De la valeur primitive des intonations du slave commun - article ; n°3 ; vol.1, pg 171-187
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Description

Revue des études slaves - Année 1921 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 171-187
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1921
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Prince N. S. Troubetzkoy
De la valeur primitive des intonations du slave commun
In: Revue des études slaves, Tome 1, fascicule 3-4, 1921. pp. 171-187.
Citer ce document / Cite this document :
Troubetzkoy N. S. De la valeur primitive des intonations du slave commun. In: Revue des études slaves, Tome 1, fascicule 3-4,
1921. pp. 171-187.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1921_num_1_3_1010DE LA VALEUR PRIMITIVE
DES INTONATIONS DU SLAVE COMMUN,
PAR
LE PRINCE N. TROUBETZKOY.
I
En définissant la nature musicale des deux intonations des syl
labes longues en slave commun, on s'accorde d'ordinaire à attr
ibuer à l'intonation «rude» une modulation «ascendante», et ù
l'intonation « douce » une modulation « descendante ». Ces défini
tions sont déduites des faits de l'accentuation russe dans des cas
comme ворона et воронъ. Mais il est difficile d'expliquer au
moyen de ces définitions les faits multiples de l'évolution des autres
langues slaves. Pourquoi, en effet, l'accent «descendant» se dé
place -t- il en slovène (slov. gén. sing. bregâ = russe берега),
tandis que l'accent « ascendant » conserve son ancienne place (slov.
деуша= russe ворона)? Pourquoi en serbe l'accent «ascendant»
provoque-t-il l'abrègement de la voyelle accentuée (serbe vrana),
l'accent « descendant» conservant sa qualité longue (serbe grâd),
tandis qu'en tchèque c'est précisément le contraire qui a lieu
(.tchèque vrána, hrad)? Il est impossible d'établir un lien quel
conque entre ces faits, d'une part, et la nature supposée des into
nations du slave commun, de l'autre.
A. A. Sachmatov, dans un de ses derniers ouvrages (Очеркъ
древн/Ьйшаго періода русскаго языка) (1), a proposé une autre
définition des intonations du shve commun. Selon lui la différence
entre les syllabes «rudes» et «douces» aurait consisté en ce que
О Энцйклопедія славянской фи.іологіи, 111, і ныіг., Петрограді., iQi5:
voir l'article de S. M. Kul'bakin dans la Revue dis Etudes slaves, tome I. {i. i5o.
Revue des Eludes slaves, tome I, 1921, fasc. '6-h.
KïtDliS St.VYES.1 I -Л 172 РВ1ЛСК N. TROUBElZkOY.
les rudes étaient somi-longuos et comportaient un accent plus
expiraloire que musical, tandis que les douces étaient longues et
comportaient une modulation musicale (descendante) bien mar
quée sans renforcement expiratoire considérable. Cette délinition
n'est en somme suggérée que par les données du serbe et ne nous
semble préférable en rien à celle qu'elle est appelée à remplacer.
Les faits tchèques présentent pour la théorie de M. Sacbmatov des
difficultés insurmontables : il faudrait supposer que le tchèque
aurait abrégé les longues tout en allongeant les semi-longues, ce
qui est fort invraisemblable.
Pour trouver une solution satisfaisante du problème en ques
tion, il faut partir non des données d'une seule langue slave, mais
de la comparaison du traitement des intonations anciennes dans
toutes les langues slaves avec les faits des langues baltiques. C'est
ce que nous nous proposons de faire ici.
II
La nature musicale de l'accent lituanien n'a pas encore été défi
nie par la phonétique expérimentale d'une manière satisfaisante.
Au point de vue acoustique ľ« accent aigu » lituanien se compose
d'une première partie iongue musicalement indifférente, et d'une
seconde partie biève, musicalement descendante. L'accent circon
flexe comp<rte aussi une premièie partie indifférente et une s
econde descendante, mais leur répartition quantitative est inverse :
la première est brève, la seconde longue. Dans certains parlers
lituaniens, la partie descendante longue du circonflexe se termine
par une élévation subite de la voix, ce qui fait que cet accent
ivçoit deux « bonm.ets » et peut produire l'mipres&ion d'un
« ascendant ».
