L évolution du peuplement, de l habitat et des paysages agraires du Maghreb - article ; n°446 ; vol.81, pg 451-464
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L'évolution du peuplement, de l'habitat et des paysages agraires du Maghreb - article ; n°446 ; vol.81, pg 451-464

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Description

Annales de Géographie - Année 1972 - Volume 81 - Numéro 446 - Pages 451-464
The evolution of Maghreb's population, habitat and rural landscape.
Recent evidence from eastern Morocco, Algeria, Tunisia and Tripolitania supports de Planhol's thesis that a distinct peasant civilization was established in the pre-saharan mountains of the Maghreb in the pre-classical period and survived intact until at least the 11th century. Since that time this civilization has gradually disappeared from large areas, though it survives to this day in the western High Atlas, the Aures Massif and in parts of the Djebels Matmata, Ouderna and Nefousa. These semi-arid mountains and hills were attractive for early settlement by peasant communities because of their open forest vegetation. There were few obstacles to their penetration, and settlement involved little clearing. Over the centuries the Berber population developed a variety of irrigation techniques to concentrate and retain the scarce surface water and to allow the accumulation and retention of soil. This provided a sound agricultural base, while livestock rearing, involving short-range trans-humance movements, formed an equally important element in the economy. Indeed, this rural civilization appears to have given to the pre-saharan zone a degree of unity and a certain individuality during early historical times. In contrast, the coastal mountains remained sparsely populated during the early historical period, and were occupied by communities with a much less sophisticated economy and a low level of material culture.
Un ensemble de témoignages récents venant du Maroc oriental, d'Algérie, de Tunisie et de Tripolitaine confirment la thèse de Xavier de Planhol en prouvant qu'une civilisation paysanne distincte s'est établie dans les montagnes présahariennes du Maghreb à l'époque préclassique et a survécu intacte au moins jusqu'au XIe siècle. Depuis, cette civilisation a graduellement disparu de grandes régions, bien qu'elle se soit maintenue dans le Haut-Atlas occidental, le massif de l'Aurès et dans certaines parties des djebels Matmata, Ouderna et Nefousa. Ces montagnes et collines semi-arides présentaient à des communautés paysannes l'attrait de leur forêt ouverte, et leur peuplement fut très précoce. Elles offraient peu d'obstacles à la pénétration et il ne fallait que très peu déboiser avant de s'installer. A travers les siècles la population berbère mit en pratique différentes techniques d'irrigation afin de concentrer et retenir la rare eau de ruissellement et d'accumuler et garder le sol fertilisé. Ceci procurait une bonne base à l'agriculture, tandis que l'élevage du petit bétail, s'appuyant sur la transhumance à courte distance, formait un élément également important de l'économie. Il semble que cette civilisation paysanne ait réellement donné à la zone présaharienne du Maghreb un certain degré d'unité et une certaine individualité jusqu'à l'époque médiévale. Par contraste, les montagnes littorales restèrent à peu près vides pendant cette période et furent occupées par des communautés dont l'économie était beaucoup moins avancée et le niveau de vie très faible.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 81
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Richard I. LAWLESS
L'évolution du peuplement, de l'habitat et des paysages agraires
du Maghreb
In: Annales de Géographie. 1972, t. 81, n°446. pp. 451-464.
Citer ce document / Cite this document :
LAWLESS Richard I. L'évolution du peuplement, de l'habitat et des paysages agraires du Maghreb. In: Annales de Géographie.
1972, t. 81, n°446. pp. 451-464.
doi : 10.3406/geo.1972.18768
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1972_num_81_446_18768Abstract
The evolution of Maghreb's population, habitat and rural landscape.
Recent evidence from eastern Morocco, Algeria, Tunisia and Tripolitania supports de Planhol's thesis
that a distinct peasant civilization was established in the pre-saharan mountains of the Maghreb in the
pre-classical period and survived intact until at least the 11th century. Since that time this civilization has
gradually disappeared from large areas, though it survives to this day in the western High Atlas, the
Aures Massif and in parts of the Djebels Matmata, Ouderna and Nefousa. These semi-arid mountains
and hills were attractive for early settlement by peasant communities because of their open forest
vegetation. There were few obstacles to their penetration, and settlement involved little clearing. Over
the centuries the Berber population developed a variety of irrigation techniques to concentrate and
retain the scarce surface water and to allow the accumulation and retention of soil. This provided a
sound agricultural base, while livestock rearing, involving short-range trans-humance movements,
formed an equally important element in the economy. Indeed, this rural civilization appears to have
given to the pre-saharan zone a degree of unity and a certain individuality during early historical times.
In contrast, the coastal mountains remained sparsely populated during the early historical period, and
were occupied by communities with a much less sophisticated economy and a low level of material
culture.
Résumé
Un ensemble de témoignages récents venant du Maroc oriental, d'Algérie, de Tunisie et de Tripolitaine
confirment la thèse de Xavier de Planhol en prouvant qu'une civilisation paysanne distincte s'est établie
dans les montagnes présahariennes du Maghreb à l'époque préclassique et a survécu intacte au moins
