Potentiel de la télédétection pour l’étude des mouvements gravitaires
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Potentiel de la télédétection pour l’étude des mouvements gravitairesB. Casson, C. Delacourt, D. Baratoux , C. Sqarzoni et P.AllemandLaboratoire des Sciences de la Terre- UMR 5570 UCBL1 et ENS LYON Bât. Géode. 2, rue Raphaël Dubois69100 VILLEURBANNE Email : berangere.casson@univ-lyon1.frTel : 04-72-44-84-90 Fax : 04-72-44-85-93Résumé :La caractérisation géométrique et cinématique des glissements de terrain est essentielleà la bonne compréhension de la dynamique de ces mouvements. Le potentiel et les contraintesd’utilisation de différentes méthodes de télédétection appliquées à l’auscultation des versantsinstables sont présentés ici. Parmi elles, la photogrammétrie aérienne qui permet la restitutionde la topographie et l’ortho-rectification de clichés avec une précision et une résolutionspatiales métriques. L’interférométrie radar est également utilisée et fournit des donnéesd’une précision spatiale centimétrique, d’une résolution temporelle journalière mais d’unerésolution spatiale n’excédant pas 10 m. Ces méthodes ont été appliquées au suivi desmouvements du glissement de terrain de La Clapière (Alpes- Maritimes – France) etsoulignent l’homogénéité des mouvements de ce versant sur des périodes longues (1983-1999) tandis qu’à court terme, l’interférométrie radar met en évidence des hétérogénéitésspatiales dans les déplacement de surface.Mots clés : Mouvements gravitaires, photogrammétrie aérienne, interférométrie radarIntroductionLa caractérisation ...

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1
Potentiel de la télédétection pour l’étude des mouvements gravitaires
B. Casson, C. Delacourt, D. Baratoux , C. Sqarzoni et P.Allemand
Laboratoire des Sciences de la Terre- UMR 5570 UCBL1 et ENS LYON Bât. Géode. 2, rue Raphaël Dubois
69100 VILLEURBANNE Email :
berangere.casson@univ-lyon1.fr
Tel : 04-72-44-84-90
Fax : 04-72-44-85-93
Résumé :
La caractérisation géométrique et cinématique des glissements de terrain est essentielle
à la bonne compréhension de la dynamique de ces mouvements. Le potentiel et les contraintes
d’utilisation de différentes méthodes de télédétection appliquées à l’auscultation des versants
instables sont présentés ici. Parmi elles, la photogrammétrie aérienne qui permet la restitution
de la topographie et l’ortho-rectification de clichés avec une précision et une résolution
spatiales métriques. L’interférométrie radar
est également utilisée et fournit des données
d’une précision spatiale centimétrique, d’une résolution temporelle journalière mais d’une
résolution spatiale n’excédant pas 10 m. Ces méthodes ont été appliquées au suivi des
mouvements du glissement de terrain de La Clapière (Alpes- Maritimes – France) et
soulignent l’homogénéité des mouvements de ce versant sur des périodes longues (1983-
1999) tandis qu’à court terme, l’interférométrie radar met en évidence des hétérogénéités
spatiales dans les déplacement de surface.
Mots clés :
Mouvements gravitaires, photogrammétrie aérienne, interférométrie radar
Introduction
La caractérisation géométrique et cinématique, à différentes échelles spatiales et
temporelles, des mouvements gravitaires est une étape indispensable à la compréhension de la
dynamique du phénomène. C’est en outre une information fondamentale pour contraindre
toute modélisation. La télédétection est un outil particulièrement bien adapté pour cette
caractérisation puisqu’elle permet d’obtenir une vision globale de l’édifice, à différentes
échelles spatiales (du centimètre à la dizaine de mètres) et temporelles (quelques heures à
plusieurs années), en s’affranchissant des problèmes d’accès. Cependant les méthodes de
2
télédétection sont lourdes à mettre en oeuvre et nécessitent des développements
méthodologiques importants pour leur utilisation en contexte montagneux. Ce texte présente
le potentiel et les limitations de différentes techniques de télédétection aériennes et spatiales
dans le cadre de l’étude des mouvements gravitaires, ainsi que leur complémentarité dans le
cas du glissement de « La Clapière » (Alpes-Maritimes).