On sait que, là où. le lituanien présente ľaccent aigu, le serbe a
une brève « rude » et, là où le lituanien a un circonllexe, le serbe
présente une longue « douce » :
Lit. várna = serbe vrana ;
Lit. vaŕnas = serbe vrân.
La syllabe accentuée du serbe est donc brève quand la seconde
partie de l'accent lituanien est brève, et longue la DE LA VALEUR PKIMITIVĽ DES INTONATIONS DU SLA VIS COMMUN. 173
partie de l'accent lituanien l'est aussi : ainsi la quantité de la syl
labe accentuée serbe est identique à celle de la seconde partie (tou
jours descendante) de l'accent lituanien.
Le tchèque, en regard du lituanien, présente un état de choses
tout différent :
Lit. várna — tchèque vrána;
Lit. var-nas— vran.
La syllabe accentuée tchèque présente donc la quantité de la
première partie de l'accent lituanien.
Pour les voyelles brèves ouvertes (*e, *o) accentuées, le serbe
et le tchèque s'accordent à présenter une brève : serbe oko, tchèque
oko.
D'après tout ce que nous venons de voir, il faudrait s'attendre à
trouver en lituanien dans les cas correspondants un accent com
posé de deux parties également brèves, dont la première serait
musicalement indifférente et la seconde descendante. Et en effet,
les voyelles a et e en lituanien oriental sont « semi-longues » quand
elles portent l'accent. D'après l'évéque A. Baranowski (voir A. Ba-
ranowski und Weber, Ostlitauische Texte, Weimar, 1 882, préface),
les « semi-longues » du lituanien oriental ne sont pas deux fois
plus brèves que les longues normales : le rapport de leur durée à
celle des longues normales est environ celui de y à 3. Quoi qu'il
en soit, l'accent de ces a semi-longues » comporte, d'après le même
évequc A. Baranowski, deux parties, dont la première est iden
tique (par sa durée aussi bien que par sa qualité musicale) à la
première partie du circonflexe, et la seconde à la seconde partie
de l'accent aigu. En lituanien occidental les semi-longues du litua
nien oriental sont représentées par des longues de durée normale
portant le circonflexe, quand elles sont accentuées. Quant aux
brèves fermées (г, и) accentuées, elles sont semi-longues en litua
nien oriental, mais brèves en lituanien occidental, et il faut sup
poser qu'en lituanien commun elles étaient plus brèves que les
brèves normales. Et, puisqu'on slave commun les correspondants
*ь et *ъ étaient certainement aussi plus brefs que *e et *o, la con
cordance avec le lituanien semble avoir été complète.
Les faits acquis jusqu'à présent permettent de supposer que
l'accent du slave commun (tout comme l'accent lituanien) comport
ait toujours deux parties différentes au point de vue musical : la à PRINCE N. TROUBETZKOY. M
première de ces parties était brève dans l'intonation douce et
longue dans la rude; la seconde, au contraire, était longue dans la
douce et brève dans la rude; l'intonation des voyelles *e et *o était
composée de deux parties également brèves. Le serbe n'a conservé
que les secondes de toutes les intonations anciennes; le
tchèque, au contraire, n'a conservé que les premières. Reste à
déterminer la qualité musicale des deux parties des intonations
slaves.
Le serbe, qui a conservé la seconde partie des anciennes into
nations, s'accorde avec le lituanien non seulement par rapport à la
quantité, mais aussi par rapport à la qualité musicale de cette part
ie qui y est toujours descendante. Cette concordance permet de
supposer que la seconde partie de toutes les intonations du slave
commun était descendante, comme en lituanien. Quant à la
nature musicale de la première partie des anciennes intonations,
le serbe ne peut nous en instruire, puisqu'il a perdu cette partie.
Le tchèque ne nous renseigne pas non plus à ce sujet, car la diff
érenciation musicale des voyelles qui semble exister dans cette
langue dépend de l'accent expiratoire sur l'initiale, du nombre des
syllabes du mot et d'autres circonstances également étrangères au
système des intonations anciennes. C'est le sloven е qui nous vient
en aide. Au lit. várna le slovène répond par vrána, au lit. varno
(gén. sing. de vařnas} par vrânâ. On voit qu'au rapport quantitatif
des deux parties de l'acce

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