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1Cours: La signification des mots et le contenu des pensées Martine Nida-Rümelin Cours 7 et 8 Thèmes: - les noms comme désignateurs rigides - la théorie causale de la référence des noms 1. Les désignateurs rigides Définition 1: Une expression linguistique est un désignateur rigide si et seulement s’il réfère au même individu dans tous les mondes possibles (à ajouter éventuellement : dans lesquels l’individu en question existe). Hypothèse : les descriptions définies sont ambiguës de manière systématique entre une lecture rigide et non-rigide. Exemples de phrases pour lesquelles une interprétation rigide semble plausible pour une des deux occurrences d’une description définie alors qu’une interprétation non-rigide semble plausible pour l’autre occurrence de la même description définie : (1) L’odeur du basilic pourrait ne pas être l’odeur du basilic, mais l’odeur des roses. (2) La personne qui va entrer comme première personne dans cette salle demain pourrait ne pas être la première personne qui va entrer dans cette salle. (3) Le compositeur de la sonate du printemps aurait pu ne pas être le compositeur de la sonate du printemps. (4) Le compositeur derintemps pourrait ne pas être le compositeur de la sonate du printemps. La théorie de Kripke (voir ci-dessous): - Les noms propres sont des désignateurs rigides. - Le référent d’un nom propre n’est pas fixé par une description. - Aucun élément descriptif ne fait partie de la ...

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Langue Français

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1
Cours: La signification des mots et le contenu des pensées
Martine Nida-Rümelin
Cours 7 et 8
Thèmes:
-
les noms comme désignateurs rigides
-
la théorie causale de la référence des noms
1. Les désignateurs rigides
Définition 1:
Une expression linguistique est un
désignateur rigide
si et seulement s’il réfère au
même individu dans tous les mondes possibles (à ajouter éventuellement : dans lesquels l’individu en
question existe).
Hypothèse : les descriptions définies sont ambiguës de manière systématique entre une lecture rigide
et non-rigide.
Exemples
de phrases pour lesquelles une interprétation rigide semble plausible pour une des deux
occurrences d’une description définie alors qu’une interprétation non-rigide semble plausible pour
l’autre occurrence de la même description définie :
(1) L’odeur du basilic pourrait ne pas être l’odeur du basilic, mais l’odeur des roses.
(2) La personne qui va entrer comme première personne dans cette salle demain pourrait ne pas être
la première personne qui va entrer dans cette salle.
(3) Le compositeur de la sonate du printemps aurait pu ne pas être le compositeur de la sonate du
printemps.
(4) Le compositeur de la sonate du printemps pourrait ne pas être le compositeur de la sonate du
printemps.
La théorie de Kripke (voir ci-dessous):
-
Les noms propres sont des désignateurs rigides.
-
Le référent d’un nom propre n’est pas fixé par une description.
-
Aucun élément descriptif ne fait partie de la signification d’un nom propre.
Kripke refuse toutes les théories descriptivistes des noms propres.
1. La théorie descriptiviste des noms propres, ses points forts et ses points faibles
Différentes versions de la théorie descriptiviste des noms propres
DN1: Chaque nom est synonyme d’une description définie. (Russell)
2 interprétations de cette thèse:
DN1a: Chaque nom est synonyme d’une description définie interprétée comme désignateur non-
rigide.
DN1b: Chaque nom est synonyme d’une description définie interprétée comme désignateur rigide.
DN2: La théorie des faisceaux de descriptions (Searle).
Pour chaque nom "A", il existe un faisceau de descriptions tel que la phrase "A a la propriété F" est
vraie si et seulement si il existe un individu qui satisfait un nombre satisfaisant des descriptions dans
le faisceau et qui a la propriété F.
DN2a : Dans un discours contrefactuel (sur d’autres mondes possibles) l’individu en question est
identifié (en utilisant le faisceau de descriptions en question) dans le monde actuel, après on se pose
la question si cet individu a la propriété F dans un autre monde possible sous considération. (Ceci
correspond à l’interprétation rigide d’une description définie.)
