Chronique psychologique - article ; n°1 ; vol.10, pg 370-395
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Description

L'année psychologique - Année 1903 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 370-395
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

H. De Varigny
Chronique psychologique
In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 370-395.
Citer ce document / Cite this document :
De Varigny H. Chronique psychologique. In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 370-395.
doi : 10.3406/psy.1903.3559
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1903_num_10_1_3559XI
CHRONIQUE PSYCHOLOGIQUE
1
COMME L'HOMME PRIMITIF
Propos de vacances. — La nécessité du repos chez les êtres vivants. —
Besoin d'activité et besoin de réparation. — Caractère rythmique de
l'activité. — Le rythme des repos. — Le rythme chez l'animal et chez
l'homme primitif. — Observations sur une tribu encore existante d'hom
mes primitifs. — Chez les Indiens Sêris, en Californie. — Leur habitat.
— La faune et la flore. — Caractères physiques des Séris. — Endurance
et agilité extraordinaires. — Quelques-unes de leurs prouesses. — Résis
tance des femmes et des enfants. — Animaux forcés à la course. —
Mœurs alimentaires de la tribu. — Repos léthargique. — Caractère très
intense du repos aussi bien que de l'activité de l'homme primitif.
L'homme , même le plus naturellement enclin à s'adonner au
labeur, éprouve, à la belle saison, une notable désaffection à l'égard
de sa besogne. Chacun aspire aux vacances : et tous ceux qui le
peuvent prennent, pendant une période plus ou moins longue, un
repos plus ou moins complet. Ce besoin a des racines profondes :
il n'est point, comme tant d'autres, conventionnel ou acquis. C'est
un besoin naturel, inhérent à la constitution de l'homme, de l'an
imalité : à la constitution de tous les êtres vivants, plus exactement.
Le repos est une loi de la vie, non moins que l'activité.
Nul ne saurait douter de la nécessité de cette dernière. Sans elle,
la vie n'est qu'un long ennui, et tous les êtres l'aiment sous des
formes variées, à condition qu'elle ne soit point excessive et ne
devienne point une peine. On a souvent observé les signes de réelle
satisfaction que donnent les animaux domestiques à entreprendre
le labeur quotidien, du moment où ils sont bien traités, et où le
travail n'excède pas leurs forces. Rien de plus joyeux que le chien
qui part pour la promenade ou la chasse; rien de plus courageux,
de plus ardent à la besogne que le chien qui, attelé à sa petite
charrette, aide son maître à tirer des fardeaux; le cheval, aussi,
témoigne sa joie à quitter l'écurie pour courir les routes. Et il n'est
pas un de nous qui ne se sentirait désorienté si le droit de tra
vailler lui était enlevé ; il n'est pas de supplice plus cruel que l'inac
tion forcée et continue. DE VARIGNY. — CHRONIQUE PSYCHOLOGIQUE 371 H.
Seulement, il en est des hommes, des animaux et de tous les
êtres vivants, comme des composés chimiques. Ceux-ci ont les
réactions rapides, quand on les met en présence; la besogne faite,
ils se reposent. La vie n'est point une continuité ininterrompue de
phénomènes qui se font longuement et sans arrêt; c'est bien plutôt
une série d'explosions successives : une alternance d'activité éner
gique et de repos absolu. Dans tous les phénomènes de la vie, il y
a un rythme : il y en a même plusieurs. Les différents organes ont
leur : aucun d'eux ne fonctionne de manière continue ; les
plus actifs s'interrompent, à des intervalles variables, pour se
reposer. Faute de ce repos, la fatigue et l'usure s'établissent, et la
mort survient bientôt si le cri de détresse de l'organisme n'est
entendu, si ce dernier ne prend garde à l'avertissement que lui
donne la fatigue.
Pour réparer les forces perdues, nous avons des ressources
variées. Les périodes de repos au cours de l'activité quotidienne :
les récréations de l'écolier et les dix minutes pendant lesquelles, à
des intervalles variables, s'arrêtent l'ouvrier et le philosophe, aussi
bien, quand la main est fatiguée, ou quand les idées viennent plus
