Comparaisons entre les langages oral et écrit - article ; n°1 ; vol.59, pg 61-71
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Description

L'année psychologique - Année 1959 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 61-71
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

P Fraisse
M. Breyton
Comparaisons entre les langages oral et écrit
In: L'année psychologique. 1959 vol. 59, n°1. pp. 61-71.
Citer ce document / Cite this document :
Fraisse P, Breyton M. Comparaisons entre les langages oral et écrit. In: L'année psychologique. 1959 vol. 59, n°1. pp. 61-71.
doi : 10.3406/psy.1959.6596
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1959_num_59_1_6596Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée
de la Sorbonne
COMPARAISONS ENTRE LES LANGAGES ORAL ET ÉCRIT
par Paul Fraisse et Madeleine Breyton
La simple expérience des professeurs permet de constater une
différence entre l'expression écrite et orale. Mais leur observation
a un caractère global. En général nous ne sommes guère capables
de formuler scientifiquement les différences qui existent entre
l'un et l'autre modes d'expression.
Les études faites sur le langage sont le plus souvent parties
de documents écrits faciles à obtenir et à analyser. Aujourd'hui,
le magnétophone permet de recueillir aussi très facilement la
parole et les documents ainsi obtenus peuvent être transcrits
par écrit. Néanmoins, jusqu'à ce jour, peu d'études ont été
consacrées à l'étude comparative des deux modes d'expression.
Si nous essayons d'analyser a priori les principaux facteurs
qui peuvent introduire une différence entre ces deux langages,
nous pouvons en distinguer trois :
1 ° Nous apprenons à parler bien longtemps avant d'apprendre à
écrire, et, pour l'immense majorité des gens, nous parlons plus que
nous n'écrivons. Dans ce domaine génétique Lull (7), Bushnell (3),
Davis (4) et surtout Harrell (5) fournissent des données intéres
santes. Elles montrent surtout le progrès dans la composition et la
complexité des phrases avec l'âge, qu'il s'agisse de l'expression
orale ou écrite. A plusieurs points de vue, les différences croissent
ou même s'inversent avec l'âge.
2° Des différences entre le langage écrit et oral tiennent
au mode d'expression. Par écrit, l'expression est plus lente et,
même si on ne s'arrête pas, le temps nécessaire à l'écriture donne
plus de loisir à l'esprit pour composer. Oralement, au contraire,
quelles que soient les conditions, il faut aller de l'avant, finir
la phrase commencée, enchaîner une phrase à une autre. 62 MÉMOIRES ORIGINAUX
Ces deux premiers facteurs peuvent expliquer les résultats
trouvés par Harrell (5) dans sa récente étude. En comparant des
groupes de 9, 11, 13 et 15 ans, il a établi :
a) Qu'à tous les âges étudiés les histoires orales étaient plus
longues que les histoires écrites ;
b) Que l'allongement des propositions croît plus dans le langage
écrit que dans le langage oral; à 9, 11 et 13 ans, les
phrases orales restent plus longues que les phrases écrites ;
c) Que le nombre relatif d'adjectifs employés croît avec l'âge.
A 9 ans, il est inférieur dans le langage écrit ; il devient
supérieur par la suite ;
d) Que le nombre relatif d'adverbes est, à tous les âges, plus
grand dans le langage écrit. Ceci est particulièrement
vrai des adverbes de temps ;
e) Que la complexité de la phrase écrite croît plus vite avec
l'âge que celle de la orale. Dès 11 ans, elle est
déjà plus grande.
3° La situation de l'expression écrite ou orale n'est pas la
même. Dans la première, le sujet reste seul en face de sa feuille
de papier ; dans la seconde, il s'adresse directement à quelqu'un.
La situation est sociale1. Cette différence entre une activité
solitaire et une activité qui, normalement, est sociale introduit
inévitablement de nouvelles variables que l'on peut considérer
comme dépendantes de la personnalité.
La situation sociale implique toujours un affrontement
d'autrui qui engendre des états d'excitation ou d'inhibition
d'autant plus intenses que la distance sociale entre les personnes