2
DN2b : Dans un discours contrefactuel (sur d’autres mondes possibles) l’individu en question est
identifié (en utilisant le faisceau de descriptions en question) dans le monde contrefactuel en question.
(Ceci correspond à l’interprétation non-rigide d’une description définie.)
DN2b: Pour chaque nom "A", il existe un faisceau de descriptions tel que le référent de "A" est
l'individu qui satisfait un nombre satisfaisant des descriptions dans le faisceau (si un tel individu
existe).
Les arguments principaux contre la théorie descriptiviste:
-
l'argument modal (voir: l'exemple de Nixon)
-
l'argument de l'erreur collective (voir l'exemple de Gödel)
L'argument modal peut être dirigé contre DN1a et DN2a (mais pas contre DN1b et DN2b).
L'argument de l'erreur collective peut être dirigé contre les 4 versions de la théorie descriptiviste
considérée.
Pour l’argument modal : voir 6
ème
cours
Le résultat de l’analyse de l’argument modal :
L’argument modal réfute la thèse à réfuter seulement dans une des ses deux interprétations
possibles : DN1.
Il est donc encore nécessaire de trouver un argument contre DN1b. Kripke dispose d’un tel argument
(l’argument de l’erreur collective).
Remarque :
Russell n’a pas fait la distinction entre DN1a et DN1b, Kripke non plus. Searle n’est pas très clair sur
la distinction entre DN2a et DN2b.
L’argument de l’erreur collective :
Cette objection utilise l'exemple fictif suivant:
Dans cette histoire celui qui a démontré que l'arithmétique est incomplète n'est pas Curt
Gödel mais un certain Smith. Curt Gödel a trouvé cette preuve après la mort de Smith dans
des circonstances mystérieuses. Curt Gödel fait semblant d'avoir formulé cette preuve lui-
même et tout le monde le croit. (Circonstances C)
(1) Soit "Curt Gödel" synonyme à "celui qui a formulé la preuve que l'arithmétique est
incomplète"
(2) Dans les circonstances C, Smith est le référent de "Curt Gödel". (de (1))
(3) Mais: Dans les circonstances C, Smith n'est pas le référent de "Curt Gödel".
(jugement intuitif, en contradiction avec (2))
Cet argument est applicable pour les deux interprétations possibles de la description définie
dans (1).
2. Les modalités
Les modalités métaphysiques:
Définition 2:
Une phrase est
nécessairement vraie
ssi elle est vraie dans tous les mondes
possibles.
Définition 3:
Une phrase est
contingente
s'il existe des mondes possibles dans lesquels elle est
vraie et des mondes possibles dans lesquels elle est fausse.
3
Définition 4:
Une phrase est
possiblement vraie
ssi il existe des mondes possibles dans lesquels
elle est vraie.
Les modalités epistémiques:
Définition 5:
Une phrase est
vraie a priori
ssi sa vérité peut être connue sur la base de la
compréhension de sa signification et sans connaissance empirique.
Définition 6:
Une phrase est
vraie a posteriori
ssi elle n'est pas vraie a priori.
Hypothèses qui étaient implicitement ou explicitement souvent acceptées par les philosophes avant
Kripke:
(H1) Vérité a priori
et nécessité des phrases ont la même extension.
C’est à dire que chaque phrase qui est vraie a priori est nécessairement vraie et chaque phrase qui
est nécessairement vraie est vraie a priori.
(H2) Vérité a posteriori et vérité contingente des phrases ont la même extension.
C’est à dire que chaque phrase qui est vraie a posteriori est vraie de manière contingente et chaque
phrase qui est vraie de manière contingente est vraie a posteriori.
Remarque: (H1) et (H2) sont équivalent.
Preuve?
(A discuter)
Célèbre contre-exemple de Kripke contre ces hypothèses:
(CE1)
L’étoile du soir est identique à l’étoile du matin.