difficilement. Le sommeil encore, le grand et l'indispensable répa
rateur, auquel nous sommes contraints de donner près du tiers de
notre existence. A des intervalles plus espacés, nous avons le repos
hebdomadaire. Dans certaines régions du globe, à climat excessif,
un repos saisonnier est par surcroît imposé parles conditions exté
rieures : les périodes très froides et très chaudes sont des périodes
de repos ou de vie très ralentie pour l'homme, les bêtes et les
plantes. Et enfin, comme ces arrêts ne suffisent point, dans les
sociétés très actives, ou pour les individus dont le labeur est plus
épuisant, l'usage de vacances plus ou moins longues et plus ou
moins complètes s'est établi.
Par ses effets bienfaisants, cet usage se justifie amplement : par
ses conséquences, il se montre être une loi de nature.
Il faut une intermittence du travail. Et une intermittence réelle :
une alternance de périodes de travail intense et de périodes de
repos absolu, telle que la présentent les animaux les plus voisins
de l'homme, les carnivores qui, après la chasse rapide et la courte
lutte, dévorent leur proie et s'en vont dormir et digérer en paix;
telle que la présente l'homme lui-même, dans les phases primitives; que la présentent les sauvages contemporains les plus rappro
chés — autant que nous en pouvons juger — de nos propres
ancêtres du début de l'époque quaternaire. Si la manière de vivre
des Indiens Séris n'est point exactement celle de l'homme primitif,
il est certain qu'elle s'en rapproche étrangement, par les analogies
qu'elle présente avec l'existence des animaux supérieurs. Et la
ressemblance est assez intéressante, en elle-même, et à propos de
la loi du repos, pour qu'il vaille la peine de faire connaître sommai
rement de quelle manière vit cette tribu.
Les Indiens Séris sont fort actifs, et prodigieusement paresseux à
la fois. REVUES GENERALES 372
Ils habitent une région peu connue et mal vue des explorateurs;
car ils n'hésitent pas à massacrer ces derniers, pour peu que les
circonstances s'y prêtent. Ils ont une aversion extraordinaire pour
tous les étrangers. Rien n'est plus glorieux, pour un Séri, que de
tuer un étranger; rien déshonorant, pour un Séri, —
mâle ou femelle — que de mélanger son sang à celui d'une race
étrangère, fût-ce même la tribu d'Indiens qui vit à quelques lieues
de distance. Aussi, bien qu'a priori l'on doive tenir pour certain
que la race des Séris serait apte à se croiser avec d'autres races, la
preuve fait défaut : on ne peut citer un seul cas de croisement.
On en sait toutefois assez sur la région qu'habitent les Séris pour
pouvoir assurer que ce n'est point un paradis terrestre. Un anthro-
pologiste américain des plus distingués, M. W.-J. Me Gee, qui a
publié sur ces Indiens un mémoire plein de renseignements concer
nant leur histoire, leur ethnographie et leur état actuel (17e rapport
annuel du service de l'ethnologie américaine) nous la dépeint
comme fort austère.
Le «. Sériland >> consiste, en effet, en une île située entre la Basse-
Californie et le Sonora mexicain, et bande de terre, limitée
par la mer et par le désert d"Encinas.
L'île, connue sous le nom de Tiburon, a quarante-cinq kilomètres
de long sur trente de large au plus; la côte a une superficie à peu
près trois fois plus étendue. Mais les côtes et l'île sont également
brûlées, faites de rochers et de sable. Point de végétation, en dehors
d'arbustes rabougris, de cactus et de cierges; presque pas d'eau.
Les sources sont infiniment rares et pauvres, et par surcroît il ne
pleut presque jamais. Exception faite pour l'enfer sur lequel nous
n'avons (encore) point de renseignements, le Sériland paraît être,
des États-Unis, et peut-être du monde, l'endroit le plus chaud et à
peu près le plus sec. Il suffit de voir le développement que pren
nent les racines dans le Sériland pour se rendre compte du degré
de sécheresse de cette contrée. Avec cela des plantes fort peu
aimables, munies d'épines ou bien malodorantes; les autres, moins
bien protégées contre la faune affamée, ont péri.
La faune terrestre comprend deux ou trois ce

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