Sur l ampleur de la morphogenèse historique dans les bassins versants du Sahel tunisien
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Sur l'ampleur de la morphogenèse historique dans les bassins versants du Sahel tunisien

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Sur l’ampleur de la morphogenèse historique dans les bassins versants du Sahel tunisien Ahmed Boujarra*, Abdelkarim Boujelben* et Mohamed Taabni** * Faculté des lettres et des Sciences Humaines de Sousse, Université du centre; Tunisie. ** Maison des Sciences Humaines et de la Société; Université de Poitiers; France. Résumé : Ce travail relate l’importance des héritages géomorphologiques d’âge Historique dans les bassins du Sahel tunisien. (fig. n°1) Il examine la variété des formes et les dynamiques de leur mise en place. Une multitude d’héritages historiques est distinguée. Des formes d’accumulation alluviale sont relevées dans les fonds des vallées et dans les marges des bassins endoréiques (deux à trois niveaux alluviaux). Les autres formes sont liées aux actions éoliennes. Des pseudo sables sont dégagés par la déflation éolienne des fonds des dépressions endoréiques et sont accumulés sur les contre pentes et dans les plaines environnantes. Des placages de sables éoliens appelés Trab es-Seffi, plus ou moins épais, revêtent les terrasses médiévales et les talus qui les raccordent aux hautes terrasses. Les autres couvertures plus anciennes sont composées de sables Hmari (rouges jaunâtres et bruns foncés). Ils sont d’âge pré romain à post-antique. Dans les bassins côtiers, deux générations de cordons littoraux s’allongent parallèlement aux traits des côtes nord. Celui qui longe la èmeligne de rivage actuel est postérieur au 5 siècle Ap J. C.

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Publié le 12 juin 2013
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Sur l’ampleur de la morphogenèse historique dans les bassins versants du Sahel tunisien
Ahmed Boujarra*, Abdelkarim Boujelben* et Mohamed Taabni** * Faculté des lettres et des Sciences Humaines de Sousse, Université du centre; Tunisie. ** Maison des Sciences Humaines et de la Société; Université de Poitiers; France.
Résumé : Cetravail relate l’importance des héritages géomorphologiques d’âgeHistorique dans les bassins du Sahel tunisien. (fig. n°1) Il examine la variété des formes et les dynamiques de leur mise en place. Une multitude d’héritages historiques est distinguée. Des formes d’accumulation alluviale sont relevées dans les fonds des vallées et dans les marges des bassins endoréiques (niveaux alluviauxdeux à trois). Les autres formes sont liées aux actions éoliennes. Despseudo sables sontdégagés par la déflation éolienne des fonds des dépressions endoréiques et sont accumulés sur les contre pentes et dans les plaines environnantes. Desplacages de sables éoliensappelésTrabes-Seffi,plus ou moins épais, revêtent les terrasses médiévales et les talus qui les raccordent aux hautes terrasses. Les autres couvertures plus anciennes sont composées de sablesHmarijaunâtres et bruns (rouges foncés). Ils sont d’âge pré romain à post-antique. Dans les bassins côtiers,deux générations de cordons littorauxparallèlement aux traits des côtes nord. Celui qui longe la s’allongent ème ligne de rivage actuel est postérieur au5 siècleAp J. C.Celui en position arrière remonte au début de l’Antiquité est préhistorique.
Les bassins versants du Sahel, situés en Tunisie du centre-est à l'intérieur du domaine semi-aride, font partie de la plate forme ondulée de la Tunisie orientale. Leur morphologie est commandée par la phase tectonique majeure du Mio-plio-quaternaire. Elle est marquée par des formes topographiques épousant les traits de la structure. Les crêtes collinaires sont constituées de sables et ou de croûtes calcaires. Elles coïncident avec les dômes des anticlinaux ou de petits horsts. Les dépressions sont remplies de sables, de limons à nodules
ou à concrétions, et de croûtes calcaires. Ils occupent les fonds des synclinaux et des grabens.