Mesures Ponctuelles
Les techniques ponctuelles de mesures de déformation de surface (Tachéométrie et
GPS) sont d’une grande précision. Cependant, elles restent coûteuses en temps d’acquisition,
ne sont pas représentatives des hétérogénéités spatiales des mouvements gravitaires et
nécessitent, notamment pour le GPS, une présence humaine sur le terrain, présence souvent
risquée dans des contextes de glissements gravitaires. La nécessité de disposer d’images de la
déformation, tout en limitant l’intervention humaine sur l’objet d’étude, est dès lors
indispensable.
Imagerie aérienne
Afin d’exploiter la base de données de 50 ans de photographies aériennes IGN, nous
avons développé une méthodologie d’ortho-rectification des clichés qui permet de projeter
chaque image dans un même référentiel, permettant ainsi les études quantitatives. L’ortho-
rectification nécessite la construction d’un MNT à partir de couples stéréoscopiques d’images
aériennes, MNT dont la précision et la résolution doivent être métriques afin de pouvoir
réaliser des suivis précis des mouvements de terrain. La construction du MNT comprend 2
grandes étapes (
Casson et al, in press
): la corrélation ou reconnaissance des points
homologues sur les images du couple stéréoscopique puis la construction du MNT au sens
strict grâce aux formules photogrammétriques. Deux types de problèmes interviennent au
cours de la construction d’un tel MNT : il est en effet nécessaire de calculer précisément les
paramètres d’acquisition (position et angles de caméras) des images et de s’affranchir des
distorsions liées à la topographie locale. La résolution du MNT est alors métrique pour une
précision moyenne inférieure à 5 m. En outre, l’intérêt de cette méthode est l’obtention d’une
carte de précision du MNT, qui associe une précision de positionnement à chaque point. Les
images aériennes sont alors projetées, grâce au MNT, dans un repère donné (Fig. 1) et des
mesures de déplacement d’une précision de quelques mètres sont réalisables. L’avantage
majeur de cette technique d’ortho-rectification d’images aériennes est de permettre la
3
comparaison de données de différentes années et donc de suivre précisément l’évolution des
mouvements gravitaires au cours du temps.
Nous avons appliqué cette méthode au versant instable de « La Clapière » à Saint-
Etienne-De-Tinée dans les Alpes-Maritimes. Quatre clichés ortho-rectifiés ont été utilisés
pour caractériser la géométrie et les déplacements sur ce versant entre 1983 et 1999 (Fig. 1).
L’évolution des limites du glissement au cours de ces 17 années a ainsi été étudiée, mettant en
évidence l’apparente stabilité (à
±
15m ) des limites latérales et de la limite sommitale Ouest
du glissement, tandis que la limite supérieure Est recule de 370
±
15m sur cette période (Fig.
2). Le développement, à l’Ouest du glissement, au-dessus du village, de zones instables
caractérisées par des éboulements, a cependant été noté (Fig. 2). L’étude de l’évolution de
l’aire du glissement, comparée à la progression des éboulis sur la même période, a permis de
souligner les différences dynamiques entre le phénomène d’éboulement et de glissement au
sens strict. A l’intérieur du glissement, l’étude des surfaces éboulées a permis de distinguer
des zones actives, où les surfaces éboulées se développent, et des zones où la végétation
gagne sur les éboulis, marquant une stabilisation momentanée de la surface à l’échelle de nos
mesures. D’autre part, un déplacement des structures internes au glissement, uniforme sur 5
ans et à 15 m près, d’une valeur de 100
±
15m dans le sens de la pente, a été calculé (Fig.2).
Cette valeur, égale à la progression du front du glissement sur cette même période, témoigne
d’un faible épaississement frontal et/ou d’une faible exportation du matériel par la rivière au
500 m
500 m
500 m
500 m
1983
1991
1995
1999
Fig. 1
: Images ortho-rectifiées de la
Clapière accompagnées de la carte de
précision du MNT
5 m
10 m
30 m
0
m
20 m 25 m
500 m
15 m
Nord
4
front du glissement, entre 1983 et 1999. Le retrait sommital étant par ailleurs plus rapide que
la progression frontale, le matériel déstabilisé a pu être, d’une part, évacué latéralement en
accord avec la progression latérale des éboulis et, d’autre part, stocké à l’intérieur du
glissement, par exemple au-dessus de la barre d’Iglière, où les plus faibles pentes semblent
appuyer cette hypothèse. Enfin, le calcul des vitesses de déplacements à l’intérieur du
glissement a mis en évidence le ralentissement des mouvements de terrain entre 1995 et 1999
et a permis de valider notre méthode puisque ces vitesses (moyennées sur 5 ans) obtenues
grâces aux images ortho-rectifiées entre 1983 et 1999 sont identiques aux vitesses obtenues
par tachéométrie sur les mêmes intervalles.
