Conditionnement et signification - article ; n°1 ; vol.60, pg 71-86
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Description

L'année psychologique - Année 1960 - Volume 60 - Numéro 1 - Pages 71-86
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 27
Langue Français
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Extrait

J. Le Ny
Conditionnement et signification
In: L'année psychologique. 1960 vol. 60, n°1. pp. 71-86.
Citer ce document / Cite this document :
Le Ny J. Conditionnement et signification. In: L'année psychologique. 1960 vol. 60, n°1. pp. 71-86.
doi : 10.3406/psy.1960.6757
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1960_num_60_1_6757CONDITIONNEMENT ET SIGNIFICATION
par Jean-François Le Ny1
La signification a été présentée parfois comme une des pierres
d'achoppement du conditionnement. Au nom d'une conception étroite
de ce dernier, souvent fondée sur la théorie de la substitution du stimulus
conditionnel au stimulus inconditionnel, et sur l'idée que le réflexe était quelque chose d'automatique et de mécanique, on a
pensé que toute possibilité de tenir compte de la signification était,
pour une théorie du conditionnement, exclue. Et comme tout le psy
chisme apparaît tissé de significations, le conditionnement était fac
ilement relégué aux régions inférieures de la psychologie.
Le terme de « signification » est pris alors en son sens le plus large, et,
il faut bien le dire, le plus vague. Mais si l'on reste sur le terrain de la
psychologie objective, il n'est pas niable que l'objection ait quelque
chose de valable. La psychologie de laboratoire s'applique à découvrir
des stimuli, à créer des situations qui soient aussi « simples », dépouillés,
froids, abstraits, qu'il est nécessaire lorsque l'on veut maintenir cons
tantes toutes les conditions sauf une ou deux. L'expérience psycholo
gique concrète est tout autre : dans la vie, l'animal ne réagit jamais
à des sons purs, à des lumières monochromatiques, à des portes noires
ou blanches, mais à des objets ou des situations qui sont pour lui « char
gés de signification ». Gela vaut a fortiori pour l'homme, et a fortiori
encore pour son comportement verbal et social. Cette constatation ne
porte nulle condamnation contre la psychologie analytique, contraire
ment à ce que certains peuvent croire ; mais elle marque la nécessité
pour la psychologie objective de s'intéresser aussi, avec ses moyens, aux
phénomènes de signification.
Il existe déjà des travaux, et un intérêt croissant, relativement à
ces problèmes ; les résultats sont sans doute partiels encore, mais ils
tracent des lignes de recherche.
Nous nous en tiendrons ici strictement à ce qui concerne l'approche
de la signification par la théorie ou plutôt par les théories du condi
tionnement ; nous laisserons également de côté tout ce qui a trait aux
autres aspects du conditionnement verbal.
1. Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée de la Sorbonne. REVUES CRITIQUES 72
I. — Les idées de Pavlov
ET LES RAPPORTS ENTRE PREMIER ET SECOND SYSTÈMES DE SIGNALISATION
Nous ne rappellerons pas ici la conception pavlovienne des deux
systèmes de signalisation (cf. 30, 15, 4), et nous nous bornerons à
remarques : la première est que la du conditionnement
comme activité de signalisation, et la notion même de « signal » sup
portent bien — • à la différence de certaines interprétations behavioristes
— l'extension au domaine du langage ; la seconde est que Pavlov — à
la différence ici encore de behavioristes mécanistes comme Watson — ne
conçoit pas le langage comme un simple conditionnement d'ordre supé
rieur, comme la simple addition d'un nouveau chaînon à une liaison
préexistante, mais comme une structure nouvelle, un autre système (et
ce mot doit être pris au sens fort) de signalisation.
Les continuateurs de Pavlov, en ce domaine, ont surtout étudié les
interrelations entre le premier et le second systèmes de signalisation.
De l'objet à sa désignation verbale
Les premières expériences en ce domaine, faites dans le laboratoire
d'Ivanov Smolenski (8, 9, 10), sont celles de Kapustnik (11, 12),