S a b k h it J r i b a
H er g l a S a b k h it H a lq  al M in ji l
T u n i s S o u s s e A lg é r i e S f a x
L ib y e
0 20 km F ig . n ° 1 :C a d re gé o g r a p h i q u ed uS a h e lt un is i e n
Les zones examinées occupent différents milieux du Sahel tunisien. Les premières s’inscrivent dans des bassins versants endoréiques. Il s’agit des vallées des oueds Zrata et Salah Bou Jdaida, petits cours d'eau des bordures occidentales du Sahel, situés sur les marges orientales de Sabkhit Sidi el Hani, et Sabkhit al Kalbiyya.
Les secondes se situent dans des bassins côtiers, il s’agit des oueds Laya et al Manfas as-Sod, principaux cours d’eau du Sahel septentrional. Les derniers sites occupent la bande littorale. Ils se prolongent sur deux tronçons de la côte sahélienne. Le premier est compris entre les graus de Halq al Minjil et Jriba, au nord du Sahel, le second setrouve au sahel méridional, sur la côte comprise entre Châabna et Chebba .
1. Ampleur et variété des héritages géomorphologiques d'âge historique
La variété de formes et de dépôts historiques est un trait marquant des paysages du Sahel tunisien (Fig. n°2). Les particularités géologiques et la diversité des agents de façonnement ont été à l'origine de la multiplicité des caractères morphométriques et formationnels des divers modelés des milieux sahéliens. La nature, l’épaisseur et la structure des dépôts des niveaux, des constructions hydro-éoliennes et des cordons littoraux présentent de ces faits des traits bien différenciés.
B a s s in sv e r s a n t sc ô t i e r s B a ss i n sv e r s a n t se n d o r é i q u e sS y s tè me li t t or a l L u n e tt ed uP l é i s to c è n e s u p é r i e u rà H ol o c è n e P s e u d o -s a b l e sd uP lé i s t o c è n eà H ol o c è n e 1 èr eg é n é r a ti on hi s t or i q u e D u n e p ré - r o ma i n e O u es t d er e c o u v r e me n té o l i e n G la c i sd uP lé i s t o c è n e L u n e tt e 2 èm e gé n é r a t i o nh is t o r i q u e s u p é r i e u rà H ol o c è n e P se u d o - s a b l e sh is t o r i q u e d er e c o u v r e me n té o l i e n P s e u d o -s a b l e s S a b k h it al h is t o r i q u e s L u n e tt eh o lo c è n e h is t o r i q u e s K al bi yy a 3p é r i s ue u r 3 1 P la c a g e 1 1 3e sD u n P lé i s t o c è n e é o l i e n S e b k h ap o s t- a n t i q u e s 2 a c t u e l 1 li t t o r a l e M io - p li oc è n e
E st
4 5m
1 5m 8 m 4 m 0 m
1.1Dans les bassins versants endoréiques, deux niveaux alluviaux sont construits dans les vallées des oueds Zrata et Salah Bou Jdaida. Les tessons de poterie relevés dans le niveau ème ème supérieur ont permis de lui donner un âge compris entre le3 etsiècle Ap. J.Cle 5. Ceux prélevés dans les basses terrasses s’échelonnent du moyen âge à l’époque moderne (communication orale de A.M’rabet. 2004). Plusieurssimilitudes sont constatées en matière d’évolution morphologique historique autour de ces systèmes, le même nombre de niveaux (deux niveaux emboîtés) et les mêmes caractères sédimentologiques (une structure litée à entre croisée des dépôts, l’alternance des lits sableux et des lits argileux et la forte épaisseur des accumulations alluvialesde 6 à 11 m).
1.2 Dans les bassins versants côtiers, les formes et les dépôts sont plus diversifiés. Le nombre de terrasses alluviales emboîtées dans les lits (oueds Laya et Kharroub), s’élève à trois. L’accumulation de la terrasse supérieure est tantôt massive, tantôt stratifiée. Les sédiments sont alternativement grossiers et fins. Les termes supérieurs présentent souvent une nature argileuse. Leur épaisseur est de l’ordre de 4 à 6 m. A la différence des terrasses supérieures, les basses terrasses sont similaires dans les différentes vallées. Elles se composent de bancs de sables et de lits de galets, disposés dans des structures litées ou entrecroisées. Elles dominent les fonds des lits actuels de 1.5 à 2 m.