Selon Kripke (CE1) est nécessairement vraie, mais a posteriori.
Un argument intuitif pour la nécessité de (CE1):
(CE1) est vraie dans un monde possible m ssi le référent de "l'étoile du matin" dans m n'est pas
identique au référent de "l'étoile du soir" dans m. Donc, cette phrase est vraie dans un monde possible
ssi Vénus n’est pas identique à Vénus dans ce monde possible m. Mais il n'y a pas un tel monde.
Cet argument présuppose que les deux noms en question sont des désignateurs rigides.
Version précise de cet argument:
(1) "L'étoile du matin" est un désignateur rigide.
(2) "L'étoile du soir" est un désignateur rigide.
(3) "L'étoile du matin est identique à l'étoile du soir" est vrai dans le monde réel.
(4) Il existe un objet dans le monde réel qui est le référent des deux expressions en question. (De
(3)). Soit o cet objet.
(5) L'objet o est le référent de "étoile du matin" dans tous les mondes possibles. (de (4) et (1)).
(6) L'objet o est le référent de "étoile du soir" dans tous les mondes possibles. (de (4) et (2))
(7) "L'étoile du matin est identique à l'étoile du soir" est vrai dans tous les mondes possibles. (de
(5) et (6).
(8) "L'étoile du matin est identique à l'étoile du soir" est nécessairement vrai.
De la même manière on peut démontrer l'affirmation générale suivante:
Si "A" est un désignateur rigide et si "B" est un désignateur rigide, alors la phrase "A = B" est
nécessairement vraie, si elle est vraie.
Remarque:
Pertinence de ce résultat pour la discussion de la thèse d'identité dans la philosophie de
l'esprit.
4
Deuxième célèbre contre-exemple:
(CE2) Le mètre étalon mesure un mètre.
Selon Kripke cette phrase est a priori, mais elle n'est pas nécessairement vraie.
(A1) Nécessaire (S)
A priori vraie (S)
(A2) Vraie de manière contingente (S)
A posteriori vraie (S)
Le contre-exemple EC1 est dirigé contre "
" dans A1 est contre "
" dans A2.
Le contre-exemple EC2 est dirigé contre "
" dans A1 est contre "
" dans A2.
2. La théorie causale de la référence des noms propres de Kripke
2.a Esquisse de la "théorie"
-
Une personne peut utiliser le nom "Saul Kripke" pour référer à Saul Kripke même si elle ne
connaît aucune propriété identifiante de Kripke.
-
La capacité d'une personne à référer à Saul Kripke en utilisant le nom "Saul Kripke" est due au fait
que ses usages de ce nom sont
liés par une chaîne causale appropriée à "l'acte de baptême"
(c'est-à-dire à l'évènement lors duquel la personne en question a reçu son nom).
-
La chaîne appropriée existe entre l'usage d'un nom N par une personne et un objet déterminé O
ssi les conditions suivantes sont satisfaites (il sera nécessaire de préciser ces conditions):
(a) à une certaine occasion le nom N a été donné à O.
(b) La personne A a appris le nom N à l'occasion de l'usage de ce nom par une personne P1 et
elle utilise le nom N avec l'intention de référer à l'individu auquel la personne P1 réfère par
ses usages de N et
la personne P1 a appris le nom N à l'occasion de l'usage de ce nom par une personne P2 et
elle utilise le nom N avec l'intention de référer à l'individu auquel la personne P2 réfère par ses
usages de N et
la personne P2 a appris le nom N à l'occasion de l'usage de ce nom par une personne P3 et
elle utilise le nom N avec l'intention de référer à l'individu auquel la personne P3 réfère
par
ses usages de N et .........
la personne Pn-1 a appris le nom N à l'occasion de l'usage de ce nom par une personne Pn
et elle utilise le nom N avec l'intention de se référer à l'individu auquel la personne Pn se
réfère par ses usage de N et
Pn était présent quand le nom N a été donné a l'individu O.
