protection à la cour de nos ducs.
Ils accueillirent généreusement jusqu'aux comtes de Flandre, bien
qu'ils fussent des voisins assez jaloux, et qu'ils descendissent du
meurtrier de Guillaume Longue-Épée. On sait que le comte Ar-
nould II , engagé dans une guerre malheureuse pour n'avoir pas
voulu reconnaître la royauté de Hugues Capet, trouva un asiJe
auprès de Richard Ier, qui le réconcilia avec le nouveau roi , et
que Robert le Magnifique ramena en Flandre, en 1028, le vieux
comte Baudouin IV (2).
Ces services signalés durent faciliter extrêmement l'extension
du commerce rouennais en Flandre , dans cette contrée si néces
sairement industrielle , qu'au lendemain , pour ainsi dire , des
terribles invasions Scandinaves , on y voit renaître des fabriques
et un commerce considérable de cuirs tannés, de toiles et de
draps (3). Mais s'il n'y a que de fortes présomptions en faveur
de l'existence , aux dixième et onzième siècles , d'un commerce
maritime entre Rouen et les villes flamandes , pour l'Angleterre
là certitude est complète. Les lois qui portent le nom d'Ethel-
red II , et qui sont par conséquent antérieures à l'armée 1012 ,
(1) Adhémar de Chab., ap. Bouquet, t. X, p. 151.
(2) Warnkœnig, Hist, de la Flandre, 1. 1, p. 152 et 154.
(3) Id.,t il, [>• 181 et siiiv. 19
témoignent de la laveur extrême que les Normands trouvaient en
Angleterre. Elles portent que les marchands de Rouen qui ame
naient, dans le royaume, du viu et du craspois (poisson à faire
de l'huile) étaient exempts d'impôts (I). Nous faisions donc, tout
au commencement du onzième siècle , le transit des vins de
France pour l'Angleterre. Quant au commerce du craspois, c'é
tait une très-ancienne industrie, pratiquée par tous les riverains
de la partie de mer comprise entre le Rhin et la Seine, nommée
mer Britannique. Le livre des miracles de saint Vaast , qui nous
reporte à l'année 876, dit à ce sujet : « In Britannico mari, soliti
sunt piscatores simul proficisci ad capiendum balenam (2). »
Des détails qui précèdent ,. il faut conclure, ce nous semble ,
que, par leur établissement en France, les Normands ne rendi
rent pas seulement la tranquillité aux contrées occidentales de
l'Europe, mais encore qu'ils furent les premiers à profiter de la
paix, pour relever, je dirais même pour créer le grand commerce
maritime entre la France et les pays septentrionaux.
Cependant les pensées de ce peuple, nouvellement converti,
s'étaient tournées vers l'Orient; et peut-être que, dans son désir
de visiter les saints lieux, il entrait beaucoup de cette curiosité et
de cette audace irrésistibles qui l'avaient poussé dans le monde.
Quoi qu'il en soit, on vit, dès le commencement du onzième
siècle, les Normands, en habit de pèlerins, se diriger vers Jéru
salem. Ils y étaient déjà si connus, du temps de Richard II,
c'est-à-dire avant 1028, que les moines du mont Sinaï venaient
dès lors tous les ans à Rouen, recueillir les magnifiques aumônes
du duc (3). Et lorsque Pierre l'Ermite appela, en 1095, tout
l'Occident à la croisade, chacun sait que les Normands furent des
premiers à répondre. C'étaient , du reste , de rudes pèlerins , et
qui ne se faisaient pas faute, chemin faisant, de distribuer quel
ques bons coups d'épée. A ce titre, ils étaient renommés par tous
pays, et principalement en Espagne, en Sicile et en Italie. Les
Sarrasins et les Grecs les connaissaient à merveille.
(1) Leges jEtlielredi régis, с 23, apiid du Gange, v° Craspiscis. Il paraît que ces
denrées payaient au contraire à Londres, au douzième siècle. (V. cl), de Henri-P'aa-
tagenet, art. 21, dans Chéruel, Hist, de Rouen précitée, 1. 1, p. 241 et suiv.)
(2) D. Bouquet, t. VII, p. 367.
(3) Raoul Glaber, 1. III, coll. du Cliesne, t. IV- ( Voy. l'art, de M. Lud. Lalanne sur
les Pèlerinages avant les croisades , Bxbl. de l'Éc. des Ch., t. II, 2e série, pag. i et
suiv.) 20
Toutes ces expéditions ou pèlerinages, comme on les voudra
nommer, ue se faisaient point sans profit pour le commerce. On
racontait au foyer ce qu'on avait appris des usages de ces pays
lointains ; on en rapportait parfois les produits de leur industrie.
Par exemple, nous voyons que, en 1077, Guillaume Pantol fit
don à l'abbaye de Saint-Évroult de quatre grands morceaux des
plus belles étoffes de soie , brochée d'or, qu'il eût rapportées de
la Pouille (1). Mais pour faire toucher du doigt l'utilité com
merciale de ces voyages , il faut savoir qu'à Chartres , à peu de
distance de la Normandie , on n'eut d'idées précises sur le midi
de Г Italie qu'au commencement du douzi&

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