1 e rt y pe de sa b le sé o l i e n s “ S a b le sH m ar i ”
D ép ô t p r é l e v éd a n s l ec o u r sm oy e n d el ’ ou e da lM si d * * * * 2 èm e ty p ed es a b l e sé o l i e n s “ T r a be s - S e f f i ” D ép ô t p r é l e v éd a n sl ec o u r sa v a l d el ’ ou e da lM si d D é pô t p r é le v éd a n sl ec o u r sa v a l d el ’ ou e de s - S o u r r i y y a * * * * P s e u d o -s a b l e sp r é le v é sd a n sl ec o u r s m oy e nd el ’ o ue dH li ge r - Ri z g
F ig .n ° 3: C ar a c té r is t i q ue ss é d i me n t o l o g iq u e sd e sd é p ô ts é o li en sh is t o r i q u e s Les constructions éoliennes ne sont développées que dans les vallées moyennes des bassins côtiers. Elles sont nombreuses, diverses (Fig. n°3) et d’âge différent. Elles se présentent sous forme de placages et de couvertures sableuses. Les plus récentes, appeléesTrab es-Seffisont post-médiéval à moderne. Elles fossilisent les berges exposées aux vents de Nord-ouest et le sommet de basses terrasses. Les autres couvertures plus anciennes sont composées de sables Hmari
(rouges-jaunâtres et bruns foncés). Ils sont d’âge post-antique. Elles recouvrent les interfluves et les plaines d’épandages des oueds Msid, es-Souriyya et Kharroub.
1.3 En milieu littoral, deux cordons de dunes post-antiques ont été distingués. Le premier ne présente de développement notable que sur les marges septentrionales du Sahel, au Nord de Hergla, à l’aval des cours d’eau prenant naissance sur les avants monts de la Dorsale tunisienne. Au site d'el Medfoun (Fig. n°4), un cordon,constitué de sables jaunes gris, recouvre une voie romaine. Il remonte au début de l’Antiquité. Lesecond longele rivage actuel. Il est constitué de sables blanc vif et fossilise des vestiges de citernes antiques à Chatt ème Mariem et Ghedabna. Il est postérieur au5 siècleAp J.C. F ig . n ° 4 :C ro q u is de su n it é sg é o mo r p h o lo g iq u e sl i t t or a l e sd ’ e l  Me d fo u n( Sa h e ls e p t e n t r i o n a l ) V o ie ro ma i n e B as de pl ag eD un eb o rd iè r ea c t u e l l e C o u lo ir in te r - d u n a ir e D un ep o s t- a n t i qu e D un ep ré - r o ma i n e S a u p o u d ra g ee tc o u v e r tu re d ep s e u d o -s a b l e s C o u lo ir in c is éd a n s l al un e tt eh is t o r i q u e L u n e tt eh is t o r i q u e 0 60 0m Sur les côtes à falaises, des installations en dur (citernes, habitat, bretelle de la route romaine littorale à Hergla…), sont taillées en falaises vives par les eaux marines. A l’arrière des côtes rocheuses et sableuses du Sahel, nous relevons une tendance àla fermeture des lagunesholocèneset leur passage à des sebkhas littorales. Deux indices témoignent cette évolution. Le premier est lié à la découverte ème de placages de pseudo-sables, remontant au5 siècleAp. J.C. Le second est attesté par la présence de champs de nebkhas, recouvrant des structures archéologiques. (Karray M. R., 1993)
2. Essai de datation et d’analyse des facteurs commandant l’évolutionmorphologique historique
2.1 Traits et étapes de l’évolution :Les paramètres géomorphologiques et archéologiques nous ont permis de distinguer trois étapes dans l’évolution morphologique historique de la er ème région. La première étape s’est échelonnée du5 siècle1 auAp. J.C. Elle est marquée par un alluvionnement intense dans les fonds des vallées et les plaines d’épandage. En milieu continental, une première génération de terrasses et de cônes d’épandage a été mise en place. Plusieurs cordons et constructions hydro-éoliens ont été édifiés dans les zones littorales. La ème ème seconde étape s’est prolonge du5 au11 siècleAp J.C.Elle s’est caractérisée par le creusement de vallées profondes de quatre à six mètres et l’incision de talwegs empruntés par les cours d’eau durant les époques médiévale et moderne. La troisième étape, la plus longue, ème ème s’est prolongée du11 au18 siècle. Elle montre deux types d’évolution. La première est caractérisée par une morphogenèse active liée aux eaux courantes. Elle est attestée par la réactivation du système ravinant et son amplification sur les impluviums, l’important transit de la matière détritique dans les lits des oueds et parla forte activité de défluviation à l’aval. La seconde évolution révèle l’ampleur des actions éoliennes. Les remaniements par le vent des matériaux éolisables (sables et argiles riches en gypse des fonds endoréiques, sable des
lits des oueds et de leurs zones d’épandage) ont permis la mise en place des différentes générations de dépôts éoliens.