Fadeeva, Khozak, Smolenskaia (40), etc. Elles ont été menées surtout
sur des enfants et des malades mentaux et ont utilisé largement la
méthode du renforcement verbal1. Elles ont montré essentiellement
comment, après avoir établi un réflexe conditionnel à un stimulus
« direct2 », on pouvait, en substituant à ce stimulus sa désignation
verbale, obtenir le même type de réaction ; cette « généralisation élec
tive », de l'objet au mot, s'exerce également dans des situations de
réflexe conditionnel retardé, de différenciation, d'inhibition condi
tionnelle, de stéréotypie dynamique, etc. Elle ne vaut pas seulement dans
le cas de réactions motrices élaborées au moyen du langage, mais aussi,
comme on l'a montré depuis, dans un conditionnement classique.
On sait, notamment depuis les travaux de Bykov et de ses coll
aborateurs (2), qu'il est possible de conditionner de très nombreuses réac
tions végétatives ; Markosian (18) avait montré que cela vaut aussi
pour la coagulation du sang ; si l'on prélève un échantillon de sang d'un
animal, après avoir soumis celui-ci à un choc électrique désagréable,
on constate que la coagulation est plus rapide que si l'on avait effectué
le prélèvement en dehors de tout choc. On associe alors le passage du
courant avec le son d'un métronome (après avoir, bien entendu, vérifié
1. Nous ne parlerons pas ici de cette méthode, fort intéressante, mais
parfois critiquable dans son utilisation trop générale ; pour sa description on
pourra consulter Povorinski (31), et pour une vue plus approfondie de son
mécanisme, Luria (16).
2. Dans la terminologie pavlovienne, « direct » signifie « qui appartient
au premier système de signalisation » par opposition à « verbal ». LE NY. CONDITIONNEMENT ET SIGNIFICATION 73 J.-F.
que celui-ci ne produit par lui-même aucune modification) ; au bout d'un
faible nombre de conjugaisons (4 ou 5), on observe que le sang prélevé
après audition du métronome (non accompagné du choc) se coagule
avec rapidité. Markosian (19) a montré que ce phénomène pouvait
aussi être provoqué chez l'homme. Mais de plus, si l'expérimentateur,
au lieu de faire entendre le métronome, se contente de prononcer le
mot « métronome », il constate aussi l'accélération de la coagulation ;
celle-ci, il est vrai, se fait moins vite (elle commence après 70 s environ)
qu'après le choc ou l'audition du métronome (40 s environ) ; elle est
néanmoins plus rapide que dans des conditions neutres (où elle débute
après 90 s environ). Cette expérience, dont nous reparlerons, est assez
frappante en ce qu'elle montre comment le pouvoir du mot s'exerce
même sur des fonctions telles que la coagulation sanguine.
De l'objet au mot qui le désigne, il y a une relation toute naturelle,
et également du mot à l'objet. Et c'est évidemment le premier aspect
de la signification : ce que le mot « pomme » signifie d'abord, c'est la
pomme réelle.
Mais toutes les expériences de cette nature pourraient, somme toute,
être expliquées par un conditionnement de second ordre ou de nieme ordre.
Il n'est pas douteux que ce mécanisme joue un rôle important, notam
ment dans l'acquisition du langage par l'enfant. Mais cette simple liaison
en chaîne est incapable de rendre compte des aspects complexes de la
signification.
La généralisation sémantique
Les expériences de conditionnement ont elles-mêmes mis ce fait en
relief. En effet, ce n'est pas seulement le mot désignant le stimulus condi
tionnel direct qui hérite de l'efficacité de celui-ci, mais d'autres aussi.
Il y a d'abord, bien entendu, les mots phonétiquement (ou graphi
quement) proches du stimulus original. Ainsi dans l'expérience de
Markosian, non seulement « metronom » mais encore « metrostroi »,
« metropol » ou « mikroskop » sont capables d'accélérer la coagulation.
Ce n'est là cependant qu'une généralisation primaire du stimulus tout à
fait classique.
Mais, fait plus intéressant, si le stimulus original est « lampe » (19)
on constate que « ampoule » et « lumière », c'est-à-dire des mots de
signification voisine, provoquent aussi la coagulation, alors que « sifflet »
n'a aucun effet.
Les exp

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