Sanctuaires d Ougarit - article ; n°1 ; vol.7, pg 37-50
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Description

Travaux de la Maison de l'Orient - Année 1984 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 37-50
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Marguerite Yon
Sanctuaires d'Ougarit
In: Temples et sanctuaires. Séminaire de recherche 1981-1983. sous la direction de G. Roux. Lyon : Maison de
l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1984. pp. 37-50. (Travaux de la Maison de l'Orient)
Citer ce document / Cite this document :
Yon Marguerite. Sanctuaires d'Ougarit. In: Temples et sanctuaires. Séminaire de recherche 1981-1983. sous la direction de G.
Roux. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1984. pp. 37-50. (Travaux de la Maison de l'Orient)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_0766-0510_1984_sem_7_1_1651;
;
DOUGARIT SANCTUAIRES
Marguerite YON
Le royaume d'Ougarit, situé sur la côte syrienne de la Méditerranée, a tenu,
comme on le sait, une place importante dans le monde oriental du 2e millénaire,
au Bronze Moyen et surtout au Bronze Récent (du moins dans l'état actuel de no
tre information), jusqu'à sa destruction définitive au début du XIIe s. a.C. au mo
ment des passages des Peuples de la mer1.
Sur le tell de Ras Shamra (Fig. 1) ont été découverts les restes d'une ville impos
ante, avec un palais royal de dimensions impressionnantes, des fortifications,
des quartiers d'habitation luxueux ou moins riches... On y a trouvé d'autre part
de très nombreux textes écrits sur des tablettes d'argile, qui ont fait depuis 1929
la célébrité du site. Les uns sont en akkadien, langue diplomatique internationale
au Bronze Récent dans cette partie du monde oriental ; certains textes sont en
hittite, en hourrite, voire en chypro-minoen, ou gravés en hiéroglyphes égyp
tiens ; d'autres enfin sont rédigés dans une langue jusque là inconnue, apparte
nant au sémitique occidental, et qu'on a appelé « ougaritique ». Parmi tous ces
textes, figurent en particulier des textes religieux, récits mythologiques ou
rituels divers, qui montrent quelle place tenaient la religion et la présence divine
dans la vie des habitants d'Ougarit2.
* Je tiens à remercier ici Jean Margueron, ainsi que mes collègues de la mission de Ras Shamra-
Ougarit : Pierre Bordreuil, Olivier Callot, Yves Calvet, Annie Caubet et Joël Mallet. A tous je dois
des discussions fructueuses et des suggestions utiles.
1. La bibliographie concernant le site de Ras Shamra est considérable; je me contenterai de ci
ter ici trois travaux publiés en 1979, l'année du cinquantenaire de la découverte du site:
G. Saadé, Ougarit, Métropole cananéenne, Beyrouth Supplément au Dictionnaire de la Bible, s. v. Ras
Shamra, col. 1 124-1466 (abrégé ici = SDB), Paris, avec des notices de J.C. Courtois, M. Liverani, D. Ar
naud, E. Laroche, A. Caquot, M. Sznycer, E. Jacob et H. Cazelles ; Mission de Ras Shamra, Ras
Shamra 1929-1979, Lyon. Les rapports de fouille depuis 1929 ont été publiés par C. Schaeffer dans
Syria, ainsi que diverses études dans la collection Ugaritica. Pour les fouilles plus récentes, voir nos
rapports à paraître dans Syria 1982 (sous presse) et 1983 (à paraître).
2. Voir A. Caquot, M. Sznycer, A. Herdner, Textes ougaritiques, I : Mythes et légendes, Paris, 1974 (abrégé
ici = Textes) cf. A. Caquot, « La littérature ougaritique », dans SDB, col. 1361-1403 (avec bibliogra
phie antérieure). Voir récemment G. del Olmo Lete, Mitos y legendas de Canaan segun la tradicion de
Ugarit, Madrid, 1981. 38 M. YON
La confrontation de ces textes avec les restes archéologiques devrait apporter
des éclairages nouveaux à la connaissance de la civilisation ougaritique ; et parmi
les aspects que l'on peut prendre en compte, on s'attachera ici à l'architecture sa
crée, pour essayer de voir comment et dans quels lieux les Ougaritiens, chez qui
les divinités avaient une si grande place, célébraient leurs rites et honor
aient leurs dieux, et quels types de constructions leur servaient de cadre.
Β
0 600 m.
Fig. 1 - Le tell de Ras Shamra-Ougarit : 1. Palais Royal. 2. Poterne. 3. Palais sud. 4. Maison
aux albâtres. 5. Quartier égéen. 6. Écuries. 7. Sanctuaire hourrite. 8. Résidence (1975-1976).