Une caractéristique importante de cette thèse:
Les critères d'identification du référent implicitement acceptés par le locuteur ou par la
communauté de langage ne déterminent pas le référent.
2b. Objections et premières améliorations
-
remarque: Les intentions des locuteurs jouent un rôle important dans la définition de la chaîne
causale
appropriée.
contre-exemple potentiel: le chien qui s'appelle "Platon".
5
Remarque méthodologique concernant l'usage de contre-exemples
:
-
Très souvent les
philosophes veulent par leur théorie préciser une notion qui est déjà enracinée
dans notre pensée et dont nous avons une compréhension intuitive.
-
Si une théorie philosophique propose une précision d'une notion enracinée dans notre pensée
dont nous avons déjà une compréhension intuitive, alors elle devrait éviter un conflit avec nos
intuitions naturelles (pré-théoriques) concernant cette notion.
Structure des arguments basés sur un contre-exemple
La thèse à critiquer:
(1) La théorie T décrit de manière appropriée la notion N.
(2) Si la théorie T décrit de manière appropriée la notion N, alors
(a) il n'y a aucun exemple tel que selon la théorie T l'exemple tombe sous la notion N mais il ne
tombe pas sous la notion N selon nos intuitions naturelles et
(b) il n'y a aucun exemple tel que selon la théorie T l'exemple ne tombe pas sous la notion N
alors qu'elle tombe sous la notion N selon nos intuitions naturelles.
(3) Construction d'un exemple qui satisfait soit (a) soit (b) dans (2).
Conclusion:
(4) Il existe un exemple qui satisfait (a) ou (b) dans (2).
(conclusion de (3))
(5) Le conséquent de (2) est faux.
(de (4))
(6) L'affirmation (1) est fausse.
(conclusion de (2) et (5))
Argument ayant cette structure:
(1) La théorie suivante décrit de manière appropriée la notion de référence d'un nom propre:
(T) Le nom N dans l'usage d'un locuteur L fait référence à l'individu R ssi il existe une chaîne
causale du type T entre l'usage de N par L et l'acte de baptême de R.
(2) Si (1) est vrai,
alors il n'existe aucun cas concernant l'usage d'un nom N par un locuteur L et un
individu R tel qu'une des conditions suivantes est satisfaite:
(a) Selon la théorie T le locuteur L réfère à l'individu R en utilisant le nom N, mais intuitivement ce
n'est pas le cas.
(b) Intuitivement le locuteur L réfère à l'individu R en utilisant le nom N. mais selon la théorie T ce
n'est pas le cas.
(3) Construction d'un exemple qui satisfait (a) ou (b) dans (2).
Conséquences:
(4) Le conséquent de (2) est faux.
(de (3))
(5)
L'affirmation (1) est fausse, c'est-à-dire la théorie T ne décrit pas la notion N de manière
appropriée (de (4) et (2)).
Objections (ayant cette structure) contre la théorie des chaînes causales de Kripke :
Première objection:
L'exemple des bébés échangés.
L'exemple de "Madagascar".
Stratégie d'amélioration (proposée par Devitt (1981)):
6
Fondement multiple des usage d'un nom ("multiple grounding").
Deuxième objection:
L'exemple des chats échangés
Stratégie d'amélioration (proposée par Devitt (1981):
Il est pertinent de savoir quel objet celui qui a baptisé avait à l'esprit.
Troisième objection:
L'exemple de "Jumbo" (erreur de catégorie)
Stratégie d'amélioration: Ajouter une condition à la définition des chaînes causales appropriées de
manière à exclure une telle erreur.
Objection ayant une autre structure:
les noms vides
Stratégie d'amélioration (Devitt, 1981 et Donnellan, 1974):
Début de la chaîne causale: Introduction d'un nom (même sans objet)
Problème:
Distinction entre
(a) erreur collective concernant une figure historique
(exemple: Jonas)
(b) caractère fictif qui porte le nom d'une figure historique (exemple: St. Nicolas)
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