Cicéron et ses amis
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Description

Cicéron et ses amis
Gaston Boissier
Étude sur la société romaine du temps de César
1905
Introduction — Les lettres de Cicéron
Cicéron dans la vie publique et privée :
La vie publique de Cicéron
La vie privée de Cicéron
Atticus
Cælius - La jeunesse romaine au temps de César
César et Cicéron :
Cicéron et le camp de César dans les Gaules
Le vainqueur et les vaincus après Pharsale
Brutus - Ses relations avec Cicéron
Octave - Le testament politique d'Auguste
Cicéron et ses amis : 1
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INTRODUCTION
Il n’y a pas d’histoire qu’on étudie plus volontiers, aujourd’hui que celle des
dernières années de la république romaine. De savants ouvrages ont été publiés
[1]récemment sur ce sujet en France, en Angleterre, en Allemagne , et le public les a
lus avec avidité. L’importance des questions qui se débattaient alors, la vivacité
dramatique des événements, la grandeur des personnages justifient cet intérêt ;
mais ce qui explique encore mieux l’attrait que nous éprouvons pour cette curieuse
époque, c’est qu’elle nous a été racontée par les lettres de Cicéron. Un
contemporain disait de ces lettres que celui qui les lirait ne serait pas tenté de
[2]chercher ailleurs l’histoire de ce temps , Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/12
et en effet, nous la retrouvons là bien plus vivante et bien plus vraie que dans des
ouvrages suivis et composés tout exprès pour nous l’enseigner. Que nous
apprendraient de plus Asinius Pollion, Tite-Live ou Cremutius ...

