Type et métamorphose dans la morphologie de Goethe, entre classicisme et romantisme / Type and metamorphosis in Goethe s morphology : Between classicism and romanticism - article ; n°4 ; vol.54, pg 495-521
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Type et métamorphose dans la morphologie de Goethe, entre classicisme et romantisme / Type and metamorphosis in Goethe's morphology : Between classicism and romanticism - article ; n°4 ; vol.54, pg 495-521

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Revue d'histoire des sciences - Année 2001 - Volume 54 - Numéro 4 - Pages 495-521
RÉSUMÉ. — Les travaux scientifiques de Goethe, comme son œuvre poétique, représentent une synthèse entre le classicisme et le romantisme. Nous étudierons ici cette ambivalence dans le cas de la morphologie. Deux concepts complémentaires dominent cette science chez Goethe : le type, ou schéma commun, et la métamorphose, variation à partir de ce modèle commun. Ces deux notions s'appliquent aussi bien à l'organisme dans son ensemble qu'à chacune de ses parties répétées, et correspondent par conséquent à l'homologie spéciale et à l'homologie sériée. Bien que Goethe ait défini ces concepts de manière assez imprécise, il a, indirectement, influencé profondément la morphologie du XIXe siècle.
SUMMARY. — Goethe's scientific works, like his poetry, represent a synthesis between classicism and romanticism. Here we study this ambivalence in the case of morphology. Two complementary concepts dominate this science with Goethe : type, or common plan, and metamorphosis, variation from this common pattern. These two notions apply to the whole organism as well as to each of its repeated parts, so they correspond to special and serial homologies. Although Goethe defined these concepts in a somewhat imprecise way, indirectly he had a deep influence on nineteenth-century morphology.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M Stéphane Schmitt
Type et métamorphose dans la morphologie de Goethe, entre
classicisme et romantisme / Type and metamorphosis in
Goethe's morphology : Between classicism and romanticism
In: Revue d'histoire des sciences. 2001, Tome 54 n°4. pp. 495-521.
Résumé
RÉSUMÉ. — Les travaux scientifiques de Goethe, comme son œuvre poétique, représentent une synthèse entre le classicisme
et le romantisme. Nous étudierons ici cette ambivalence dans le cas de la morphologie. Deux concepts complémentaires
dominent cette science chez Goethe : le type, ou schéma commun, et la métamorphose, variation à partir de ce modèle
commun. Ces deux notions s'appliquent aussi bien à l'organisme dans son ensemble qu'à chacune de ses parties répétées, et
correspondent par conséquent à l'homologie spéciale et à l'homologie sériée. Bien que Goethe ait défini ces concepts de
manière assez imprécise, il a, indirectement, influencé profondément la morphologie du XIXe siècle.
Abstract
SUMMARY. — Goethe's scientific works, like his poetry, represent a synthesis between classicism and romanticism. Here we
study this ambivalence in the case of morphology. Two complementary concepts dominate this science with Goethe : type, or
common plan, and metamorphosis, variation from this common pattern. These two notions apply to the whole organism as well
as to each of its repeated parts, so they correspond to special and serial homologies. Although Goethe defined these concepts in
a somewhat imprecise way, indirectly he had a deep influence on nineteenth-century morphology.
Citer ce document / Cite this document :
Schmitt Stéphane. Type et métamorphose dans la morphologie de Goethe, entre classicisme et romantisme / Type and
metamorphosis in Goethe's morphology : Between classicism and romanticism. In: Revue d'histoire des sciences. 2001, Tome
54 n°4. pp. 495-521.
doi : 10.3406/rhs.2001.2135
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_2001_num_54_4_2135et métamorphose Type
dans la morphologie de Goethe,
entre classicisme et romantisme
Stéphane Schmitt (*)
RÉSUMÉ. — Les travaux scientifiques de Goethe, comme son œuvre poé
tique, représentent une synthèse entre le classicisme et le romantisme. Nous étu
dierons ici cette ambivalence dans le cas de la morphologie. Deux concepts
complémentaires dominent cette science chez Goethe : le type, ou schéma com
mun, et la métamorphose, variation à partir de ce modèle commun. Ces deux
notions s'appliquent aussi bien à l'organisme dans son ensemble qu'à chacune
de ses parties répétées, et correspondent par conséquent à l'homologie spéciale et
à l'homologie sériée. Bien que Goethe ait défini ces concepts de manière assez
imprécise, il a, indirectement, influencé profondément la morphologie du
XIXe siècle.
MOTS-CLÉS. — Goethe ; morphologie ; type ; métamorphose ; homologie.
SUMMARY. — Goethe's scientific works, like his poetry, represent a synthesis
between classicism and romanticism. Here we study this ambivalence in the case of
morphology. Two complementary concepts dominate this science with Goethe : type,
or common plan, and metamorphosis, variation from this common pattern. These two
notions apply to the whole organism as well as to each of its repeated parts, so they
correspond to special and serial homologies. Although Goethe defined these concepts
in a somewhat imprecise way, indirectly he had a deep influence on nineteenth-
century morphology.