est plus grande, et que l'objet du discours est plus important.
Une conversation entre camarades ou un exposé dans un groupe
de travail n'a pas, pour l'étudiant, le même caractère que la
réponse à une question lors d'un examen oral. Certes l'expression
écrite n'est pas indifférente à cet aspect. L'écrit est toujours
adressé, au moins virtuellement, à quelqu'un, et même le journal
intime n'échappe pas à cette loi, mais la distance spatiale et
temporelle qui existe toujours entre le scripteur et le lecteur
éventuel atténue ce caractère.
Comme on le voit, le nombre de variables qui peuvent inter
venir est grand. Dans cette première recherche, nous avons
1. Certes, les dictaphones créent des situations nouvelles où le sujet est
seul en face de son microphone ; mais une première analyse peut les négliger
car elles sont exceptionnelles. FRAISSE ET M. BREYTON. — LANGAGES ORAL ET ÉCRIT 63 P.
voulu surtout étudier les différences liées au mode d'expression
écrit ou oral dans une situation sociale aussi neutre que possible :
commenter une gravure en présence d'une personne, l'expér
imentateur, qui se place en retrait du sujet, et qui n'intervient
pas, sauf pour inviter le sujet à continuer quand il s'interrompt.
L'expérimentateur a été l'un de nous, une jeune fille plus ou
moins camarade d'études des 12 sujets étudiants (9 garçons
et 3 filles).
Le principe était de partir d'un matériel non verbal, en demandant
au sujet d'exprimer d'une manière libre et spontanée tout ce que ce
matériel lui suggérait. Il était composé de deux séries parallèles de
stimuli. Nous avions assemblé les objets suivants : deux reproductions
de natures mortes en couleurs représentant des fruits sur un plat, avec
pots ou tasses constituant un environnement (nous les désignerons
par Nx et N2) ; deux reproductions de tableaux de Brueghel (La noce
villageoise et La danse. Nous les désignerons par Bx et B2) ; et enfin
deux histoires sans paroles du Pr Nimbus, de quatre images chacune
(nous les désignerons par Hx et H2). Chaque sujet a dû réagir aux six
stimuli, à trois d'entre eux par écrit, aux trois autres de forme parallèle
oralement. Le sujet commençait toujours par répondre par écrit au
premier stimulus, oralement au second, par écrit au troisième, et ainsi
de suite. En outre, pour éviter les effets de position, l'ordre des stimuli
a été varié systématiquement d'un sujet à l'autre. Chacun est donc
intervenu deux fois en premier rang, deux fois en second, etc., et bien
entendu le nombre de réponses écrites ou orales à chaque stimulus a
été identique.
L'expérimentateur procédait à un essai préliminaire avec une
carte qui ne faisait pas partie de la série. Ce premier essai était oral,
et avait pour but de mettre le sujet à l'aise, de lui faire bien comprendre
la consigne et de le familiariser avec le magnétophone qui était
placé sur la table ; il savait par ailleurs qu'après l'expérience il pourrait
entendre ses propres paroles (ce qui semble avoir joué comme stimulant).
La consigne était la suivante : « Vous voyez cette reproduction ?
Je vous demande de me dire ce qu'elle vous inspire. Il ne s'agit pas
simplement de l'identifier ou de la juger esthétiquement. Vous pouvez
la décrire, mais vous pouvez exprimer aussi les sentiments et les impress
ions qu'elle suscite en vous. »
On continuait ensuite par l'épreuve écrite, au cours de laquelle le
sujet était laissé seul dans la pièce; il était libre d'écrire aussi longtemps
qu'il le voulait. On lui précisait qu'il pouvait raturer et surcharger,
mais les sujets n'ont guère usé de cette possibilité. Il devait, quand il
avait terminé, faire signe à l'expérimentateur qui était dans la pièce
voisine.
Au cours des épreuves orales, l'expérimentateur, assis à la gauche
du sujet, adoptait une attitude très neutre, se contentant de stimuler I. — Nombre total de mots TABLEAU
oral Moyenne Moyenne 1er écrit 1er oral 2e écrit 2e oral 3 e écrit 3 e oral Rapport Sujets FF des écrits des oraux écrit
Ni Bi Hi N2 Ba H2
i\° 1 221 82 134 71 100 59 94 75 1,7

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