Balzac, Gavarni, Bertall et les Petites Misères de la vie conjugale - article ; n°43 ; vol.14, pg 29-44
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Description

Romantisme - Année 1984 - Volume 14 - Numéro 43 - Pages 29-44
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Ségolène Le Men
Balzac, Gavarni, Bertall et les Petites Misères de la vie
conjugale
In: Romantisme, 1984, n°43. pp. 29-44.
Citer ce document / Cite this document :
Le Men Ségolène. Balzac, Gavarni, Bertall et les Petites Misères de la vie conjugale. In: Romantisme, 1984, n°43. pp. 29-44.
doi : 10.3406/roman.1984.5444
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1984_num_14_43_5444Ségolène LE MEN
Balzac, Gavarni, Bertall et les Petites Misères de la vie conjugale
Dans ses péripéties, l'histoire éditoriale de ce livre tenu pour mineur
dans l'œuvre de Balzac, Petites Misères de la vie conjugale, témoigne de
manière exemplaire de l'évolution du livre illustré romantique, entre
1830, date des premières « saynètes » publiées dans La Caricature, et
1868, de la seconde édition du Diable à Paris par Hetzel. En aval et
en amont de ces deux publications partielles, l'édition originale, éditée
par Chlendowski en 1846, unit étroitement le texte et l'image qui cons
iste comme l'indique l'affiche en « 300 dessins », vignettes et grands
bois, gravés d'après Bertall. Bien que le dernier volume de l'édition
Furne de la Comédie humaine, le tome XVI publié en 1846 (1), s'achè
ve après la Physiologie du mariage par la mention « fin des études
analytiques » qui en exclut les Petites Misères , l'édition illustrée posthu
me de Houssiaux, réintroduit en 1855 ce texte dans le tome XVIII,
créant un précédent qui ne devait plus être remis en question. Pourtant
les deux œuvres, situées aux extrémités de la carrière littéraire de Bal
zac, mais si proches par le thème que Balzac aurait souhaité les fondre
en un seul texte, semble-t-il (2), connurent un destin contraire du point
de vue de l'illustration : encore que la correspondance avec madame
(1) La présentation et l'histoire du texte par J.-L. Tritter ont fait récemment le
point sur les Petites Misères de la vie conjugale et leur édition dans la perspective
de l'histoire littéraire (Pléiade, tome XII, 1981).
(2) Voir les articles 2 et 3 du traité avec Chlendowski (Corresp. IV, p.782-3). 30 Ségolène Le Men
Hanska fasse état d'un projet d'illustration (3), la Physiologie du mar
iage ne fut pas illustrée, car ce livre, dont la première version était le
Code conjugal, publié sans nom d'auteur dans la collection des manuels
Roret avec une petite vignette de titre de Tony Johannot, ne se présent
ait pas comme « pittoresque ».
A l'inverse, il est difficile de concevoir les Petites Misères en-dehors
de leur contexte d'illustration, ainsi qu'en témoignent pages de titre,
sommaires, tables et affiches. La multiplication des auteurs, dans l'édi
tion originale du Diable à Paris, dont le premier volume date de 1845,
assure la prééminence du titre qui domine visuellement la page de ti
tre ; alors qu'une typographie dense énumère les auteurs de plume en
les amalgamant, la liste des six illustrateurs introduit une hiérarchie au
sommet de laquelle se trouve Gavarni, suivi par Bertall et enfin par le
groupe des quatre autres. Isolé au-dessous de la vignette de titre, le
nom de l'éditeur se trouve mis en valeur dans l'adresse bibliographique,
ainsi que le confirme l'affiche de Gavarni dont la lettre s'établit ainsi :
Etrennes / Le Diable à Paris / 800 gravures 69 articles / Publié par J.
Hetzel. L'illustration reprend le frontispice qui représente Flammèche,
l'auteur-éditeur, Stahl-Hetzel, en chiffonnier montreur de lanterne ma
gique. Cette glorification amusée du type de l'éditeur est la contrepartie
de l'émiettement de la fonction d'auteur en une quantité de noms d'au
teurs et d'illustrateurs, réunis pêle-mêle dans la table des matières uni
que qui s'inscrit au-dessous d'un bandeau de Bertall représentant l'éd
iteur du frontispice en train de vider sa corbeille de chiffonnier, le
« tiroir du diable » d'où s'envolent des petits papiers marqués indiff
éremment de noms d'auteurs et de noms d'illustrateurs ; à l'arrière-
plan, un second diablotin chiffonnier apporte la moisson de petits
papiers du volume.