9. Temple de Baal. 10. Maison du Grand Prêtre. 11. Temple de Dagan. 12. Maison du Prêtre
magicien. 13. Sanctuaire aux rhytons (1978-1983).
(Schéma d'O. Callot)
TEXTES
Bien entendu les témoignages épigraphiques les plus divers indiquent l'impor
tance que revêt la présence des dieux, et on ne saurait les évoquer tous ici. On
connaît de nombreuses divinités - divinités cananéennes, mais aussi divinités ba
byloniennes, hourrites, dieux d'Alasia ou d'Amourrou3...-. On peut évoquer des
listes de dieux, des hymnes, comme l'hymne au dieu El4, des rituels, comme le re
cueil de formules magiques et médicales à l'adresse du dieu Mardouk5 - ; on
3. E. Laroche, CRAI, 1963, p. 152-153 ; voir Courtois, SDB, col. 1274.
4. Cf. Courtois, SDB, col. 1253-1254 à propos du « Panthéon » d'Ougarit trouvé dans la « Maison de
Rap'anou », ou col. 1274 pour l'hymne au dieu El (en hourrite), avec bibliographie antérieure.
5. J. Nougayrol, Ugaritica V, 1968, p. 631-633 (cf. SDB, col. 1251). :
SANCTUAIRES D'OUGARIT 39
rappellera aussi que les correspondances royales, selon un usage très répandu,
commencent par des invocations et des appels à la protection divine : « Que les
dieux d'Ougarit et les dieux [du correspondant] te gardent en bonne santé »...
Et surtout on s'attachera ici aux textes mythologiques trouvés sur l'acropole,
dans (?) la « Maison du Grand-Prêtre »6, ensemble de poèmes en langue ougariti-
que, daté du XIVe s. Malgré les lacunes qui interrompent souvent le déroulement
des récits, et même si le choix des textes parvenus jusqu'à nous est en partie l'ef
fet du hasard, ces tablettes font apparaître l'existence d'un panthéon organisé,
qui a une histoire dynamique, et régit le monde où vivent les humains. Elles
contiennent d'une part des mythes, récits des aventures des dieux, qui rendent
compte des grandes interrogations que sont la mort, la fécondité et la naissance,
leurs manifestations à travers les forces cosmiques (pluie et orages) et la végétat
ion, le pouvoir royal et ses fondements...; d'autre part on a des récits légendaires,
présentant des hommes (des rois) dans leurs rapports avec les dieux.
A plusieurs reprises il est question, dans les poèmes centrés autour du person
nage de Ba'al (Le cycle de Baal), de la construction d'un palais divin. C'est ainsi
que le texte intitulé Ba'al et la mer7, sur une tablette malheureusement très e
ndommagée, évoque la construction du palais de Yam, dieu de la mer : « Kothar-
Khasis bâtit une demeure pour le prince Yam, il édifie un palais pour le jugé Na-
har » ; cette construction provoque des protestations de la part d'autres dieux,
qui se plaignent de ne pas posséder de « maison comme les dieux, ni de maison
comme les fils saints »8.
Encore plus intéressantes pour notre propos sont les deux tablettes qui portent
les épisodes Ba'al et Anat et Le Palais de Ba'al, et qui concernent la construction
de la demeure de ce dieu9. La demande en est faite avec insistance, dans une sor
te de refrain qui rythme la progression du poème ; elle est présentée au dieu El,
le père des dieux, par l'intermédiaire d'Anat :
« Ba'al n'a pas de maison comme les dieux,
« ni de cour comme les fils d'Athirat,
« de demeure El,
« d'abri comme ses fils... » {Textes, p. 172, 176...)
6. Ainsi désignée à cause de dédicaces mentionnant le « Chef des prêtres », elle se trouve près du tem
ple de Ba'al. Pour ces textes mythologiques, on se reportera à la traduction qu'en ont donnée A. Ca-
quot, M. Sznycer et A. Herdner ( = Textes) en 1974 : voir note 2. Quant à leur date, il faut rappeler
que le colophon de plusieurs de ces tablettes porte le nom de Niqmadou, roi d'Ougarit (Niqmadou
II ca 1360-1330). Iyes éditeurs font remarquer que ces textes présentent un état de langue archaïque
par rapport aux textes diplomatiques ou épistolaires contemporains (Textes, p. 45) : s'agit-il d'un
procédé littéraire, ou les poèmes sont-ils réellement antérieurs à la version que nous en avons ?
7. Textes, p. 121-126.
8. Formulation que l'on retrouve comme un refrain dans Le palais de Ba'al. Il est admis que le terme
de « maison » ou de « palais » désigne le temple, maison du dieu ; voir par exemple, pour les textes
bibliques, les remarques de

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