L'Acheuléen - article ; n°1 ; vol.2, pg 169-242

Alain Turq

Description

Paléo - Année 2000 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 169-242
74 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Sciences et techniques

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• Publié par: PALEORIENT
• Publié le: 01 janvier 2000
• Nombre de lectures: 148
• Langue: Français
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Alain Turq
L'Acheuléen
In: Paléo, supplément, 2000. pp. 169-242.
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Turq Alain. L'Acheuléen. In: Paléo, supplément, 2000. pp. 169-242.
doi : 10.3406/pal.2000.1270
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pal_1145-3370_2000_sup_2_1_1270L'ACHEULEEN
section plus ou moins triangulaire), sur blocs ou L'Acheuléen, faciès culturel du Paléolithique
partiels. A cela s'ajoutent des hachereaux sur ancien, doit son nom à un faubourg d'Amiens et est
caractérisé tout comme l'Abbevillien par son éclats, des choppers et des chopping-tools. Ce
instrument type, le biface. Par son abondance et faciès a été retrouvé en Bergeracois à Barbas,
ses variations morphologiques, cet outil sert de Cantalouette et aux Pendus (Guichard J. et G.,
base pour l'évolution de ce techno-complexe et 1966; Guichard J., 1976). Ici aussi, l'outillage sur
permet de différencier les divers faciès. éclat, élégant, à retouche soignée, très moustérien,
contraste avec les bifaces qui, mis à part quelques Dans la région étudiée, seuls trois sites ont livré
spécimens, présentent un aspect très archaïque. des vestiges en stratigraphie : Combe-Grenal
La majorité est réalisée sur éclat de gel, (Bordes, 1955c, 1971, 1984), Grotte Vaufrey
congélifract ou petit rognon. Les hachereaux et (Rigaud, 1982) et La Plane (Turq, 1988). Quatre
bifaces-hachereaux existent. Les séries gisements de plein air ont livré des séries
conséquentes d'outils bifaciaux ont permis de abondantes, mais toutes proviennent de
définir des types particuliers (Guichard J. et G., ramassages de surface. Les ensembles lithiques
1966 ; Guichard J., 1976) : biface type les Pendus, allant de la pièce isolée (naturellement le biface) à
à rostre aplani, caréné, de type Cantalouette, une dizaine de pièces sont de loin les plus
réniforme, à épaulement, et aussi de constater le nombreux. L'examen de la littérature indique qu'en
lien étroit qui existe entre la nature, la forme du bloc Aquitaine, outre le Micoquien, il existe trois faciès
et la morphologie de l'outil. E. Boëda, après le acheuléens.
réexamen des séries de l'Acheuléen du Pech-de- Dans le Bassin Aquitain, le seul site micoquien est
l'Azé II et la reprise des fouilles de Barbas, a le gisement éponyme de la Micoque. Par contre,
reconnu une production technologique particulière des bifaces micoquiens ont été découverts
qu'il dénomme trifaciale. Elle repose sur sporadiquement.
l'aménagement et/ou le débitage de bifaces et de L'Acheuléen, que l'on peut qualifier de classique, se nucleus à partir d'un dos façonné, correspondant caractérise par des bifaces réguliers mais surtout aux pièces bifaciales à dos, naturel ou débité, déjà symétriques (Guichard J., 1965, 1976), il a été décrites. signalé en plein air par de nombreux auteurs
La différenciation entre l'Acheuléen méridional et (Féaux, 1899; Bourgon, 1957; Thibault, 1970;
l'Acheuléen sensu stricto paraît parfois difficile. Moisan, 1978; Texier, 1982), mais aucun site n'a
Ainsi F. Bordes a d'abord attribué la couche 58 de encore été fouillé. Les industries qui lui
Combe-Grenal à l'Acheuléen (Bordes, 1972) avant appartiennent sont connues même dans le Nord de de l'attribuer à méridional. la France à travers des séries anciennes presque
L'Acheuléen à galets taillés est connu toujours sélectives. Les bifaces ont été décrits mais exclusivement à travers des sites de grottes ou de non exhaustivement. plein air implantés sur, ou à proximité immédiate
L'Acheuléen méridional a été isolé par F. Bordes et des terrasses alluviales de la Garonne et des
défini à partir des couches 9, 8 et 7C du Pech de vallées de ses affluents de rive droite, le Tarn,
l'Azé II et 58 à 61 de Combe-Grenal (Bordes, 1965, l'Agout, l'Hers, l'Ariège et le Lot. Bien que plusieurs