2.2 Lesfacteurs de la morphogenèse historique :En matièred’oscillations climatiques, les éléments disponibles nous permettent de conforter les hypothèses suivantes :  L’existenced’une pulsation humide au début de l’époque antique. Plusieurs indices l’attestent, l’importante sédimentation argileuse dans les membres de la terrasse supérieure; sa couleur noirâtre et la présence de lits d’hélicidés. Le développement des travertins dans les aqueducs dégagés par l’érosion actuelle sur les marges du système endoréique d’al Kalbiyya implique, selon Karray M. R. (1993), une alimentation en eau continue et laisse supposer l’extension d’un lac d’eau pérenne. Une pulsation sèche a commencé à la fin de l’époque antique et s’est accentuée ensuite. Les éléments qui confortent cette hypothèse sont de plusieurs ordres, le développement à ème partir du5 sièclede plusieurs générations de dépôts éoliens, la diminution de la surface des lagunes, leur fonctionnement comme sebkhas littorales et la mise en place de plusieurs générations de dépôts hydro-éoliens Le relèvement du niveau de la mer est attesté par la présence de vestiges archéologiques exhumés sur le bas des plages ou taillés en falaises sur les côtes d’érosion. Les manifestations directes de l’activité néotectonique, et en raison de la nature meuble de la matière affectée, ne sont pas clairement exprimées sauf localement (structure chahutée des dépôts du membre moyen de la terrasse supérieure de l’oued Zrata, Fig. n°5).Ses manifestations indirectes, denature géomorphologique et hydro-géomorphologiques sont nombreuses : F ig . n ° 5 :T e c t o n i s a t i o nd ut e r me 2 b de l’ a c c um ul at i on  al l uv ia le du ni ve a us u p é r i e u r es u rl ar i v eg a u c h e d uc o u r sm oy e nd el ’ ou e dZ ra ta O ue s tE st 0 m 2 c
1 m
2 m
3 m
1 m 2 b
2 m
3 m
2 c: A cc u mu la ti o nf i ne sa b lo -a r g il e u s ed ’ â g eh i s t o r i q u e 2 b: D ép ô t a ll u v i a ls t r a t i f i éa l t e r n a n t s a b le se ta r g il e sd ’ â g eh is t o r i q u e
La coïncidence entre les surfaces affectées par les formes de ravinement généralisé et les secteurs soumis à une tectonique de serrage intense ou à une tectonique cassante distensive. La trajectoire parallèle de nombreux cours d’eau aux linéaments tectoniques, l’ampleur de la sédimentation historique (6 à 12 mètres d’épaisseur totale), et le nombre élevé de terrasses et de niveaux historiques (2 à 3).
La pression humaine fortele milieu est attestée par l’importance des centuriations sur romaines sur les piedmonts des reliefs d’Enfida, de Bouficha, et toutes les surfaces encroûtées des bassins versants et le nombre élevé des sites ruraux et urbains.
Bibliographie
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