Le titre de Paris marié/ Philosophie de la vie conjugale (reprise de la
publication précédente), redoublé par la couverture illustrée, laisse le
couple de l'auteur et de l'illustrateur en vedette ; l'expression « com
menté par Gavarni » fait apparaître celui-ci comme un auteur second
en donnant l'illustration soit pour une glose métalinguistique soit pour
un aparté de salon incorporé au texte lui-même. La couverture illustrée
se décompose en trois registres : le registre supérieur se rapporte au
texte écrit par la mention du titre et du nom de l'écrivain ; le registre
médian, principal, introduit l'illustration par les termes « 20 grands
dessins tirés à part » et « 40 vignettes dans le texte » placés de part et
d'autre de la vignette centrale ; le registre inférieur comporte l'adresse
bibliographique et le titre de la collection intercalés entre deux vignet
tes tirées de l'illustration dans le texte. Affiche et table des matières
prennent acte de ce redoublement de l'auteur : l'affiche lithographique
de librairie introduit sous le titre un balancement entre les deux noms
d'auteur et d'illustrateur ; le et l'image du couple conjugal dessinée
par Gavarni leur sert de trait d'union. A la fin du livre se succèdent
deux tables, l'une pour la pagination des chapitres et l'autre pour le
« placement des grands bois ».
(3) Voir les lettres du lundi 11 [décembre 1843] et du 20 février 1844, L.H., II,
p.298 et 387. Petites Misères de la vie conjugale 31
L'édition originale illustrée des Petites Misères (Chlendowski,
1846) réunit sur la même ligne de la page de titre les noms de Balzac
et de Bertall ; au sommaire figure la liste des chapitres tandis que la
table de « placement des gravures » clôt l'ouvrage : séparées par l'épais
seur matérielle du livre, les deux collaborations voient ainsi renforcée la
spécificité de leur apport, au point de suggérer deux lectures successives
du même livre, selon le point de vue adopté. La rencontre avec la
structure originale de ce livre que Balzac a voulu « androgyne » n'est
pas ici fortuite. L'emplacement des tables donne le texte au « côté
mâle » de la première partie, et l'illustration au « côté femelle » de la
seconde partie, — présomption qu'explicite Bertall dans le contrepoint
de la lettrine (p. 151) et du cul-de-lampè (p. 194) de la seconde préface.
Dans l'un et l'autre cas en effet, le symbole de la bascule sert de méta
phore concrète à la figure rhétorique abstraite de l'antithèse, par le jeu
des positions parallèles et opposées de l'homme et de la femme. Lisibles
de gauche à droite, ces vignettes résument de manière diagrammatique
la composition bipartite du livre, articulée par le pivot de la seconde
préface (4) : or, dans la lettrine qui maintient le point de vue de la
première partie, c'est, à gauche, l'homme qui est en haut de la bascule ;
du même côté, à l'arrière-plan, en observateur de la scène, se trouve
Balzac, bien reconnaissable à sa silhouette trapue, et à sa posture une
main dans la poche, l'autre appuyée sur sa canne, — tel que Bertall le
fait figurer, la même année, l'air jovial, entre Eugène Sue et Frédéric
Soulié, dans le Panthéon du diable à Paris (vol.II, 1846). Au contraire,
dans le cul-de-lampe, qui, à l'autre extrémité de la seconde préface, an
nonce l'autre versant du livre, la femme s'élève dans les airs, tandis
qu'un nuage masque l'endroit où se trouvait l'écrivain et qu'un autoport
rait-caricature laisse voir Bertall occupé à dessiner la scène du même
côté qu'elle, en bas à droite. Cette curieuse disposition reconnaît le
sexuocentrisme de la langue française qui donne au texte un genre masc
ulin et à l'illustration comme à 1 image un genre féminin; elle constate
sans doute la répartition sexuelle des publics du livre « nu » et du livre
(4) Préface que représente l'axe de la bascule, sommé par l'

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