1971, 1984). Il se caractérise par un débitage centaines de sites soient connus, peu de
Levallois plus ou moins important, un outillage sur publications leur ont été consacrées. Seuls les
éclat très diversifié, qualifié d'"évolué", contrastant travaux de A. Tavoso portant essentiellement sur le
avec la morphologie des bifaces, généralement bassin du Tarn, en amont de son confluent avec
grossiers, amygdaloïdes courts, nucléiformes, à l'Aveyron, fournissent des données fiables. Cet
dos (soit cortical, soit par retouche abrupte, à auteur isole et définit trois groupes :
169 "••../ .•"••••....
Fig. 125. - Situation des sites acheuléens étudiés : 1, Le bourg de Tombeboeuf ; 2, concentration G1 de
Roquepine ; 3, Combe-Grenal (couche 59) ; 4, Les Combes ; 5, La Plane ; 6, Métayer;
7, Grotte Vaufrey : 8, Peruffe.
- l'Acheuléen moyen archaïque est dominé par bifaces (14 à 16%). Ces derniers sont plus
un fort pourcentage de galets taillés, surtout des standardisés, plus allongés, pointus et surtout
choppers (de 43 à 60%) distaux, latéraux ou lancéolés. La retouche est plus soignée, les bords
anguleux, des chopping-tools (autour de 10%) et mieux régularisés et fréquemment rectilignes. Le
de nombreux bifaces (de 27 à 30 %). Ces pièces, débitage est proche de celui des stades
peu standardisées, aux formes irrégulières, aux précédents. •
arêtes sinueuses, aux larges plages corticales
Pour conclure, notons qu'aucun site ne présente en envahissant les deux faces, ont souvent été stratigraphie les "trois faciès" et que trois sites ont obtenues par une seule génération d'enlèvements
fait l'objet de datations absolues : La Micoque, sur chaque face. Les objets pointus dominent mais
Vaufrey (Shwartz in Rigaud 1988), Le Pech de il existe des tranchants transversaux rectilignes,
l'Azé II (Grùn, Mellars, Laville, 1991). souvent étroits, et quelques hachereaux sur éclat.
Les éclats sont à talon cortical (80%), le plus Dans le cadre de ce travail, nous avons choisi
souvent à surface supérieure corticale, ce qui d'étudier, dans la mesure du possible, un ensemble
indique que le galet a fourni peu d'éclats et que son lithique pour chaque faciès. Notre choix a d'abord
débitage a été effectué sans préparation préalable. privilégié les séries provenant de fouilles puis celles
- l'Acheuléen moyen pour lequel le pourcentage issues de ramassages de surface sans mélange
de choppers a légèrement augmenté (autour de probable d'industries, enfin, et seulement en
50 %) ; celui des chopping-tools est inchangé dernier ressort, les autres (fig. 125). En fonction de
(10 %) et celui des bifaces a diminué (19 à 27 %). la qualité de la série, l'étude sera plus ou moins
Ces derniers sont amygdaloïdes ou lancéolés et poussée. Pour l'Acheuléen classique, nous avons
ont un contour plus régulier, des arêtes plus retenu deux sites : celui du Bourg de Tombeboeuf à
soignées, ce qui est dû à une retouche secondaire débitage non Levallois (fouilles A. Turq et
des bords. Il existe quelques hachereaux sur éclat. ramassage de surface F. Debertonne) et le site de
Le débitage rappelle celui du stade précédent mais Roquepine à débitage Levallois (ramassage de
on observe l'apparition de la méthode Levallois. surface de A. Vigier). Pour l'Acheuléen méridional
sera analysée la couche 59 de Combe-Grenal - l'Acheuléen supérieur montre l'augmentation du
(Fouilles F. Bordes) et pour à galets pourcentage de galets aménagés. Ceci est
taillés, le site des Combes (ramassage de surface essentiellement dû au développement des
chopping-tools (26 %), qui sont moins grossiers et A. Turq). Nous ferons, ensuite, une présentation
qui sont souvent latéraux ou étendus. Les choppers rapide de quelques ensembles régionaux comme
sont en légère régression (40 à 44 %), ainsi que les La Plane et Métayer pour le Haut-Agenais.
170 réalisé en bordure de la route du cimetière, a - L'ACHEULEEN CLASSIQUE. 1
permis de récolter un abondant matériel dans une
Les pièces isolées, attribuables à ce faciès, sont coulée de solifluxion.
assez fréquentes, mais les séries étudiables sont
rares. Les sites sont surtout localisés dans les 1-1-1 Signification et inté