La principale limite de cette méthode reste cependant la résolution temporelle de 5 ans
en moyenne qui ne permet pas de mesurer les variations temporelles rapides d’activité d’un
glissement. Notons également que la résolution spatiale ne permet pas l’étude de structures
caractéristiques de taille inférieure à 1 m. Prochainement 2 projets spatiaux du CNES (SPOT
6 et SVO - lancement prévu en 2004-2005) permettront d’obtenir des images avec une
résolution de 60 cm et une répétitivité temporelle comprise entre 1 jour et 1 mois.
Interférométrie Radar
Une solution au problème de précision de la mesure et de répétitivité temporelle a été
apportée par l’interférométrie radar. En effet, l’acquisition de 2 images radar d’une même
zone, à deux instants différents, permet de calculer un interférogramme, image de la
Nord
500 m
Fig. 2
: Evolution du glissement de la
Clapière entre 1983 et 1999
Limites des principaux escarpements et niches
d’arrachement
en 1983
en 1991
en 1995
en 1999
Failles majeures
Rivières
Cônes alluviaux
Routes
5
déformation du sol entre les deux acquisitions, avec une précision centimétrique (Fig. 3).
Appliquée au versant de la Clapière et au glissement de la Valette (Barcelonnette), cette
méthode a permis de mettre en évidence les hétérogénéités spatiales et temporelles des
mouvements de surface (
Squarzoni et al., in press
), sur des périodes de 1 à 3 jours, entre 1991
et 1999. Cependant la dépendance au cycle orbital, la composante unidirectionnelle de la
déformation et la perte de cohérence en cas de modification de l’état de surface (végétation)
restent des limites à l’emploi de cette méthode (
Fruneau et Achache, 1995
).
Drone
Le développement d’une méthode de caractérisation cinématique et géométrique des
versants instables qui permet à l’utilisateur d’adapter la résolution temporelle à l’objet de
l’étude mais également d’étudier les objets à haute résolution spatiale, semble nécessaire.
Nous développons actuellement une technique de photographie aérienne à partir d’une plate-
forme radiocommandée: le drone lent est un petit appareil pouvant embarquer des systèmes
d’acquisition permettant d’acquérir des images haute résolution pour des analyses multi-
échelles et la caractérisation de petits objets. Les images obtenues serviront également à la
construction de MNT permettant, par études différentielles, de quantifier tri-
dimensionnellement les mouvements de matière. Enfin, cet appareil peut réaliser des
campagnes d’acquisition avec des répétitivités variables et ainsi améliorer la résolution
temporelle du suivi des glissements gravitaires.
Conclusion
Cependant, aucune des méthodes présentées ci-dessus ne semble seule répondre au
cahier des charges nécessaire pour un suivi cinématique et temporel précis d’un versant
instable. La combinaison des diverses banques de données et l’exploitation des différentes
échelles temporelles et spatiales disponibles est donc l’avenir de telles études. Le premier
exemple, en cours de développement actuellement, est la combinaison des données aériennes
et interférométriques réalisée à partir des interférogrammes et des images ortho-rectifiées sur
le glissement de La Clapière (Fig. 3). L’intégration des données haute résolution obtenues
grâce au drone et des données ponctuelles acquises en continu par tachéométrie est également
prévue. Ces données combinées devraient notamment permettre de mettre en évidence les
hétérogénéités de comportement du glissement sur de courtes périodes et avec une précision
centimétrique.
6
Fig. 3
: Complémentarité des données aériennes et interférométriques sur le glissement de La Clapière
Remerciements :
Ce travail a été réalisé avec le soutien CNES, de la société IMAGE, dans le cadre des
programmes ACI-CATNAT, PNTS et PNRN.
Bibliographie :
Casson, B. Delacourt, C. Baratoux, D. Allemand, A.
In press. Seventeen years of La Clapière
landslide evolution analized from ortho-rectified aerial photographs, Eng. Geol.
Fruneau, B. Achache, J. 1995. Détection du glissement de terrain de Saint-Etienne de Tinée
par Interférométrie SAR et modélisation, C.R. Acad. Sci. Paris. 320. Série IIa : 809-816
Squarzoni, C. Delacourt, C. Allemand, P., In press. Nine years of spatial and temporal
evolution of the la Valette Landslide observed by SAR Interferometry, Eng. Geol.
500 m
500 m
Nord
Nord
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