KEYWORDS. — Goethe ; morphology ; type ; metamorphosis ; homology.
Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) passe, à juste titre,
pour l'un des plus grands génies de la littérature universelle. L'on
oublie souvent que, héritier des Lumières, l'illustre poète s'est éga
lement révélé un grand naturaliste, et que ses travaux en botanique
ont été cités durant tout le xixe siècle, voire au-delà. Mais cette
(*) Stéphane Schmitt, Agrégé-préparateur, École normale supérieure, 46, rue d'Ulm,
75005 Paris.
Rev. Hist. Set, 2001, 54/4, 495-521 Stéphane Schmitt 496
œuvre scientifique, mal connue en France (1), souffre d'un injuste
amalgame : elle est en effet rangée la plupart du temps parmi les
contributions de la science romantique allemande, c'est-à-dire de la
Naturphilosophie. Or, bien que Goethe fût souvent proche de ce
courant intellectuel, il n'y a pas pleinement adhéré et son activité
scientifique, aussi bien que son œuvre littéraire, ne saurait être
réduite au romantisme des disciples de Schelling. Sa richesse est
bien supérieure et toute l'originalité de la pensée naturaliste de
Goethe repose précisément sur la balance entre le romantisme et le
classicisme.
Deux concepts majeurs dominent la biologie goethéenne. Le
premier, d'inspiration essentiellement classique, n'a été que très peu
développé par les Naturphilosophen : il s'agit du type ou modèle
commun. Cette notion peut concerner les organismes dans leur
ensemble, mais aussi les différentes parties d'un même être vivant.
Alors que la morphologie romantique voyait dans chaque élément
du corps une récapitulation de l'ensemble, il s'agit ici de chercher
un modèle extérieur, idéal, dont les éléments réels ne seraient tous
que les projections. Le second concept, complémentaire, est celui
de métamorphose, c'est-à-dire de variation à partir du schéma
commun." En Allemagne, Goethe a été le principal promoteur de
cette approche morphologique durant la période 1790-1820, avec la
double particularité d'y avoir mêlé des thèmes romantiques, de
manière parfois peu claire, et d'avoir insisté sur la complémentarité
de la comparaison des organismes entiers et de celle des parties
d'un même organisme.
Nous suivrons ici son cheminement intellectuel, et, pour cela,
nous étudierons successivement le problème du type, puis celui de
la métamorphose. Mais il convient en premier lieu de rappeler les
ambiguïtés de la pensée goethéenne, qui font toute la richesse du
poète et naturaliste et qui sont la clef de son œuvre scientifique et
littéraire.
(1) Le récent ouvrage de Jean Lacoste, Goethe, science et philosophie (Paris : PUF, 1997),
est venu réparer cette injustice, propre aux dernières décennies, qui contraste avec
l'abondance et la qualité des travaux plus anciens de Geneviève Bianquis, René Michéa... La morphologie de Goethe 497
I. — Ambivalence de l'œuvre littéraire et scientifique
de Goethe
De même qu'il y a deux Faust, on distingue généralement deux
grandes périodes dans la production littéraire de Goethe. Le « pre
mier » Goethe est celui du Sturm und Drang, mouvement littéraire
et artistique préromantique dans lequel l'auteur des Souffrances du
jeune Werther a joué un rôle de premier plan. C'est à ce Goethe-là
que l'on pense en priorité dans la mesure où il a incarné un cou
rant, une esthétique nouvelle, d'une grande vigueur et destinée à un
glorieux avenir.
Mais ce même Goethe n'est pas resté insensible au retour en
force du classicisme dans les années 1770 et 1780. Dès lors, et jus
qu'à sa mort, le poète et naturaliste suit une voie originale, sans
totalement renier ses premières impulsions romantiques mais en
adoptant une manière plus classique. Cette seconde esthétique,
ambiguë, sorte de synthèse du classicisme et du romantisme avant
même que ce dernier fût né tout à fait, est dans l'œuvre de Goethe
la plus complexe, la plus difficile à appréhender, mais également la
plus riche et la plus personnelle, celle qui a permis à un artisan
parmi d'autres du Sturm und Drang d'accéder au cénacle des génies
universels. Cette évolution est une donnée fondamentale à laquelle
l'histoire des sciences n'a accordé que très partiellement l'impor
tance qu'elle mérite. Or, l'essentiel de la production scientifique de
Goethe se situe précisément dans la seconde période de sa vie et la
dualité classicisme-romantisme s'y retrouve d'une manière très
nette, en particulier en ce qui concerne l'étude de la morphologie.
Certes, il partage un certain nombre de caractéristiques avec les
Naturphilosophen. La correspondance entre le microcosme et le
macrocosme, thème eminent de la biologie romantique, se renc

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