jusqu'au XIe siècle. Depuis, cette civilisation a graduellement disparu de grandes régions, bien qu'elle
se soit maintenue dans le Haut-Atlas occidental, le massif de l'Aurès et dans certaines parties des
djebels Matmata, Ouderna et Nefousa. Ces montagnes et collines semi-arides présentaient à des
communautés paysannes l'attrait de leur forêt ouverte, et leur peuplement fut très précoce. Elles
offraient peu d'obstacles à la pénétration et il ne fallait que très peu déboiser avant de s'installer. A
travers les siècles la population berbère mit en pratique différentes techniques d'irrigation afin de
concentrer et retenir la rare eau de ruissellement et d'accumuler et garder le sol fertilisé. Ceci procurait
une bonne base à l'agriculture, tandis que l'élevage du petit bétail, s'appuyant sur la transhumance à
courte distance, formait un élément également important de l'économie. Il semble que cette civilisation
paysanne ait réellement donné à la zone présaharienne du Maghreb un certain degré d'unité et une
certaine individualité jusqu'à l'époque médiévale. Par contraste, les montagnes littorales restèrent à peu
près vides pendant cette période et furent occupées par des communautés dont l'économie était
beaucoup moins avancée et le niveau de vie très faible.L'évolution du peuplement,
de l'habitat et des paysages agraires
du Maghreb
par Richard I. Lawless
Université de Durham.
Dans un article paru ici en 19621, Xavier de Planhol tentait de reconsti
tuer les genres de vie des montagnards du Maghreb au début de l'histoire,
et d'examiner la portée des invasions médiévales des grands nomades arabes
sur le peuplement et la structure de l'habitat de cette région.
Les premiers habitants connus du Maghreb sont les Berbères, et X. de
Planhol suggérait qu'avant les invasions médiévales des Arabes au xie siècle
le centre de leur civilisation se situait dans les montagnes déjà nettement
s' étendant du Haut et de l'Anti-Atlas sèches de la frange interne du Maghreb,
au Maroc, à travers l'Atlas saharien et l'Aurès en Algérie, jusqu'aux djebels
Matmata et Ouderna en Tunisie et jusqu'au djebel Nefousa en Tripolitaine
(fig- 1).
Originellement boisées, mais avec une végétation de climax forestiers
très fragile (souvent forêts claires de chênes, pins ou genévriers), ces mont
agnes, qui reçoivent une chute de pluie moyenne dépassant rarement
400 mm par an, n'étaient pas difficiles à pénétrer. Le travail de déboisement
nécessaire avant de fonder une habitation n'était que peu important. C'est
précisément, insiste-t-il, la médiocrité de l'obstacle forestier qui explique
leur peuplement précoce et leur apparition très ancienne dans l'histoire. Il
semble que la population, qui vivait dans des villages de pierre sèche, ait été
composée de paysans pasteurs pratiquant une agriculture d'irrigation et
l'élevage du petit bétail. Ils aménagèrent les pentes des basses collines en
1. X. de Planhol, « Caractères généraux de la vie montagnarde dans le Proche-Orient et
dans l'Afrique du Nord », Annales de Géographie, 1962, p. 113-130; id., Les Fondements géogra
phiques de l'histoire de l'Islam, 1968, p. 124-155 ; voir aussi J. Despois, « La culture en terrasses
en Afrique du Nord », Annales E.S.C., 1956, p. 42-50 ; id., Le Djebel Amour, Paris, Publications
de la Faculté des Lettres d'Alger, 11e série, XXXV ; pour une étude de la en
dans les pays méditerranéens, id., Géographie et histoire agraires, Nancy, Mémoires des Annales
de l'Est, 21, p. 105-117. 452 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
terrasses de façon à pouvoir cultiver des céréales et planter des arbres ; la
terrasse irriguée leur procurant une base agricole certaine par rapport aux
résultats aléatoires de l'agriculture pluviale. La surproduction de céréales
était souvent amassée dans des greniers et magasins collectifs. En hiver
ces communautés menaient leurs troupeaux de brebis et de chèvres dans les
plaines basses, et en été dans les hautes pâtures de montagne. Pour ces
déplacements à courte distance, il n'y avait nul besoin de chameaux, ni
même de chevaux, et le bœuf porteur était la bête de somme la plus larg
ement utilisée1. Quoiqu'il soit difficile d'évaluer les densités de population
pour cette époque, X. de Planhol suggérait que dans les montagnes pré-
sahariennes elles devaient être assez proches de celles d'aujourd'hui.
Fig. 1. — Carte générale du Maghreb.
Il montra aussi qu'à l'opposé des montagnes de l'intérieur à la civilisa
tion rurale cohérente, les montagnes littorales humides s' étendant du Rif
à la Kroumirie (dont certaines parties reçoivent plus de 1 000 mm de pluie
par an) restèrent très boisées jusqu'aux grands remaniements médiévaux.
Elles semblent avoir été à peu près vides, les habitants occupant de rudes
abris construits dans de petites clairières disséminées à travers la forêt. Ces
communautés primitives dépendaient probablement des produits de la forêt
pour subsister. Ils vivaient en équilibre avec le milieu et étaient incapables
de mettre sérieusement la forêt en danger2.
Le caractère traditionnel de l'occupation humaine de ces montagnes
changea cependant radicalement après le xie siècle, selon X. de Planhol,
1. Le rôle important que joua le bœuf porteur dans la vie de ces communautés a été examiné
plus en détail par X. de Planhol, « Le bœuf dans le Proche-Orient et l'Afrique du Nord »,
Journal of the Economie and Social History of the Orient, 12, 1969, p. 298-321.
2: X. de Planhol observe un contraste semblable, au Proche-Orient, entre l'occupation
humaine des montagnes littorales et des montagnes de l'intérieur au début de l'histoire et jusqu'au
Moyen Age. LE PEUPLEMENT DU MAGHREB 453
-c'est-à-dire après les invasions médiévales des grands nomades arabes — le
Béni Hilal et le Béni Solaym. Dans certaines parties des montagnes de l'inté
rieur,

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