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Cicéron et ses amis
Gaston Boissier
Étude sur la société romaine du temps de César
1905
Introduction — Les lettres de Cicéron
Cicéron dans la vie publique et privée :
La vie publique de Cicéron
La vie privée de Cicéron
Atticus
Cælius - La jeunesse romaine au temps de César
César et Cicéron :
Cicéron et le camp de César dans les Gaules
Le vainqueur et les vaincus après Pharsale
Brutus - Ses relations avec Cicéron
Octave - Le testament politique d'Auguste
Cicéron et ses amis : 1
Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/11
INTRODUCTION
Il n’y a pas d’histoire qu’on étudie plus volontiers, aujourd’hui que celle des
dernières années de la république romaine. De savants ouvrages ont été publiés
[1]récemment sur ce sujet en France, en Angleterre, en Allemagne , et le public les a
lus avec avidité. L’importance des questions qui se débattaient alors, la vivacité
dramatique des événements, la grandeur des personnages justifient cet intérêt ;
mais ce qui explique encore mieux l’attrait que nous éprouvons pour cette curieuse
époque, c’est qu’elle nous a été racontée par les lettres de Cicéron. Un
contemporain disait de ces lettres que celui qui les lirait ne serait pas tenté de
[2]chercher ailleurs l’histoire de ce temps ,Page:Boissier - Cicéron et ses amis.djvu/12
et en effet, nous la retrouvons là bien plus vivante et bien plus vraie que dans des
ouvrages suivis et composés tout exprès pour nous l’enseigner. Que nous
apprendraient de plus Asinius Pollion, Tite-Live ou Cremutius Cordus, si nous les
avions conservés ? Ils nous donneraient leur opinion personnelle ; mais cette
opinion est, la plupart du temps, suspecte : elle vient de gens qui n’ont pas pu dire
toute la vérité, qui écrivaient à la cour des empereurs, comme Tite-Live, ou qui,
comme Pollion, espéraient se faire pardonner leur trahison en disant le plus de mal
qu’ils pouvaient de ceux qu’ils avaient trahis. Il vaut donc mieux, au lieu de recevoir
une opinion toute .faite, se la faire soi-même, et c’est ce que nous rend possible la
lecture des lettres de Cicéron. Elle nous jette au milieu des événements et nous les
fait suivre jour par jour. Malgré les dix-huit siècles qui nous en séparent, il nous
semble que nous les voyons se passer sous nos yeux, et nous nous trouvons placés
dans cette position unique d’être assez près des faits pour en voir la couleur
véritable, et assez éloignés d’eux pour les juger sans passion.
L’importance de ces lettres s’explique facilement. Les hommes politiques de ce
temps avaient bien plus besoin de s’écrire que ceux d’aujourd’hui. Le proconsul qui
partait de Rome pour aller gouverner quelque province lointaine sentait bien qu’il
s’éloignait tout à fait de la vie politique. Pour des gens accoutumés aux
mouvements des affaires, aux agitations des partis, ou, comme ils disaient, au
grand jour du forum, c’était un grand ennui d’aller passer plusieurs années dans ces
contrées perdues, où les bruits de la place publique de Rome ne parvenaient pas.
A la vérité ils recevaient une sorte de gazette officielle, acta diurna, vénérable
ancêtre de notre
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Moniteur. Mais il semble que tout journal officiel soit condamné par sa nature à être
quelque peu insignifiant. Celui de Rome contenait un procès-verbal assez terne des
assemblées du peuple, le résumé succinct des causes célèbres plaidées au forum,
et aussi le récit des cérémonies publiques avec la mention exacte des
phénomènes atmosphériques ou des prodiges survenus dans la ville et ses
environs. Ce n’étaient pas tout à fait des nouvelles de ce genre qu’un préteur ou un
proconsul désirait savoir. Aussi, pour combler les lacunes du journal officiel, avait-il
recours à des correspondants payés qui faisaient des gazettes à la main à l’usage
des curieux de la province, comme c’était la mode chez nous au siècle dernier ;
mais tandis qu’au dix-huitième siècle on chargeait de ce soin des hommes de
lettres en renom, familiers des grands seigneurs et bien reçus des ministres, les
correspondants romains n’étaient que des compilateurs obscurs, des manœuvres,
comme les appelle quelque part Cælius, choisis d’ordinaire parmi ces Grecs
affamés que la misère rendait bons à tous les métiers. Ils n’avaient pas accès dans
les grandes maisons ; ils n’approchaient pas des politiques. Leur rôle consistait
uniquement à courir la ville et à recueillir par lés rues ce qu’ils entendaient dire ou
ce qu’ils voyaient. Ils enregistraient soigneusement les histoires de théâtres,
s’informaient des acteurs sifflés, des gladiateurs vaincus, décrivaient le détail des
beaux enterrements, notaient les bruits et les malins propos, et surtout les récits
[3]scandaleux qu’ils pouvaient attraper . Tout ce babil amusait un moment, mais ne
satisfaisait pas ces personnages politiques, qui voulaient, avant tout, être tenus au
courant des affaires. Pour les bien connaître, ils s’adressaient naturellement à
quelqu’
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un qui pût les savoir. Ils faisaient choix de quelques amis sûrs, importants, bien
informés ; par eux, ils connaissaient la raison et le caractère véritable des faits que
les journaux rapportaient sèchement et sans commentaire ; et, tandis que leurs
correspondants payés les laissaient d’ordinaire dans la rue, les autres les
introduisaient dans les cabinets des grands politiques, et leur faisaient écouter
leurs entretiens les plus secrets.
Ce besoin d’être régulièrement informé de tout, et, pour ainsi dire, de vivre encore
au milieu de Rome après qu’on l’avait quittée, personne ne l’éprouva plus que
Cicéron ; personne n’aima davantage ces agitations de la vie publique, dont les
hommes d’État se plaignent quand ils en jouissent, et qu’ils ne cessent de regretter
lorsqu’ils les ont perdues. Il ne faut pas trop le croire quand il vient nous dire qu’il est
fatigué des discussions orageuses du sénat ; qu’il cherche un pays où l’on n’ait pas
entendu parler de Vatinius ni de César, et où l’on ne s’occupe pas des lois
agraires ; qu’il meurt d’envie d’aller oublier Rome sous les beaux ombragesd’Arpinum, ou au milieu du site enchanté de Formies. Aussitôt qu’il est installé à
Formies, à Arpinum, ou dans quelque autre de ces belles villas qu’il appelait avec
fierté les ornements de l’Italie, ocellos Italiœ, sa pensée retourne naturellement à
Rome, et des courriers partent à chaque moment, pour aller savoir ce qu’on y
pense et ce qu’on y fait. Jamais, quoi qu’il dise, il ne put détacher les yeux du forum.
De près ou de loin, il lui fallait ce que Saint-Simon appelle ce petit fumet d’affaires
dont les politiques ne se peuvent passer. A toute force, il voulait connaître la
situation des partis, leurs accords secrets, leurs discordes intimes, enfin tous ces
manèges cachés qui préparent les événements et les expliquent. C’est là ce qu’il
réclamait sans relâche d’Atticus, de Curion, de Cœlius et de tant d’autres grands
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esprits, mêlés à toutes ces intrigues comme acteurs ou comme curieux ; c’est ce
qu’il racontait lui-même de la façon la plus piquante à ses amis absents ; et voilà
comment les lettres qu’il a reçues ou envoyées contiennent, sans qu’il l’ait voulu
[4]faire, toute l’histoire de son temps .
Les correspondances des hommes politiques de nos jours, quand on les publie,
sont loin d’avoir la même importance. C’est que l’échange des sentiments et des
pensées ne se fait plus autant qu’alors au moyen des lettres. Nous avons inventé
des procédés nouveaux. L’immense publicité de la presse a remplacé avec
avantage ces communications discrètes qui ne pouvaient pas s’étendre au delà de
quelques personnes. Aujourd’hui, en quelque lieu désert qu’un homme soit retiré,
les journaux viennent le tenir au courant de tout ce qui se fait dans le monde.
Comme il apprend les événements presque en même temps qu’ils se passent, il en
reçoit non seulement la nouvelle, mais aussi l’&

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