Argumentaire colloque
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Argumentaire du colloque (23-25 juin 2010, Misha Strasbourg) Pluralité religieuse et conflits. Désaccords, négociations, arrangements De nouveaux conflits traversent la société française et comportent une dimension culturelle, ethnique ou religieuse. Il s’agit par exemple des affaires de foulards, de caricatures, de « sectes », de construction de lieux de culte, d’actes ou de propos antisémites ou anti- musulmans. Ces conflits vont de pair avec de nouvelles formes d’énonciation des identités in- dividuelles et collectives, dans lesquelles l’ethnique et le religieux apparaissent comme des ressources d’affirmation de soi et de différenciation, voire de revendication. La réalité de cette conflictualité est complexe. Elle dépasse largement les rapports entre espace public et reli- gions, l’application simple du principe de laïcité ou encore une différenciation évidente entre espace public et espace privé. De plus, dans ces conflits, le facteur religieux se combine à d’autres facteurs, de nature économique ou politique. Enfin, ils incluent des désaccords inter- prétatifs au sein des groupes ethniques et religieux. Il serait en effet extrêmement simplificateur de réduire un groupe (qu’il soit musulman, juif, maghrébin, turc, témoin de Jéhovah ou autre) à une position ou une attitude figée et uniforme. L’objectif de ce colloque est d’analyser les lieux où ces conflits apparaissent, les formes qu’ils prennent et leurs modes de résolution et de régulation.

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Argumentaire du colloque (23-25 juin 2010, Misha Strasbourg)
Pluralité religieuse et conflits. Désaccords, négociations, arrangements
De nouveaux conflits traversent la société française et comportent une dimension culturelle,
ethnique ou religieuse. Il s’agit par exemple des affaires de foulards, de caricatures, de
« sectes », de construction de lieux de culte, d’actes ou de propos antisémites ou anti-
musulmans. Ces conflits vont de pair avec de nouvelles formes d’énonciation des identités in-
dividuelles et collectives, dans lesquelles l’ethnique et le religieux apparaissent comme des
ressources d’affirmation de soi et de différenciation, voire de revendication. La réalité de cette
conflictualité est complexe. Elle dépasse largement les rapports entre espace public et reli-
gions, l’application simple du principe de laïcité ou encore une différenciation évidente entre
espace public et espace privé. De plus, dans ces conflits, le facteur religieux se combine à
d’autres facteurs, de nature économique ou politique. Enfin, ils incluent des désaccords inter-
prétatifs au sein des groupes ethniques et religieux. Il serait en effet extrêmement simplificateur
de réduire un groupe (qu’il soit musulman, juif, maghrébin, turc, témoin de Jéhovah ou autre) à
une position ou une attitude figée et uniforme.
L’objectif de ce colloque est d’analyser les lieux où ces conflits apparaissent, les formes
qu’ils prennent et leurs modes de résolution et de régulation. On présentera des terrains
d’étude significatifs de ce type de conflits dans lesquels le facteur religieux prend une part visi-
ble (établissements publics : scolaires, pénitentiaires ou hospitaliers, pratiques au sein de
groupes religieux, consommation hallal ou casher, rapports entre groupes religieux et espace
public, construction de lieux de cultes, traitement des mouvements religieux controversés ou
sectes etc.). On s’intéressera à la diversité des types de conflits, aux étapes de leur déroule-
ment ainsi qu’aux modes de gestion de ces conflits. La diversité des terrains permettra des
mises en perspectives comparatives.
Acquérir une meilleure connaissance de la nature des conflits liés à la pluralité religieuse
présente une pertinence à la fois scientifique et sociale. En effet, l’approche médiatique met
souvent en exergue des cas ponctuels qui sont explicitement ou implicitement traités en termes
de conflits de valeurs ou de « choc des civilisations ». En particulier dans un contexte national
où l’unité et l’intégration sont des composantes fortes des représentations de l’identité natio-
nale, la diversité inquiète et les appartenances sont perçues comme aliénantes. L’intérêt du
comparatisme, en travaillant sur des groupes religieux et des situations diverses, est ne pas se
focaliser un groupe. Il est aussi de contextualiser la conflictualité et de relativiser la dimension
de l’appartenance religieuse. Des analyses de conflits sociaux comportant une dimension
culturelle peuvent montrer comment se jouent des rapports de pouvoir, mais aussi des possibi-
lités de négociation, de reconnaissance et même de socialisation. On peut étudier comment la
composante religieuse des identités est sollicitée comme ressort de différenciation et se com-
bine de manière diverses aux autres dimensions de l’identité et de l’action. On peut aussi être
attentif à la manière dont des acteurs peuvent mobiliser la religion de manière utilitariste pour
accéder à des espaces de liberté ou de revendication, comme une ressource parmi d’autres.
En outre, ce colloque permettra de réfléchir collectivement, à partir de la diversité des ter-
rains, des outils théoriques et méthodologiques et des ancrages disciplinaires à une
« grammaire conceptuelle » des conflits, c’est-à-dire des termes qui permettent de nommer
finement les diverses formes de conflits et de leur gestion. Pour donner quelques exemples et
de manière non exhaustive, du point de vue des conflits eux-mêmes, on peut distinguer des
situations de concurrence (de moyens matériels), des conflits de valeur (mis en avant dans des
discours), des luttes pour la reconnaissance (des individus ou organisations). Du point de vue
des modes de gestion des conflits, on peut distinguer des négociations, des arrangements ou
ajustements concertés mais aussi des situations d’évitement ou de loyauté sans consensus.
Enfin, l’étude des réactions à certains mouvements religieux (controversés ou non) nous
montre que la société réagit à ces groupes parce qu’elle craint qu’ils ne remettent en cause
des fondements de la communauté de citoyens : la différenciation des sphères scientifiques,
médicales, économiques, religieuses, le rapport au travail, la distance entre religion et argent
ou encore la prédominance de l’identité nationale. Elle permet donc réfléchir aux frontières
symboliques d’une société et à leurs spécificités par rapport à celles d’autres pays.
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